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teur moyenne de 1 000 mètres forme le noyau de l'île; au sud le plus haut, sommet est le mont Ross (1900 m.); au nord la chaîne se termine par le mont Richards (1 200 m.). Les sommets sont couverts de névés, il en descend des glaciers dont quelques-uns atteignent le niveau de la mer. La ligne des neiges se tient à 600-700 mètres d'altitude.

A part les dépôts glaciaires, qui n'atteignent jamais une grande épaisseur, le sol de Kerguelen est formé presque exclusivement de roches volcaniques; ce sont surtout des basaltes, où sont intercalés des bancs de tuf et de conglomérats. Les rochers qui dépassent les névés semblent également formés de basalte; seul le mont Ross a un autre aspect et paraît être un ancien cratère. Au nord, on trouve des lits de charbon intercalés entre les basaltes, ils renferment des conifères fossiles (Araucarites ou Cupressoxylon). Cette formation basaltique paraît tertiaire; en tout cas elle est plus ancienne que la dernière grande glaciation, dont les dépôts la recouvrent partout.

La rudesse du climat et la violence du vent empêchent, sauf dans les dépressions, le dépôt de produits de désagrégation, de sorte que, avec ses rochers dénudés, le paysage a un aspect désertique.

L'ile Heard, située au sud-est de Kerguelen, sur la même plate-forme, a 46 sur 16 kilomètres d'étendue. Elle est formée presque exclusivement par le mont Empereur-Guillaume, dont l'altitude est de 1800 mètres, et qui est couvert de glaciers jusqu'au niveau de la mer. Il est séparé, par une petite vallée sablonneuse, d'une montagne plus basse située au nord-ouest. Au nord se trouve une presqu'île couverte de formations volcaniques récentes.

L'ile de la Possession, la plus grande du groupe Crozet, est presque carrée et a 33 sur 18 kilomètres. Elle renferme une crête montagneuse d'une altitude de 1500 mètres. La partie sud-est de l'île, visitée par l'expédition, se compose de basaltes et de conglomérats. On y trouve un cratère récent. Il n'y a pas de traces glaciaires, ce qui indique peut-être que les formations volcaniques de l'île sont postérieures à la grande extension des glaces.

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Le climat de Kerguelen est franchement marin. La différence entre les températures moyennes du mois le plus chaud (février) et du mois le plus froid (juillet) ne dépasse pas 6o,5. Le minimum absolu est de 10°; le maximum absolu, +20°. La température moyenne de l'année est de 3o,1. L'humidité relative est grande et les précipitations sont abondantes, surtout en hiver. L'expédition a observé des chutes de neige pendant tous les mois de l'année; mais la neige ne persiste toute l'année que sur les hauteurs. Le ciel n'a été vu entièrement dégagé de nuages que pendant sept jours par an.

Les tempêtes sont fréquentes, surtout au printemps et en été. Les vents dominants viennent de l'ouest et du nord-ouest. Les deux facteurs qui influencent le plus la géographie botanique de Kerguelen sont le vent et la basse température de l'été.

On rencontre à Kerguelen les trois formations végétales suivantes : le désert, avec quelques plantes isolées; la toundra avec une couverture végétale régulière mais lacunaire; enfin la lande, dont le tapis végétal est presque continu.

Le désert se trouve dans les localités les plus exposées au vent, sur les versants de l'ouest et du nord-ouest couverts de dépôts glaciaires, sur les plateaux à détritus mobiles, et sur les bords sablonneux des lacs.

Dans les endroits plus abrités et à sol plus profond on rencontre la toundra ou la lande. Deux végétaux caractérisent la flore de Kerguelen une Rosacée, Acæna ascendens Vahl. et une Ombellifère, Azorella selago Hook. Elles arrivent à former des tapis continus, dans les endroits les mieux ensoleillés et les mieux abrités du vent. Les touffes d'Azorella atteignent 0 m. 30 à 1 mètre de diamètre et sont plus ou moins espacées. Lorsque le sol est profond, elles peuvent avoir plusieurs mètres de diamètre et devenir à peu près contiguës. Sur les versants des montagnes, les détritus s'accumulent en arrière de ces touffes de façon à former de petites terrasses, ou les marches d'un escalier.

Cette forme en touffes est particulièrement convenable pour s'opposer à l'action mécanique et desséchante du vent. On la rencontre chez les plantes des hautes latitudes, des montagnes et des rivages maritimes. Une Caryophyllée, Lyallia kerguelensis Hook, forme des touffes de la grosseur de la tête, et se rencontre avec A sorella; mais elle est assez rare, de même qu'une autre Caryophyllée, Colobanthus kerguelensis, dont les touffes sont encore plus petites.

