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sous une foule de rapports, cependant elle ne fut pas aussi nulle qu'on le croit généralement et il y eut alors des écoles monastiques et de petites écoles, dans lesquelles les jeunes filles de toute condition étaient recueillies, tandis que les enfants de grandes familles recevaient au foyer domestique une assez riche culture, dont l'unique défaut fut d'être un peu trop mondaine. « L'œuvre, en un mot, était ébauchée; la partie, si j'ose le dire, était engagée contre l'ignorance, au nom des lumières et de la civilisation chrétienne; il s'agissait de la suivre et de la gagner. C'est la tâche difficile et honorable que la société du moyen-âge légua aux générations suivantes. »

M. Ern. Desjardins continue la lecture, en communication, de son Mémoire sur le dessin de la Table de Peutinger.

Séance du vendredi 23.

PRÉSIDENCE DE M. RENAN.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Il est donné lecture de la correspondance.

Par une lettre en date du 22 courant, M. Bertrandy adresse au Secrétaire perpétuel, pour le concours du prix Gobert en 1871, quinze exemplaires de son travail intitulé: « Etude sur les Chroniques de Froissart, etc. - Lettres adressées à M. Léon Lacabane» (1870, 1 vol. in-8°).-Renvoi à la future commission du prix.

L'ordre du jour appelle le choix d'un lecteur qui représentera l'Académie dans la prochaine séance trimestrielle de l'Institut, fixée au 4 janvier 1874. Le SECRÉTAIRE PERPETUEL Communique au préalable la liste des lectures des membres faites dans le cours de l'année 1870. Le scrutin étant ouvert, et deux membres ayant obtenu la même majorité de 8 voix sur 20, MM. JOURdain et Huillard-BRÉHOLLES, le premier est désigné par le bénéfice de l'âge pour lire devant l'Institut un extrait de son Mémoire sur l'éducation littéraire des femmes pendant le moyen-âge.

M. Ern. Desjardins continue la lecture, en communication, de son Etude sur le dessin de la Table de Peutinger. — M. DE LONGPERIER pense que, pour fixer la lecture du Sextentio de la table, on peut en rapprocher utilement le Sustensione d'une monnaie de Carloman, observation dont l'auteur du mémoire prend acte.

Sur la demande du Secrétaire perpétuel, l'Académie se forme en comité secret.

La séance étant redevenue publique, M. EGGER fait les deux présentations suivantes :

4° Un manuscrit de 64 pages in-4 intitulé: « Les armoiries de Paris », par L. Vian, référendaire au sceau de France, qui paraît destiné au concours des Antiquités de la France. -- Renvoi éventuel à la future commission.

2o Comme un hommage de l'auteur à l'Académie Histoire d'Annibal, par M. E. Hennebert, capitaine du génie : t. I (1870, 4 vol. in-8°).

Séance du vendredi 30.

PRÉSIDENCE DE M. RENAN.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté pour la partie publique.

Il est donné lecture de plusieurs lettres annonçant divers ouvrages envoyés pour le concours de 1874.

1° M. Brachet adresse, au nombre de six exemplaires, pour le concours du prix Gobert, l'ouvrage intitulé: « Dictionnaire étymologique de la langue française », ouvrage couronné par l'Académie française (nouvelle édition, sans date, mais publiée en mai 1870, d'après la déclaration de l'auteur).

2o M. Aug. Longnon adresse, pour le concours des Antiquités de la France, les quatre opuscules suivants :

I. Le Morvois (Pagus Morivensis), Paris, 1869; br. in-8°.

II. Le pagus Otmensis et le pagus Bagensonensis (id.).

III. Etudes sur les pagi de la Gaule, avec deux cartes (id., id.).

IV. Mêmes études, 2 fascicule : Les pagi du diocèse de Reims, avec 4 cartes (Paris, 1870); manuscrit de 94 pages.

3 M. Charles Desmaze, conseiller à la cour d'appel de Paris, adresse un mémoire manuscrit de 295 pages in-4°, destiné au concours fondé par M. de la Fons-Mélicocq et dont le titre est : « L'abbaye de Saint-Quentin en l'Isle, diocèse de Noyon (Picardie)

