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souvent. Cette fleur, avec ses petits rameaux à la base, fut le type parlant des monnaies de Rhodes, depuis une haute antiquité jusqu'à la décadence.

>> Pour les monuments du genre de ceux que nous venons de décrire, il ne suffit pas de reproduire exactement l'inscription et l'attribut qui l'accompagne ordinairement; il y a encore deux choses à observer. Il est indispensable d'abord d'indiquer si le symbole occupe une place centrale, c'est-à-dire s'il appartient à la localité; ou bien s'il est relégué dans une place inférieure ou secondaire, ce qui le fait rentrer dans la catégorie des symboles des fonctionnaires, tels que ceux qui sont indiqués dans les tables d'Héraclée. Il faut ensuite décrire exactement la forme de l'amphore ou de l'anse que l'on a sous les yeux; car cette forme est presque toujours un critérium au moyen duquel on peut reconnaître la provenance du mo nument. A ce propos, je citerai une observation très-juste, que M. Dumont a bien voulu me permettre d'emprunter à son savant travail (1).

« Les fragments céramiques de Thasos, Rhodes et Cnide, dit»>il, ne se rencontrent pas dans les mêmes proportions sur >> tous les points de la Méditerranée. A Alexandrie, Stoddart a >> recueilli quinze anses de Rhodes pour une anse de Cnide; en » Attique, la proportion est inverse en faveur de Cnide. On ne » trouve pas en Egypte de fragments thasiens. Ceux de Cnide » ont été à peine constatés en Sicile. Aucun fragment originaire » de Bithynie, de Mysie ou de Phrygie ne figure dans la collec» tion d'Athènes. On voit qu'on peut faire une carte du bassin » de la Méditerranée étudiée au point de vue de la céramique. » Cette carte permettra d'utiles inductions pour l'histoire du

» commerce.

» Je cède maintenant la parole à mon ami M. L. Renier, qui va entretenir l'Académie de l'inscription latine mentionnéé plus haut. >>

M. RENIER prend la parole en ces termes :

(1) Inser. céramiques de la Grèce, p, 40.

» L'inscription latine, que mon confrère et ami M. Miller a bien voulu me communiquer, est ainsi conçue:

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INVS ANCY SIGN LEGXXII7 VALERI
PRISCI M. VALERIVS MF POL·

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Marcus) Liburnius M(arci) f(ilius) Pollia tribu) Saturninus, Ancy(ra), sign(ifer) leg(ionis) XXII, centuria Valerii Prisci, Marcus Valerius M(arci) f(ilius) Pol(lia tribu) Saturninus, Ancy(ra), signif(er) leg (ionis) XXII, centuria Servi(li....

» Le dernier mot est indéchiffrable sur l'estampage; le reste est d'une lecture très-facile et tout à fait certaine.

» Ce n'est qu'un fragment d'une liste de sous-officiers de la légion XXII, qui s'étaient réunis pour élever un monument; mais, tout mutilé qu'il est, ce fragment est loin d'être dépourvu d'intérêt.

>> J'ai expliqué par le nom de la ville d'Ancyre le mot ANCY qu'on y lit deux fois. Cette abréviation n'est pas conforme aux usages de l'épigraphie : il faudrait ANCYR; elle n'est cependant pas sans exemple. Les premières lignes d'une liste de soldats trouvée à Rome et conservée aujourd'hui au musée de Bologne (1) sont ainsi conçues :

S ANCY

...........ACVS BERY

.......PAVLVS DAMASC

c'est-à-dire :

..........................s Ancy(ra)

........acus Bery(to)

.......Paulus Damasc(o)

(1) Fabretti, Inscr., p. 340, n. 543; Schiassi, Guida del fores

tiere al museo dell' università di Bologna, p. 40.

On voit que les mots Ancyra et Beryto y sont abrégés comme Ancyra l'est dans notre inscription.

» Cette inscription nous fait donc connaître deux enseignes (signiferi) de la légion XXII, qui étaient tous les deux d'Ancyre; et elle nous apprend en même temps que tous les deux appartenaient à la tribu Pollia, d'où l'on peut conclure que c'était dans cette tribu qu'étaient inscrits les citoyens romains de la capitale de la Galatie, fait intéressant et qui était jusqu'ici entièrement ignoré. On connaissait, il est vrai, une inscription funé. raire trouvée dans cette ville et consacrée à un personnage qui était inscrit dans cette même tribu Pollia (1) :

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» Mais la qualification de scriba, qui est donnée à ce personnage, prouve qu'il faisait partie de l'officium des gouverneurs de la province, et il était permis de supposer qu'il avait été amené d'Italie par quelqu'un de ces magistrats. On ne pouvait donc rien conclure, pour la question qui nous occupe, de cette inscription isolée, qui, ajoutée à la nôtre, la résout au contraire définitivement.

