Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

bibliothèque de Chartres qui lui avait été adressé le 8 mars pour être réintégré dans cette bibliothèque.

Par un message du 15 courant, M. le Ministre secrétaire d'Etat de la guerre informe l'Académie que, faisant droit à la lettre qui lui avait été écrite en son nom, le 1er mars, il a désigné deux officiers d'état-major du dépôt de la guerre pour aller lever la carte de la Palestine en complétant à cet effet le travail exécuté en Syrie de 1860 à 1864. M. le général Leboeuf est heureux, dit-il, d'associer le ministère de la guerre à une œuvre scientifique d'un haut intérêt et de pouvoir accueillir un vœu exprimé par l'Académie.

Le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts, par une lettre adressée au Président de l'Académie des Inscriptions, la prie d'inviter l'Académie à désigner un lecteur pour la représenter dans la prochaine séance trimestrielle de l'Institut fixée au mercredi 6 avril prochain.

M. BEULE lit, au nom de M. Aubé, déjà connu de l'Académie pour une communication insérée au bulletin de ses séances, une note étendue sur les découvertes faites récemment dans le sous-sol de la Piazza Vittoria, à Palerme, et consistant en plusieurs pièces décorées de mosaïques et d'ornements divers remar quables à plusiers égards. Une suite de photographies mises sous les yeux de la compagnie accompagnent et éclairent les descriptions de M. Aubé.

M. RENIER demande la parole:

« J'ai demandé la parole, dit il, pour faire connaître à l'Académie une découverte archéologique, dont je ne m'exagère pas l'importance, mais qui offre cependant un certain intérêt.

» On fait en ce moment des fouilles archéologiques à Lillebonne, l'ancienne Juliobona, et l'on vient d'y découvrir une mosaïque formant un carré de 8 mètres de côté. Sur cette mosaïque on lit plusieurs inscriptions, encadrées dans des cartouches à queues d'aronde, et formées de lettres noires sur fond blanc.

[ocr errors]

» Notre correspondant, M. l'abbé Cochet, le savant et infatigable explorateur des antiquités de la Normandie, qui m'a fait connaître ces faits, m'a envoyé un calque d'une de ces inscriptions, calque que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie; l'inscription qu'on y lit est ainsi conçue:

C'est à dire,

T.SEN. FELIX.C.PV
T.SEN.FÉLIX.

TEOLAN VS. FEC

Titus Senius Felix, civis Puteolanus, fecit.

» On sait que le mot civis est souvent représenté, dans les inscriptions de la Gaule, par sa première lettre C, et qu'il y a ordinairement le sens de notre mot bourgeois, dans ces expressions: bourgeois de Paris, bourgeois de Rouen, etc.

» C'était le mot propre pour désigner un citoyen inscrit dans une civitas, comme colonus et municeps pour désigner les citoyens inscrits dans une colonie ou dans un municipe.

>> Ainsi cette mosaïque a été exécutée par un artiste venu de Pouzzoles. Il n'y a rien là qui doive nous surprendre l'art des mosaïstes est encore aujourd'hui un art essentiellement italien. Mais c'est un fait qu'il est bon de noter, car il explique peut-être comment on rencontre si fréquemment dans ces contrées des œuvres d'art, annonçant une civilisation plus avancée que celle à laquelle semblent pouvoir être parvenues, aux premiers siècles de l'empire romain, les contrées septentrionales de la Gaule.

» Quant au sujet représenté sur la mosaïque, je ne puis encore en rien dire; cette mosaïque n'était encore qu'à moitié découverte, à la date de la dernière lettre que j'ai reçue de M. l'abbé Cochet. »

M. DE LONGPÉRIER, retenu chez lui, adressait en même temps au Secrétaire perpétuel l'extrait d'une lettre de M. Joachim Menant, juge au tribunal civil du Havre, extrait ainsi conçu :

« Je viens d'être informé de la découverte d'une mosaïque antique à Lillebonne, et cette découverte paraît avoir une certaine importance. Une partie du pavage est déjà visible; le reste est recouvert par une épaisseur de terre de 60 centimètres au plus. Le terrain appartient au maire de Lillebonne.

Cette mosaïque, à en juger par ce que l'on en connaît, doit avoir 5 ou 6 mètres de côté. Elle est décorée d'une bordure formée de losanges, et représente des sujets de chasse. On voit jusqu'à présent un cerf lancé; un homme tirant de l'arc sur ce cerf, un autre homme retenant un cerf; un autre portant une massue; deux chiens courants. Au centre, est une inscription placée dans un cartel à queues d'aronde.

