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quable, qui, dans la seconde partie de l'ouvrage, porte le no 82. Il est bon d'en reprendre l'étude après M. le général Fox qui l'a décrite ainsi (p. 14):

BIA, buste d'homme barbu, drapé sur l'épaule gauche, tourné à droite; derrière, II.

R. IPIHNEON. Figure (Lunus) à gauche, une lance ou un sceptre dans la main droite, la gauche étendue. Æ. 3.

Quand on examine attentivement le beau buste barbu représenté sur le droit de cette médaille, on reconnaît qu'il ne peut être attribué ni à Jupiter, ni à Neptune, ni à Esculape. Malgré la grandeur presque idéale de ses traits, il offre un caractère d'individualité qui nous indique un personnage appartenant à l'humanité.

En outre, la légende doit être lue d'une manière plus complète et plus exacte. Le caractère placé derrière la tête et qui a été pris pour un II, est bien certainement un sigma carré, tel qu'on en voit sur diverses monnaies de l'Asie mineure, parmi lesquelles on doit citer, pour la ville de Priène d'Ionie, les pièces qui offrent les noms AEONTOĽ, ...........AXOC (incomplet), et le titre APXONTOL (4). Au lieu donc de BIA plus II, il faut évidemment lire BIAL. Ce groupe de caractères constitue le nom du personnage représenté sur la médaille. Si la monnaie était frappée à Argos, on pourrait supposer qu'elle a pour type un buste de l'ancien roi, frère du devin Melampus dont il est question dans l'Iliade (2), et dans plusieurs chapitres de Pausanias (3); car les peuples de langue grecque ont assez souvent adopté pour types de leurs monnaies des figures de personnages homériques.

Mais l'origine de la monnaie ne permet pas d'hésitation. Ce bronze fournit un excellent portrait de Bias, le sage de Priène; et l'on peut dire que ce portrait, exécuté dans la patrie même

(1) Mionnet, Descript. t. III, p. 188, no 904.- Suppl., t. VI, p. 298, n° 1379, 4381. C. Combe, Mus. Hunt., pl. 44, no 6.

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(2) Iliad. A, 296. - N, 691.

(3) Pausan. II, 48, 4-IV, 34, 4-36, 3.

de cet homme considérable dans les annales de l'Ionie, et vraisemblablement d'après une statue qui lui avait été consacrée par ses compatriotes, en ce sanctuaire qu'ils avaient nommé Teutameum, « καὶ οἱ Πριηνεῖς δὲ αὐτῷ τέμενος καθιέρωσαν το Τευ Táμstov λeyoμevov (1) », offre beaucoup plus de garanties, en ce qui concerne la ressemblance, que les hermès recueillis en Italie.

L'un de ces derniers, trouvé en 1780, près de Tivoli, dans la maison de campagne de Cassius (2), porte le nom: BIAΣ * ΠΡΗΝΕΥΣ (sic), suivi de la sentence ΟΙ ΠΛΕΙΣΤΟΙ ΑΝΘΡΩΠΟΙ KAKI, cet apophthegme favori du sage de Priène que Diogène Laërce reproduit deux fois dans sa biographie. Un autre hermès, découvert à Rome sur le mont Cœlius, a été attribué à Bias par assimilation (3), car il ne porte pas d'inscription. Tous deux étaient enfouis avec d'autres sculptures de la même catégorie représentant des sages et des poètes. C'est assez dire qu'ils avaient appartenu à ces collections iconographiques préparées pour l'ornementation des bibliothèques romaines, et où nécessairement le besoin de former des séries complètes, des pendants réguliers, des antithèses littéraires devait introduire des images plus ou moins inexactes. C'est ainsi que de nos jours on peut voir des édifices publics, de construction récente, décorés de statues et de bustes plus ou moins apocryphes d'hommes célèbres dont les contemporains n'avaient pas reproduit les traits, et que nos sculpteurs font revivre à l'aide d'un compromis entre leur imagination et l'étude qu'ils ont faite de la physionomic d'autres hommes du même temps. Les hermès ou bustes de bibliothèques se rattachent les uns aux autres par un certain air de famille, une certaine conformité de style qui en atténue un peu la valeur. Les monnaies, au contraire, gravées par des artistes divers de patrie et d'âge, appartenant à des écoles indépendantes, nous donnent certainement des portraits plus librement exécutés et par conséquent préférables.

(4) Diog. Laert. I, v, 6.

(2) Visconti, Iconogr. grecque, t. I, p. 440, pl. X, no 4. (3) Ibid., p. 113, pl. X, no 3.

ANNÉE 1870.

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Au reste, malgré des différences notables dans le travail, l'effigie de la monnaie de Priène et les hermès de Bias présentent, notamment en ce qui concerne une disposition très-particulière de la chevelure, des rapports de ressemblance tout à fait frappants.

Sur le revers de cette monnaie, paraît un personnage debout, en habit militaire, autant qu'on en peut juger d'après la gravure qu'a publiée M. le général Fox. Cet antiquaire propose dubitativement de voir là une image du dieu Lunus, quoiqu'on n'aperçoive dans le dessin aucun des symboles qui caractérisent ce dieu. C'est peut-être une figure en pied de Bias que Chariton, l'auteur du roman de Chæreas et Callirhoé, mentionne avec le titre de ὁ στρατηγὸς Πριηνέων. Sur une autre monnaie de bronze de Priène, Millingen avait reconnu la présence de Bias et il avait communiqué une description de cette monnaie à M. Mionnet qui l'a insérée dans le VI volume du Supplément de son grand recueil.

