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GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE L'AFRIQUE OCCIDEN TALE FRANÇAISE. Matériaux pour la géologie et la minéralogie de l'Afrique occidentale française. I. Etat actuel de nos connaissances sur les formations sédimentaires de l'Afrique occidentale tropicale, par J. CHAUTARD. Gorée, 1906, in-8 de 15 p. (Auteur.)

GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE. Colonie du Sénégal. Rapport d'ensemble sur la situation politique, administrative, financière et économique et sur le fonctionnement des divers services pendant l'année 1904. Saint-Louis, 1906, in-8 de 164 p.

(Gouvernement général.)

L'archiviste-bibliothécaire: HENRI FROIDEVAUX.

Le gérant P. BOUCHEZ.

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Les derniers jours d'Herculanum

et de Pompéi

Interprétés à l'aide de quelques phénomènes récents du volcanisme'.

Deux retentissantes catastrophes, qui se sont succédé à peu d'années d'intervalle aux Antilles et en Italie, ont appelé l'attention de tous sur les grands phénomènes du volcanisme, posé quelques problèmes nouveaux, permis d'approcher de la solution de plusieurs autres depuis longtemps discutés.

Elles ont en outre rajeuni une question, qui intéresse les historiens, les archéologues, les artistes, presque autant que les géologues, je veux parler de la destruction d'Herculanum et de Pompéi.

Après avoir, pendant de longs mois, suivi sur le vif les diverses étapes des récentes éruptions de la Montagne Pelée et du Vésuve, je me suis proposé de rechercher dans quelle mesure elles peuvent éclairer l'histoire des derniers jours des villes mortes de la Campanie.

Une éruption volcanique consiste dans l'émission, ordinairement violente, de gaz, de vapeurs, de matériaux fondus venant de la profondeur et s'échappant d'une fissure ouverte dans le sol, dont les débris sont eux-mêmes entraînés.

L'éruption du Vésuve en 1906 a fourni un exemple remarquable de la réunion des phénomènes destructeurs les plus habituels du volcanisme, ceux dus à une effusion de lave et ceux produits par de violentes explosions.

Le 7 avril, vers le soir, une fissure s'ouvre à la base du cône, livrant passage à un afflux considérable de lave qui, après avoir franchi rapidement. les hauteurs désertes du volcan, arrive dans la zone des cultures, puis pénètre dans le bourg de Boscotrecase, renversant ou envahissant les maisons, faisant

1. Lecture faite par M. A. Lacroix, comme délégué de l'Académie des Sciences à la Réunion annuelle des cinq Académies de l'Institut de France (24 octobre).

2. Cette éruption, du même type que celle de 1872, a terminé un long cycle d'activité modérée presque continue, commencé en décembre 1875. J'en ai donné la description détaillée dans la Revue générale des Sciences du 30 octobre et du 15 novembre 1906 (L'Eruption du Vésuve en avril 1906).

LA GEOGRAPHIE. T. XVIII, 1908.

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en quelques heures un vaste désert noir et scoriacé d'une verte et populeuse contrée. Presque tous les habitants avaient eu le temps de s'enfuir.

Dans la même soirée, après de violentes détonations, des projections de matières incandescentes s'élèvent du cratère à de si brefs intervalles, qu'elles semblent continues et forment de monstrueuses fontaines de feu; le sommet

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de la montagne est entièrement embrasé. Vers onze heures, le volcan se calme pendant quelques minutes, mais bientôt les explosions reprennent avec une violence sans cesse grandissante; le spectacle est changé. Le jet lumineux fait place à une énorme colonne de sombres volutes (fig. 15), que zèbrent d'immenses éclairs.

Passé minuit, un mouvement du sol ébranle toutes les communes vésuviennes. Depuis quelques heures, des lapilli tombaient sur les flancs nord et nord-est du volcan, menaçant les petites villes d'Ottajano et de San-Giuseppe. Cette chute de pierres devient de plus en plus intense. Les malheureux habitants s'affolent; dans la nuit épaisse, à la seule lueur des éclairs, les plus prudents abandonnent leurs demeures; sous une grêle de projectiles, ils cherchent

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et trouvent leur salut dans la fuite; les hésitants, les craintifs, les malades s'enferment au contraire dans leurs maisons ; d'autres, plus malavisés encore, courent se réfugier dans les églises.

