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pas tombés d'accord sur celles des vérités révélées à compter pour dogmes fondamentaux, et sur celles à ranger dans l'autre catégorie: pour ceux-ci, tel point est essentiel, fondamental; pour ceux-là, tel autre. Ils ne pourront même jamais s'entendre, soit à raison de la nature de la chose, qui est arbitraire, soit à raison de la nature particulière des esprits qui s'en occupent. Enfin, une telle division des dogmes est excessivement dangereuse par ses conséquences. Elle conduit à un renversement total du christianisme; du moment où il sera permis à chacun de décider quels dogmes sont essentiels et quels autres ne le sont pas, c'est-à-dire quels dogmes doivent être admis et quels dogmes rejetés, dès lors il n'y aura bientôt plus dans la révélation aucune vérité dogmatique que celui-ci ou celui-là n'ait l'idée de rejeter, comme cela est clairement prouvé par l'exemple des protestants rationalistes. Elle conduit à l'indifférentisme religieux chacun, se persuadant ainsi qu'il professe les dogmes fondamentaux du christianisme, quelle que soit l'Église ou la société chrétienne dont il est membre, en vient naturellement à regarder la différence entre les confessions comme une affaire de peu d'importance. Elle conduit au désespoir dans l'œuvre du salut: si, pour mériter le salut éternel, il est indispensable de croire les dogmes fondamentaux, comme, jusqu'à ce jour, aucun protestant n'a pu nous indiquer, d'une manière positive et incontestable, quels sont ces dogmes, comment ces gens-là pourront-ils être assurés qu'ils sont bien dans la voie du salut: c'est-à-dire qu'ils croient nommément les dogmes essentiels, tous ces dogmes sans exception, et ne rejettent que ceux qui ne le sont pas? Se peut-il qu'avec de telles opinions on ait l'âme en repos ?

Enfin nous ne pouvons passer sous silence la division des dogmes, en dogmes généraux ou communs à l'Église or

thodoxe et aux Églises ou sociétés non orthodoxes, et dog mes particuliers ou distinctifs, savoir : ceux qu'elle seule a conservés intacts, comme un héritage de l'ancienne Église œcuménique, tandis que les autres Églises ou sociétés chrétiennes les ont altérés ou mêmes rejetés. Il faut se rappeler cette division pour prêter, dans la Dogmatique orthodoxe, une attention toute particulière aux dogmes de la dernière espèce, en tant qu'ils sont les plus exposés aux attaques des hétérodoxes.

$5. Caractère, plan et méthode de la Théologie dogmatique orthodoxe.

L'idée de l'obligation, de l'objet et des modèles de la Dogmatique orthodoxe en détermine aussi le caractère. Elle doit avoir la forme d'un système, c'est-à-dire exposer les dogmes de la foi chrétienne, autant que possible, avec suite, clarté, plénitude et solidité en cela consiste son caractère externe, qui la distingue de tous les modèles et de toutes les professions de foi, dans lesquels la sainte Église elle-même enseigne les dogmes, et en général de toute autre exposition des dogmes non systématiques. Quant à l'esprit, cette même Dogmatique doit être marquée au coin de l'orthodoxie, c'est-à-dire prendre constamment pour guide, dans l'exposition des dogmes, la saine doctrine de l'Église, orthodoxe et suivre toujours ses modèles et ses professions de foi c'est là son caractère interne, qui la distingue de toutes les autres Dogmatiques non orthodoxes; de celle de l'Église romaine, de l'Église luthérienne, de la réformée, ainsi que de toutes les autres sectes qui se sont détachées de la véritable Église de Christ.

Ce n'est qu'en prenant pour base le principe unique de la Dogmatique orthodoxe, l'idée exacte de son objet, qu'il est

possible d'en édifier le système, d'en tracer le plan; car une science doit être la copie exacte de son objet, et par conséquent lui correspondre jusque dans la division en parties constituantes. L'objet de la Dogmatique orthodoxe nous est connu ce sont les dogmes de la foi; ou, si nous avons égard à leur contenu, « ce sont ces vérités de la foi qui, se rapportant directement à l'essence de la religion chrétienne, renferment la doctrine ayant pour objet Dieu et son rapport avec le monde, avec l'homme principalement; mais la religion chrétienne n'est pas uniquement une alliance de Dieu avec l'homme, telle que l'alliance primitive à laquelle le Seigneur appela l'homme, ainsi que tous les autres êtres spirituels, par le fait même de leur création; c'est encore proprement cette alliance renouvelée, rétablie, depuis la chute de l'homme, adressée immédiatement et uniquement à l'homme déchu, et cela par le fait de la rédemption en Jésus-Christ. C'est pour cela que les dogmės chrétiens, qui exposent la doctrine de Dieu et de son rapport avec le monde, particulièrement avec l'homme, sont de deux sortes. Les uns contiennent la doctrine de Dieu et de son rapport général (naturali, ordinario) avec l'homme, rapport que Dieu a soutenu et soutient aussi avec tous les autres êtres du monde, et qui se manifeste dans deux opérations divines: la Création et la Providence. Les autres renferment la doctrine de Dieu, proprement en sa qualité de Rédempteur des hommes, et de son rapport particulier (supernaturali, extraordinario) avec le genre humain, rapport connu sous le nom de la grande œuvre de notre salut (1). Les vérités du premier

