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1. Le dogme est une vérité révélée (veritas revelata) : c'est-à-dire qu'il se trouve dans l'Écriture sainte, ou dans la tradition sacrée, ou dans l'une et l'autre ; car il n'y a point d'autres sources pour la religion chrétienne, et une doctrine qui n'est pas renfermée dans ces sources ne peut être un dogme chrétien. C'est en ce sens-là que les vérités apportées sur la terre par notre Sauveur Jésus-Christ sont appelées dogmes (1), dans la parole même de Dieu, et que l'on rencontre chez les plus célèbres des anciens pasteurs de l'Église ces expressions: dogmes divins (2), dogmes chrétiens (3), dogmes du Seigneur (4), dogmes évangéliques, dogmes apostoliques (5); que même toute la doctrine chrétienne est désignée par eux sous le nom de dogmes (6), que les Évangélistes et les Apôtres sont appelés les docteurs du dogme (7), et les chrétiens orthodoxes les gardiens du dogme (8). Ce premier trait distingue le dogme chrétien de tous les dogmes, et en général de toutes les vérités qui n'appartien

(1) Quand il est dit, par exemple, du Sauveur : qu'Il a aboli par ses dogmes (dóyμzor) la loi ancienne chargée de préceptes (Éph., II, 15), ou qu'N a effacé par ses dogmes (dóyμaoı) la cédule qui s'élevait contre nous (Col., 11, 14), saint Chrysostome, Théodoret, saint Théophylacte et quelques autres docteurs, en expliquant ces passages, comprennent sous la dénomination de dogmes proprement la doctrine évangélique.

(2) Aóyuata Oɛix (Theodoret. Epist. ad Johan. Antioch.); - Θεοῦ. (Orig. in Matth., t. XII, n. 23; Clem. Alex. Strom., III, 2; VI, 15.)

(3) Tà 'Inooũ Xpiotoŭ dóypata. (Ignat. ad Magnes., XIII; Martyr. S. Justin., n. Iv; Basil. in Psalm. XLIV, n. 4.)

(4) Σπουδάζετε βεβαιωθῆναι ἐν τοῖς δόγμασι τοῦ Κυρίου. (Ignat. ad Ephes., $ 13.)

(5) Δόγματα τῶν εὐαγγελίων (Athanas. in Matth., serm. 1x); ἀποστολικά. (Théodoret. Histor. eccles., 1, 2, 7.)

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(6) . τοὺς καθάπερ νόμισμα τὸ δόγμα τὸ θεῖον παραχαράττοντας περιεvéyxatɛ. (Synes. Epist., v.) « Ordinavit eos et instruxit ad prædicationem dog«matis ac doctrinæ suæ. » (Lactant. de Mort. persecut., n. 11. Conf. S. Basil. Hexaem., orat. vi.)

(7) Aidάoxadoi tou dóyμatos. (Apud Origen. Contra Cels., lib. m.) (8) Oi toũ dóypatos. (Apud Euseb. Hist. eceles., lib. vii, cap. 30.)

nent point au christianisme, savoir, des dogmes et des vérités de toute autre religion (1); des dogmes dans le sens philosophique (2), dans le sens politique (3), etc.; des vérités, qui, bien que chrétiennes, ne se trouvent point dans la révélation divine, comme la plupart des vérités historiques, par exemple, concernant la vie et les écrits de tel ou tel Père de l'Église; les vérités relatives au rite et au canon, fixant le service divin et la discipline. Toutes ces vérités, par cela seul qu'elles ne se trouvent point dans la révélation divine, ne peuvent, quelle que peuvent, quelle que soit leur importance,

être nommées des dogmes chrétiens.

2. Le dogme est une vérité enseignée par l'Église. En effet, quoique tous les dogmes chrétiens en général soient renfermés dans la révélation divine, il se peut que le fidèle, venant à les y puiser directement, ne comprenne pas tel ou tel d'entre eux, ou l'entende à contre-sens, ou même qu'en l'entendant comme il faut, il n'ait pas la ferme conviction que l'intelligence qu'il en a est tout à fait juste (4); au lieu que l'Église a été instituée par le Seigneur, entré autres, comme la dépositaire et l'interprète de sa révélation pour tout le monde, comme la colonne et le soutien de la vérité (1 Tim., 11, 14), et qu'à cet effet elle est gardée par le

(1) On dit, par exemple: Sóyuara Eλλnvixá. (Sozom. Hist. eccles., lib. v, cap. 16.)

