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déjà, tombant, sans pouvoir se retenir, dans un abîme plus profond, livré aux terreurs d'une conscience qui se réveille; glacé d'épouvante à la vue de cette éternité pour laquelle il n'a rien fait; voyant, comme autant de fantômes, ses crimes sortir de la nuit du passé pour l'accuser, et ne trouvant rien à opposer à son juge! Malheureux! qui le délivrera de cet état de mort (1)?

Cherchera-t-il quelque ressource dans la distraction et les plaisirs? Cette ressource insuffisante, dangereuse, qui souvent aggrave les maux et ne peut les guérir, cette vaine ressource n'est pas même à la portée de tous les hommes, ni bonne pour tous les moments.

Appellera-t-il la raison à son secours? La raison lui dira que ses remords sont justes et ses alarmes fondées; elle donnera plus de vivacité, de consistance aux tableaux de l'imagination; et peut-elle d'ailleurs rétablir l'équilibre, l'harmonie dans notre âme? Ah! il faut d'autres lumières, d'autres remèdes que les siens.

Mais quoi! l'homme ne lèvera-t-il point les yeux vers celui qui peut le secourir? Ne l'appellera-t-il point à son aide? Hélas! quelque inconcevable que cela paraisse, quelque pénible que soit la situation du pécheur, il ne sait pas en sortir; il Ꭹ demeure par légèreté, par indolence, par lâcheté, par désespoir. S'il cherche quelques remèdes, ils sont de même nature que le mal: il se guérit d'une passion par une autre ; il aggrave ses maux pour s'en distraire et se perd pour s'étourdir. Il faut que la miséricorde divine le prévienne; il faut qu'elle l'appelle, qu'elle se fasse entendre à son cœur ; il faut qu'elle lui dise: Venez à moi... O bonté d'un Dieu qui nous cherche quand nous ne savons pas le chercher, et nous offre notre délivrance quand nous ne savons pas la lui demander!

II. Et que veut-il de nous en retour? Quelles conditions nous impose-t-il? Des conditions justes, nécessaires, assorties à la nature même des choses. Venez à moi; tout (1) Rom. VII, 24.

est compris dans ces paroles si simples: elles renferment un sens profond; peut-être n'en concevez-vous pas toute l'étendue.

Venir à Jésus, ce n'est pas seulement lui donner le nom de Maître, lire de temps en temps sa parole ou les livres qui nous parlent de lui. Ce n'est pas seulement rendre quelque hommage au Seigneur, venir dans son temple, à sa table; chercher même auprès de lui quelque soulagement dans nos peines. C'est plus que tout cela. Ces mots expriment le sentiment vif du besoin qu'on a de son secours; un recours ardent à son intercession, à son sacrifice; une confiance, un abandon, une soumission sans réserve; en un mot, l'humilité, la foi, l'obéissance, ces trois grandes dispositions qui forment le chrétien.

1° Il faut d'abord connaître, sentir, avouer ces maux dont on est travaillé. Mais est-il donc possible de les ignorer? Hélas! rien n'est plus vrai. Les malades corporels s'aveuglent souvent sur leur état; les malades spirituels s'aveuglent presque toujours; ils étendent un voile sur leurs plaies: si l'on essaie de le soulever, ils le retiennent, ils s'irritent, ils poussent des cris; ils aiment mieux accuser tout autre qu'eux-mêmes; ils s'en prennent à toute la nature du malaise qui vient de leur propre fonds, qui vient de ce que leur âme n'est pas bien réglée. Il faut arracher ce voile; il faut sentir son impuissance et ses misères; il faut être pressé du désir, du besoin d'un Rédempteur; voilà le premier pas. Ce ne sont point, dit JésusChrist, ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin. Je ne suis pas venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs (1). O vous qui êtes sans reproche à vos propres yeux, toujours habiles à justifier toutes vos actions, toutes vos démarches, même les plus condamnables! vous qui ne pouvez souffrir le moindre blâme! en vain êtesvous venus dans ce temple; en vain vous approcherezvous de la table sainte : vous n'irez point à Jésus. Eh! que (1) Matt. IX, 12, 13.

demanderiez-vous au Sauveur des hommes, puisque vous êtes si satisfaits de vous-mêmes? Vous sortirez de ces parvis tels que vous y êtes entrés: vous retournerez dans vos demeures sans avoir été soulagés.

Ah! combien, dans le cours d'un long ministère, j'ai appris à admirer la sagesse profonde de cette religion qui, pour premier sacrifice, demande à l'homme le sacrifice de l'orgueil! Combien de fois, repoussé par cet orgueil qui garde avec une inquiétude ombrageuse les avenues du cœur et de la conscience, j'ai senti qu'il n'y a rien à attendre de ceux qui ne peuvent jamais consentir à avoir tort, et je me suis tu avec un sentiment amer de l'inutilité de mes discours! Combien j'ai appris à tenir pour suspectes, à regarder comme une fausse monnaie, ces vertus accompagnées d'estime et de louange de soi-même, qui imposent à la jeunesse sans expérience! Combien, au sortir d'une révolution où l'orgueil a causé tant de maux, et, dans son délire, a osé s'élever contre Dieu même; où le langage emphatique et fier d'une fausse vertu était sur les lèvres des scélérats les plus monstrueux; combien j'ai appris à goûter, à chérir cette humilité, cette noble simplicité du chrétien qui connaît ses manquements, ses fautes, et ne veut abuser ni son Dieu, ni ses semblables, ni lui-même!

