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C'est un titre de cette nature qui fait l'objet de la présente notice. Ce manuscrit faisait partie d'une précieuse collection d'antiquités égyptiennes que le peintre P. Palagi, élève de David, a léguée à Bologne, sa ville natale. Il avait été acheté en Egypté par le chancelier du Consulat général d'Autriche Giuseppe Nizzoli, le même qui vendit au grand-duc de Toscane la collection de la galerie de Florence.

» Lors de sa découverte, ce papyrus était roulé sur lui-même dans le sens de la longueur et formait 25 plis que signale encore très-visiblement l'usure du papyrus aux endroits correspondants; le rouleau était de plus reployé en deux, ce qui a occasionné quelques éraillures à la partie où le pli extérieur était formé. »

Ainsi disposée la lettre était liée et cachetée suivant l'usage; sur le pli extérieur se lisait l'adresse : Le scribe de la table Bekenamen au prophète Ramessou de Pa-Thoth (Hermopolis). La date de la lettre est donnée par la mention du nom de Ramsès II dans la formule des vœux exprimés par l'écrivain pour son père. Ramsès II y est désigné comme la grande personnification de Phra-Harémakhou, c'est-à-dire comme le pharaon, image du dieu Soleil sur la terre. Voici maintenant la traduction suivie de ce document:

« Le scribe de la table Bekenamen pour saluer son père, le » prophète Ramessou, d'Hermopolis, tranquillité perpétuelle »> en vie-santé-force, avec la faveur d'Ammon-Ra, roi des >> dieux.

» Je dis à Phra-Haremakhou, à son lever et à son coucher, à » Ammon, à Phra, à Ptah de Ramsès Mériamen, à tous les dieux » et à toutes les déesses du temple de Ramsès-Mériamen, qui » est la grande personnification de Phra-Harémakhou: Puisses» tu avoir la vigueur, puisses-tu vivre, puisses-tu avoir la » santé; puissé-je te revoir en bonne santé ! J'ai le sein rempli » de toi.

>> Autre sujet: J'ai su l'envoi que tu as fait pour me saluer » en Phra et en Ptah; puissent-ils accomplir ton salut! Cepen» dant je ne sais pas ceci, à savoir: Mon jeune homme est-il

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» arrivé auprès de toi? Que je les renvoie à Khem-Pehpch, et je >> te ferai porter une lettre par sa main. Ne t'écarte pas de ce >> que je te mande: ne résiste pas; ne résiste pas que j'ap» prenne ce que tu fais. - J'ai fait informer relativement au » Syrien d'Hermopolis, au sujet de qui tu m'as mandé. Je l'ai » trouvé; il avait été placé comme cultivateur à Hermopolis, » sous ton autorité, en l'an 3, le 10 de Paoni; il est parmi les >> esclaves des conducteurs de navires. J'ai fait venir le préposé » de la chancellerie pour qu'il me fit connaître son nom syrien : >> Nekati fils de Salrats; sa mère Kati, du pays d'Aratou; esclave » du conducteur de navires de ce lieu, sur le navire du ca» pitaine de vaisseau Kanour. Son détecteur parla au supé>> rieur des lieutenants des troupes Shaemap, de la brigade royale, afin de le prendre et de le faire ramener. J'allai au» près du supérieur des lieutenants des troupes Shaemap, de la » brigade de Sa Majesté. Il fit la sourde oreille avec moi, et >> il me dit: Pas de discours, parle au gouverneur Mérisekhet, » pour le prendre et le faire ramener. J'allai chez le gou» verneur Mérisekhet; il fit la sourde oreille, ainsi que ses >> scribes, en disant: Nous n'avons rien à y voir. — Je pour>> suis le supérieur des mariniers à Hermopolis-la-Grande, en » disant: Que le cultivateur syrien d'Hermopolis, que tu as pris, » soit livré à son prophète. Je parlerai contradictoirement avec >> lui aux grandes assises. - Pareillement, j'ai écouté l'affaire » du prophète de Thoth, au sujet de qui tu m'as mandé ; il ne » m'a pas rendu Hopet; je le fais suivre; aussi ne t'en inquiète >> pas; il est bon que tu me le fasses rendre; je le fais suivre. >> De même ne t'inquiète pas des dispositions pour les >> grains. J'ai fait informer sur ce point; j'ai trouvé trois >> hommes et un chef de corvée, ensemble quatre personnes, » faisant 800 mesures. J'ai parlé aux teneurs de livres en chef » du grenier, et leur ai dit: Emmenez les trois cultivateurs » du prophète pour travailler cette année. Ils me dirent: Nous >> ferons, nous aurons soin, nous ferons, nous ferons; nous » obéirons à ta recommandation, me dirent-ils. Je reste au » milieu d'eux pour qu'ils fassent partir les scribes de la ré

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colte pour la campagne. Tu sauras tout ce que je ferai » pour toi. Il est constant qu'un homme fait 200 mesures, » appréciation (donnée) par les supérieurs de ce qui se fait. Il » te faut deux hommes et un chef de corvée, faisant 600 me»sures. Relativement au cultivateur syrien, fais qu'il te » soit rendu dans les mois d'été, puisqu'il t'a fraudé de son été » dans l'endroit où il vit. »

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M. Chabas fait suivre cette traduction d'un commentaire fort complet dans lequel il reprend chaque paragraphe de la lettre. Bekenamen était chargé de la gestion des intérêts de son père le prophète Ramessou, alors absent. La lettre traite de trois affaires différentes. La première concerne un serviteur syrien d'Aradus qui s'était échappé; la fuite des esclaves était l'une des grandes misères des Egyptiens qui avaient parfois recours à des moyens magiques pour l'empêcher.