Sous le choc des lapilli, les vitres volent en éclats, les toitures, surchargées par les matériaux qui s'y accumulent, fléchissent, puis s'effondrent (fig. 16), entraînant avec elles les étages inférieurs ou des pans de murs, ensevelissant sous leurs débris 200 malheureux; 94 d'entre eux sont écrasés dans la seule église de San-Giuseppe.

1. Les explosions vulcaniennes sont celles qui entrainent des matériaux entièrement ou presque entièrement consolidés, tandis que les explosions stromboliennes rejettent du magma fluide et par suite incandescent.

Vers l'aube, les lapilli sont remplacés par de la poussière fine, qui tombe sans trêve pendant de nombreux jours encore.

Au cours de l'éruption, le sol a été recouvert par près d'un mètre de petites scories noires, dont la structure chaotique contraste avec celle de la cendre fine, régulièrement stratifiée, qui la recouvre. Le volcan a projeté dans les airs 150 mètres de son sommet; ses parois se sont effondrées dans un gouffre large et profond. La cendre fine n'est autre chose que le produit de leur pulvérisation par les explosions successives.

Jusqu'en 1902, ce type de phénomène destructeur paraissait être le seul à redouter d'une explo

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sion volcanique. A

cette date, la Montagne Pelée en a brutalement introduit dans la science1 un nouveau et plus redoutable

encore.

Cette montagne était considérée comme un volcan à peu près éteint. A son pied était bàti, dans un site enchanteur, SaintPierre, ville d'affaires

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et de plaisir, Saint-Pierre, dont parlent en termes enthousiastes et émus tous ceux qui ont visité jadis le beau pays qu'est la Martinique.

Au début d'avril, des signes précurseurs d'activité se manifestent dans le vieux cratère de l'Étang-Sec; des projections de cendres fines ne tardent pas à se produire, elles deviennent bientôt plus intenses. D'objet de curiosité qu'il était tout d'abord, le réveil du volcan commence à se transformer en sujet d'inquiétude; des symptômes plus graves se précipitent. Nous sommes à la vieille de la catastrophe.

Le soir du 8 mai, un navire étrange entrait dans le port de Sainte-Lucie, petite île située au sud de la Martinique; c'était une coque de fer, dépouillée de ses mâts, fumant de toutes parts, bien que paraissant revêtue d'un manteau de neige. Sur son pont, encombré de débris, se traînaient avec peine quelques loques humaines.

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Qui êtes-vous et d'où venez-vous? » cria-t-on de la foule anxieuse, amassée sur les quais.

1. A. Lacroix. La Montagne Pelée et ses éruptions. 1 vol. in-4° 662 p., avec 31 planches. Masson, Paris, 1904, et La Montagne Pelée après ses éruptions, 1 vol. in-4, Masson, Paris, 1908. Les figures de cet article sont empruntées à ces ouvrages.

<< Ne nous reconnaissez-vous pas, répondit une voix angoissée, sortant de ce vaisseau fantôme? Nous venons des portes de l'enfer. Vous pouvez télégraphier au monde que Saint-Pierre n'existe plus! >>

Ce n'est point là un conte d'Edgar Poë; c'est une histoire véridique, celle du commandant du Roddam, ramenant du port de Saint-Pierre son équipage réduit à quelques mourants, derniers témoins d'un drame invraisemblable, mais cependant vrai.

Le matin de ce même jour, vers huit heures, alors qu'une haute colonne

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de vapeurs et de cendres s'élevait dans un ciel pur, un formidable grondement s'était fait subitement entendre, et du cratère était partie, dans la direction de la plaine, une masse énorme, grise, à aspect moutonné, sillonnée d'éclairs. Elle bondit sur la ville; sous son choc, tous les navires en rade furent coulés ou donnèrent de la bande; puis ce fut une obscurité brûlante. Cette étrange nuée balaya la ville de son souffle embrasé pour s'arrêter à quelques kilomètres plus loin, repoussée par un violent vent de retour.

On a raconté qu'un matelot précipité à la mer, après avoir plongé à plusieurs reprises pour échapper aux brûlures de la cendre, constata avec stupeur, une fois revenu à lui, que la ville n'existait plus. Ce récit est à peine exagéré.

La nuée n'avait pas mis une minute pour effectuer sa course et exercer ses ravages; la majeure partie de la cité, la plus rapprochée du volcan, avait complètement disparu; elle était transformée en une plaine ondulée, couverte

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