.....

(2)............. «De suis decretis, quæ philosophi vocant dogmata. » (Cicer. Quæst. acad., IV, 9.) Voilà pourquoi saint Isidore de Péluse nomme Socrate Tv &TTIxwv doyμátwv voμobétηv. (Lib. 1, epist. 2 Ophelio Grammatico.)

(3) Dans la sainte Écriture on appelle quelquefois dogmes, les édits de César ou de l'empereur (Luc., 11, 1; Act., xvii, 17; Dan., 11, 13); les édits du roi (Dan., vi, 8, 9, 15); et le mot doyμátiσav est employé soit en parlant de rois (Esth., III, 9), soit des assemblées du peuple faisant acte de pouvoir administratif. (II Macc., x, 8; xv, 36.)

(4) Voy. Introduction à la Théologie orthodoxe. A. M., § 127 ; Saint-Péters bourg, 1847.

Saint-Esprit, de manière à ne pouvoir ni errer, ni tromper les hommes, ni se tromper elle-même (1). Ainsi, pour être pleinement persuadés que nous devons reconnaître comme des dogmes les vérités révélées connues, et les comprendre dans tel sens et non point dans tel autre, il nous faut nécessairement entendre ces vérités et leur définition exacte de la

bouche même de l'Église de Christ, sans doute, de l'Église véritable, orthodoxe. C'est dans ce sens que déjà le concile apostolique de Jérusalem, qui représentait toute l'Église enseignante, employa le mot doe (il a semblé bon au SaintEsprit et à nous: Act., xv, 28) au début de ses courtes décisions publiées plus tard pour servir de guide à tous les croyants, et que saint Luc donna à ces décisions le nom de dogmes ou d'ordonnances (déyuara) des Apôtres et des anciens qui étaient à Jérusalem. (Act., xvi, 4.) C'est dans le même sens aussi que tous les conciles œcuméniques postérieurs, qui représentaient également toute l'Église enseignante, commencèrent leurs décisions, comme le concile apostolique, par le mot dogs (il a semblé bon), et donnèrent à ces décisions le nom de dogmes; par exemple: dogme des cent soixante et dix Pères du sixième concile œcuménique, sur la double volonté, et la double action dans NotreSeigneur Jésus-Christ (2). C'est enfin à cause de cela que, dans les écrits des anciens pasteurs, les dogmes chrétiens sont fréquemment appelés dogmes de l'Église, paroles de l'Église (3), et les chrétiens qui retiennent invariablement

(1) Voy. la Lettre des patriarches de l'Église catholique d'Orient sur la foi orthodoxe, art. 2 et 12, et l'Introduction citée, §§ 134-140.

(2) Voir le Nomocanon ou Livre des règles des saints Apôtres, des saints conciles, soit œcuméniques, soit provinciaux, et des saints Pères, premières pages.

(3) Aóyuata èxxkyotaotixá (Cyril. Alex. In Amos., 11, 7; vi, 2; Chrysost. In Matth., XXI, 23); tà tñc êxxànoíaç dóyuata (Gregor. Nyss., contra Eunom.,

les dogmes : ecclésiastiques on appartenant à l'Église (1). Ce nouveau trait distingue les dogmes chrétiens des opinions particulières que les fidèles peuvent se former par eux-mêmes des vérités de la foi, en se fondant directement sur la révélation divine, et qui, fussent-elles tout à fait justes, ne seront pourtant à tout jamais que de simples opinions ou façons de penser, tant qu'elles ne seront pas fixées pour tous et enseignées par l'Église (2). Il distingue aussi ces mêmes dogmes chrétiens, en tant que dogmes orthodoxes, sains et pieux (3), des dogmes non orthodoxes, ou, suivant l'expression des saints Pères, des dogmes impies, dépravés et hérétiques, professés par des Églises ou sociétés particulières qui se sont séparées de la vraie Eglise de Christ (4).

