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drement (Einbruchmeere). Celles-ci comprennent trois groupes: 1° les cuvettes marines établies dans une région plissée (Faltenbruchmeere), comme la mer d'Okhotsk; 2o les cuvettes formées dans une masse tabulaire qui n'a pas subi de plissements récents (Schollenbruchmeere), comme la mer Rouge; 3° le groupe mixte des cuvettes situées entre un plissement et une masse tabulaire (Kombinierten Bruchmeere). Ces dernières sont des Vormeere, quand elles occupent le côté convexe d'un arc plissé (golfe Persique), et des Rückmeere, quand elles en occupent le côté concave (mer des Caraïbes).

Sur les questions d'inégalité du niveau de la mer et de ses variations, M. Krümmel adopte les vues de Mohn. Si ce niveau est plus élevé près des côtes qu'au large, cela tient à ce que là s'accumulent les eaux plus légères apportées par les fleuves. Ce fait rendrait compte d'un étrange phénomène constaté sur nos côtes. Des nivellements français sembleraient prouver que le niveau de la Méditerranée est légèrement supérieur à celui de l'océan. Il n'en est rien, dit M. Krümmel. La Méditerranée est certainement, comme on le croyait avant ces observations, plus basse que l'Atlantique. Mais sur les côtes, sur la Côte d'Azur en particulier, son niveau est relevé par la présence d'eaux plus douces et moins denses provenant des cours d'eau. — Les variations périodiques du niveau de la Baltique s'expliquent par des influences météorologiques. Le professeur Otto Pettersson ne partage pas cette opinion régnante. Dans un remarquable mémoire récent (Strömstudier vid Östersjöns portar) dont La Géographie publiera prochainement une analyse, l'éminent océanographe, montre que les variations du niveau de la Baltique ne sont point déterminées par des variations météorologiques, comme on le croyait jusqu'ici, mais sont la conséquence d'oscillations de même ordre qui se produisent dans l'océan et qui se propagent dans la Baltique.

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Si nous passons maintenant à la morphologie du fond des mers M. Krümmel montre ingénieusement combien le sol sous-marin est aplani en comparaison du sol terrestre. L'« angle d'inclinaison » (Böschungswinkel) du fond des océans, ou angle formé par le fond et un plan horizontal idéal, est presque toujours inférieur à 0° 17'. Or, ce chiffre correspond à une pente de 1/200, qui est la plus faible déviation de l'horizontale perceptible pour l'œil humain. Si les grands océans se vidaient, leur fond apparaîtrait donc comme une immense plaine s'étendant à perte de vue'. Exceptionnellement, près du socle des îles et de certains dômes sous-marins généralement volcaniques et près de certaines régions continentales, la pente s'accuse. Un savant calcul de la profondeur moyenne et du volume des masses océaniques conduit M. Krümmel aux conclusions suivantes: la profondeur moyenne de tout l'ensemble (Weltmeer) est de 3682 mètres, la surface mesure 361 millions de kilomètres carrés, le volume atteint le chiffre de 1 329 millions de kilomètres cubes,

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1. Des fosses profondes ont elles-mêmes des pentes très faibles. L'angle moyen d'inclinaison de la fosse des Tonga n'atteindrait, selon M. Krümmel, que 0° 10′35′′.

2. Page 98, l'auteur donne la liste des 37 dômes volcaniques sous-marins connus, avec leurs principales dimensions.

3. Sa méthode, qui est celle de O. Peschel renouvelée, consiste à chercher d'abord les dimensions pour des aires déterminées comprenant n degrés de latitude et à opérer ensuite sur les résultats ainsi trouvés.

i. Ce chiffre est, d'après de Lapparent, 4 260, d'après Murray, 3 797, d'après Supan, 3 650.

c'est-à-dire treize fois le volume des terres émergeant des eaux. Notons le contraste entre les grands océans et les simples mers: les premiers représentent 96 p. 100 du volume et 89 p. 100 de la surface de l'ensemble; ils mesurent en moyenne 3997 mètres de profondeur, au lieu que les méditerranées ne dépassent pas 1 232 mètres et les mers de bordure 971.

