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des bois Bucherotte, Bouchot, Feuillée; -son défrichement les Ichards, qui est la forme morvandelle des Essarts.

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FIG. 1. EXTENSION DES FORMES TOPONYMIQUES EN MORVAN.

Les nombreuses essences de la sylve médiévale, qui couvrait plus de 25 p. 100 du territoire, ont abondamment fourni au vocabulaire populaire. Les sous

bois ont donné Genêts, Genièvres, l'Airelle, le Pouriau. Les buis ont laissé Buissotte, les Buis, Bussy et surtout Bussière. Les bruyères ont donné le nom au hameau des Bruyères et aux communes de Saint-Léger-de-Fourche et de Saint-Léger-du-Fougeret'.

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Les sapins, plantés dans la dernière moitié du XIXe siècle, ne sont représentés que par une forme les Sapins; les châtaigniers sont localisés au sud-ouest avec Châtaigniers, Châtaigneraie. Le Frène a donné : Fragnot, les Mouilles-deFrêne; l'orme a fixé le nom d'un chef-lieu de canton, ancien fief de Segiunus ab ulmo2. Le chêne a une nomenclature plus riche, soit seul : Enchêne, la GrandeChêne, soit accouplé : Chêne-Bouton, Chêne-Cougnard, Chêne-Rocroy. Ces dénominations sont plus fréquentes sur les tufs porphyriques dont la richesse en apatite porte les plus beaux spécimens. Par contre, le hêtre, l'arbre du Morvan granitique, si important par le commerce de la moulée, ne se signale que par la Faye, Faye dérivé de Fayard, son nom populaire. Le tilleul a fourni Tillot, Thil-sur-Arroux, Précy-sous-Thil, Vic-sous-Thil, Aisy-sousThil, localités qui voisinent avec les calcaires plus secs de l'Auxois. Les essences qui se plaisent dans l'humidité du sol ont naturellement donné aux habitats humains le plus grand nombre de vocables. Les saules sont représentés par Saulières. Les aulnes qui tapissent le marais ou vernis 3, résultat des innombrables petites sources qui imbibent les vallons et les creux, ont par leurs dérivés, une grande extension. On les rencontre sur tous les massifs anciens, plus rarement près des gneiss granitisés et des calcaires de la zone bordière. Ces dénominations aux orthographes les plus variées : Verne, Vernée, Vernes, Vernage, Vernais, Vernets, Vernoi, Vernois, Vernoy, s'appliquent également aux étangs, aux ruisseaux, aux bois, aux groupements humains. Par ailleurs, ces appellations tirées du sol ou de la forêt ont été empruntées pour qualifier les personnes : de Léchenault, du Verne, des Essarts, de la Forêt, la particule étant jointe ou séparée du nom propre, abstraction faite de toute idée nobiliaire.

Les formes les plus riches de la toponymie morvandelle sont celles qui ont pour origine les noms des propriétaires du sol. De tout temps, le Morvandeau fut un rural d'autant plus opiniàtre à fixer ses droits qu'il avait eu plus de peine à arracher à la terre ce qui était nécessaire à sa rude existence. Sans discuter les théories très douteuses qui attribuent aux invasions certains des peuplements de la lisière occidentale, Sarmages aux Sarmales, Chaumard aux Chaumarois", il est certain que les Romains pénétrèrent sur le massif. Le réseau routier fut

1. Berthoud et L. Matruchot, Loc. cit., 1905, p. 63. Fourche, Fougeret viennent de Fulchis, Fourche, qui désignent la bruyère dans la région morvandelle.

2. Armand Billaud, Un coin du Morvan. Clamecy, Dervignes, 1904, p. 15.

3. Berthoud et L. Matruchot, Loc. cit., 1905, p. 71.

4. Vidal de la Blache, Tableau de la Géographie de la France, in Lavisse, Histoire de France. Paris, Hachette, 1903, p. 113.

