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CÔTÉ SUD.

» C'est toujours une chasse en forêt. La forêt est représentée par des arbres nombreux. Le personnage principal, qui est à la droite du spectateur, est un chasseur qui bande son arc pour lancer une flèche sur un cerf dix cors qui fuit à toutes jambes. Devant le cerf est un autre chasseur qui semble barrer passage à l'animal et lui percer la bouche avec un épicu. Derrière cet homme apparaît un autre cerf dix cors étalant un bois magnifique. Comme nous l'avons déjà dit, ce cerf est calme et tranquille, et, chose étonnante, il semble venir audevant des chasseurs.

CÔTÉ QUEST.

» La scène se compose de quatre personnages. Inutile de dire qu'elle se passe toujours en forêt. Le premier personnage placé à gauche du spectateur tient à la main un cerf dix cors. Ce cerf est à l'état calme. Derrière l'animal un personnage se montre vêtu de la braie gauloise. De la droite il tient un pedum ou bâton recourbé. De la gauche il tient un marteau, à double pointe, posé sur ses épaules. On dirait qu'il s'apprête à frapper. Derrière lui marchent deux chiens dont l'un est de couleur fauve et l'autre de couleur noire. Ces chiens portent collier, et une corde les tient attachés l'un à l'autre. Derrière les chiens s'avancent deux personnages. L'un est à pied et accompagne un cheval qui est bridé. L'autre est à cheval et tient à la main droite un fouet avec sa lanière, comme au côté sud.

CÔTÉ NORD.

» Ce côté est le plus beau et le plus remarquable de tous. Comme les autres i présente des arbres et un cerf, mais de

plus que les autres il offre sept personnages, une déesse et un autel.

» A gauche du spectateur on voit un cheval bridé, un homme le tient d'une main, tandis que de l'autre il manie un épieu ou une massue.

» Le second personnage, vêtu de la braie gauloise, tient de la main gauche une lance aiguë, tandis que de la droite il tient un chien en laisse. Le troisième personnage est largement drapé et paraît le plus important du groupe. On dirait un prêtre, un pontife ou un sacrificateur. D'une main il montre la statue de la déesse placée devant lui. Un quatrième personnage est placé entre lui et l'image; il paraît jeune et est beaucoup plus petit. Ce doit être un servant de l'autel.

» L'autel lui-même, parfaitement reconnaissable, semble recevoir de la main du jeune servant une offrande ou le feu sacré.

» La déesse domine toute la scène, elle est debout sur un piédestal. D'une main elle tient un arc: elle paraît porter l'autre à sa tête. Evidemment c'est Diane, déesse de la chasse.

» Le drame qui se passe ici est un sacrifice en forêt, la scène est complétée par trois personnages qui aident au sacrifice. L'un tient à la main un joli petit vase destiné aux libations, un autre amène un jeune cerf avec sa main gauche, tandis que de la droite il tient une coupe ou objet circulaire.

» Tous les personnages qui figurent dans les différents actes de cette chasse antique ont de 80 à 90 centimètres de hauteur.

» Entre cette partie dramatisée de la mosaïque et la portion centrale, il existe une seconde bande blanche, large de 27 centimètres. Comme la première elle est encadrée dans des lignes noires, épaisses de 3 centimètres.

» Dans les angles formés par le rond central et la bande dont nous parlons, on a figuré une belle corbeille ou vase antique à deux anses avec un pied. Cette corbeille ou ce vase semble côtelé de diverses couleurs. Jusqu'à présent il m'a paru vide.

» A droite et à gauche de la corbeille, dans l'amortissement des angles, sont des rameaux à feuilles lancéolées assez semblables à des branches de laurier.

» Le centre de la mosaïque, que je crois parfaitement rond, est renfermé dans un cercle de 5 centimètres de largeur, formé avec une torsade de plusieurs couleurs; cette portion, remplie par un groupe, est la partie importante du monument. Pour nous, tout l'intérêt se concentre sur cette mystérieuse composition.

GROUPE CENTRAL.

» On y voit deux personnages, un homme et une femme qui sont de grandeur naturelle; ils sont nus et n'ont pour se protéger qu'une longue écharpe. Celle de la femme est noire et celle de l'homme est rouge; malheureusement l'homme est beaucoup moins bien conservé que la femme tous deux sont parfaitement dessinés. Les jambes de l'homme sont vigoureuses, comme sur un vase grec. L'homme paraît courir après la femme, la femme fuit devant l'homme, mais arrivée à l'extrémité de sa résistance, elle fléchit sur ses genoux, tournant le côté gauche vers celui qui la poursuit.