Les dépôts marins doivent être classés d'après une base géographique. Ils se différencient, en effet, selon la distance à laquelle ils se trouvent des continents et la profondeur qu'ils occupent 1. Ils se divisent en 1° formations littorales, comprenant les dépôts de rivage et ceux qui gisent sur le socle continental; 2° formations hémipélagiques; 3° formations eupelagiques. Celles-ci embrassent deux groupes : celui des dépôts épilophiques (vases à globigérines, vases à ptéropodes, vases à diatomées) et celui des dépôts abyssaux (argile rouge et vases à radiolaires). Les minéraux d'origine volcanique trouvés dans l'argile rouge, tels que pierre ponce, sanidine, plagioclase, hornblende, etc., proviennent, vraisemblablement, non seulement d'éruptions continentales, mais aussi d'éruptions sous-marines. Les volcans sont nombreux dans la région de l'argile rouge et il est probable que les phénomènes volcaniques sous-marins sont plus fréquents qu'on ne le croit. La grande pression exercée sur le fond des océans par les eaux doit provoquer une sortie très violente des gaz. Ce volcanisme expliquerait aussi la présence dans l'argile rouge de ces nodules manganésiens sur l'origine desquels on a beaucoup discuté. Les données que nous avons sur la stratification des sols sous-marins permettent d'affirmer qu'il doit se produire, au centre même des océans, des dislocations très lentes, affectant des dômes et des cuvettes d'un très grand rayon.

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L'étude de la distribution de la chloruration revient à l'étude de la distribution des diverses espèces d'eaux qui remplissent les cuvettes. La grande masse des océans, au-dessous de 2000 à - 3000 mètres, n'aurait pas une salinité supérieure à 34,8 p. 1000. Quant aux mers, trait caractéristique leur salinité esr ou supérieure, ou inférieure à celle des océans 3. - Parmi les facteurs qui font varier la teneur en sels à la surface des eaux marines, la pluie en est un qui est généralement mal apprécié. Les observateurs ont le tort de négliger une circonstance importante: le déplacement de l'eau de mer. Pour déterminer la variation de salinité produite dans une masse donnée d'eau par une pluie, il faut suivre cette masse même qui est mobile et ne pas faire porter sur le même point géographique des expériences faites à des moments différents. L'influence de la pluie n'est facilement observable que dans la zone équatoriale, parce que là elle n'est pas contrariée pa. celle de l'évaporation. C'est elle qui explique la faible salinité du courant de Guinéet Schott attribue le fait à l'arrivée à la surface d'eaux de fond; c'est à tort, dit M. Krümmel, car, s'il en était ainsi, ces eaux seraient relativement froides. Or, c'est le contraire que l'on constate. Du reste, ce phénomène n'est pas unique en son

1. Les courants marins n'ont aucune influence directe sur la répartition des dépôts marins; du moins, l'état actuel des connaissances ne permet pas d'affirmer l'existence de cette influence. 2. Ce serait à des éboulements sous-marins causés par des tremblements de terre que seraient dus en partie les détritus grossiers que l'on rencontre dans les dépôts hemipélagiques.

3. La règle comporte deux exceptions qui sont la mer de Tasman et la méditerranée américaine. Ces mers sont sous la dépendance des courants des océans voisins.

LA GEOGRAPHIE. T. XVIII, 1908.

