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Dieu vient à son secours, mais il veut qu'instruite de son impuissance, cette raison soit docile à sa voix. Il veut qu'une fois assurée que c'est lui qui a parlé, elle sache porter le joug d'une autorité divine, s'arrêter aux bornes prescrites, et laisser les choses cachées qui sont pour l'Eternel (1). En un mot, Jésus vient éclairer l'homme et le relever de sa chute; mais, pour cela, il veut trouver en lui du moins, et il a besoin de trouver en lui l'amour de la vérité, la droiture du cœur, la docilité de l'esprit. C'est pour ceux qui remplissent cette condition qu'est le secret de l'Eternel; c'est à eux que le Seigneur se communique (2).

Mais en vain Jésus parle; en vain le soleil de justice luit sur l'univers; l'homme qui n'a pas la simplicité de cœur ne peut en être éclairé. Aveuglé par l'esprit de discussion, le plus opposé de tous à la recherche de la vérité, il dispute sur les principes les plus évidents, sur le sens des préceptes les plus clairs; il n'admet que ce qu'il lui convient d'admettre; il ne voit dans l'Evangile que ce qu'il veut y trouver.

Ah! catéchumènes, combien vous en verrez dans l'Eglise de ces faux chrétiens qui, en disant à Jésus: Seigneur (3), savent l'art de se justifier à eux-mêmes la violation de ses lois! Combien vous rencontrerez de personnes dont l'âme peut-être était naturellement droite et le cœur sensible, mais que le défaut de simplicité éloigne de la révélation, retient du moins dans un état d'incertitude et de fluctuation malheureuse qui leur rend inutiles les consolations, les espérances de l'Evangile, et leur ravit le bienfait de la foi! Essayez de les raffermir, ils échappent à chaque instant; leur esprit chancelant est devenu, par l'habitude du doute, inaccessible à la douce persuasion, à la conviction intime. Le pur instinct du beau et du vrai semble détruit en eux ; ce qui était lumière est devenu ténèbres, suivant l'expression de l'Ecriture (4).

L'humilité, catéchumènes, ne vous est pas moins néces(1) Dent. XXIX, 29. (2) Ps. XXV, 44.

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Matt. VII, 22.

· (4) Matt. VI, 23.

saire. Vous en avez besoin pour croire, car la foi est en quelque sorte l'humilité de l'esprit qui reconnaît ses bornes et sa faiblesse. Vous en avez besoin surtout pour vous approcher de Dieu. Eh! comment sans humilité avoir part à une alliance de grâce! Lorsque Jésus descendit sur la terre pour la proclamer, cette alliance, il fit retentir l'univers de ces accents: «O homme! humilie-toi; souillé de la fange du vice, presse la terre de ton front. Si je n'avais « eu pitié de toi, tu serais mort dans tes péchés; la seule « vertu qui reste au coupable, c'est le sentiment de ses fautes. L'orgueil avait perdu l'homme; Jésus est venu foudroyer l'orgueil. Rien par ses propres mérites; rien par ses seules forces; tout par miséricorde, tout par grâce. Pour aller au Médecin des âmes, il faut se sentir malade; il faut vouloir être guéri. Ce ne sont pas les prétendus justes, ce sont les pécheurs qui sont appelés (1). Voilà le système entier de l'Evangile; il est tout fondé sur les ruines de l'orgueil humain. Ah! la religion de Jésus est une énigme inexplicable pour l'orgueilleux. Elle nous apprend à nous appuyer non sur notre propre justice, mais sur la miséricorde de Dieu. Elle fait de la reconnaissance le grand levier du cœur de l'homme, le grand motif du dévouement. Puisqu'un seul est mort pour tous..., il faut que tous ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui s'est donné pour eux (2). Elle fait du secours céleste le grand moyen de force et de salut. Vous ne pouvez rien par vous-mêmes, mais vous pouvez tout en Christ qui vous fortifie (3). L'orgueilleux ne saurait comprendre une telle doctrine, en saisir l'esprit, entrer dans ses vues. Ces mots augustes et touchants, si souvent répétés dans nos saints livres, Rédemption, Grâce, Miséricorde, ces mots sont pour lui vides de sens; il n'en sent pas le besoin, il n'en conçoit pas l'énergie; et le nom du Sauveur des hommes, et le nom de Jésus ne dit rien à son cœur.

La pureté, l'innocence, troisième disposition indispen

(1) Matt. XIX, 13.

(2) 2 Cor. V, 14, 15. — (3) Philipp. IV, 13.

sable pour devenir ehrétien. Dieu frappe à la porte de vos cœurs, catéchumènes! Quelle pureté ne doit pas revêtir une âme où Dieu veut habiter comme dans un sanctuaire ! Mais, sans insister sur cette idée sublime, je dis que c'est la pureté, l'innocence, qui nous dévoile toute la beauté de la morale chrétienne; je dis que c'est par elle que nous pouvons avoir de sa divinité cette preuve de sentiment supérieure à toutes les autres. Une âme pure sympathise avec l'Evangile; elle sent l'harmonie qui se trouve entre cette première loi qu'elle porte en elle-même et la loi de Jésus; elle est entraînée sur ses traces; la voie qu'il lui ouvre est celle où elle se plaît à marcher; c'est pour elle véritablement que le joug du Seigneur est doux, et son fardeau léger (1). Mais au contraire le pécheur ne saurait plus être touché de la beauté morale, ni attiré par elle. Pour suivre le Fils de Dieu, il faudrait s'arracher un œil, se couper un bras (2): il est effrayé des sacrifices que sa loi lui prescrit. Elle lui semble dure et rigoureuse; il s'y soustrait; il repousse la lumière parce que ses œuvres sont mauvaises (3).