M. le PRÉSIDENT saisit l'Académie de diverses questions nées des circonstances et relatives aux commissions annuelles qui doivent être renouvelées à la première séance de janvier prochain, vendredi 6, aux termes du règlement, et qui, par suite, sont portées à l'Annuaire, savoir la commission des travaux littéraires, celle des antiquités de la France, la commission chargée d'administrer les propriétés et fonds particuliers de l'Académie avec délégation des deux membres qui la composent à la commission centrale de l'Institut; enfin la commission de l'école française d'Athènes. - Quant à la nomination des commissions de prix, y compris la commission de numismatique, elle est renvoyée à l'époque qui, par une décision de l'Académie, sera ultérieurement fixée pour l'envoi des livres et mémoires destinés aux divers concours.

M. HUILLARD-BRÉHOLLES, au nom de la Commission des antiquités de la France, donne lecture du Rapport suivant, dont les conclusions ont été adoptées par l'Académie :

MESSIEURS,

Votre Commission des antiquités de la France a eu fréquemment à examiner un nombre d'ouvrages beaucoup plus considérable que celui qui s'est présenté au concours de cette année. En effet, quarante concurrents seulement ont brigué les récompenses que vous décernez et dont vous avez sagement limité le chiffre, afin de donner plus d'éclat à chacune d'elles. Au reste, ce qui importe ici, c'est moins

le nombre des ouvrages que leur mérite et leur valeur. En ce sens on peut dire tout d'abord que, sur les neuf ouvrages qui ont été jugés dignes de médailles et de mentions, quatre se recommandent par une érudition abondante et solide, les cinq autres par des recherches moins approfondies sans doute et d'un ordre moins élevé, mais remarquables encore à des titres divers.

Comme toujours, l'histoire proprement dite, l'archéologie, l'histoire littéraire, se partagent dans des proportions inégales le champ d'études parcouru par les concurrents. L'Académie a depuis longtemps admis que tous les travaux originaux ont un droit égal à ses encouragements, sous quelque forme qu'y soit recherchée la vérité historique; l'histoire d'après les monuments écrits avait donc sa place dans ce concours, et cette fois, ainsi que cela se produit ordinairement, elle a été la plus large. Car, tandis que cette branche de l'histoire nous apporte vingt-huit ouvrages ou dissertations, l'archéologie n'en présente que dix, et l'histoire littéraire que deux, assez fortement ou finement étudiés toutefois pour compenser l'infériorité du nombre par leur mérite intrinsèque; aussi ont-ils obtenu l'un et l'autre une récompense. En dehors des œuvres couronnées, les travaux d'histoire et d'archéologie ne se font point remarquer autant que les travaux littéraires par des vues suffisamment neuves et une méthode suffisamment sévère. L'étude des monuments de l'art, on vous l'a dit souvent, et nous ne pouvons que le répéter, exige certaines conditions de loisirs et d'aptitudes spéciales qui se trouvent rarement réunies chez une même personne. Quant à l'étude des monuments écrits, vers laquelle se porte principalement l'effort de la nouvelle génération, elle produit, cette année, des résultats qui sont loin d'être tous définitifs. La plupart des travaux qui y ont trait dénotent sans doute de la part de leurs auteurs une louable préoccupation de remonter aux documents originaux ; mais de ces documents, quelquefois réunis sans beaucoup de critique, les auteurs n'ont pas généralement tiré tout le parti désirable.

Un pareil reproche ne saurait être adressé aux quatre volumes in-folio manuscrits qui vous ont été envoyés par M. Auguste Moutié, sous ce titre Chevreuse, Recherches historiques, archéologiques et généalogiques. Tout au contraire, on trouve dans ce travail considérable plutôt l'exubérance que la pénurie des documents, mais avec une grande expérience de leur importance relative et de l'emploi judicieux qu'on en peut faire. L'auteur n'est pas un inconnu pour l'Académie des inscriptions. Au concours des antiquités, en 1858, il partageait avec son collaborateur d'alors M. Merlet une mention très-honorable. En 1863, il obtenait seul la première médaille, et aujourd'hui c'est la même récompense que nous n'hésitons pas à lui décerner. Le mérite intrinsèque de l'œuvre a été la raison déterminante de nos suffrages; des circonstances accessoires y ajoutent encore pour l'Académie un intérêt particulier. A l'histoire de Chevreuse se rattache directement le souvenir d'un confrère illustre et vénéré dont le nom nous reste cher à bien des titres. Entreprise, ainsi que plusieurs autres cartulaires de la contrée, sous les auspices et aux frais du duc de Luynes, l'histoire de ce duché, dont sa famille portait aussi le nom, de ce pays où se trouvait comprise sa magnifique résidence de Dampierre, avait naturellement beaucoup d'attrait pour le noble académicien. Aussi prit-il plaisir à recueillir lui-même les premiers éléments de ce travail, puis, l'ayant mis en bonne voie,

