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152. Enfin, le pontifical romain, qui est entre les mains de tous les évêques du rite latin, ne demande que la confession ou la contrition; l'une ou l'autre est nécessaire, mais l'une ou l'autre suffit : « Adulti deberent prius peccata confiteri, et postea confirmari, vel « saltem de mortalibus, si in ea inciderint, conterantur. » Et nous trouvons la même disposition dans les actes de l'assemblée du clergé de France, tenue à Melun en 1579 : « Adulti inconfessi accedere ad « Confirmationem haud præsumant, aut saltem sine maximo dolore « commissorum peccatorum et proposito confitendi (1). » On ne regardera donc point comme une opinion nouvelle et de contrebande le sentiment qui dispense les confirmands de l'obligation de se confesser avant de recevoir l'onction sainte (2).

Nous le répétons: les curés et vicaires exhorteront tous les confirmands à s'approcher, même de bonne heure, du tribunal de la pénitence; mais un prêtre zélé, d'un zèle suivant la science et la charité, les y déterminera plus efficacement par la persuasion qu'en exagérant les obligations du chrétien. Qu'il leur fasse connaître, autant que possible, l'excellence du sacrement; qu'il leur inspire le désir de le recevoir et de le recevoir dignement, et il obtiendra d'eux facilement qu'ils s'y préparent par le sacrement de la réconciliation.

153. Il arrive assez souvent que, la veille ou l'avant-veille du jour fixé pour la cérémonie de la Confirmation, un confesseur se trouve grandement embarrassé à l'égard d'un pénitent qui tient beaucoup, pour un motif ou pour un autre, à être confirmé, mais qu'on ne croit pas pouvoir absoudre, parce qu'on ne remarque pas en lui les dispositions nécessaires pour l'absolution. Que fera ce confesseur? Pour ne pas aller trop loin, il se contentera de lui dire qu'il regrette de ne pouvoir l'absoudre; qu'il ne doit point communier, et qu'il faut être en état de grâce pour recevoir la Confirmation; qu'il ne peut, par conséquent, se présenter pour ce sacrement, à moins qu'il ne s'excite à la contrition parfaite avant de recevoir l'onction du saint chrême. Il serait dangereux, ce nous semble, et même inexact, de lui dire qu'il ne peut s'approcher du sacrement de Confirmation sans avoir reçu l'absolution sacra

(1) Concilia novissima Galliæ, par Odespun. — (2) C'est le sentiment de S. Alphonse de Liguori, de Billuart, du P. Pantzouti, auteur moderne; de Sylvestre, du cardinal de Lugo, de Suarez, de Cabassut, de Vasquez, de Viva, de Bonacina, de Ledesma, de Vivalde, de Woit, de Reding, de Metzger, de Mazotta, de Babenstuber, de Henno, de Platel, d'Isambert, de Lacroix, d'Agudius, de Holzmann, de Reuter, etc., etc.

mentelle, sous peine de commettre un sacrilége; puisque, d'après le sentiment certainement probable et bien fondé que nous venons l'exposer, il suffit qu'il soit contrit, ou qu'il se croie prudemment contrit de ses péchés: De mortalibus conteratur. Et s'il reçoit l'onction sainte, croyant avoir la contrition sans l'avoir en effet, pourvu toutefois qu'il ait l'attrition, non-seulement il ne fera pas de sacrilége, mais il recevra même la grâce du sacrement, comme l'enseignent saint Thomas, saint Antonin, saint Alphonse, et la plupart des théologiens (1). « Si aliquis adultus in peccato existens, « dit le Docteur angélique, cujus conscientiam non habet, vel si « etiam non perfecte contritus accedat (ad Confirmationem) dum« modo non fictus accedat, per gratiam collatam in hoc sacramento consequitur remissionem peccatorum (2). » La prudence veut qu'on tienne la même conduite à l'égard des fiancés qu'on ne croit pas pouvoir absoudre avant leur mariage; car la confession n'est pas plus nécessaire pour ce sacrement que pour celui de la Confirmation.