3. Le dogme est une vérité enseignée par l'Église comme principe certain et invariable de la foi qui sauve. Tel est le dernier trait essentiel du dogme chrétien, qui le distingue des autres vérités de la révélation chrétienne conservées et

orat. xi, in t. II, p. 815; Paris, 1638; Chrysost., Homil., v1, in epist. ad Philip.); èxxλnotaotixoì dóyot. (Orig. in Matth., t. XI, n. 17; t. XII, n. 23.)

(1) 'Exxànoiaotixol (Gregor. Nyss. Contra Eunom., orat. 11, in opp. t. II, p. 481 ed. Morel.); éxxànotatóμevot (Epiphan. Hæres., LXI, n. 4; oi àñò tñí 'Exxλnoíaç. (Origen. Contra Cels., v, 61.)

(2) Dans ce sens-là, saint Chrysostome dit de lui-même: 'Exsivo yàp cox: παρατετερημένον, ὅτι πολλὰ τῶν λεγομένων παρ' ἡμῖν ἀγωνιστικῶς κηρύττεται, où doyμatixws. (In Matth., XXI, 23; in Coteler. Monum. eccles. gr., шn, 145.) (3) 'Opôà tñc 'Exxλnoía; dóyμata (Cyril. Alex. Defens. anathem. x; Chrysost. in Genes., homil. 11, n. 5); úyía (Origen. in Joh., t. VI, n. 2; t. XX, n. 22); 175 củoebeíaç (Orig. in Matth.,,t. XVII, n. 7; Cyril. Alex. in 'Amos., VI, 2); vaε6. (Cyril. in Symbol. ad Monach.)

(4) Tñç ȧoebeíaç dóyμata (Chrysost., t. VIII, serm. v, edit. Paris., p. 133); impia in irreligiosa dogmata (Iren. Advers. Hæres., lib. 11, præf., n. 1); Jóɣμaτα μvoαpá (Theodoret. in Jes. Nav., quæst. XVI); ά0ɛα (Euseb. in Ps. LVII, 12); pestifera et mortifera dogmata (August. de Civit. Dei, xvIII, 51, n. 1). Au vie décret du me conc. œcum., il est dit également : Les dogmes détestables et dépravés de Nestorius.

enseignées par l'Église. Les vérités de la révélation chrétienne, renfermées surtout dans les livres de l'Ecriture sainte, sont de deux espèces : les vérités spéculatives ou de foi, qu'on doit s'approprier par l'assentiment de l'esprit, et les vérités pratiques ou d'action, qu'on doit s'approprier par la volonté et réaliser dans la vie. Les premières se subdivisent en deux classes les unes se rapportent à l'essence même de la religion chrétienne, en tant que rétablissement de l'alliance entre Dieu et l'homme; elles contiennent la doctrine qui a pour objet Dieu et son rapport avec le monde, et en particulier avec l'homme; elles déterminent à quoi nommément et de quelle manière l'homine doit croire pour faire son salut ce sont ces vérités-là que l'Église enseigne comme étant les principes certains et invariables de la foi qui sauve. Les autres ne se rapportent pas directement à l'épreuve de la religion chrétienne. Elles contiennent ou des récits historiques sur la sainte Église de l'Ancien et en partie aussi du Nouveau Testament, sur les juges, les rois, les gouverneurs, les souverains pontifes du peuple de Dieu, sur les prophètes, les Apôtres et bien d'autres encore; ou des assertions particulières de divers personnages, des prophètes, des Apôtres, de notre Sauveur lui-même, sans nul rapport avec l'essence du christianisme (ainsi saint Jean, 1, 42, 47; IV, 50; v, 8); ou des prédictions sur la destinée du peuple de Dieu, des autres peuples, des villes, etc. : tous ces points sont assurément dignes de notre foi, puisque la révélation les renferme; mais l'Église ne les enseigne point comme indispensables pour notre salut. Les vérités pratiques ou d'action se subdivisent également en deux classes, savoir celles qui fixent ce que doit faire l'homme, comme être moral appelé à une nouvelle alliance de grâce avec Dieu : ce sont proprement les préceptes de la morale chrétienne; et

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