5. D E. Bogros, Loc. cit., p. 62.

leur œuvre. Les noms en Y de la Nièvre (plus de 550, si on compte les hameaux) viennent des gentilices gallo-romains en ius auxquels on a ajouté le suffixe acus. Corancy, Chassy, Précy, Marigny, Montigny, Alligny, Issy, ont eu ces origines'. Par contre, le suffixe ville qui termine tant de noms propres en France, principalement en Normandie, serait complètement inconnu en Morvan, si on ne pouvait citer, Lautreville (commune de Saint-Germain-des Champs). On le rencontre parfois en préfixe: Villurbain (commune de Saint-André). Un bourg et plusieurs hameaux portent le nom de Villiers.

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Les traces du christianisme sont plus certaines. Le dictionnaire de Joanne' a relevé en France un nom de saint pour huit communes; le Morvan en compte un pour six. Saint-Léger y est représenté trois fois, Saint-Didier et Saint-Germain deux fois chacun. On trouve, en outre, Dammartin, Lucenayl'Évêque, Issy-l'Évêque qui sont de la même époque. Cette toponymie ne pénétra pas dans le haut Morvan. Sans doute, la conquête chrétienne futelle arrêtée « dans ce pays de démons et de loups » par l'absence de routes au milieu de la forêt accaparante. C'est des contrées plus riches, du calcaire oriental et des schistes permiens que devait venir le christianisme. Aujourd'hui les noms de saint sont particulièrement importants, près des gneiss, sur la zone bordière du Lias et en bordure de la cuvette d'Autun. Ils y furent implantés au ive et au ve siècle par saint Prix venu de Flavigny, saint Martin parti d'Autun, saint Andoche, de Saulieu. Un faubourg d'Autun, l'église de Saulieu sont placés sous ce patronage. « Autrefois le nom d'Andoche rayonnait jusqu'au delà de la plaine de Saulieu... va donc espèce d'Andoche! quel Andoche! Ainsi être un Andoche pour le Bourguignon de la côte, c'est être un Morvandeau de terre béotienne. Cela, il faut le dire, devait être la gloire pour

un saint'. >>

Des positions premières qu'ils avaient assurées, les évêques devaient pousser en avant leurs immenses ressources en argent et en hommes. Ils les employèrent à des défrichements qui leur acquirent la popularité. « Les gens d'église sont de bonnes mœurs dans cette élection (de Vézelay), écrit Vauban ". Ils vivent régulièrement. » C'est à ces travaux qu'il faut attribuer ces nombreux prieurés qui sillonnent le Morvan, et dont le nom par la suite s'attache à des hameaux entiers (communes de Luzy et de Moulins-Engilbert). Les formes telles que Dommartin, Dompière-en-Morvan, Villiers-les-Nonains, Saint-AubinBrancher, le Bois-aux-Moines, etc., peuvent se réclamer de cette époque.

1. Bulletin de Géographie historique et descriptive, 1906, n° 2, p. 164.

2. P. Joanne, Dictionnaire géographique et administratif de la France. Paris, Hachette, 1906.

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3. Deviledreau, Le Morvan. Paris. Chaudron, 1903, p. 8; et aussi V. Petit, Description des villes et campagnes du département de l'Yonne. Auxerre, 1870, p. 18.

4. Morton Fullerton, Terres françaises, in Revue de Paris, 1905, p. 808.

5. Vauban, Description géographique de l'élection de Vézelay, 1696. Réimprimé en 1881 à Paris, Imprimerie Nationale, p. 104.

