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nuer le nombre, autant que possible : « Debet tamen habere propo« situm se præparandi ad peccata venialia minuenda (1).

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394. Enfin, le propos doit être efficace; il est nécessaire que le pénitent, en se proposant de ne plus pécher à l'avenir, prenne les moyens jugés nécessaires d'éviter le péché, éloignant les occasions prochaines. Mais on doit observer ici que l'efficacité du propos ne consiste pas à faire ce qu'on s'est proposé, ou à ne pas faire ce qu'on s'était promis d'éviter. Car les rechutes ne sont pas toujours une preuve que le ferme propos a manqué; le plus souvent elles ne signifient rien autre chose, sinon que la volonté a changé : « Relapsus non semper est signum propositi infirmi; sed sæpius tan<< tum signum est mutatæ voluntatis; nam bene potest accidere quod quis verum habeat amorem Dei prædominantem, et firmum propositum nunquam peccandi, et nihilominus statim peccet, prout D. Petrus proposuit potius mori quam Christum negare, et << tamen ad primam ancillæ vocem negavit (2). » Nous reviendrons sur cette question.

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ARTICLE III.

De la Nécessité de la Contrition.

395. La contrition, prise dans son acception générale, est nécessaire, même de nécessité de moyen, à tous ceux qui sont tombés dans le péché mortel. Il faut, de toute nécessité, ou que le péché soit puni, ou qu'il soit expié par la pénitence; Dieu lui-même, quoique infiniment miséricordieux, ne peut nous dispenser de la satisfaction que réclament sa sagesse et sa justice : « Nisi pœniten«< tiam habueritis, omnes similiter peribitis. » Ainsi, celui qui a le malheur de pécher mortellement est obligé, de droit divin, de se réconcilier avec Dieu, ou par la contrition parfaite, ou par le sacrement de Pénitence.

Mais est-on obligé de faire un acte de contrition, aussitôt après s'être rendu coupable d'une faute grave? Peut-on différer quelque temps, sans commettre un nouveau péché mortel? On convient qu'il y a des circonstances où le précepte de la contrition oblige directement par lui-même; d'autres, où il oblige indirectement, par occasion, per accidens. Il oblige directement, par lui-même, à l'article de la mort; ou lorsque, par défaut d'un acte de contrition, on s'expose au danger probable et prochain de mourir dans le pé

(1) S. Alphonse, lib. vi. no 452. (2) Luc. c. 13. v. 3.

ché. Il oblige indirectement, 1° lorsque, après avoir péché mortellement, on doit faire une chose qui demande l'état de grâce; lorsque, par exemple, on est obligé d'administrer les sacrements ou de recevoir un sacrement des vivants; 2o lorsqu'on est obligé de faire un acte d'amour de Dieu; car on ne peut faire cet acte sans détester le péché qu'on a sur la conscience: or, le précepte de l'amour de Dieu oblige au moins une fois par mois (1); 3o lorsque, étant pressé par de violentes tentations, on a besoin de grâces particulières, qu'on ne peut espérer tandis qu'on conserve plus ou moins d'affection au péché; 4° quand on est obligé de remplir le devoir de la confession annuelle, auquel on ne peut satisfaire sans avoir la douleur de ses péchés. Il résulte de ce qui vient d'être dit, qu'il y a péché mortel à différer sa conversion pendant un an ou plusieurs mois, lors même qu'on ne serait ni en danger de mort, ni en danger de retomber dans le péché. Cependant, comme, aux termes du précepte de l'Église, il suffit de se confesser une fois l'an, la plupart des pécheurs, surtout parmi les gens du peuple, ne croient pas offenser Dieu en renvoyant leur conversion à Pâques, où ils se proposent de se confesser. «Non nego, dit saint Alphonse, quod peccatores, præsertim rudes, ab hoc peccato dilatæ pœni<«<tentiæ ob inadvertentiam, ut plurimum, imo fere semper excu« sari possunt (2). » Et nous pensons qu'on gagnerait peu à les retirer de cette erreur. Néanmoins, on doit exhorter le pécheur à ne pas différer sa conversion.

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ARTICLE IV.

De la Contrition parfaite et de la Contrition imparfaite.

