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« jamais de renvoyer de tels pénitents recevoir ailleurs l'instruc<tion qui leur est nécessaire, parce qu'on n'obtiendrait d'autre « résultat de ce renvoi que de les laisser dans les ténèbres de l'ignorance jusqu'à la mort. Par conséquent, il n'y a pas de « meilleur expédient que de leur enseigner brièvement, et en termes « adaptés à leur capacité, les principaux mystères; de leur faire << faire un acte de foi, d'espérance, d'amour de Dieu et de contrition, et de leur enjoindre d'aller trouver leurs curés, qui les en « instruiront plus complétement, ainsi que des autres mystères qu'il importe de savoir, necessitate præcepti. Les soins que l'on « donne à ces pénitents ne prendront pas autant de temps qu'on pourrait bien le croire d'abord; car tout se fait ici très-briève«ment (con somma brevità). Ensuite on leur dira de s'accuser <«< de la faute qu'ils ont commise en négligeant d'apprendre ces « vérités, et on leur accordera l'absolution. Mais il arrive souvent « qu'on rencontre une ignorance aussi profonde chez les personnes «< qui habitent les villes, qui ont l'esprit plus cultivé, et qui pour<< tant rougiraient fortement d'être interrogées sur les mystères. « Comme il faut que le confesseur sache à quoi s'en tenir sur ce point très-important, et comme ces personnes, livrées à la vanité « et au libertinage, manquent ordinairement à l'obligation de faire << en temps et lieu les actes que nous venons de mentionner, j'ai l'habitude de leur insinuer avec douceur que le moyen le plus « efficace pour la validité du sacrement, et pour le recevoir avec << la plus grande utilité, est de commencer par les actes de foi, « d'espérance, de charité et de contrition. J'ajoute ensuite : Si << vous le trouvez bon, nous les ferons ensemble; répétez done « du fond de votre cœur les paroles que je profère: Je crois, ô << mon Dieu, parce que vous, qui êtes la vérité infaillible, l'avez « ainsi révélé à la sainte Église, que vous êtes un seul Dieu en " trois personnes égales, qu'on appelle le Père, le Fils et le SaintEsprit; je crois que le Fils s'est fait homme; qu'il est mort pour « nous sur la croix; qu'il est ressuscité et monté au ciel, d'où il « reviendra pour juger tous les hommes, et donner le paradis aux « bons et les peines de l'enfer aux méchants (1).

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573. Nous ferons remarquer, 1o qu'on doit suivre la méthode du bienheureux Léonard, toutes les fois que le confesseur soupçonne avec fondement que le pénitent ne sait pas tout ce qu'il est obligé de savoir (2). Mais s'il juge à propos de l'interroger sur ce

(1) Discorso mistico e morale, no 30. (2) Voyez le tome 1, no 329, etc.

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point, il doit le faire bien adroitement, pour ne pas avoir l'air, à ses yeux, de vouloir lui faire le catéchisme : ce qui pourrait le déconcerter, et l'éloigner pour longtemps de la confession. D'ailleurs, ceux même des pénitents qui connaissent suffisamment, du moins en substance, les principaux mystères de la foi, seraient souvent embarrassés de répondre catégoriquement aux questions qu'on leur ferait sur les premières vérités de la religion, parce que, ne s'attendant pas à être interrogés, ils se troubleraient facilement.

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Nous ferons remarquer, 2o que, « dans un pays catholique où « le culte s'exerce publiquement, où l'on fait sans cesse le signe de « la croix au nom de la sainte Trinité, où le signe auguste de « notre Rédempteur se trouve à l'église, dans les maisons, dans les champs, souvent avec l'image de Jésus-Christ attaché à la croix, dans un état propre à exciter l'attention; où l'on célèbre « chaque année la mémoire de la naissance, de la mort et de la « résurrection du Sauveur; où l'image de Marie tenant Jésus entre <«< ses mains, et d'autres images représentant les diverses circonstances de sa vie, sont à chaque instant sous les yeux ; il est difficile « qu'on puisse ignorer les grands mystères de la sainte Trinité et de l'Incarnation de manière à ce que les absolutions qu'on a reçues « soient nulles. On peut certainement les connaître ou les croire, - sans être en état de les énoncer. » Ainsi s'exprime Mgr Devie, évêque de Belley (1).

