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que je me propose de faire voir pour une famille spéciale de mots grecs dans le mémoire qu'on va lire. Cette étude m'a semblé d'autant plus intéressante qu'elle m'a permis d'abord de réunir et de classer un certain nombre de mots relevés dans les auteurs et dans les inscriptions, et qui ne figurent jusqu'à présent dans aucun lexique, puis de soumettre à un nouveau contrôle une des lois les plus importantes de la formation des mots composés.

Avant d'étudier les principales racines qui, en grec, expriment l'idée dont il s'agit, nous écarterons d'abord un certain nombre de synonymes qui contribuent, sans doute, à la richesse du langage, mais qui n'appartiennent pas étymologiquement, si je puis ainsi dire, à notre sujet.

En premier lieu, les mots qui ne désignent la magistrature suprême que par allusion à un de ses attributs, souvent tout extérieurs tels sont σrepaνnçópos, porte-couronne, nom d'un magistrat éponyme dans plusieurs cités grecques; σtepnpópos, qui désigne l'empereur dans la grécité byzantine.

:

Σxηяτоos, porte-sceptre, épithète des rois dans le style épique; ποιμὴν λαῶν, « berger des peuples », avec les variantes ποιμαντήρ et ποιμάντωρ, synonymes également poétiques du mot βασιλεύς, roi, comme plus tard ἀγέλαρχος et αγελάρχης, chef de troupeau.

Le verbe homérique θεμιστεύειν, rendre la justice (de θέμις, 9quotes), signifie aussi régner, dans les temps héroïques, parce que les rois sont de grands justiciers; de là aussi l'épithète royale dixonóλos. Plus tard, sous l'Empire romain, σßαotós, vénérable, traduisant le latin Augustus, deviendra en grec le titre du pouvoir impérial et, par suite de l'emphase familière aux Orientaux, il sera en quelque sorte porté au superlatif dans ὑπερσέβαστος et redoublé dans πανυπερσέβαστος. Le nom propre César, sous la forme grecque Kaïoap, a fait même fortune chez les Grecs d'Orient.

Il faut aussi mettre à part les signes de magistratures spéciales, comme νομοθέτης et θεσμοθέτης, législateur ; ἀγωνοθέτης, celui qui préside les jeux et qui les célèbre à ses frais; tauía; et áprupoτauías, trésorier; lepotaμías, trésorier d'un temple ou des

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richesses sacrées (Inscr. de plusieurs villes d'Asie dans Le Bas, V, no 1879, 2114, 2218, 2286); deíoitos, d'abord pensionnaire (à vie) de l'Etat, puis employé secondaire, soit religieux, soit profane dans les tribus d'Athènes (Corpus, nos 490 ̊et suiv.); πoditoypápos, censeur (Le Bas, III, no 1178, à Prusias), d'où noλтoуpapéw (Corpus, nos 4016 et 4017, à Ancyre).

Fépwv, vieillard, d'où membre du conseil des vieillards, qui est la yepoucía, composée de yspovτixoí, comme, en latin, du mot senex est venu senatus, senatores, πρεσβύτεροι et τὸ πρεσβυτικόν parait avoir eu le même sens dans quelques villes grecques (Corpus, nos 2220, 2221. Cf. 2930).

Le radical, peut-être identique à celui de oλ-tós, blanc (à cheveux blancs), nous explique assez bien comment, chez les Macédoniens, les πέλιοι pouvaient être οἱ ἐν τιμαῖς (Strabon, Extraits, VII, 2). Cela expliquerait aussi la glose d'Hésychius Πελιγᾶνες· οἱ ἔνδοξοι, παρὰ δὲ Σύροις οἱ βουλευταί. Cet usage était peutêtre, en Syrie, une importation des Séleucides (4).

Nous mentionnerons encore, mais pour simple souvenir, quelques mots d'une origine douteuse, probablement étrangère, et qui d'ailleurs sont rarement employés :

Πάλμυος et πάλμυς (dans Hipponax et dans Lycophron) que le lexique d'Hesychius traduit par βασιλεύς et πατήρ; on retrouvera plus bas, dans dva, cette alliance de l'idée de paternité avec celle du pouvoir royal.

