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crifice, en aura plus de prix aux yeux du Seigneur. Que personne ne soit retenu par la honte de présenter une légère offrande! J'ose répondre qu'elle sera reçue avec reconnaissance. Ainsi, dans nos campagnes, nous avons recueilli plus d'une fois la pite du journalier, du serviteur, et nous les avons bénis au nom de CELUI qui se plut à distinguer l'aumône de la veuve.

Pauvres, vous pouvez aussi concourir à relever cet établissement au maintien duquel vous êtes si particulièrement intéressés. Vous le pouvez par votre activité, votre économie, votre sobriété; par la noble ambition de vous suffire à vous-mêmes, par la crainte scrupuleuse d'usurper une assistance qui deviendrait pour vous un sacrilége si la nécessité ne vous forçait pas d'y recourir. C'est par une telle conduite que vous pouvez, non-seulement alléger le fardeau qui pèse sur l'hôpital, mais encourager puissamment le zèle de la charité.

Si tous les ordres de l'État se réunissent ainsi, mes frères; si chacun de nous, se considérant en quelque sorte comme faisant lui seul la communauté, offre avec abandon et de bon cœur tout ce qui est en son pouvoir, n'en doutez point, le Ciel secondera nos efforts. Ce Jésus, qui multiplia les pains destinés à nourrir le peuple qui le suivait, fera aussi fructifier notre aumône; il la prendra sous sa garde; il en bénira l'emploi ; il nous fournira les moyens de continuer, d'achever ce que nous aurons si heureusement commencé. Il peut nous rendre des jours plus fortunés ; il peut rappeler la paix, ranimer le commerce et l'industrie. Le meilleur moyen sans doute d'obtenir de lui ces bienfaits, c'est de lui offrir pour gage de notre amour et de notre retour à lui le sacrifice auquel il prend plaisir (1).

Maintenant, chrétiens, j'ai rempli ma tàche. Je vous ai fait entendre la voix de l'humanité, de la patrie, de la religion. Puis-je espérer quelques succès ? Les émotions que vous avez éprouvées produiront-elles quelque heureux fruit,

(1) Hebr. XIII, 16.

ou bien seront-elles sans mérite aux yeux du Seigneur, sans utilité pour vos frères ?

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Un grand serviteur de Dieu, voyant chanceler un établissement qu'il avait eu la consolation de fonder en faveur des enfants trouvés, rassembla tous ces orphelins dans le sanctuaire; puis, les montrant à ceux qui les avaient jusqu'alors entretenus: « Vous avez été les protecteurs de ces innocents, leur dit-il; soyez maintenant leurs juges; « prononcez leur arrêt. Voulez-vous leur vie ou leur mort? » Mes frères, je n'ai point mis sous vos yeux les infortunés pour qui je vous implore. Ah! si je l'avais pu; si je vous avais présenté cette foule de malheureux de tout sexe, de tout âge, dont les uns, dans les années de l'insouciance, connaissent déjà l'inquiétude, portent déjà sur leur visage l'expression du malheur; dont les autres, sur le bord de la tombe, ne sont pas assurés d'une misérable subsistance pour ce petit nombre de jours qui leur reste; qui tous sont menacés, non de la privation de quelques douceurs de la vie, mais des dernières extrémités de la misère; qui se troublent, qui frémissent à l'idée des dangers de la maison qui les nourrit; non, vous n'auriez point résisté à un pareil spectacle. Cependant, s'ils ne sont pas en votre présence, leur sort n'en est pas moins en vos mains; leurs larmes, pour couler loin de vous, n'en sont pas moins amères; leurs gémissements, renfermés dans leurs tristes réduits, n'en sont que plus douloureux. Je vous dis aussi : Vous avez été les protecteurs de ces infortunés; vous les avez soutenus jusqu'ici par de nombreux sacrifices; soyez maintenant leurs juges; prononcez leur arrêt..... Voulez-vous leur vie ou leur mort?

Je suis loin sans doute d'avoir le zèle et les vertus de l'homme apostolique dont j'emprunte les expressions; mais je vous ai parlé comme lui dans la profonde émotion de mon âme; comme lui je suis ministre du Seigneur; c'est au nom du Très-Haut que je vous sollicite; je vous ai répété les paroles de mon Maître. Que dis-je? c'est Jésus lui

même qui vous les adresse. Il est ému de compassion envers nos concitoyens indigents comme envers cette foule qui suivait ses pas aux rives du Jourdain. Il porte sur eux ses regards attendris; il vous dit : D'où aurons-nous des pains pour tout ce peuple? Il attend votre réponse; il veut vous éprouver comme autrefois ses apôtres; il veut vous donner occasion de montrer ce qu'il y a encore en vous de sensibilité, de piété. Il veut voir si, dans cette ville qui lui fut autrefois si chère, la charité vit encore, si elle peut inspirer encore de généreux sacrifices. Il veut voir s'il y a encore de la foi parmi nous, s'il y a quelque confiance en ses promesses, quelque désir de ses récompenses; ou si, rompant les derniers liens qui nous unissent à notre Dieu, nous renonçons à rien faire pour lui, à rien espérer de lui. Voilà ce qu'il attend peut-être pour décider de notre

sort.