2o Venir à Jésus, c'est recourir à lui avec une foi vive, une ferme espérance. Croyez-vous que je puisse vous guerir? demandait-il à ceux qui imploraient son secours. Les médecins terrestres en usent de même; ils ne consentiraient pas à traiter celui qui leur refuserait sa confiance. Nous-mêmes nous exigeons ce sentiment de ceux qui nous demandent des directions et des services. A combien plus juste titre ne le devons-nous pas à notre divin guide, à notre céleste Médecin!

Et que lui manque-t-il pour l'obtenir? Pouvoir suprême, bonté divine, compassion généreuse, charité sans mesure, nous trouvons tout en lui. De notre côté, nous avons besoin de croire, d'espérer; la confiance s'allie aux affections dou

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ces et généreuses; c'est à regret que nous la retirons à ceux qui nous en ont fait goûter le charme. Lorsqu'une triste connaissance des hommes nous force à ne l'accorder qu'avec réserve, avec mesure, notre âme se dessèche et se flétrit; tout est désenchanté parmi nous. - Eh! désabusés comme nous devons l'être des créatures et du monde, éclairés sur la misère et le néant de notre nature, ne sommes-nous pas trop heureux de trouver un objet vraiment digne de tous ces mouvements de notre âme auxquels il est si doux de se livrer; digne de tout l'abandon, de toute l'exaltation de notre cœur. Après avoir éprouvé l'illusion des espérances de la terre, qu'il est doux de recevoir de Jésus des espérances mille fois plus ravissantes, des espérances qui ne trompent jamais!

Ah! que celui dont l'âme est travaillée et chargée se prosterne aux pieds de ce Rédempteur adorable. Qu'il lui dise avec transport: «O mon Sauveur! c'est en toi que j'es

père; ce n'est point en moi-même, c'est dans ton sang versé, dans ton intercession puissante. Ce n'est point sur « ma propre force, c'est sur la tienne que je m'appuie. Toi « seul, toi seul peux guérir toutes mes douleurs, satisfaire « à tous mes besoins, subvenir à toutes mes faiblesses.

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3o A ces dispositions d'humilité, de foi, il faut, pour aller à Jésus, en ajouter une troisième, qui n'est pas moins indispensable, et qui découle naturellement des premières, le dévouement à sa volonté.

Je sais que, pour l'ordinaire, soit dans les maux de l'âme, soit dans ceux du corps, c'est ici que nous échouons. Quelques privations, quelque gêne à s'imposer, quelques efforts, quelques sacrifices, c'en est assez pour épuiser notre courage, pour ébranler notre volonté, pour éteindre nos désirs de guérison. Mais c'est que nous ne sommes pas assez frappés du danger de notre état, ou que nous n'avons pas assez de confiance en celui qui nous dirige. Ces causes ne sauraient exister pour le chrétien éclairé par l'humilité, par la foi, qui se connait lui-même et voit Jésus

tel qu'il est. Ah! il n'envisage rien de pénible dans la route que son Sauveur lui trace; il n'hésite plus; il ne dispute plus; il ne diffère plus; il n'excepte rien de son dévouement. Ce n'est pas seulement par devoir qu'il forme la résolution de se soumettre; c'est par persuasion, par confiance, par reconnaissance, par amour pour celui qui l'a racheté; c'est par goût, par inclination. Loin d'éprouver des regrets, tous ses projets, toutes ses espérances de félicité reposent sur cette obéissance; il ne voit point ailleurs de bonheur, de tranquillité.

III. Et voilà précisément ce que lui promet Jésus: Venez à moi... et je vous soulagerai; et vous trouverez le repos de vos âmes, ajoute-t-il immédiatement.

L'homme qui s'efforce de revêtir les dispositions dont nous avons parlé éprouve bientôt l'effet de cette promesse. Il s'approche de Jésus, et il est soulagé. Comment ne le serait-il pas ? Rien ne met notre cœur à l'aise comme l'aveu de ce qu'il souffre. Verser ses peines dans le sein d'un ami qui tout au plus peut les partager, et souvent même ne sait pas les comprendre, c'est déjà un soulagement; mais les répandre dans le sein de celui qui connaît mieux que nousmêmes notre nature, et dont l'indulgence est d'autant plus douce, plus généreuse qu'il sait mieux de quoi nous sommes faits (1); les répandre dans le sein d'un Dieu qui peut et veut nous délivrer, comment exprimer la douceur d'un tel soulagement?

Il y a plus le pécheur a besoin d'être réconcilié avec son juge, d'être affranchi du joug des passions et du péché; il a besoin qu'on apaise ce combat intérieur qui le tourmente. Jésus fait tout cela. Si l'homme est agité par l'idée de la justice, de la sainteté du Dieu qu'il a offensé, il se jette dans les bras de son Rédempteur comme dans un asile, et le calme renaît. Il voit chez lui une expiation plus grande que ses crimes, une pureté sans tache, une victime d'un prix infini, un sacrifice sans exemple. Il reçoit de Jé(1) Ps. CIII, 14.

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