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pour 16 jours du mois Mésori, un compte de dépenses domestiques analogue, d'une part, à des comptes conservés dans les collections de Paris, de Leyde et de Londres; d'autre part, assez différent de ces mêmes comptes pour offrir un intérêt particulier aux historiens de l'Egypte ptolémaïque. M. EGGER signale quelques-unes des additions intéressantes que le nouveau document apporte à nos connaissances sur le régime économique de ce pays, connaissances que résume le Mémoire de M. Lumbroso, récemment couronné par l'Académie, et publié, cette année même, par l'auteur. Il annonce l'intention de publier le papyrus de l'Université d'Athènes avec un justę commentaire, selon l'obligeante autorisation que lui en donne M. Dumont; mais il croit devoir montrer d'avance, par quelques exemples, les nombreuses difficultés, souvent insolubles, que présentent le déchiffrement et l'interprétation de ces sortes de documents.

M. Révillout continue la lecture de son Mémoire sur divers textes coptes.

M. Maspero reprend la lecture, en communication, de son Mémoire sur la correspondance des anciens Egyptiens.

Séance du vendredi 28.

PRESIDENCE DE M. RENAN.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance.

Par une lettre adressée à M. le Président, la Société de Géogra-· phie informe l'Académie que, dans la séance de rentrée du 21 octobre courant, elle a décidé à l'unanimité qu'elle adhérait à la protestation de l'Institut de France, en faveur des grands intérêts scientifiques, artistiques et littéraires, menacés par la perspective d'un bombardement de la capitale. Cette notification est faite à chacune des 5 Académies, et l'Institut entier est remercié de son intervention dans une cause si noble et si juste.

La lettre est signée de M. de Quatrefages, membre de l'Académie des sciences, Président, et de M. Maunoir, Secrétaire de la commission centrale de la Société de Géographie.

M. le PRÉSIDENT rappelle que, par décision de l'Académie, il devait être procédé, le 1er vendredi de novembre prochain, à la nomination d'une commission chargée de présenter des candidats pour le remplacement de feu M. Am. Peyron, associé étranger. Mais, vu la gravité des circonstances où se trouve le pays tout entier et l'absence forcée d'un certain nombre de membres qui ne pourraient prendre part à l'élection, M. le PRÉSIDENT, après avoir consulté le Bureau, propose d'ajourner l'élection. Cette proposition est adoptée à l'unanimité.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL fait une proposition fondée sur des motifs analogues, pour l'ajournement de la séance publique annuelle qui n'a pu avoir lieu à l'époque fixée par le règlement.

M. Revillout reprend et continue la lecture, en communication, de son Mémoire sur divers textes coptes.

M. Maspero poursuit et termine la lecture en communication de son Mémoire sur la correspondance chez les anciens Egyptiens.

ANALYSE.

Les débris des correspondances égyptiennes nous sont arrivés: 4° sous forme d'originaux, retrouvés encore roulés et cachetés; 2o sous forme de copies, conservées dans des Recueils à titre de modèles du genre, et mis probablement entre les mains des écoliers.

Une lettre égyptienne se compose: 4° de plusieurs formules préliminaires qui renferment: A. les noms et titres de la personne qui envoie la lettre et de celle à qui elle est adressée; B. une invocation à plusieurs divinités, afin d'attirer sur le destinataire les bénédictions du ciel; -C. dans les lettres d'affaires une phrase de politesse, disant en substance: « Ceci est pour » faire savoir à mon seigneur, item, pour plaire à mon sei

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» gncur» et terminée par la locution er enti, «il est que..... ik y a que............. » qui annonce le début de la lettre proprement dite. Toutes ces formules ne sont pas obligatoires. On trouve souvent supprimées la formule B, la formule C, moins la clause er enti. Leur développement n'est pas toujours le même et varie au gré de l'écrivain. L'invocation peut avoir une seule ligne ou dix, suivant le nombre de divinités que le scribe juge nécessaire d'invoquer. La formule C peut être suivie de l'indication. du lieu où se trouve l'écrivain; l'indication de la date, quand elle existe, ce qui est rare, est placée au début. Evidemment il était plus poli de mettre toutes les formules, et le nombre de ces formules permettait aux Egyptiens de graduer leur politesse. Pour un homme de haut rang, formulaire complet, développé, s'il en était besoin, par la verve de l'écrivain; pour un indifférent ou un ami, ce qui plaisait; pour un inférieur, ce qu'il fallait, c'est-à-dire la formule A suivie de la clause er enti et rien de plus.

2o Dans le corps de la lettre, soit exposé d'une affaire, soit récit d'un incident ordinaire de la vie. De là, grande difficulté d'interprétation : ce sont les minuties de la vie courante, le << tous les jours » du peuple, des allusions à des événements ou à des bruits de petite ville, le tout conçu dans un style familier, négligé, semé de mots sémitiques ou de termes de jargon. Nul respect de la transition: pour passer d'un objet à l'autre, d'une ration de blé à donner à des ouvriers, à la construction d'un bateau, une seule formule, Ki zod, autrement dit, autre sujet. Mais les difficultés vaincues, nombre de détails intéressants sur les mœurs intimes, la vie privée, l'organisation domestique des Egyptiens; sur le rôle des employés subalternes et les menues occupations des scribes.