'Ecohy (Callimàque, Hymne à Jupiter, v. 66), que les grammairiens traduisent par βασιλεύς et ἡγεμών, ajoutant que c'est, proprement et à l'origine, le roi des abeilles. Pausanias signale (XVIII, 43, § 1) une magistrature religieuse qui portait ce titre chez les Ephésiens, près le temple d'Artémis.

(1) Il est plus difficile d'expliquer comment, selon le texte cité de Strabon, λyóvas signifierait aussi les vieillards chez les Laconiens << et chez les Massaliotes »; car, si ces derniers étaient, par Phocée, leur métropole, d'origine ionienne, les Laconiens étaient de famille. dorienne. Mais peut-être a-t-on là un exemple de plus des emprunts faits par un dialecte grec à un autre dialecte.

Av n'est connu, dans le sens de roi, que par une glose du lexique de Suidas, où l'on en donne une étymologie absurde (Cf. Etymol. M. au mot AŬGoveç).

Deux autres synonymes étrangers de Basileus se sont conservés dans les gloses suivantes d'Hésychius : Kaλóïs· Baoiλeús, et Κοαλδδεῖν· Λυδοὶ τὸν βασιλέα. Mais ces deux gloses, probablement corrompues, ne donnent prise à aucune explication assurée. La glose du même lexique, au mot Exodos, comparée avec la glose correspondante du lexique de Photius, nous apprend que ce mot, employé par Alexandre dans une de ses lettres, désigne soit une magistrature judiciaire, soit une fonction analogue à celle du rauías, a questeur ou trésorier ». Cette analogie avec Tauías, formellement attestée par Photius, nous suggère un rapprochement bien naturel entre le radical axoto et les radicaux σκεδ (dans σκεδάννυμι) et σχιδ (dans σχίζω, cf. scindere en latin), qui tous deux signifient l'idée de division, de distribution. Le mot macédonien en question appartiendrait donc au fonds commun de la langue hellénique.

Une forme plus douteuse encore se rencontre au vers 55 de la septième Hymne homérique (à Dionysos), où le dieu, s'adressant au pilote d'un navire, l'appelle die xátup. Les éditeurs ont beaucoup torturé le texte pour donner un sens à cette étrange allocution. La confusion fréquente du x avec le ẞ dans l'écriture grecque au moyen âge, autoriserait peut-être à lire ẞátop. Déjà Barnp existe avec le sens de marcheur. Bátop pourrait, à la rigueur, signifier «< celui qui fait marcher le navire, le rector navis, le pilote.

Eατpáлns, mot d'origine persane, mais qui, de bonne heure, est entré dans l'usage des Grecs, puisqu'il y a formé le verbe excαTраπεúш dès le IV siècle avant J.-C., comme on le voit par un acte public des Mylasiens en l'honneur du roi Maussole (1).

(1) Franz, Elem. Epigr. gr., no 73. Le mot est écrit α0рaлsów sur le monument que possède aujourd'hui le musée du Louvre, où il a été rapporté par M. Le Bas. Selon Aristophane, Acharn., v. 400-102, les mots: Ζαρταμὰν ἔξαρξ' ἀναπισσόναι σάτρα sont perses et signifient πέμψει βασιλεὺς

De même on verra plus tard le mot latin xoupátwp grécisé (Corpus, no 3577, 5898) former le verbe xoupaτopeúw (Corpus, no 2939 et 5884), et, par une hardiesse plus barbare encore, le mot præpositus, devenu ярañóσiтos (Le Bas, V, no 1202, 1203), former avec le grec optov le composé óptлpaiлócios, dont je n'ai pas encore trouvé d'exemple, mais d'où dériva bientôt le mot abstrait Sрionρainоoiría que nous donne une inscription attique du Corpus, n° 1086.

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'Apуamén est le nom, probablement sémitique, en tout cas étranger au grec, d'une magistrature à Palmyre; on le trouve ainsi écrit dans deux inscriptions (Corpus, no 4498 et 4499. Recueil de M. de Vogüé, n° 26 et 27) dont le texte ne paraît pas douteux. Après avoir examiné les conjectures des savants sur l'origine de ce mot, M. de Vogüé incline à lui donner le sens de commandant de place; c'est parmi les dix ou douze titres de magistratures palmyréniennes mentionnés dans les inscriptions grecques de cette ville, le seul qui ne soit pas emprunté à la langue hellénique (1).