Bekenamen s'adresse d'abord au préposé de la chancellerie qui lui apprit le nom syrien du fugitif, ceux de son père et de sa mère.

L'esclave retrouvé, Bekenamen crut n'avoir qu'à le faire ramener par l'autorité militaire, et il adresse sa réquisition au supérieur des lieutenants de l'armée, mais il était besoin d'un ordre de justice; l'officier refusa et envoya l'impétrant au haut magistrat portant le titre de Gouverneur. Ne trouvant nulle assistance ni dans la force publique, ni chez les fonctionnaires judiciaires, Bekenamen s'adresse au chef des marins détenteur de l'esclave; il le poursuit de ses réclamations, et finalement annonce qu'il l'interpellera aux grandes assises, c'est-à-dire qu'il le fera comparaître avec lui devant le tribunal public connu par le papyrus Abbott.

La seconde affaire est seulement indiquée par de brèves mentions qui suffisaient aux deux personnes en correspondance. Bekenamen avait à s'acquitter d'une commission près de l'un des prophètes de Thoth; sa démarche ne fut pas couronnée de succès. Le troisième objet de la lettre concerne l'importante affaire des préparatifs pour la récolte des céréales dans les terres appartenant au prophète Ramessou.

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ANNÉE 1870

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"Les scènes peintes sur les parois de divers tombeaux nous ont déjà initiés au mécanisme de la comptabilité agricole; on y voit à l'œuvre les mesureurs, les compteurs, les pointeurs, les scribes notant les quantités reconnues. Ces notes préparatoires étaient ensuite passées à des scribes d'ordre supérieur, et aboutissaient à ceux que le texte de la lettre appelle les teneurs de livres en chef. Tout s'enchaînait dans cette comptabilité; mais il était surtout essentiel de faire exécuter le comptage et le mesurage sur place, et c'est à ce soin que Bekenamen a voulu pourvoir lorsqu'il insiste pour l'envoi des scribes aux champs. Dans le dernier paragraphe de la lettre, qui présente d'inexplicables difficultés, il est encore question de l'esclave syrien. M. Chabas a donné son interprétation; mais il déclare qu'elle ne le satisfait pas. Au reste les principales expressions employées par Bekenamen fournissent à M. Chabas le sujet d'assez nombreuses remarques grammaticales qui concourent à l'avancement de la philologie égyptienne. Son commentaire sera imprimé in extenso dans un volume qu'il compte livrer au public vers la fin de l'année.

M. Lenormant continue la 2o partie de son Mémoire sur l'époque éthiopienne de l'histoire de l'ancienne Egypte.

M. Revillout poursuit la lecture de son Mémoire sur divers textes coptes.

Séance du vendredi 30.

PRÉSIDENCE DE M. RENAN.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il n'y a ni correspondance ni livres présentés.

M. NAUDET, secrétaire perpétuel honoraire, ayant repris séance après une absence nécessitée par une indisposition prolongée au delà de toute attente, reçoit, sur l'initiative du bureau, les félicitations de ses confrères.

M. Thurot lit, en communication, la notice suivante :

Document relatif à l'histoire de la poésie latine au moyen-âge.

Le poème intitulé Laborintus et publié sous le nom d'Evrard de Béthune (Leyser, Historia poetarum et poematum medii aevi. Halle, 1721, pp. 796 et suiv.) est très-intéressant pour l'histoire de la poésie latine au moyen-âge, particulièrement la troisième partie où sont énumérés les poètes que l'auteur considère comme célèbres et qui a été publiée séparément dans Fabricius, Bibliotheca mediae et infimae latinitatis, lib. V, à l'article Eberhardus Bethuniensis.

M. L. Delisle a retrouvé une copie de ce poème avec des gloses dans le manuscrit 15 du fonds Bouhier, aujourd'hui 18570 (fo 1-24 vo), et a eu l'obligeance de la signaler à mon attention. Je vais communiquer à l'Académie ce que j'ai pu tirer de cette copie manuscrite qui est de 1349, comme l'apprend le copiste à la fin du poème (fo 21): « Explicit Laborintus quem scripsit Io. de Herent presbiter et eum perfecit anno M° CCC XLIX° sabbato post ascensionem domini. »

La glose n'attribue pas le Laborintus à Evrard de Béthune, fo 1: Causa efficiens dicitur fuisse expertissimus clericus magister Everardus Alemannus dictus Everardus quasi egregius versificator, excellens rithmista, arduus rethor, dictator valde solennis... Tytulus est: incipit Laborintus, quasi laborem habens intus, editus a Magistro Everardo Alemando. » L'auteur luimême à la fin de son poème se nomme Eberhard:

Lector condoleas, Eberhardi carminis ullam

Si cariem videas. Vigilet correctio lime.

J'ai déjà pensé (Notices et extraits des manuscrits, XXII, 2, p. 143, n° 1) que le poème ou du moins la troisième partie n'était probablement pas d'Evrard de Béthune, à qui Leyser (p. 796) l'a altribuée uniquement d'après ces derniers vers du poème. Le Grécisme est mentionné sans nom d'auteurs parmi les poèmes célèbres et il est peu vraisemblable qu'Evrard de Béthune cût parlé ainsi de son propre ouvrage:

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