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gures qui représentent, l'un le fragment vu de face du côté convexe, l'autre une coupe verticale destinée à faire juger de la courbure. Dans la première figure la ligne ponctuée «ßydε indique le bord du fragment sur la face interne et la ligne a b c d e f g le bord de la face convexe.

Après la lecture de la note dans laquelle l'auteur de cette communication expose sa découverte et soulève lui-même les différentes questions que fait naître l'examen soit du fragment, soit de l'inscription plus fruste encore qui pourrait, selon lui, y avoir été tracée après coup, MM. EGGER, RENIER, DE LONGPÉRIER prennent successivement la parole. Le premier incline à voir dans le fragment dont il s'agit un de ces doτpaxa, de provenances diverses, dont lui et d'autres archéologues se sont beaucoup occupés dans ces derniers temps; les deux autres émettent des doutes sur cette opinion, et l'exécution des caractères leur semble indiquer plutôt une véritable inscription, qu'elle soit ou non contemporaine du monument qui la porte aujourd'hui. Quant à ces caractères, qui se rapprocheraient de tel ou tel de ceux qu'on rencontre dans les inscriptions phéniciennes et dans celle de la stèle de Moab récemment découverte, ils méritent une sérieuse attention soit par eux-mêmes, soit par le lieu où a été trouvé le fragment, fort curieux d'ailleurs, qui paraît bien avoir été celui d'un vase. Des rapprochements ultérieurs pourraient lui donner une véritable importance.

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M. HUILLARD-BRÉHOLLES fait la seconde lecture de son mémoire intitulé Essai de restitution de l'une des lettres adressées par saint Remi à Clovis.

ANALYSE.

Il y a peu de documents se rapportant à notre ancienne histoire qui aient fourni autant que la seconde lettre de saint Remi à Clovis matière à controverses, sans que la discussion ait amené aucun résultat satisfaisant. Le texte en fut donné pour la première fois, en 1643, par Marquard Freher, d'après un très

ancien manuscrit provenant de l'abbaye de Lorsch, qui paraît être depuis longtemps perdu et dont on n'a retrouvé aucun autre exemplaire. La copie est certainement fautive, mais, comme on ne possède aucun moyen de la collationner ou de la controler, il faut ou renoncer à tirer de ce texte un parti raisonnable, ou bien se décider à y restituer certains passages au moyen de corrections qui, sans lui faire une trop grande violence, en éclairent aussitôt le sens et la portée véritables.

Faute d'avoir pris cette liberté qu'une saine critique autorise, les commentateurs et les historiens se sont mépris moins encore sur la date qu'il convient d'attribuer au document en question que sur l'interprétation des faits qui ont dû lui donner lieu. Il ne s'agit dans cette pièce que de sages conseils sur l'art de gouverner une province, donnés par un évêque gallo-romain à un jeune prince barbare, encore au début de sa carrière politique. Mais la première phrase ainsi conçue dans l'édition de Freher: «Rumor ad nos magnus pervenit administrationem vos secundum rei bellicæ suscepisse,» a fait penser tout d'abord que l'évêque de Reims voulait faire allusion à une expédition militaire heureusement conduite par Clovis, et que les expressions beneficium tuum, provincia tua, employées plus bas, se rapportaient dans ce même ordre d'idées à un bénéfice ou à un emploi militaire. D'un autre côté, la troisième phrase: «Hoc in primis agendum ut domini judicium a te non vacillet, etc., » a toujours été comprise dans ce sens, que « Clovis devait agir de façon à ne pas s'écarter des vues du Seigneur Dieu », sans qu'on ait réfléchi que Clovis n'était assurément pas chrétien quand cette épître lui fut adressée. C'est donc sur ces deux phrases que doit porter l'effort d'une interprétation nouvelle : sur l'une, en tâchant de restituer le texte corrompu, sur l'autre, en pesant minutieusement chacun des mots dont elle se compose, et en s'éclairant des lumières que peuvent fournir le code théodosien, les écrivains contemporains et les plus anciennes chartes mérovingiennes.

L'auteur du mémoire pense qu'il faut corriger la première phrase comme il suit : « Rumor ad nos magnus pervenit admi

a

nistrationem vos secundæ, Rex, Belgicæ suscepisse; » ce qui donnerait une explication raisonnable des expressions beneficium et provincia; puis il traduit ainsi la troisième phrase et ses compléments: Avant tout il faut agir de façon que l'Empereur (Dominus) n'ait point à revenir sur le choix (judicium) qu'il a fait de toi, maintenant que les droits de tes services (tui meriti jus, au lieu de tui meriti qui), grâce à ton activité et à ta capacité (utilitatis tuae, au lieu de humilitatis tuae), ont trouvé accès auprès de son pouvoir suprême (ad summum culminis pervenit). Il ne diffère pas sensiblement de ses devanciers quant à la traduction du surplus de la lettre; mais cette traduction devient de plus en plus claire et naturelle, dès qu'on la rattache aux deux phrases principales prises au sens nouveau que l'auteur croit pouvoir leur donner.

Une simple analyse ne permet guère d'entrer dans le détail de la discussion de chacun des termes employés dans la lettre de saint Remi. L'auteur s'est attaché à n'en négliger aucun sans se flatter d'avoir réussi à les élucider tous; au reste, à défaut du commentaire lui-même, on pourra du moins juger du sens général par la lecture de la traduction proposée :

<< Au Seigneur remarquable et magnifique par ses mérites, le roi Clovis, Remi, évêque.