No 4380. Tête imberbe casquée, à droite.

Revers, IIPIHNEON. Bias debout marchant, à droite, la tête nue et barbue, vêtu d'une longue robe; la main gauche sur un 'bâton; derrière, un trépied et quelques lettres effacées, fortc ΑΠΙΟΣ. Α. 4 1/2.

Quoique cette description ne soit accompagnée d'aucune note, il est facile de voir que le savant Millingen avait donné le nom de Bias à la figure représentée au revers de la monnaie, en rai son du trépied qui est placé près d'elle. L'éminent archéologue anglais s'était rappelé les récits de Plutarque et de Diogènc Laërce, suivant lesquels des pêcheurs ayant retiré de la mer un trépied d'or (Plut.) ou de bronze (Diog.) sur lequel on lisait l'inscription To cop, ce trépied fut envoyé à Bias qui ne voulut point l'accepter, disant que c'était Apollon qui était le sage (1), Malheureusement nous ne connaissons aucun dessin de la médaille autrefois en la possession de Millingen; il cût été intéres

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sant de placer ce monument en regard de celui que nous devons au général Fox.

Alors qu'il est question des documents numismatiques relatifs à Bias et à Priène, il sera permis d'ajouter une courte remarque au sujet d'un passage de Valère Maxime qui concerne à la fois la ville ionienne et le sage auquel elle avait donné le jour. L'écri vain latin s'exprime ainsi :

Bias autem, cujus sapientia diuturnior inter homines est quam patria Priene fuit (siquidem hic etiam nunc spirat, illius perinde atque extinctæ vestigia tantummodo extant), ita aïebat, etc. (1).

Quoiqu'en général le désir de faire une antithèse entraîne certains auteurs à sortir des limites de la vérité, et qu'à la rigueur on puisse supposer que Valère Maxime ne possédait pas de notions sur Priène qu'il croyait détruite, cependant il est bon de noter que l'on a retrouvé des monnaies frappées par cette ville sous le régne des empereurs, depuis Auguste jusqu'à Valérien. On pourrait donc supposer que Valère Maxime a voulu parler du renom de Bias survivant à celui de Prière, et que la phrase incidente: siquidem hic etiam, etc., placée entre parenthèses par les éditeurs, est une glose, une note marginale, introduite dans le texte original, à une époque relativement récente, postérieure même à celle où fut rédigée la Notice d'Hiéroclès, dans laquelle figure encore le nom de Priène parmi les villes de l'éparchie d'Asie.

M. Revillout poursuit la lecture, en communication, de son Mémoire sur divers textes coptes.

Séance du vendredi 21.

PRÉSIDENCE DE M. RENAN.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédactión en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance officielle.

Par une lettre adressée à M. le Président de l'Académie, M. le

(4) Val. Max., VII, 3.

Président de l'Institut le prie de vouloir bien inviter l'Académie des Inscriptions et belles-lettres à désigner un lecteur pour la prochaine séance générale trimestrielle, remise au mercredi 26 octobre courant.

M. le PRÉSIDENT, vu l'urgence, propose à l'Académie de faire. *cette désignation séance tenante. Cette proposition étant adoptée, le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL lit la liste des communications faites par les Membres en 1870.- L'Académie choisit, pour 'être lu dans la prochaine séance trimestrielle, le morceau inti'tulé « Ruine et rétablissement des Ecoles en Occident », par M. HAURÉAU, d'abord désigné pour la séance publique annuelle de l'Institut, du 15 août, laquelle n'a pu avoir lieu, à raison des circonstances.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL présente à l'Académie le premier exemplaire d'un nouveau volume exécuté par ses ordres et sous les auspices de la Commission des travaux littéraires, à savoir : la partie orientale du tome XV, désormais complet, contenant la Table alphabétique des matières renfermées dans les quatorze premiers tomes des Notices et extraits des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, etc. : 1 vol. in-4o, Impr. Nat., 1870. Ce volume, dont le principal auteur est M. Gustave Dugat, qui a nis en œuvre les matériaux préparés seulement en partic par M. Emm. Latouche, est le pendant longtemps attendu de celui qui fut publié en 1864 et qui comprenait la partie occidentale de la table susdite exécutée par M. Longueville le père. Le tout, et spécialement cette partie orientale, forme un travail des plus importants pour l'usage et la mise en valeur de ce qu'on peut nommer la première série du plus ancien des recueils de l'Académie après ses Mémoires.

Est présenté ensuite, au nom de M. JOURDAIN, et comme un hommage à l'Académie, l'opuscule lu devant elle et inséré dans le Bulletin de ses séances sous le titre suivant: L'Université de Paris à l'époque de la domination anglaise (in-8°).

M. EGGER expose devant l'Académie les premiers résultats de scs recherches sur un rouleau de papyrus gréco-égyptien, appartenant à l'Université d'Athènes, et dont M. Albert Dumont avait pris, en 1867, une copie fort exacte. Ce papyrus contien!,

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