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genre; on en trouve d'analogues dans les autres océans. Dans la zone du contrecourant équatorial de l'océan Indien, la salinité diminue de l'ouest à l'est, signe évident de l'action progressive de la pluie. Dans le Pacifique, entre 10° et 15° de Lat. N., il er. est de même. Dans l'Atlantique, entre les Açores et le nord-ouest de l'Irlande. la salinité passe de 35,5 à 35,25 pour la même raison. Cette action des pluies est indirectement renforcée par celle des glaces fondantes dans les hautes latitudes et par celle de la montée des eaux de fond dans les latitudes basses. Dans les deux cas, les eaux froides provoquent des condensations, et, par suite, des précipitations qui contribuent à affaiblir la salinité. En dernière analyse, la répartition de la chloruration à la surface de la mer s'explique par des conditions météorologiques. Ce qui le démontre d'une manière claire et originale, c'est la courbe de la répartition de la salinité suivant la latitude établie par l'auteur1. Cette courbe rappelle par ses inflexions celle de la limite des neiges comme elle, elle s'élève progressivement des pôles vers les tropiques et s'abaisse légèrement sous l'équateur. Elle en diffère, cependant, sous les hautes latitudes, pour des raisons que la météoro logie laisse deviner.

Les questions de thermique occupent la partie la plus considérable du Manuel. Un tableau et un graphique montrent la distribution des températures de surface suivant la latitude. Ils révèlent que l'équateur thermique des océans se trouve sous le 7 de Lat. N., c'est-à-dire trois degrés plus au sud que celui des couches inférieures de l'atmosphère. Ils accusent la supériorité thermique de l'hémisphère boréal sur l'hémisphère austral, supériorité qui est maxima entre le 50° et le 60° de Lat., où la différence atteint 4°,5. A quoi tient ce phénomène? Non pas, comme on l'a dit, à l'extension plus grande des terres dans le premier des deux hémisphères, mais à la forme même des rivages océaniques. Dans l'hémisphère nord, les eaux des courants chauds sont contraintes de demeurer plus ramassées, dans l'autre hémisphère, au contraire, elles s'étalent sur de grands espaces et sont obligées de parcourir d'immenses étendues glacées avant de retourner aux tropiques. La température moyenne de la surface des trois océans est 17°,372. L'Atlantique a 16°,9, le Pacifique 19°,1; ce dernier est l'océan « tropical » par excellence. A propos des anomalies thermiques, nous trouvons une carte fort nouvelle des isanomales à la surface des océans 3. Sur la question du retard des extrêmes annuelles, Krümmel fait observer qu'il faut tenir compte des courants quand ceux-ci deviennent plus rapides, ils provoquent un afflux d'eaux de fond qui refroidissent les couches supérieures et retardent le maximum. L'étude des amplitudes moyennes nous conduit au calcul de la « variation individuelle » de la température (Individuelle Temperaturschwankung). Cette expression désigne la variation thermique que subit une même molécule d'eau suivie dans tous ses déplacements. Par exemple, cette

1. Page 334.

2. La température moyenne des couches inférieures de l'air est de 14o,35. La différence entre les deux valeurs serait donc de 3° et s'élèverait même à 4o, si on négligeait de réduire les températures de l'atmosphère au niveau de la mer.

3. Celle dressée par Köppen s'appuyait sur des moyennes calculées avec les chiffres moyens de février et d'août seulement.

4. Il en est ainsi à l'ouest des Galapagos, au mois de novembre.

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quantité est de 30° pour les eaux du Gulf Stream qui vont de la Floride à l'océan

Glacial Arctique. On voit en quoi cette notion diffère de celle d'amplitude qui

suppose des observations toutes faites au même endroit. Règle générale ces variations ne s'accomplissent qu'avec une très grande lenteur. Exceptionnellement, un refroidissement rapide de la

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FIG. 10. CARTE MONTRANT LA DISTRIBUTION DES ISOTHERMES DANS LES OCÉANS
A LA PROFONDEUR DE 400 METRES.
Extrait de Otto Krümmel, Handbuch der Ozeanographie. Stuttgart, 1907. Engelhorn.