TSENFILIXCP V
TEOL VS FEC

Les personnages ont de 80 à 90 centimètres de hauteur. » « Je me permettrai, dit à son tour M. DE LONGPERIER, de faire remarquer le monogramme placé à la seconde ligne. 11 représente certainement les deux caractères AN, en sorte qu'il faut lirc PVTEOLANVS, mot qui indique la patrie de Titus Sennius Felix ou Filix; car on ne saurait affirmer que l'I n'a pas été écrit pour E, comme cela est arrivé fréquemment, ou qu'il soit impossible d'admettre que le nom de la fougère filix ait pu servir de surnom à Titus Sennius. Malgré la fréquence de l'échange des caractères E et I, la question reste douteuse. La grande dimension des personnages rend le monument trèsremarquable, et il faut espérer que M. le maire de Lillebonne donnera promptement suite à ses travaux d'exploration. »

M. le Dr Kraus, autorisé par le bureau, lit, en communication, la note suivante sur une découverte faite à Rome, il y a peu de jours seulement.

« M. Visconti junior vient de trouver au Palatin, dans les

fouilles faites aux frais du gouvernement pontifical, un graffito portant les mots ALEXAMENOS FIDELIS.

» Au premier aspect et considérée en elle seule, cette inscription n'offre rien d'extraordinaire ou de remarquable; mais ce, qui la rend fort intéressante, c'est le lieu et les circonstances dans lesquelles elle a été trouvée.

» Vous vous rappelez sans doute le fameux Crocifisso graffito découvert il y a 13 ans au Palatin, dans les mêmes appartements qui, selon l'opinion unanime et bien fondée des antiquaires, ont servi autrefois aux prétoriens et aux domestiques. faisant le service de la cour. Le graffito présente un homme crucifié, ayant la tête d'un àne ou plutôt d'un onagre, à côté duquel un autre homme, vêtu comme le premier, se voit dans l'attitude de l'adorant, rappelant parfaitement le texte de Pline (XVIII, 2): in adorando dexteram ad osculum referimus. Une in scription grecque gravée avec le stylet en lettres en partie capitales, en partie cursives, se lit entre les deux personnages :

ΑΛΕ

XAME NOC
CÉBETE
ΘΕΟΝ

Ce que le P. Garrucci a interprété : Alexamène adore (son) Dieu, en rapportant cette caricature au célèbre passage de Tertullien (Apol., c. 4): Deus Christianorum ONOKOITHΣ. Un des soldats ou domestiques païens se serait donc permis d'insulter un de ses camarades chrétiens, nommé Alexamenos, en dessinant sur les murs de l'appartement une caricature conforme à la fable connue que les païens se racontaient à l'égard des chrétiens, c'est-à-dire qu'ils adoraient un Dieu à tête d'àne.

» Cette explication donnée par le P. Garrucci, en l'an 1857, a été acceptée généralement; il n'y a qu'un an, que, dans les Mittheilungen der K. K. Centralcommission (XIII), un M. Haupt, à Vienne, a attaqué la manière de voir du P. Garrucci. En donnant une nouvelle explication tout à fait différente, M. Haupt ANNÉE 1870.

3

voulait montrer combien les bases de l'archéologie chrétienne ́sont encore peu solides; il croit même les avoir ébranlées profondément.

» Quant à lui, il prétend que le graffito en question n'est pas du tout une caricature, que c'est au contraire un monument sérieux du culte typhonien. Il tàche donc de prouver que les anciens ont connu un dieu à tête d'âne, que ce dieu-àne n'est autre que le Seth ou Smy des Egyptiens, qu'il croit absolument identique avec le Typhon des Grecs; qu'enfin le dieu des Juifs était, aux yeux des Egyptiens, et, plus tard, des gnostiques, le même que le Typhon ou le demiourgos. En conséquence M. Haupt propose la lecture:

ALEXAMENOS ZEBE TE OEON, Alexamène t'adore, toi, dieu. L'T isolé qui se trouve à la droite de la tête d'âne, sans que le P. Garrucci l'ait su expliquer, est pour M. Haupt le reste du mot ΤΥΦΩΝ.

» Je ne m'arrête point aux réflexions ajoutées par l'auteur à cette explication, réflexions qui tendent à établir des emprunts faits par les chrétiens à l'art et aux idées classiques, dans une mesure bien plus étendue que même M. Raoul-Rochette ne les a supposés. Je ne répéterai pas non plus ce que j'ai dit sur l'interprétation de M. Haupt dans un mémoire que je me permets de déposer sur le bureau de l'Académie; il serait inutile de combattre devant vous, Messieurs, qui connaissez ces choses mieux que moi, une explication absolument inadmissible sous le point de vue grammatical, épigraphique et mythologique. Je vous ferai sculement observer que la découverte de l'inscription ALEXAMENOS FIDELIS détruit le dernier doute qu'on pourrait avoir sur l'erreur de M. Haupt. Alexamène, en faisant ici sa profession de foi chrétienne, explique de la manière la plus évidente le véritable sens du graffito crocifisso, sens que je retrouve du reste dans une pierre gravée publiée par Stephanonius, où l'on voit un âne faisant le rôle de maître d'école devant quelques personnages respectueusement inclinés. Voilà donc une confirmation inattendue de l'explication du graffito donnée par le P. Gar

« ZurückWeiter »