3o Une formule d'adieu fort courte, ordinairement réduite à un Porte-toi bien fort sec.

A côté de ces lettres, qui formaient une correspondance trèssuivie que l'Etat faisait parvenir au moyen de postes et de courriers réguliers, les riches particuliers par leurs esclaves, les gens pauvres en profitant de l'occasion d'un riche qui envoyait

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une lettre, se trouve un autre genre très-artificiel. Ce sont des œuvres plus ou moins longues, analogues à ces pamphlets en guise de lettres dont on a tant abusé dans ces derniers temps. En Egypte, l'éducation permettant d'aboutir à tout, l'étude des lettres était très-suivie et les jeunes gens s'y portaient en foule. Mais les dégoûts et les désappointements qu'ils essuyaient au début en décourageaient un grand nombre qui se rejetaient sur les professions manuelles. Leurs maîtres ou leurs camarades. essayaient de les ramener dans la bonne voie, d'abord par des conseils et des promesses. On leur exposait les avantages attachés à la profession de scribe. « Le scribe est délivré du travail manuel; il n'a point au-dessus de lui des maîtres et des chefs nombreux ;-il devient un magistrat.» Au contraire les cordonniers, boulangers, ciseleurs, barbiers, soldats, laboureurs, bergers, négociants, sont tous soumis à maint ennui et mainte misère. Ils sont primés par tous: a le scribe, lui, prime tout métier, sache-le bien. » Ce thème est développé dans beaucoup de lettres qui tantôt se bornent à montrer les avantages du métier de scribe sur celui de laboureur, par exemple, ou d'officier de char, ou d'officier de cavalerie, chacun de ces métiers formant le sujet d'une lettre spéciale, et tantôt montrent les avantages du métier de scribe sur plusieurs métiers réunis. La plus longue et la plus curieuse de ces lettres, conservée à trois exemplaires, aux papyrus Sallier II, Anastasi VII et sur un ostracon du British Museum, celle de Dûàù-se-Xarda à son fils Papi, analysée en partie par M. Goodwin, est traduite tout entière pour la première fois, autant que le permettent l'état d'incorrection du texte et le nombre des mots techniques qu'elle renferme. Il est difficile de citer quelques exemples qui fassent comprendre à la fois et l'intérêt de ces documents et leur valeur littéraire. Voici pourtant un échantillon de la prose des scribes égyptiens 1500 ans av. le Christ. C'est un maître qui gourmande un élève ivrogne: « On me dit que tu abandonnes les lettres, que >> tu cours de rue en rue, fleurant la bière. Toutes les fois qu'on » abuse de la bière, elle fait sortir un homme de soi : c'est » elle qui met ton âme en pièces. Tu es comme une rame arra

>>chée de sa place et qui n'obéit plus d'aucun côté; tu es comme » une chapelle sans son Dieu, comme une maison sans pain, » dont le mur est trouvé vacillant et la poutre branlante. » Les gens courent devant toi, te lançant de la boue et des huées. » Sachant que le vin est une abomination, abstiens-toi des ou» tres, ne mets pas les cruches devant ton cœur, ignore les jarres. Instruit à chanter avec accompagnement de flûte, à » réciter avec accompagnement de chalumeau, à moduler avec » accompagnement de kinnor, à chanter avec accompagnement » de lyre, tu es assis dans une chambre, entouré de vieilles » dames, et tu te mets à dodeliner du cou; tu es assis en pré»sence de jeunes filles, oint d'essences, ta guirlande de » menthe (?) au cou, et tu te mets à te battre le ventre, tu te >> balances comme une oie, tu tombes sur le ventre, tu te salis » comme un crocodile » (Papyrus Anastasi IV, p. 41, l. 8

p. 12, 1. 5). Ni l'esprit, ni la vigueur ne manquent à ce portrait d'ivrogne. Quand ni les conseils ni la moquerie n'avaient prise sur l'écolier, le maître le menaçait du bâton. De là ces formules souvent répétées : « Il y a un dos chez le jeune homme, >> il écoute quand il est frappé.-Ne sois pas oisif ou on te battra >> vertement. On fait nicher la colombe, on apprend à voler » à l'épervier; je ferai un homme de toi, méchant garçon. » A ces lettres l'élève répondait, se disculpant s'il le pouvait; sinon, se moquant de ses collègues et de ses maîtres.

D

Ce mémoire renferme la traduction de près de cinquante pièces plus qu'aux trois quarts non traduites, et dont quelquesunes ont sept ou huit pages d'étendue. Il n'est que le fragment d'un ouvrage plus considérable sur cette question : « Y a-t-il une literature égyptienne? » C'est une thèse pour le doctorat ès-lettres.

M. Lenormant commence la lecture d'une Note sur les animaux employés par les anciens Egyptiens à la chasse et à la guerre, tels qu'ils sont représentés sur les monuments de diverses époques.

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