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574. On remarquera, 3o que, pour ce qui regarde les actes de foi, d'espérance et de charité, les fidèles sont obligés, sans doute, d'en faire de temps en temps; mais on ne doit point regarder comme indignes de l'absolution ceux qui négligent d'apprendre les formules de ces actes; elles sont certainement utiles, mais elles ne sont point obligatoires. La récitation du Symbole est l'acte de foi par excellence; en disant, Je crois à la vie éternelle, on fait un acte d'espérance; ces deux versets de l'Oraison dominicale, que votre nom soit sanctifié, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel, renferment un acte d'amour de Dieu; comme aussi nous faisons un acte de contrition, en priant le Père céleste de nous pardonner nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Pour faire des actes de foi, d'espérance, de charité, il n'est pas nécessaire d'en énoncer le motif (2). Il ne saurait done y avoir de difficulté, pour ce qui regarde l'instruction

(1) Rituel du diocèse de Belley, tom. 1. part. 1. lit. 5. sect. 5. ce que nous avons dit sur cette question, au tom. I. uo 334.

M. II.

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nécessaire au pénitent, à l'égard des fidèles qui, tout en ignorant les formules des actes des vertus théologales, savent, en langue vulgaire, le Credo et le Pater, qui est pieusement et habituellement suivi de l'Ave Maria; si d'ailleurs ils comprennent passablement l'acte de contrition, c'est-à-dire, s'ils ont quelque notion du péché comme offense de Dieu, et de la nécessité de la pénitence comme réparation du péché.

575. On remarquera, 4o qu'il est des fidèles qui, à raison de leur ignorance et de leur incapacité, réclament une sollicitude et une indulgence particulières de la part du confesseur. On lit dans la Méthode de Direction, dite de Besançon : « Il y en a chez qui «< cette ignorance (des mystères de la foi, de l'Oraison dominicale, « du Symbole, des commandements de Dieu, des sacrements) est «< involontaire, comme dans certaines personnes qui, à raison du « grand âge, ou de la grossièreté, ou des infirmités, ne peuvent «< plus rien apprendre ni rien retenir par mémoire. D'autres sont « dans cette même ignorance, parce qu'ils vivent dans une pa<< roisse où le pasteur n'instruit pas, ou instruit mal et sans fruit. » (Il y a des curés qui prêchent beaucoup, et n'instruisent pas; qui parlent beaucoup, et n'enseignent pas; qui déclament beaucoup, et n'évangélisent pas.) « Dans ce cas, le pénitent est ⚫ plutôt incapable qu'indigne de l'absolution; on doit l'instruire. << avant l'absolution, s'il est encore capable d'instruction; mais s'il en est incapable, le confesseur doit lui faire former (en l'aidant) « des actes de foi, d'espérance, de désir de sa fin dernière, d'amour « de Dieu, de contrition de ses péchés, et de ferme propos de n'y « pas retomber. Après cela, on peut l'absoudre s'il n'y a pas « d'autre empêchement; mais il faudra à chaque confession lui « faire renouveler les mêmes actes (1).» « Lorsque, avec tous les ef« forts que la charité peut faire, dit l'abbé Cocatrix (2), on ne peut « pas venir à bout d'instruire les personnes bornées, si elles joignent une vie chrétienne à une volonté sincère d'apprendre, c'est << une marque qu'elles ne sont pas intérieurement dépourvues de la « foi, quoiqu'elles ne puissent point la professer sous les formules « ordinaires; et, d'après cette espérance, on ne doit point les priver « des sacrements. Il en est de même de ceux en qui la décrépitude « de l'âge a produit cette incapacité. » Que de chrétiens, aujour(1) Méthode de Direction, ch. 7. art. 5. — (2) Rédacteur de l'ouvrage intitulé la Science du Confesseur, ou Conférences ecclésiastiques sur le sacrement de Pénitence, par une société de prêtres français réfugiés en Allemagne, part, II. ch. 3. art. 1.

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d'hui, qui vivent dans la plus grande ignorance des vérités de la religion! Cependant, n'en doutons pas, il en est un bon nombre parmi eux qui s'approcheraient volontiers du tribunal de la Pénitence, s'ils n'etaient retenus par la difficulté de savoir comment s'y prendre pour se confesser, ou s'ils espéraient trouver dans un curé un homme de Dieu, qui, à l'exemple du Sauveur, se chargerait de leurs infirmités, et leur faciliterait la confession, en n'exigeant d'eux que ce que le Seigneur exige, que ce dont ils sont, pour le moment, moralement capables.