il en confia la conduite et l'accomplissement à M. Moutié, dont il avait pu apprécier déjà la consciencieuse assiduité. De tristes circonstances allaient bientôt compromettre le succès de l'œuvre. Son généreux promoteur ne devait pas assister à son entier achèvement, et d'autre part la vue de M. Moutié, depuis longtemps affaiblie par des veilles et des travaux incessants, finissait par s'éteindre complétement dans le cours de ce long labeur. De nouveaux auxiliaires lui devenaient dès lors indispensables; ils lui furent généreusement accordés. C'est ainsi que, par le concours touchant d'une libéralité délicate et d'une persévérance que rien n'a pu décourager, est arrivé à son terme l'ouvrage considérable dont nous avons maintenant à vous entretenir.

Pour se conformer aux intentions du duc de Luynes, M. Moutié a donné à son manuscrit une étendue qui, au premier abord, peut paraître sinon excessive, du moins quelque peu disproportionnée avec le sujet; car le texte ne compte pas moins de douze cents pages d'une écriture serrée, et les pièces justificatives sont au nombre d'environ cinq cents. Cependant, à y regarder de près, il serait difficile de dire qu'il y ait là rien d'inutile. La première partie surtout, qui traite de la châtellenie d'abord, puis de la baronnie, enfin du duché de Chevreuse, au point de vue de la topographie féodale, peut être considérée comme un modèle d'exacte et solide érudition. Ce n'était pas une médiocre entreprise que de suivre à travers les âges l'histoire administrative de ces possessions multiples, relevant originairement de l'évêque de Paris, de l'abbaye de Saint-Denis et du comté de Montfort, comprenant, outre le fief central de Chevreuse avec Maurepas et ses dépendances, soixante-deux fiefs répartis dans onze paroisses, et d'indiquer d'une façon précise la mouvance des arrièrefiefs dépendant des barons de Chevreuse, en dehors des limites de leur baronnie, d'un côté jusqu'aux environs de Chartres, de l'autre côté jusqu'aux environs de Corbeil. De là une suite de divisions et de subdivisions auxquelles la seigneurie de Chevreuse sert de lien commun, maintenant ainsi une sorte d'unité au milieu même de la complication et de la succession des tableaux.

Dans cette première partie l'histoire administrative n'exclut pas l'histoire généalogique, et M. Moutié y a soigneusement inséré toutes les mentions des possesseurs de fiefs relevant de Chevreuse qu'il a pu rencontrer. Il a réservé pour la seconde partie l'histoire personnelle des seigneurs-châtelains, des barons et des ducs de Chevreuse, de leurs alliances et des diverses branches de leurs familles, les suivant jusque dans le royaume de Naples, où quelques-uns s'établirent après la conquête de Charles d'Anjou, et ne négligeant aucun des personnages qui ont porté le nom de Chevreuse, alors même qu'il ne pouvait constater rigoureusement leur parenté avec la maison principale. Mais peut-être serait-on en droit de regretter que, rencontrant sous sa plume les figures d'hommes souvent illustres à divers points de vue, il ait avant tout considéré en eux les posses seurs de la baronnie ou du duché, et qu'il ait fait dans leur existence une part trop large à tous ces actes un peu monotones de la vie privée, hommages, transactions, procès, ventes ou échanges, qui, par leur nature, ne sont point propres à mettre en grand relief la physionomie des personnages. Quant à l'étude archéologique et descriptive des monuments restaurés ou en ruines, tels que églises, chapelles, châteaux-forts, demeures seigneuriales, existant encore dans

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