χρυσίον. Il est aisé de voir que σάτρα répond a βασιλεύς, car en zend, K'sathra signifie « roi » et en indien Ks'atra signifie homme de la caste royale. Le texte d'Aristophane n'est donc pas du perse de fantaisie. A-t-il été expliqué? Je ne sais. Mais je ferai remarquer que, si let de cáτpa et celui de oatρáлns répondent au t de l'indien ks'atra, le 0 de α0ρañóш répond au th du zend K'sathra. L'orthographe mylasienne n'est donc pas à dédaigner. Cf. Curtius, Grundzüge, p. 652, 2e édit. [Note de M. F. Meunier.]

(1) Voici la liste de ces titres que je relève dans la première partie des Inscriptions sémitiques de l'Asie centrale, par le comte Melchior de Vogüé (Paris, 1869, in-folio): ʼn Bovλǹ xal 8 dñμos, no 1; œuvodiάpxns, no 5, εἰ ἀρχέμπορος, n° 7 (qui seront cilés plus bas) ; στρατηγέω et στρατηγός, η 45 et 241; ἀγορανομέω, n° 15; γραμματεύς, n° 16 ; ἱππικὸς καὶ βουλευτής Παλμυρηνός, n° 20 ; εξαρχος Παλμυρηνῶν, n° 22; στρατηλάτης, n° 29 ; apyupotaufa (ils sont quatre, pour la même année, à ce qu'il semble, no 424). Il est remarquable que le titre d'apyanétys est réuni deux fois (dans les n° 26 et 27) au titre gréco-romain d'exiτpoños Ze6xoτOÜ Souzηváptos que présentent sans cette addition les no 241 et 251.

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Nous rentrons dans le lexique de cette langue par le mot tiraž qu'Hésychius explique ainsi : ἔντιμος ἢ δυνατός· οἱ δὲ βασιλεύς. En effet, il n'est pas difficile de rattacher ce mot au radical tay du verbe tάcow, ranger, ordonner, d'où le thessalien tayós, chef, magistrat. Comparez, pour la terminaison, qúλa et púλaxos, et pour le redoublement initial, les verbes τιταίνω, τιτρώσκω, etc.

On reconnaît aussi des éléments grecs dans aiovμvýtns, que Curtius (II, p. 289) décompose en aicu pour aiso (même racine que αἶσα) et μνη ου μνα, avec addition du suffixe της. Le verbe aisvμváw, régner, a un autre dérivé, que l'on ne rencontre que comme nom propre c'est Afcuuvos. Quant au mot Aicuńtys, il a dans Homère, où, d'ailleurs, il ne figure qu'une fois (Iliade, XXIV, 347), le même sens qu'aloμvs. Aristarque, suivi par Bekker, lisait alcuμvýτns dans ce passage unique; il est pourtant remarquable qu'Aicunts reparaît deux fois dans l'Iliade comme nom propre d'un Troyen (II, 793 et XIII, 427).

Κύριος et κοίρανος sont aussi des mots grecs et qui se rattachent probablement à la même racine. On arrive du premier au second, selon une conjecture de M. F. Meunier, par les transitions suivantes : κυρ=κόρ-jανος, κόρρανος, κοίρανος. Cette racine κυρ ou κορ paraît même identique avec celle de túpavvos, si on tient compte des cas où le alterne avec le x, comme dans Tóte=tóxα, tíç= quis, Tétopes quatuor. Quant à la finale avvos, elle peut provenir du suffixe av-os, allongé en avtos=avjos, d'où avvos (4).

A ce mot Túpavvos correspond, avec le sens d'une royauté régulière et tempérée, le mot Bacλús, dont la composition, un peu étrange à première vue, s'explique assez bien, si l'on admet que λaus représente le radical de λaós, attique λéws, peuple, et que ßacı, d'où Bács, marche est un radical marquant celui qui fait marcher (2).

(1) Boeckh a sur le mot túpavvo; une note utile à consulter, dans le Corpus, no 3438.

(2) Cf. Bi-ßáłw, je fais márcher, et dans Homère (Iliade, I, 309): És d'Exatóμ6ηv ẞño Jeÿ, il fit monter l'hécatombe pour le Dieu. Ibid. 438: Ex d' Exατóμбηy fñoav, ils firent descendre l'hécatombe. · Cette étymologie du mot Batheús est déjà signalée dans le Lexique homérique

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