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154. Généralement, les évêques ne confirment que les fidèles qui leur sont présentés par leur curé. Aussi, d'après un usage assez généralement suivi, les curés remettent un billet à ceux qui doivent recevoir la Confirmation, sur lequel est écrit le nom de baptème de la personne qui se présente. Ce billet est signé du curé ou du vicaire, afin d'éviter que quelques personnes ne s'introduisent dans les rangs sans s'être préparés au sacrement. Le curé doit refuser ce billet à ceux qui, eu égard à leur âge, ne sont pas suffisamment instruits des éléments de la foi chrétienne; mais il ne le refusera pas à ceux qui savent l'Oraison dominicale, la Salutation angélique et le Symbole des apôtres, qui connaissent les principales obligations du chrétien et ont quelque notion du sacrement de Confirmation, quoiqu'ils ne puissent pas répondre catégoriquement aux questions du catéchisme.

155. Le curé n'admettra point non plus ceux qui sont publiquement excommuniés ou interdits, tant qu'ils ne se seront pas fait relever des censures, ni ceux qui, s'étant rendus coupables de quelques grands crimes, n'ont pas réparé le tort ou le scandale qu'ils ont commis: «< Nullus excommunicatus, interdictus, vel gravio<< ribus facinoribus alligatus, aut christianæ fidei rudimentis non « edoctus, dit le pontifical romain, ingerat se ad percipiendum hoc « sacramentum. » Il éloignera aussi ceux qui vivent notoirement

(1) Voyez, ci-dessus, le no 22. — (2) Sum, part. 3. quæst. 72. art. 7.

dans l'adultère ou dans le concubinage, ou qui ne sont mariés que civilement (1). Enfin, il n'accordera point le billet d'admission à ceux qui, n'ayant pas satisfait au précepte de la confession annuelle, refusent de s'approcher du tribunal de la pénitence. Pour ce qui regarde les acteurs et les actrices, nous pensons qu'on peut les admettre à la Confirmation, s'il n'y a pas d'autre obstacle que leur profession, que nous distinguons de celle des histrions. Mais un curé s'en rapportera au jugement de son évêque, et pour ce qui regarde les comédiens, et pour d'autres cas qui pourraient l'embarrasser.

CHAPITRE VI.

Des Cérémonies de la Confirmation.

156. On doit, autant que possible, administrer la Confirmation à l'église (2). Les confirmands y étant arrivés, on leur recommande de n'en pas sortir avant que la cérémonie soit terminée. On les fait ranger en ligne sur la longueur de l'église, en mettant les hommes du côté de l'Évangile et les femmes du côté de l'Épître. Quand la première ligne des hommes a reçu l'onction, on la fait passer derrière les autres lignes, pendant que la première ligne des femmes reçoit la Confirmation, et ainsi successivement. Il convient de suivre cet ordre dans toutes les églises où il est possible de le faire, à moins que l'évêque ne juge à propos de confirmer les fidèles à la table de la communion, ou de les faire venir près de lui, demeurant assis sur son fauteuil. Ils doivent être à genoux tandis qu'on leur fait l'onction, ainsi que pendant la récitation des prières qui précèdent et suivent immédiatement la Confirmation.

L'évêque, revêtu d'un rochet, d'une étole et d'une chape de couleur blanche, ayant la mitre et la crosse, se tourne vers le peuple, et donne des avis aux confirmands. Puis, ayant déposé la mitre et la crosse, il commence la cérémonie, en invoquant le Saint-Esprit par les prières suivantes (3):

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Spiritus Sanctus superveniat in vos, et virtus Altissimi custodiat

(1) Voyez ce que nous avons dit, au no 51, de ceux qu'on doit éloigner des sacrements. (2) Voyez, ci-dessus, le n° 143. —(3) Les curés devant expliquer à leurs paroissiens les prières et les cérémonies de la Confirmation, nous les rapportons ici en faveur de ceux qui n'ont pas le pontifical romain.

« vos a peccatis. Resp. Amen. - Adjutorium nostrum in nomine « Domini. R. Qui fecit cœlum et terram. - Domine, exaudi ora

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tionem meam. R. Et clamor meus ad te veniat.-Dominus vo« biscum. R. Et cum spiritu tuo. »

157. Étendant les mains vers les confirmands, le pontife con

tinue:

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« Oremus. Omnipotens sempiterne Deus, qui regenerare digna« tus es hos famulos tuos ex aqua et Spiritu sancto; quique dedisti eis remissionem omnium peccatorum, emitte in eos septiformem << Spiritum tuum sanctum paracletum de cœlis. R. Amen.-Spiritum sapientiæ et intellectus. R. Amen. —Spiritum consilii et fortitu« dinis. R. Amen.-Spiritum scientiæ et pietatis. R. Amen.-Adimple << eos spiritu timoris tui, et consigna eos signo crucis Christi, in vi. tam propitiatus æternam. Per eumdem Dominum nostrum Jesum « Christum filium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate ejusdem Spiritus sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. R. Amen. » Cette prière est appelée, par les Pères, oratio invitans, advocans Spiritum sanctum. Il faut avertir les fidèles de se recueillir pendant cette prière, et de s'unir au pontife, en demandant à l'EspritSaint de descendre en eux avec la plénitude de ses dons. L'imposition des mains de l'évêque, qui accompagne l'invocation, est une cérémonie mystérieuse qui exprime tout à la fois notre affranchissement complet de l'esclavage du démon, et la puissante protection de Dieu à l'égard de ceux qui s'enrôlent dans la milice sainte.