Et quel moment, Seigneur, choisis-tu pour nous éprouver ainsi! Sous quel point de vue viens-tu te présenter à ton Eglise! Mes frères, voici l'époque solennelle où nous célébrons la mémoire de ce qu'il a fait pour nous. O puissance des mystères de la foi! comment croire, et refuser l'assistance que demande pour le pauvre le Dieu qui nous donna son Fils, le Sauveur qui s'est immolé pour nous? N'entendez-vous pas les accents mélancoliques et pénétrants de ses dernières paroles: Il n'y a point de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous serez mes amis si vous faites ce que je vous commande (1). Dans peu de jours vous vous approcherez de la table sainte. Quelle image y trouverez-vous? celle d'un sanglant sacrifice. Quelle voix sortira de l'autel?« C'est ici mon sang ré

a

pandu; c'est ici mon corps déchiré pour vous. » Chrétiens, cette voix de votre Rédempteur, c'est aussi celle de votre Juge. Ah! voudriez-vous le changer, ce Sauveur si généreux et si tendre, en un Juge inflexible? Voudriezvous le forcer de vous tenir au dernier jour ce foudroyant

(1) Jean XV, 13, 14.

«

langage « J'avais un asile, et vous l'avez laissé s'écrouler; vous avez détourné les yeux de ma misère, vos oreilles de mes supplications; vous m'avez livré en proie « aux horreurs de la faim, de la soif, de la détresse! »

Non, Seigneur, il n'est personne dans cette assemblée qui veuille mériter un si terrible reproche, qui puisse consentir à l'entendre de ta bouche en présence de l'univers. Lis toi-même dans leurs cœurs; ils se trouvent heureux de pouvoir te présenter quelque sacrifice en échange de tes bienfaits. Chacun d'eux arrête en cet instant le tribut qu'il veut t'offrir; il te le consacre d'avance au fond de son âme; et, dans l'élan de son zèle, il ne quittera point le sanctuaire sans te prouver déjà qu'il se souvient du pauvre. Animé de la noble ambition de suivre tes traces, il te jure ici que son âme, comme la tienne, sera toujours ouverte au malheureux, toujours émue de compassion pour celui qui souffre, toujours pressée du désir, du besoin de le soulager.

Mes frères, si tels sont vos sentiments, j'ose à mon tour vous répondre, au nom du Seigneur, qu'il acceptera votre offrande, qu'elle montera jusqu'à son trône comme un parfum de bonne odeur. J'ose vous répondre qu'à cette table, où le profane et l'homme dur trouvent la mort spirituelle, vous recevrez le gage de la vie, la paix de Dieu, les arrhes du salut. J'ose vous promettre que ce Dieu, qui est la caution du pauvre, vous récompensera magnifiquement dans l'éternité, et que dès ici-bas il répandra sa bénédiction sur vos familles, sur vos entreprises, et vous rendra au centuple votre bienfait. Amen.

SERMON XXXII.

LA CONSCIENCE SANS REPROCHE.

SERMON SUR ACT. XXIV, 16:

C'est pourquoi je travaille à avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

Voilà, mes frères, un projet digne d'un être raisonnable, immortel, un projet également noble et sage. Qu'il est différent de ceux dont les mondains sont occupés ! Au lieu de ces projets honteux qu'ils n'oseraient confier aux personnes dont ils désirent l'estime; de ces projets à la fois chimériques et petits, présomptueux et mesquins, qui surpassent leurs forces, qui s'étendent au delà du temps qu'ils peuvent avoir pour les accomplir, et qui n'ont cependant pour but que des jouissances passagères, des objets matériels et périssables, l'Apôtre forme un projet dont il peut s'honorer aux yeux du Ciel et de la terre; un projet parfaitement en accord avec ses facultés, dont le succès répondra sûrement à ses efforts, et auquel il ne peut trouver d'obstacle que les obstacles qu'il y mettra lui-même; un projet enfin qui embrasse toute l'existence, toute la durée de l'homme; qui a pour terme, non la félicité de vingt, trente, quarante années, mais celle qu'on ne peut mesurer par le cours des siècles, mais celle de l'éternité. J'ai cette espérance en Dieu qu'il y aura une résurrection des justes et des injustes. C'est pourquoi je travaille à avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

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