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Dans le désert et la toundra on rencontre deux Graminées, Poa kerguelensis Steudel et Festuca erecta d'Urv. La première constitue des touffes de 0 m. 04 de hauteur, surmontées par les épis; la seconde, beaucoup plus haute, ne forme pas de touffes denses. Elle a des feuilles rudes comme les herbes xérophiles des steppes. Une petite Graminée, Agrostis antarctica Hook, s'établit souvent sur les grandes touffes d'Azorella. On trouve également deux Lycopodes, Lycopodium saururus Lamck. et L. magellanicum Hook.

Une autre plante caractéristique de la formation à Azorella est une Crucifère, le chou de Kerguelen, Pringlea antiscorbutica R. Br. Ce sont des rosettes de feuilles, portées sur une tige élevée souvent de plus de 1 mètre. Cette plante affectionne l'humidité et ne se rencontre en abondance que dans le voisinage des lacs ou de la mer.

La plante qui accompagne toujours Azorella est un arbuste rampant, Acæna ascendens Vahl. Il n'a que 0 m. 01 à 0 m. 05 de hauteur, mais il peut atteindre 0 m. 30 dans les endroits abrités du vent. Au milieu d'Azorella et d'Acæna on trouve Montia fontana L., Ranunculus biternatus Sm., Galium antarcticum Hook. Le Cerastium triviale Link. paraît avoir été importé. Beaucoup de ces plantes croissent à l'abri des grandes touffes d'Azorella.

Les Mousses constituent une part importante de la flore de Kerguelen. Dans la toundra, elles forment des tapis qui recouvrent le sol entre les Phanérogames. Les Lichens jouent un rôle surtout dans les parties désertiques, où ils recouvrent les rochers.

La distribution d'Acana est remarquable cette plante apparaît partout en compagnie d'Azorella et s'établit même sur les touffes de celle ci. Mais, sur la côte et jusqu'à un kilomètre dans l'intérieur des terres, Acæna remplace presque entièrement Azorella. Or, dans les îlots, même les plus rapprochés de Kerguelen, il en est tout

autrement: Azorella est toujours la plante dominante et Acæna joue, comme dans l'intérieur de la grande terre, un rôle subordonné. Il est, d'autre part, à noter que, sur les rivages de Kerguelen, on rencontre, sous les Acana, les restes d'un tapis d'Azorella transformé en tourbe; c'est précisément dans cette tourbe que certains oiseaux creusent leurs nids.

Un pareil changement dans la végétation est donc tout récent et ne peut avoir une cause climatique. D'après M. Werth, ce seraient les lapins débarqués en 1874 par l'expédition de la Vénus qui auraient causé cette dissémination de l'Acæna. Le fruit de cette plante porte, en effet, quatre crochets qui se fixent facilement dans la fourrure des mammifères et qui permettent ainsi son transport. Or, les lapins se sont multipliés surtout dans le voisinage de la mer. Ils se nourrissent principalement de Graminées et du chou de Kerguelen, ce qui rend le champ libre au développement de l'Acæna. En hiver les Algues (Macrocystis) rejetées sur le rivage forment le fond de leur alimentation; c'est ce qui les empêche de s'éloigner de la mer. Sur les îlots, où les lapins n'ont pas accès, on rencontre souvent une formation végétale caractérisée surtout par Pringlea antiscorbutica, et, en seconde ligne, par une Graminée, Poa Cookii. Le sol de ces îlots est fertilisé par les excréments des Otaries et des oiseaux de mer.

En somme, avant l'introduction des lapins, sur les côtes où l'humidité est plus grande, à la lande à Azorella se mêlaient de nombreuses Pringlea, comme dans les îlots. Cette association a ensuite été refoulée par les Acana, tandis qu'à l'intérieur on trouve toujours la formation à Azorella, avec ses trois degrés typiques, désert, toundra et lande.

Bien entendu les associations végétales subissent des modifications dues au sol, et à ce point de vue on peut distinguer les rochers, les marais et les rivages maritimes. Mais ce serait sortir de notre cadre que de donner les listes des plantes qui croissent dans ces trois stations.

Dans une excursion à l'ile de la Possession, M. Werth a trouvé la même flore qu'à Kerguelen, notamment Azorella, Acæna, Ranunculus biternatus, Galium antarcticum, Poa Cookii et Pringlea antiscorbutica.

A l'ile Heard, règne également la formation à Azorella; mais Acæna fait défaut. Cette absence ne peut guère être attribuée au climat; car, dans la Géorgie du sud, où la température annuelle n'est que de 1°,4, on trouve, outre Acana ascendens, encore une autre espèce de la même famille. A l'ile Heard, Azorella est accompagnée surtout de Poa Cookii; Pringlea, Colobanthus et Poa kerguelensis sont disséminés entre ces deux plantes. Dr L. LALOY.