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158. Après cette cérémonie préparatoire, l'évêque prend du saint chrême avec l'extrémité de son pouce de la main droite, et, appelant le confirmand par son nom de baptème, il lui fait l'onction sur le front en forme de croix, en disant : « Signo te signo + Crucis, «<et confirmo te chrismate salutis. In nomine Patris, et † Filii, « et Spiritus sancti. R. Amen. » L'onction se fait sur le front en forme de croix, pour nous avertir de ne point rougir de la croix de Jésus-Christ, et de nous armer d'une sainte hardiesse contre tout ce qui pourrait nous détourner de son service. L'onction étant faite, l'évêque donne un petit soufflet au confirmé, pour lui rappeler qu'étant parfait chrétien, il doit être prêt à souffrir toutes sortes de mépris, d'outrages et d'humiliations pour le nom de Jésus-Christ. Il lui dit en même temps: La paix soit avec vous, Pax tecum, pour lui faire entendre que l'on ne conserve la paix que par la patience. Nous avons expliqué plus haut ce qui regarde le saint chrême (1).

(1) Voyez, ci-dessus, le no 132, etc.

Autrefois, c'était l'usage de ceindre le front du confirmé d'un bandeau qu'il conservait plusieurs jours; cette pratique, en témoignant le respect qui est dû au saint chrême, annonçait aux fidèles le soin avec lequel ils doivent conserver la grâce de la Confirmation. Aujourd'hui, on ne se sert plus de bandeau, du moins dans la plupart des diocèses de France : un prêtre essuie, immédiatement après l'onction, le front des confirmés, avec du coton. Les curés avertiront leurs paroissiens de ne point toucher leur front, de n'y pas porter la main, de ne pas faire le signe de la croix, avant qu'ils aient été essuyés.

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159. Ensuite, tandis que l'évêque s'essuie les mains, ceux qui l'assistent chantent ou récitent l'antienne : « Confirma hoc, Deus, quod operatus es in nobis a templo tuo quod est in Jerusalem. « Gloria Patri, etc. » Après quoi le pontife, tourné vers l'autel, fait la prière suivante :

<< Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam. R. Et salutare « tuum da nobis. -Domine, exaudi orationem meam. R. Et cla« mor meus ad te veniat.-Dominus vobiscum. R. Et cum spiritu « tuo. »

« Oremus. Deus qui Apostolis tuis sanctum dedisti Spiritum, et « per eos eorumque successores cæteris fidelibus tradendum esse « voluisti, respice propitius ad humilitatis nostræ famulatum; et << præsta, ut eorum corda, quorum frontes sacro chrismate delinivimus, et signo sanctæ crucis signavimus, idem Spiritus in eis « superveniens, templum gloriæ suæ dignanter inhabitando perfi«ciat. Qui cum Patre et eodem Spiritu sancto vivis et regnas, Deus, in sæcula sæculorum. R. Amen.

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« Ecce sic benedicetur omnis homo qui timet Dominum. » Et, se tournant vers les confirmés, il les bénit en faisant le signe de la croix sur eux : « Benedicat † vos Dominus ex Sion, ut videatis « bona Jerusalem omnibus diebus vitæ vestræ, et habeatis vitam « æternam. R. Amen. »

La cérémonie de la Confirmation étant achevée, le pontifical prescrit à l'évêque d'avertir les parrains et marraines des obligations qu'ils ont contractées envers leurs filleuls et filleules, et particulièrement de l'obligation de leur apprendre le Symbole des apôtres, l'Oraison dominicale et la Salutation angélique. D'où est venu l'usage parmi nous de faire réciter aux confirmés le Credo, le Pater et l'Ave, avant de sortir de l'Église.

Autrefois, on donnait, généralement, des parrains et marraines aux confirmands; des parrains pour les hommes, et des marraines

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