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de 187 No série t VI. n. 279.

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Il n'y a pas de correspondance.

- Le bureau autorise, à titre de communication extraordinaire, la lecture par M. Maurice Vernes de la Note suivante sur un fragment de vase antique, portant des caractères d'ancien phénicien, découvert à Jérusalem.

« Le 14 août 1870, pendant un séjour à Jérusalem, dans une promenade autour de l'enceinte de la ville, je distinguai au milieu d'autres pierres un morceau qui me parut avoir appartenu à un objet d'art. Ce fragment portait sur l'une de ses faces des traces d'une ornementation bien conservée; sur le côté opposé je reconnus des caractères à demi-lisibles. Je me trouvais à ce moment dans la vallée de Gué-Hinnom, à l'extrémité sud du Mont Sion, près du lieu appelé Haceldama. En cet endroit, comme dans toute la vallée, sont accumulés des débris considérables.

» Le morceau, d'une forme irrégulière et émoussé sur ses bords par le frottement, mesure environ dix centimètres sur huit; l'épaisseur moyenne est de deux à trois centimètres. Il présente sur ses deux faces une courbure très-appréciable, ce qui permet d'y reconnaître un fragment de vase; les dimensions de cet objet d'art devaient être assez considérables, à en juger par le degré de la courbure. La pierre est d'une nature crayeuse, facile à travailler, d'une espèce abondante dans le pays. L'ornementation est d'un goût agréable: des cannelures verticales dans l'intervalle desquelles court un filet; au-dessus, deux lignes horizontales entrecoupées de points, puis un sillon assez profond au-dessus duquel la pierre se renfle un instant pour former un rebord et rentrer vivement en arrière; cette disposition nous montre que le fragment appartenait à la partie supérieure du vase; sur le rebord on distingue confusément quelques traits dont l'un ressemble à une virgule (1).

» Le côté interne ou concave, offrant une surface très-sensiblement unie, porte quelques caractères vigoureusement tracés (4) Voir la planche ci-contre.

qui présentent cette singularité de n'avoir que des traits droits et sont disposés avec régularité sur deux ou peut-être trois lignes. L'un de ces caractères (celui du bas, d'après la disposition la plus probable de l'inscription) nous a dès le premier moment semblé être un hébreu de type antique ou phénicien; c'est à peu près un H majuscule à deux barres transversales; il est parfaitement bien conservé; les deux traits principaux mesurent 27 millimètres; cette lettre est presque identique au que l'on rencontre sur la stèle moabite récemment découverte. Un second caractère, situé sur le bord du fragment et légèrement effacé, est d'une lecture difficile; on pourrait peut-être y voir un très-voisin du grec majuscule auquel cette lettre a

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du reste servi de type; il se compose, si je vois bien, d'un trait principal traversé par trois barres parallèles et équidistantes.

Cette lettre serait sensiblement différente de la même lettre telle qu'on la rencontre sur les anciens monuments et sur la stèle de Moab; le déchiffrement est donc loin d'en être sûr. En dehors de ces deux caractères, nous ne distinguons que des traits isolés que nous n'arrivons pas à ramener à des formes connues. Faut-il y chercher des signes numériques? (1)

» En présence du morceau que nous venons de décrire, la première chose à éclaircir est le rapport dans lequel il convient de tenir les caractères et le dessin. Les lettres sont-elles contemporaines du vase ou lui sont-elles postérieures? Dans le premier cas, on pourrait les considérer comme les restes d'une inscription plus étendue et qui aurait débordé le fragment actuel, ou comme des caractères détachés gravés sur la paroi interne du vase dans une intention quelconque. Les dimensions assez grandes du vase permettent de concevoir matériellement qu'on ait pu tracer quelques caractères à l'intérieur, d'autant plus qu'ils se seraient trouvés situés tout près du rebord. Mais le fait serait unique et on s'expliquerait mal la disposition très-oblique qu'affectent les différentes lettres par rapport au plan du vase.

» Il semble donc préférable d'admettre que nous sommes en face d'un σтρ¤xov ou encore d'un débris, d'un fragment originairement plus considérable; nous ne posséderions dans ce cas là qu'une partie de l'inscription, sans doute la fin. Un morceau d'un vase brisé, offrant une surface plane et facile à rayer, aura donc été choisi pour y noter n'importe quelle indication. Cette manière de voir se fortifie par l'examen de la disposition générale des caractères qui s'harmonise assez bien avec la configuration du fragment pris en lui-même. C'était un usage fort répandu d'utiliser des fragments de poterie ou autres objets pour y consigner des indications de différent genre. Le travail artistique et l'inscription ne remonteraient donc pas à

(4) Sur le fac-simile de l'inscription placée ci-dessus la ligne A B indique la direction des lignes horizontales de la face ornementée, de façon à ce qu'on puisse juger de l'obliquité des caractères par rapport au plan du vase.

une même époque et seraient séparés par un intervalle peut-être considérable.

» Quant au sens de l'inscription, il est inutile de démontrer longuement que nous ne pouvons rien avancer. Le manque de monuments analogues pouvant donner quelque lumière, le nombre trop restreint des caractères et l'incertitude de leur déchiffrement, la présence de traits à demi-effacés qu'on ne peut relier entre eux, tout cela nous interdit même les hypothèses.

» En résumé, nous avons entre les mains un fragment d'objet d'art très-ancien portant des caractères également fort anciens qu'il semble permis de rapporter à l'alphabet dit phénicien. La découverte de ce morceau, à Jérusalem même, au centre de la Palestine, nous autorise à attribuer le vase comme l'inscription aux Hébreux proprement dits et non à un autre peuple de même langue, comme les Phéniciens; et il n'est pas inutile de rappeler à ce propos l'indigence où l'on est de monuments palestiniens ou judéens vraiment antiques.

» Assigner au fragment une date même approximative serait téméraire. Avant tout il importe de voir si l'on peut pousser plus avant que nous ne l'avons fait nous-même, et avec un degré suffisant de certitude, le déchiffrement de l'inscription. L'étude comparative des types alphabétiques de notre fragment et des nombreux spécimens d'écriture phénicienne mis à la disposition des savants par les récentes découvertes serait la voie par laquelle on pourrait arriver à une estimation de la date.

» Nous laissons aux hommes qui font autorité en cette matière le soin de trancher les intéressantes questions que soulève ce curieux morceau, au point de vue artistique comme littéraire. A eux de décider de la valeur et de l'importance qu'il convient d'attribuer au fragment qu'un heureux hasard a fait tomber entre nos mains et de déterminer le profit que l'archéologie sémitique peut en retirer. »

N. B. A cette note est jointe, indépendamment du fac-simile de l'inscription intercalé dans le texte, une planche contenant deux fi

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