» Une grande nouvelle est venue jusqu'à nous : c'est que vous avez reçu, ô roi, le gouvernement de la seconde Belgique. Ce n'est point là une chose nouvelle; tu commences à être dans la situation où tes pères ont toujours été. Avant tout il faut agir de façon que l'empereur n'ait point à revenir sur son choix maintenant que les droits de tes services, grâce à ton activité et à ta capacité, ont trouvé accès auprès de son pouvoir suprême; car, ainsi qu'on le dit vulgairement, c'est par leur ré-. sultat que sont appréciées les actions de l'homme. Tu dois t'entourer de conseillers qui puissent accroître ta renommée, et la charge qui t'est conférée doit être exercée sans exactions et avec intégrité. Tu devras témoigner de la déférence à tes évêques, en recourant toujours à leurs conseils. Si tu entretiens de bons rapports avec eux, ta province peut s'en trouver mieux. Soutiens

les citoyens devenus tes administrés, relève les abattus, favorise les veuves, nourris les orphelins s'il est plus urgent de les nourrir que de les instruire, afin que tous t'aiment et te craignent. Que la justice découle de votre bouche; il ne faut rien attendre des pauvres ni de l'étranger, ni consentir à accepter des dons ou quoique ce soit plus qu'il ne convient. Que ton prétoire soit ouvert à tous et que personne ne s'en éloigne avec le chagrin d'un mauvais accueil. Tu possèdes maintenant toutes les richesses de ton père, fais-en usage pour racheter les captifs et les délivrer du joug de la servitude. Si quelqu'un se présente à vous, qu'il ne se sente pas traité en étranger. Plaisante avec les jeunes gens, délibère avec les gens âgés, si tu veux conserver ta royauté et être considéré comme un noble. »

Si cette traduction était admise, on comprendrait mieux que Clovis, étant devenu consulaire par le fait seul d'avoir administré sous un empereur une des six provinces de la Gaule affectées à des personnages de ce rang, ait ensuite reçu d'un autre empereur, après la défaite des Visigoths, un titre encore plus élevé. Ce titre était-il celui de consul, comme semble l'indiquer Grégoire de Tours, ou celui de patrice, comme le dit expressément, on ne sait d'après quelle autorité, le moine Aimoin ? C'est là un point destiné à rester toujours incertain, malgré les dissertations qui ont eu pour but de l'éclaircir. Ce qui paraît le plus probable, c'est que Clovis porta dès lors le titre de proconsul que lui donne officiellement le prologue de la loi salique, en adjoignant à cette qualification, qui n'était sans doute qu'honorifique, son titre plus réel de roi; quoique le titre de proconsul, dans la Notice des dignités, ne confère que le rang de spectabilis, il est vraisemblable qu'au milieu de la confusion administrative qui s'était introduite en Occident à la fin du V° siècle, ce même titre servit à désigner le lieutenant de l'Empereur-consul, et qu'il suffit pour élever Clovis au rang d'illustre (vir inluster), comme le gouvernement de la seconde Belgique l'avait déjà fait entrer dans la hiérarchie de la noblesse romaine. En se donnant ce titre d'illustre, porté seulement par les premiers dignitaires de l'Empire, Clovis et ses successeurs justifiaient leur autorité aux

yeux des Gallo-Romains qui, à l'exemple de saint Remi, continuaient à ne voir en eux que des fonctionnaires d'un ordre supérieur chargés par délégation d'administrer la Gaule.

En résumé, à l'aide de restitutions très-simples et qu'autorisait l'état évidemment corrompu du texte, l'auteur arrive aux résultats suivants: 1° la lettre de saint Remi fait connaître la concession du gouvernement de la seconde Belgique à Clovis par un empereur qui serait l'empereur d'Orient Zénon; 2o cette concession d'une magistrature civile doit être placée après la défaite de Syagrius, vers 488, à une époque où le roi des Saliens, déjà maître de la Gaule jusqu'à la Seine, n'était pas encore chrétien, mais vivait du moins en excellents termes avec les évêques. Il est à peine nécessaire de faire remarquer combien de telles conclusions tendraient à fortifier, par un témoignage formel et inattendu, le système mis en avant par Fréret, développé par l'abbé Dubos, repris et modifié par Pétigny, et qui a pour objet de prouver que les Francs se sont établis au nord de la Gaule plutôt en vertu de concessions impériales que par l'unique droit du plus fort. Depuis les travaux de Pétigny, la persistance de l'organisation romaine après l'établissement des Francs et le caractère pacifique de l'invasion de Clovis sont deux faits qui paraissent désormais hors de doute. La nouvelle interprétation de la lettre de saint Remi peut apporter à cette opinion déjà considérable une confirmation partielle qui ne serait pas dépourvue de quelque valeur.

M. DE LONGPÉRIER lit, en communication, les observations suivantes :

M. le lieutenant-général Charles R. Fox a formé depuis longtemps à Londres une magnifique collection de médailles grecques, dont il a fait connaître une notable partie, en deux fascicules fort importants, contenant les gravures et la description d'environ 300 pièces inédites. Les documents que renferme cette publication ont été déjà souvent utilisés par les antiquaires; mais il semble que l'on n'a pas encore examiné avec une attention suffisante une monnaie de bronze, pourtant fort remar

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