396. On distingue la contrition parfaite et la contrition imparfaite, qu'on nomme plus communément attrition. La contrition parfaite, ou, pour me servir des expressions du concile de Trente, la contrition perfectionnée par la charité, contritio charitate perfecta, est celle qui est conçue par le motif de la charité parfaite, de cette charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus toutes choses, pour lui-même, comme étant infiniment parfait. La contrition imparfaite est celle qui part d'un motif inférieur à celui de la charité parfaite. On l'appelle imparfaite ou attrition, parce qu'elle est communément conçue, ou par la considération de la turpitude que la foi nous montre dans le péché, ou par la crainte de l'enfer et

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des châtiments de Dieu : « Quoniam vel ex turpitudinis peccati ⚫ consideratione, vel ex gehennæ et pœnarum metu communiter « concipitur (1). » Or, la contrition parfaite justifie l'homme par elle-même et avant la réception du sacrement; toutefois, elle n'obtient pas cet effet sans le vœu du sacrement qui est renfermé en elle : « Docet (sancta synodus) etsi contritionem hanc aliquando charitate perfectam esse contingat, hominemque Deo reconciliare, priusquam hoc sacramentum actu suscipiatur, ipsam ni<< hilominus reconciliationem ipsi contritioni, sine sacramenti voto, « quod in illa includitur, non esse adscribendam (2). » Il n'est pas nécessaire que le vœu ou la volonté de recevoir le sacrement soit formel, explicite; puisque le concile ne demande que le vœu qui est renfermé dans la contrition elle-même, quod in illa includitur. La contrition ne peut être sincère et parfaite, sans renfermer la volonté de se soumettre aux moyens que Dieu a établis pour la justification du pécheur.

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397. A défaut de la contrition parfaite, on ne peut rentrer en grâce avec Dieu que par la contrition imparfaite, jointe au sacrement de Pénitence. Voici ce que dit le concile de Trente : « Illam << vero contritionem imperfectam, quæ attritio dicitur, quoniam <«< vel ex turpitudinis peccati consideratione, vel ex gehennæ et « pœnarum metu communiter concipitur, si voluntatem peccandi « excludat, cum spe veniæ, declarat, non solum non facere ho<< minem hypocritam et magis peccatorem, verum etiam donum « Dei esse et Spiritus Sancti impulsum, non adhuc quidem inha«bitantis, sed tantum moventis, quo pœnitens adjutus viam sibi ad justitiam parat. Et quamvis sine sacramento Pœnitentiæ per « se ad justificationem perducere peccatorem nequeat, tamen eum ad Dei gratiam in sacramento Pœnitentiæ impetrandam dispo« nit (3). »

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Outre la douleur d'avoir offensé Dieu, la crainte de la justice divine et l'espérance du pardon, il est nécessaire que le pénitent commence à aimer Dieu comme source de toute justice: Deum tanquam omnis justitiæ fontem diligere incipiunt (4).

398. Mais quel est ce commencement d'amour qui doit accompagner l'attrition? Les théologiens ne s'accordent pas. Les uns pensent que c'est un amour parfait, mais à un faible degré, à un degré qui n'est point suffisant pour opérer la justification. Suivant