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tures présente la physionomie suivante. À

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Guinée. Il est

obligé d'admettre qu'un échauffement de 5o s'est produit en deux

ou trois semaines au plus, sur un parcours

de 200 milles. Or, une élévation de température aussi rapide est impossible; les observations montrent qu'il faut trois mois à une molécule d'eau qui parcourt 1100 milles pour gagner 4o1. La répartition verticale des tempéra100 mètres, le dessin des isothermes

1. Schott aurait commis une erreur analogue pour les courants à l'ouest de Galapagos.

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a encore une ressemblance générale avec celui des isothermes superficielles. Mais à partir de 200 mètres, des changements importants se manifestent. M. Krümmel nous donne, pour la cote 400 mètres, une carte inédite d'isothermes (fig. 10)'. Le trait caractéristique de la répartition à cette profondeur est que les domaines des plus hautes températures ne se trouvent plus, comme à la surface, tout près de l'Équateur, mais à une certaine distance au nord et au sud, près des tropiques et contre les rivages occidentaux des océans. Cette disposition s'explique ainsi : 1o Les grands courants tropicaux emportent les eaux réchauffées par le soleil vers l'ouest et les accumulent contre les continents. Là se produisent des courants descendants. 2o Les zones correspondant aux contre-courants équatoriaux sont relativement froides, parce qu'il se produit là une ascension d'eaux de fond. Ainsi la carte du professeur Krümmel reproduite ci-contre nous laisse deviner les grands traits de la circulation au centre des océans 2. A 600 et à 800 mètres la même physionomie se retrouve, mais plus effacée. À 1500, la température est presque partout uniforme; seules, quelques influences exceptionnelles, comme celle du courant méditerranéen de Gibraltar dans l'Atlantique boréal, celle du courant de la mer Rouge dans le golfe d'Oman, se traduisent par des chiffres plus élevés. Enfin, a 4000 et au-dessous, c'est-à-dire au fond même des cuvettes océaniques, les différences constatées ne s'expliquent plus par l'action des courants, mais par la présence de seuils sous-marins, chaque fosse, vallée ou compartiment isolé gardant sa température propre. Cette influence de la topographie est si remarquable que certaines anomalies des températures de fond permettent d'inférer l'existence de certaines formes de relief pour des régions où elles sont encore mal connues 3. Des océans, passons aux mers. Pour chacune, l'auteur donne la physionomie de sa stratification thermique. La mer Blanche a des températures de fond très basses (1o,9). Cette situation est due à la congélation hivernale de la surface, qui a pour effet de sursaturer de sels les eaux de la tranche supérieure, d'élever leur densité et de provoquer ainsi leur chute sur le fond et, par suite, le refroidissement de toute la masse. Les trois méditerranées sont très différentes. Celle d'Amérique est sous l'influence exclusive des courants de l'Atlantique. La méditerranée australa siatique est moins dépendante des grands courants généraux; le relief y joue un rôle important et détermine plusieurs fosses qui possèdent des températures différentes. Enfin, dans la méditerranée latine, qui subit très peu l'influence de l'Atlantique, tout s'explique par les conditions locales, les courants restant au second plan. Le rôle des vents y est fort remarquable. Sur la côte espagnole, ils provoquent des afflux d'eaux de fond; dans la méditerranée orientale ils amènent des accumulations locales d'eaux de surface qui se traduisent par une température rela

1. Pour l'Atlantique et l'océan Indien, les travaux de Schott ont été utilisés.

2. M. Krümmel compare ingénieusement la répartition de la température à 400 mètres à celle de la pression atmosphérique au-dessus des océans. Les maxima sont sous les latitudes moyennes, comme les hautes pressions; sous l'équateur règnent des températures et des pressions plus basses; enfin, sous les latitudes basses, se trouvent les chiffres les plus faibles. Seulement, les températures les plus élevées sont plus à l'ouest que les centres de hautes pressions.

3. Les parties des océans situées au delà du 50° de Lat. N. présentent une stratification thermique spéciale décrite par M. O. Petterson. V. la Géographie, XII, 3, 1906, p. 173.

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