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>> La femme est à gauche du spectateur et l'homme à sa droite; la tête de la femme est parée et au milieu de ses cheveux tressés on remarque des perles vertes. Une partie du visage subsiste; mais l'autre a disparu. Le front, les yeux et le nez sont restés, mais la bouche et le menton manquent ainsi que le cou. La mutilation s'arrête au haut de la poitrine; les bras subsistent dans leur entier, et, dans la partie qui va du coude à l'épaule, ils présentent un bracelet de perles vertes arrondies.

» L'écharpe qui flotte au-dessus de la tête passe derrière le bras droit et vient couvrir le corps à la hauteur de la ceinture.

>> La main droite cherche à s'appuyer sur un objet circulaire qui semble tombé de ses bras. Est-ce une boîte? Est-ce

une urne ? C'est ce que nous ne pouvons savoir. Etendant la main gauche vers l'homme qui arrive sur elle, la femme semble demander grâce.

» L'homme, beaucoup moins conservé, a perdu la plus grande partie de sa figure, ses deux bras et le corps jusqu'aux hanches ont disparu; il ne reste d'entier que les deux jambes. Elles sont nues et dans l'attitude de la course. De la figure qui était de profil il ne reste que les yeux et les cheveux. Les cheveux sont ceints d'une couronne de laurier vert qui se termine sur le front en un noeud très-élégant. Une écharpe de couleur écarlate flotte derrière le dos et vient faire un pli dans sa jambe gauche. Le personnage tient un long bâton qui est demeuré entier; tout d'abord on croit voir un Sylvain poursuivant une Naïade, mais M. le baron de Witte, trèsversé dans l'antiquité grecque et romaine, croit y reconnaître Apollon poursuivant une nymphe qui est peut-être une Naïade.

INSCRIPTIONS.

» Un détail très-intéressant qu'il nous reste à signaler, ce sont deux inscriptions parfaitement conservées. Ces inscriptions sont encadrécs dans des cartouches en mosaïque terminées par des queues d'aronde. Chacune d'elles contient deux lignes, la première est placée au-dessus de la tête des personnages du groupe central; la seconde est sous leurs pieds. Ces inscriptions n'ont aucun rapport avec les sujets reproduits. Elles paraissent concerner uniquement l'artiste, auteur de l'œuvre. Chose étonnante! cette belle mosaïque paraît être l'ouvrage d'un artiste italien, venu de Pouzzoles, localité célèbre pour ce genre de travail. On ne saurait guère douter que le mosaïste antique n'ait possédé un secret particulier pour faire le ciment destiné à recevoir les cubes: car la dureté de cette stratification est telle que nous avons un moment douté si c'était une composition artificielle ou une roche naturelle. Cette dureté de l'encaissement aura intercepté l'hu

midité du sol et elle explique, en grande partie, la bonne conservation du pavage. Ce qui achève de nous en donner la raison, c'est que ce pavage n'est pas uni, mais sur un plan légèrement incliné. Cette inclinaison n'est pas moindre de cinq à six millimètres par mètre, si bien que l'eau ne pouvait aucunement séjourner à la surface. Ainsi toutes les infiltrations qui pendant des siècles n'ont cessé d'inonder ce pavage se sont constamment écoulées sans lui nuire.

» Voici maintenant l'inscription que nous pouvons appeler la signature de l'artiste :

T. SEN FILIX C PV

TEOLANUS FEC.

» On le voit, il se nommait Titius Senius Filix, et était citoyen de la ville de Pouzzoles en Italie.

» La seconde inscription est moins facile à lire et à interpréter. Cependant nous croyons y voir :

ET AMORCI ou GI

DISCIPVLVS.

» Ce qui signifie élève d'Amorcus ou d'Amorgus. Amorgus ou Amorcus était-il le nom du maître ou de l'école ? C'est ce que nous ne saurions dire.

» Notre grand épigraphiste français, M. Léon Renier, est disposé à voir là la traduction latine du grec Amorgos. Amorgos était une île de la Grèce, une des Cyclades, où l'on fabriquait la pourpre et la meilleure couleur rouge. C'était la grande renommée du pays.

» L'artiste italien avait-il voyagé en Grèce et prétendait-il se recommander ainsi de son école ou de son maître? C'est ce que l'on est disposé à supposer.

» Grâce à tous les renseignements dont nous nous sommes entouré, nous sommes porté à conclure que la mosaïque de Lillebonne est une œuvre du second siècle de notre ère, et qu'elle est

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