>> On sait par de nombreux témoignages des historiens que Déjotarus, roi de Galatie, avait organisé ses troupes sur le modèle des légions romaines, et que ces troupes prirent part, tantôt pour un parti, tantôt pour l'autre, aux guerres civiles entre César et Pompée, et à celles qui suivirent la mort du dictateur.

» Lorsque la Galatie fut réduite en province romaine, en 25 avant notre ère, celles de ces troupes qui subsistaient encore furent conservées, mais comme troupes auxiliaires.

Après le désastre de Varus, en l'an 9 de notre ère, désastre dans lequel trois légions (la XVII, la XVIIIe et la XIX) avaient

(1) G. Perrot, De Galatia provincia romana, p. 130.

été entièrement détruites, Auguste, pour réparer ces pertes, créa deux nouvelles légions, la XXI Ropas dans la Germanie inférieure, et la XXII en Egypte. Cette dernière légion est en effet souvent mentionnée dans les inscriptions de cette province. Dans la plupart, de même que dans la nôtre, elle ne porte pas de surnom; mais dans quelques-unes, les moins anciennes, on lui donne celui de Dejotariana, ce qui avait fait supposer, avec raison comme tout semblait l'indiquer, qu'elle avait été formée avec les corps auxiliaires créés originairement par Dejotarus (1), corps aux soldats desquels on avait alors donné le droit de cité, comme on le donna dans la suite aux soldats de marine dont on forma les légions Ire et Ile Adjutrices.

» Cette conjecture reçoit de notre inscription une éclatante confirmation. Ce monument nous montre en effet, on l'a vu, deux sous-officiers de la légion XXII, natifs de la Galatie, ce qui prouve qu'à l'époque où il a été gravé cette légion continuait à se recruter dans la province où elle avait été originairement formée.

» Mais à quelle époque cette inscription a-t-elle été gravée? C'est là une question qu'on ne peut résoudre d'une manière tout à fait précise, mais dont on peut du moins donner une solution approximative.

» Il résulte d'abord du texte même de l'inscription qu'elle ne peut être postérieure à la fin du premier siècle de notre ère. On a vu en effet que la légion XXII n'y porte pas de surnom. Or il est un fait que savent toutes les personnes qui ont quelque pratique des monuments épigraphiques, c'est qu'à partir de cette époque on n'en connaît pas un seul dans lequel une légion soit désignée par son seul numéro et sans son surnom.

» Mais on peut déterminer d'une manière plus approximative

(1) Borghesi, OEuvres, t. IV, p. 252 et suiv.; Grotefend, art. LêGION dans l'Encyclopédie de Pauly; Mommsen, Res gestae divi Augusti, p. 47.

la date dont il s'agit. Une inscription gravée sur le colosse de Memnon (4) est ainsi conçue:

A INSTEIVS

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TENAX PRIMIPILARIS

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LEG XII FVLMINATAE ET C.VALERIVS PRISCVS. 7·LEG· XXII ET LQVINTIVS. VIATOR DECVRIO AVDIMVS. MEMNONEM ANNO XI NERONIS IMP N XVII K APRIL HORA ///// c'est-à-dire :

Alulus) Insteius Tenax primipilaris leg(ionis) XII Fulminatae, et C(aius) Valerius Priscus centurio leg(ionis) XXII, et Lucius) Quintius Viator decurio, audimus Memnonem anno XXI Neronis imperatoris) nostri), XVII k(alendas) A(priles), hora.....

>> On voit que dans cette inscription sont mentionnés un primipilaire, c'est-à-dire un ancien primipile, de la légion XII• Fulminata, un centurion de la légion XXII, et un décurion, c'est-à-dire le commandant d'une turma (2), probablement de la même légion. Or le centurion, C. Valerius Priscus, est précisément un de ceux dont il est question dans notre inscription; c'est celui qui commandait la centurie à laquelle appartenait le premier de nos signiferi, Mais cette inscription est datée du 17 des calendes d'avril de la XI année du règne de Néron, c'està-dire du 16 mars 65. Si donc notre inscription n'est pas de cette même année 65, elle ne peut être que de quelques années antérieure, ou de quelques années postérieure à cette date.

Je dois ajouter qu'on n'a trouvé jusqu'ici en Egypte aucun monument relatif à la légion XXII Dejotariana qui soit d'une date postérieure au règne de Trajan. Il y a donc lieu de croire que cette légion fụt, sous ce règne, envoyée dans une autre contrée.

(1) Letronne, Inscriptions grecques et romaines de l'Egypte, pl. 32, n. 12.

(2) On sait que les légions, au premier siècle de notre ère, se composaient réglementairement de 6,000 fantassins et de 720 cavaliers, et que ceux-ci étaient divisés en turmae, lesquelles étaient commandées chacune par un décurion.

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