Départ de l'expédition antarctique française. L'expédition antarctique fran çaise, commandée par le Dr Jean Charcot et montée sur le Pourquoi-Pas? a appareillé du Havre le 15 août.

De nombreuses personnalités avaient tenu à apporter tous leurs vœux au chef de l'expédition et à ses collaborateurs. Le ministre de la Marine était représenté par un délégué, et, M. Doumer auquel revient l'honneur d'avoir assuré l'organisation matérielle de l'expédition, avait tenu à assister au départ. Le baron Jules

de Guerne a apporté au D' Charcot et à ses compagnons les vœux de la Société de Géographie et le commandeur Guido Cora, ceux de la Société de Géographie d'Italie. Plusieurs membres de la Commission centrale dont M. Jules Girard, toujours si dévoué aux expéditions polaires et océanographiques, étaient également venus serrer la main des explorateurs.

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La veille, un punch avait été offert par la municipalité du Havre à l'état-major et à l'équipage de l'expédition.

Du Havre le Pourquoi Pas? a fait route vers Cherbourg pour embarquer le charbon mis libéralement à la disposition de l'expédition par décision du ministre de la Marine. Malheureusement deux jours après, s'établissait le régime de coups de vent d'ouest et de sud-ouest qui a caractérisé la seconde moitié d'août et pendant quinze jours l'expédition fut retenue au mouillage. C'est qu'avec l'énorme gréement qu'ils portent les navires destinés à la navigation dans les glaces ne peuvent avancer à la vapeur contre les vents violents.

Le baromètre s'étant relevé le 31 août, l'expédition appareilla, et, le lendemain elle était assaillie par l'ouragan qui a balayé toutes les côtes de l'ouest.

Le Pourquoi-Pas? a réussi à se réfugier à Guernesey. Cette sortie par la tempête a eu le bon résultat de prouver à l'expédition qu'elle possédait un bateau très marin.

Le 5 septembre l'expédition a quitté Guernesey, à destination de Madère, où elle est heureusement arrivée le 12 septembre.

CHARLES RABOT.
OCEANOGRAPHIE

Hydrographie de la partie nord-est de l'océan Atlantique1. M. Nielsen résume et coordonne les observations faites par le Thor dans les trois campagne d'été de 1903 à 1905 au sud de la ligne Islande-Færöer et à l'ouest des îles Britanniques. Au sud de l'Islande une couche d'eau de surface épaisse de 800 mètres présente une salinité constante de 35,25 p. 1000. A l'exception de la couche la plus superficielle, qui se réchauffe pendant l'été, la température varie fort peu dans le sens vertical et reste comprise entre 8° et 7°. Dans le sens horizontal ses variations sont extrêmement faibles. On peut en conclure qu'il y a dans cette couche d'eau, durant l'hiver, des courants de convection qui entretiennent la constance de sa température et de sa salinité. Si les mesures anciennes n'indiquent pas des températures aussi constantes, le fait peut être dû à ce qu'elles ont été prises à un moment où les courants de convection avaient cessé, et où l'arrivée d'eau provenant de latitudes plus basses avait provoqué un relèvement de la température dans les couches superficielles.

A la surface, la température qui est de 7° à 8° durant l'hiver, s'élève à 12° en été; en même temps les eaux moins salées qu'on rencontre à l'ouest du courant chaud se répandent en couche mince à la surface et se mêlent graduellement aux eaux salées. Par suite, jusqu'à la profondeur de 100 mètres, la salinité décroît légèrement; mais cette diminution n'est que de 0,1 à 0,2 p. 1000. Ce phénomène s'observe en septembre et octobre sur la ligne Islande-Færöer.

Entre cette couche à faibles variations de température et celle du fond, où les variations sont de nouveau faibles, il y a une couche où la température s'abaisse de 7° à 4°. Son épaisseur varie suivant la profondeur. Lorsque celle-ci est de 2000 mètres, l'épaisseur de la couche intermédiaire est de 500-600 mètres; mais dans les parties peu profondes de l'est du bassin, son épaisseur est très faible.

Le fond a une température de 3o et une salinité de 35 p. 1000. La température s'abaisse à l'ouest du seuil Islande-Færöer, et, comme cette même température (1o-2o) se retrouve à une profondeur relativement faible, on peut en conclure qu'un courant froid venu du nord se déverse par-dessus ce seuil.

Les bancs des Færöer séparent les masses d'eau qui coulent à l'est et à l'ouest du haut-fond de Rockall. Des deux côtés de ces bancs il y a, en effet, des différences

1. J.-N. Nielsen, Contribution to the hydrography of the north-eastern part of the Atlantic Ocean, in Meddelelser fra Kommissionen for havundersögelser. Serie Hydrografi. B. I, no9. Copenhague, 1907 (3 Pl.).

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