(1) Ou, selon l'expression ordinaire, l'économie du salut, en traduisant littéralement le grec οἰκονομία τῆς σωτηρίας, bien que cette expression ne soit pas très-facile à comprendre.

plus simple à faire dans ce but, c'est d'indiquer la doctrine de l'Église sur quelques dogmes, au commencement de chaque division ou chapitre, destiné à l'examen de ces dogmes; puis de décomposer la doctrine indiquée en parties, selon que l'exige le système adopté; enfin d'examiner chacune de ces parties l'une après l'autre. Quelquefois seulement il peut être nécessaire, en pareil cas, de joindre à cela une définition plus particulière de tel ou tel dogme dans son développement circonstancié.

I.

2. Après la définition du dogme suivant l'Église, la Dogmatique orthodoxe doit en présenter les fondements d'après la sainte Écriture et la tradition sacrée. En effet, ce n'est ni sa doctrine à elle, ni de son propre fonds, que l'Église nous enseigne les dogmes sont des vérités révélées de Dieu, qu'elle emprunte toutes de la Parole divine. Voici, à ce sujet, les principes capitaux de la Dogmatique orthodoxe : 1.- Par rapport à la sainte Écriture. — Citer, à l'appui des dogmes, des passages non-seulement du Nouveau Testament, mais aussi de l'Ancien, s'il est nécessaire; car l'un et l'autre ne font ensemble qu'une seule révélation divine; et si, à l'apparition du premier, le dernier a pris fin quant à ses lois cérémoniales et civiles, il n'en est pas de même de celles qui concernent la foi et la morale: elles sont encore aujourd'hui dans toute leur vigueur; seulement elles sont plus claires et plus développées dans la révélation du Nouveau Testament. — Puiser de préférence dans les livres canoniques les citations qu'on devra faire de l'Ancien Testament, les témoignages des livres non canoniques en faveur des dogmes ne pouvant avoir la même importance. Ne point citer tous les passages de l'Écriture qui peuvent se rapporter à tel ou tel dogme, mais se contenter des plus clairs, de ceux que l'on nomme classiques. · En général,

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ne tirer ses passages de l'Ecriture sainte et ne les interpreter, à l'appui des dogmes, que suivant les règles d'une herméneutique saine, orthodoxe. 2. Par rapport à la tradition sacrée. Il ne faut citer, à l'appui ou en explication des dogmes, les témoignages fournis par cette tradition, qu'après ceux que présente l'Écriture sainte, source première et principale de la religion chrétienne. Il est indispensable de citer les témoignages de la tradition dans tous les cas où ceux de l'Écriture ne sont ni assez clairs ni assez complets, ou fournissent matière à des interprétations différentes et à des disputes. Mais il n'est point nécessaire de citer des passages de la première source, quand ceux de la seconde sont si clairs et si déterminés, qu'ils ne sont mis en doute et diversement interprétés, ni par les orthodoxes, ni même par les hétérodoxes: par exemple, dans la doctrine relative à certains attributs de Dieu : en pareil cas, les passages de la tradition, conservée principalement dans les écrits des saints Pères de l'Église, nous apprendraient tout au plus de quelle manière les anciens docteurs renommés de la foi expliquaient les dogmes connus. En général, les passages cités de la tradition doivent porter les marques de leur origine apostolique (1).

Après avoir ainsi satisfait à ces deux obligations essentielles dans le développement de chaque dogme: c'est-à-dire après avoir montré ce que l'Église orthodoxe enseigne par rapport à ce dogme, et fait comprendre, d'après la sainte Écriture et la tradition sacrée, la raison d'un tel enseignement, la Théologie dogmatique peut aller plus loin.

(1) Pour de plus amples éclaircissements sur le sujet, voir l'Introduction à la Théologie orthodoxe, § 131: Caractères de la tradition apostolique, et $ 132: Importance et usage de la tradition sucrée.

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