Enfin, catéchumènes, il faut qu'aux dispositions précédentes vous joigniez la sensibilité. Eh! comment, sans un cœur sensible, répondriez-vous à l'invitation d'un Dieu qui dit à chacun de vous: Mon fils, donne-moi ton cœur (4)? Comment, sans un cœur sensible, seriez-vous agréables à ce Dieu qui pardonne beaucoup à celui qui a beaucoup aimé (5), à ce Dieu pour qui une larme versée par le repentir, le mouvement d'une âme émue, a plus de prix que les sacrifices les plus éclatants? Ah! sans doute, il faut de la sensibilité pour revêtir l'esprit d'une religion qui réduit l'accomplissement de ses préceptes à l'amour : amour de Dieu, amour du prochain. Il faut de la sensibilité pour se peindre les biens éternels dont l'amour fera le plus grand charme; il faut de la sensibilité pour concevoir, pour sen

(4) Matt. XI, 30. 26. (5) Luc VII, 47.

·(2) Matt. V, 29, 30. · (3) Jean III, 19. — (4) Prov. XXIII,

tir les bienfaits d'un Dieu qui a donné son Fils aux hommes, d'un Sauveur qui est mort pour les hommes. Il faut apporter l'offrande de la sensibilité à ce repas sacré qui nous retrace le sacrifice d'un amour infini..... O Dieu! que la sensibilité la plus exaltée est tiède et languissante auprès de tels objets! Mais il faut du moins en avoir assez pour gémir avec amertume d'en avoir si peu; il faut en avoir assez pour t'offrir un cœur qui te préfère à tout, et qui s'afflige profondément de ne pouvoir t'aimer davantage encore, de ne pouvoir t'aimer comme tu mérites d'être aimé.

II. Quel Maître, chrétiens, que celui qui impose de telles conditions à ses disciples! Quel édifice que celui qui s'élève sur de pareils fondements! Comme elle étonne à la fois et subjugue mon âme, cette vertu chrétienne, cette vertu simple et sublime, qui ignore sa propre grandeur, dont l'oubli de soi-même est le principal caractère! Quelle a d'attraits cette vertu que l'amour vivifie; qui, en observant jusqu'aux moindres préceptes, est aisée, naturelle, et n'agit que par sentiment; qui embrasse tous les hommes par la charité, et, loin d'envisager avec dédain ceux qu'elle surpasse, leur offre toujours de l'indulgence pour leurs fautes, de la compassion pour leurs faiblesses, de la sympathie pour leurs joies et leurs douleurs!

Mais où la trouver cette vertu évangélique? Où trouver les dispositions qui la préparent? Où les trouver dans ce siècle raisonneur, où les vérités les plus évidentes comme les plus sacrées sont mises en problème, où l'on rejette les mystères parce qu'on veut les expliquer, où le transgresseur de la loi prétend avoir raison contre la loi même? dans ce siècle orgueilleux où l'homme, au lit de la mort, prêt à paraître devant son Juge, tout chargé du poids de ses fautes, au lieu de s'humilier, au lieu d'implorer, d'embrasser un Sauveur de toutes les puissances de son âme, se pare encore d'une audacieuse confiance, répète encore de ses lèvres mourantes et de sa voix éteinte ces superbes

paroles: Je n'ai rien à me reprocher! dans ce siècle égoïste, intéressé, où l'amour de soi-même, l'amour de l'or dessèche et resserre tant de cœurs!

Catéchumènes, s'il nous reste quelque espoir, c'est en vous qui, sortis à peine de l'enfance, n'en avez pas encore perdu l'aimable caractère. Eh! quel être, en effet, qu'un jeune homme chez qui l'on ne trouverait plus la simplicité, la docilité de l'esprit; qui ne porterait pas avec respect le joug de la foi; un jeune homme raisonneur et plein de présomption, à cette époque d'inexpérience où les prestiges et les dangers l'environnent; où, pour ne pas se perdre, il a besoin d'un guide à chaque pas! Quel être qu'un jeune homme dont l'imagination serait déjà souillée et l'âme corrompue, avant même que la nature eût achevé de développer ses facultés; dont le cœur, dégradé par le vice, ne s'ouvrirait plus aux émotions du sentiment; sur le front duquel l'œil chercherait en vain quelque trace de pudeur et d'ingénuité; qui nous offrirait, au lieu des vertus du premier âge, l'odieux contraste d'une corruption précoce, et, loin de pouvoir être ému par les bienfaits et les promesses de la religion, aurait besoin qu'on ouvrît sous ses pas les abîmes de l'éternité!

Ah! s'il s'en trouvait de tels dans ce temple, parmi ces néophytes qui nous demandent de leur ouvrir l'accès à la table sainte.... Mais loin de moi cette pensée, catéchumènes! A cette heure solennelle qui va décider de vos destinées, à cette heure où un intérêt si pressant et si tendre nous émeut sur votre sort, j'ai besoin de supposer que vos dispositions, oui, vos dispositions à tous, sont celles que Jésus veut trouver en vous, et je vous dirai dans l'effusion de mon cœur Conservez-les, mes chers enfants, conservez-les ces penchants aimables qui font le charme du premier âge et le plus touchant attrait de la jeunesse, ces penchants qui sont comme la robe de noce que vous devez revêtir pour entrer dans le royaume de Dieu.

Conservez cette droiture, cette simplicité de cœur qui

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