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d'autres, c'est un amour qui commence, un amour initial, qui n'est pas encore formé. Ce sentiment a beaucoup de rapport avec le premier. D'autres, enfin, croient qu'il ne s'agit que de l'amour d'espérance ou de concupiscence, et que l'espérance du pardon, ou de trouver Dieu propice, renferme le commencement d'amour de Dieu comme auteur de toute justice. Ce dernier sentiment nous paraît plus probable que les deux autres. Nous pensons donc que l'attrition conçue par la crainte de la justice divine, jointe à l'espérance du pardon, suffit, avec le sacrement, pour réconcilier le pécheur avec Dieu. La crainte du Seigneur est un commencement de l'amour divin : « Timor Dei initium dilectionis ejus (1). » L'espérance en Dieu est encore un commencement d'amour, comme le dit saint Thomas: Ex hoc quod per aliquem speramus nobis " posse provenire bona, movemur in ipsum, sicut in bonum nostrum, et sic incipimus ipsum amare (2).» Nous ajouterons, d'après le cardinal de la Luzerne, « qu'il paraît bien difficile d'a« voir du péché une douleur surnaturelle, et de le hair comme <«< étant une offense faite à Dieu, sans avoir l'amour de Dieu (3). » Cette douleur, cependant, se trouve dans l'attrition, qui est un don de Dieu, donum Dei, dit le concile de Trente. On convient que le confesseur doit faire tous ses efforts pour exciter dans le cœur du pénitent l'amour de Dieu le plus parfait, le plus vif et le plus ardent. Mais, comme il est difficile et même souvent impossible de discerner entre les différents motifs surnaturels qui font agir le pénitent, il suffira, pour l'absoudre, qu'il donne des preuves d'attrition : « Quis negat, dit saint Alphonse de Liguori, esse om<< nino expediens ut pœnitentes pro viribus conentur elicere actum «< contritionis perfectæ, atque confessarii studeant semper eos ad <«< illam excitare, ut tutius illi divinam gratiam consequantur? Verum nostra sententia utique proderit, ut si quis accedat cum « sola attritione, non se retrahat ab hoc sacramento, et confessa<«<rius eum non rejiciat tanquam indispositum (4). » Si, comme le prétendent plusieurs théologiens, un confesseur ne pouvait absoudre un pécheur qu'autant qu'il remarque en lui la charité parfaite à un certain degré, ou un commencement d'amour parfait, il ne pourrait presque jamais l'absoudre. En effet, qu'on lui demande pourquoi il se convertit; le plus souvent il répondra que c'est la crainte de Dieu, la crainte de ses jugements et de l'enfer, qui l'a

(1) Éccli. c. 25. v. 16.— (2) Sum. part. 1. 2. quæst. 40. art. 7.— (3) Instruct. sur le Rituel de Langres, ch. 4. art. 2. ~(4) Lib, vi. n° 42,

fait renoncer au péché. Qu'on lui demande s'il éprouve quelque sentiment de la charité parfaite, il n'osera vous répondre. Demandez-lui s'il a au moins un commencement d'amour, de cet amour qu'on distingue de celui qui accompagne l'espérance; il ne vous comprendra pas.

399. On objecte que le sentiment qui exige dans le pénitent un amour de charité étant probable, on ne peut s'en écarter dans la pratique; que, dans le doute, on doit suivre le parti le plus sûr quand il s'agit de la validité des sacrements; que l'opinion contraire a été condamnée par le pape Innocent XI. Mais nous avons fait remarquer plus haut (1) que cette condamnation n'est applicable qu'au cas où le ministre d'un sacrement préfère une matière probable à une matière certaine qui dépend de lui, qui est à sa disposition. On ne peut l'appliquer au confesseur, car ce n'est pas lui, mais le pénitent, qui fournit la matière du sacrement de réconciliation; il ne dépend pas du confesseur que le pénitent éprouve tels ou tels sentiments. Il doit seulement travailler à lui inspirer les sentiments les plus parfaits, les plus propres à assurer l'effet du sacrement; puis, lui donner l'absolution si, d'après une probabilité prudente, il lui croit les dispositions convenables, quoiqu'il ne puisse ni s'assurer, ni juger prudemment si ce pénitent éprouve un commencement d'amour parfait, de cet amour qui tient de la charité proprement dite, et qui nous fait aimer Dieu pour lui-même. Ainsi, lorsque le confesseur a fait ce que le zèle et la charité demandent de lui pour exciter dans le cœur de son pénitent les sentiments d'amour de Dieu, il peut, il doit même se comporter dans la pratique comme si l'attrition, telle qu'elle est définie par le concile de Trente, était une disposition prochaine et suffisante pour recevoir la grâce de la justification dans le sacrement de Pénitence. « Confessarius anxius esse non debet circa naturam amoris «< in pœnitente existentis (2).

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400. Il est bien à désirer que le pénitent s'excite à la contrition avant de s'approcher du tribunal de la Pénitence, et que le repentir accompagne la confession. Cependant, il suffit que l'attrition existe au moment où l'on reçoit l'absolution : le Rituel romain le suppose clairement, lorsqu'il dit que le confesseur, ayant entendu la confession du pénitent, s'efforcera d'exciter en lui la douleur et la contrition de ses péchés : « Audita confessione,.... ad dolorem et

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(1) Voyez le n° 17. — (2) Mgr Bouvier, Tract. de Pœnitentia, cap. 3. art. 3.

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