576. On remarquera, 5° que le pénitent qui n'est pas suffisamment instruit des vérités de la religion, ne peut recevoir l'absolution qu'autant qu'il est dans la disposition d'employer les moyens de s'instruire qui sont à sa portée. Le confesseur pourra même lui prescrire, à titre de pénitence, de lire ou de se faire lire quelque ouvrage sur la doctrine chrétienne, d'assister aux catéchismes ou aux instructions de la paroisse. Si, ayant été averti deux ou trois fois de l'obligation de s'instruire des vérités que tout chrétien doit savoir (1), il négligeait de le faire, il se rendrait par là même indigne de l'absolution. Mais on ne perdra pas de vue qu'un pénitent peut être suffisamment instruit, sans pouvoir cependant rendre compte de sa foi, ou répondre aux questions qui lui seraient faites.

577. Le prêtre qui exerce le ministère pastoral ou le ministère de la réconciliation, le magistrat, l'avocat, le notaire, le médecin, l'apothicaire, qui n'a pas la science compétente, est obligé de travailler à l'acquérir, ou de renoncer à ses fonctions. Mais le confesseur ne peut être que rarement embarrassé sur ce point; car, ordinairement, celui qui n'a pas la science nécessaire à son état, qui n'en connaît pas les règles, ne se confesse guère de ses manquements, il ne s'en aperçoit point; plus on est ignorant, moins on se défie de soi : le caractère de l'ignorance, en morale, étant de s'ignorer elle-même, et de laisser ignorer les fautes dont elle est la cause ou l'occasion. D'ailleurs, un confesseur ne prendra pas sur lui de prononcer, d'une manière absolue, sur l'incapacité d'un homme qui exerce publiquement un emploi, au su et avec le consentement de ses supérieurs.

(1) Voyez le tom. 1. no 329, 330, 331.

CHAPITRE XIII.

Des Devoirs du Confesseur envers les malades et les moribonds.

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578. Ici, nous entendons par malades ceux qui sont dans un danger de mort probable et prochaine, et par moribonds ceux qui se meurent ou qui ont peu de temps à vivre. Or, c'est un devoir strict et rigoureux, devoir de religion, de charité et de justice, pour un curé, un desservant, ou tout autre prêtre qui a charge d'âmes, d'administrer les sacrements aux malades et aux moribonds, à moins qu'ils n'en soient certainement indignes. On ne doit pas attendre que le malade appelle le ministre de la religion; on est obligé de le prévenir le bon pasteur court après la brebis égarée; il n'attend pas qu'elle revienne d'elle-même. « Parochus ‹ imprimis meminisse debet, dit le Rituel romain, non postremas « esse muneris sui partes ægrotantium curam habere. Quare, cum << primum noverit quempiam ex fidelibus curæ suæ commissis « ægrotare, non exspectabit ut ad eum vocetur, sed ultro ad illum « accedat, idque non semel tantum, sed sæpius, quatenus opus « fuerit (1). » Il ne sera point retenu par l'appréhension d'un refus de la part du malade ou de ceux qui l'entourent, ni par la crainte de tout autre désagrément, ni par la considération des désordres ou de l'impiété du mourant: plus sa conduite a été immorale, scandaleuse, impie, plus l'obligation du prêtre est grande, plus il doit être alarmé à la vue du danger où se trouve un de ses frères, un de ses enfants en Jésus-Christ. Sur cent, sur mille pécheurs qui, ayant vécu des années entières dans l'indifférence, l'incrédulité ou le libertinage, ne pensent point à demander les secours de la religion, n'y en eût-il qu'un seul qui dût, dans ses derniers moments, se convertir au Seigneur, à la voix du pasteur, ce serait encore un devoir pour celui-ci de leur offrir à tous son ministère Or, ce n'est pas un sur mille, un sur cent, sur dix, mais bien le plus grand nombre qui reviennent à Dieu, lorsqu'ils ont le bonheur de tomber entre les mains d'un curé, d'un saint prêtre qui les aime tendrement, et sait compatir à leurs infirmités spirituelles et corporelles.

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(1) De visitatione et cura infirmorum. Nous trouvons le même avertissement dans les Rituels de Paris, de Besançon, de Périgueux, etc.

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