Les nombreux hameaux à noms collectifs qui sillonnent le Morvan, tels que les Gros, les Guénifets, les Amands, les Pompons, les Ichards, les Dués, les Blandins, les Lamberts, etc., ont la même origine. C'est vers 1136 que les moines de Saint-Aignan et de Saint-Léger du Fougeret trouvant « des colons laborieux, leur donnèrent des terres à défricher, moyennant une rente annuelle de deux sous par journal et la dime de toutes les céréales à raison d'une gerbe sur vingt. Ces gens travaillèrent avec activité, défrichèrent les landes et bâtirent des chaumières, auxquelles ils donnèrent leurs noms ». Plus tard, les grands seigneurs suivirent cet exemple. « Les hameaux situés dans les bois de Chastellux n'étaient encore au XVIe siècle qu'un lieu désert et couvert de broussailles... En 1612, Olivier de Chastellux ayant mené une colonie de Picards de la Thiérarche, pays ruiné par les guerres, leur distribua les terrains incultes à charge de les défricher, de s'y bâtir des maisons et de lui payer une livre de belle main par argent en tierce.... C'est ainsi qu'ont été fondés les Mathieux, les Lavaux, les Champs de Bournoux* ». Par la suite, selon l'ancien établissement du ménage des champs en ce pays de Nivernais, plusieurs personnes s'assemblèrent en une famille pour démener un ménage qui est fort laborieux et consiste en plusieurs fonctions en ce pays qui de soi est de culture malaisée ». L'unité de culture ne fut pas la ferme, mais le hameau*. La communauté taisible, qui disparut avec le Code civil, fut la conséquence de ces conditions économiques. Aujourd'hui encore, le hameau des Paquelins (commune d'Arleux) n'est habité que par des familles portant le nom de Paquelins. Il en est de même des Bariauts, des Robins, des Bouchoux, des Barbauds, autour de la commune de Roussillon-en-Morvan. L'extension géographique de cette forme se trouve par le fait même de ses origines, dans l'aire des noms en saint et dans le voisinage des châteaux. S'appliquant uniquement à des groupements humains, elle se trouve limitée au nord par le château de Chastellux et la commune de Saint-Aignan; au sud le long de la cuvette permienne entre Luzy et Saint-Didier-sur-Arroux; à l'ouest, aux environs de Préporché; à l'est, par le ruisseau de la Selle. Mais c'est surtout dans le haut Morvan, que la grande forêt du Moyen Age devait permettre aux colons les peuplements qui convenaient le mieux à leur activité. Arleux, Montsauche, Roussillon-en-Morvan, La Rochemillay, Saint-Léger sont les centres autour desquels ces dénominations sont les plus prospères et les plus nombreuses.

La forme la plus récente de la toponymie morvandelle est constituée par le terme huis, suivi du nom du propriétaire. « Comme en Normandie, villa

1. Abbé Baudiau, Loc. cit. vol. II, p. 115.

2. Abbé Baudiau, Loc. cit. vol. II, p. 145.

3. Journal des Economistes, Paris, 1859, p. 49.

4. V. un article du Geographical Journal, janvier 1907. Sur les champs en commun dans l'Angle

terre.

forme la terminaison d'une foule de localités, l'huis, c'est une métonymie, la partie pour le tout, l'huis la porte pour la maison: l'Huis-au-Page, l'HuisBréchard, l'Huis-au-Fiot, l'Huis-Dupin, sont autant de hameaux fondés par Lepage, Bréchard, le Fiot, Dupin' ». C'est une appellation toute morvandelle. Le dictionnaire de Soultrait en compte 134 pour le département de la Nièvre seul. Le Dictionnaire des Postes n'en indique point hors du Morvan. A part trois huis sur le calcaire du Bazois, à proximité de la faille-limite, la grosse majorité est sise sur les rochers granitiques. La commune de Brassy en compte, pour sa part, plus de 13 spécimens. Le gneiss, près de Saint-Andréen-Morvan, le gneiss granitisé près de Saulieu et de Brassy-en-Morvan en supportent quelques exemples. Cette dénomination assimilable au hofen-court allemand est certainement post-carolingienne. D'après certains auteurs' elle est contemporaine de l'incendie de Château-Chinon par Charles le Téméraire qui distribua à ses compagnons les territoires conquis. Soultrait, dans son Dictionnaire topographique de la Nièvre, a retrouvé certaines formes remontant au xv siècle; on écrivait alors Lhuye; Lhuis est du xvIIe siècle, c'est l'orthographe de Cassini; la carte de l'État-Major porte huis. Cette toponymie s'applique généralement à un groupe de trois ou quatre maisons; elle est exclusive de la région des fermes. Dans toute la série, nous n'avons trouvé que quelques exemplaires qui ne soient pas suivis d'un nom d'homme; tels sont l'Huis-au-Rué, l'Huis-des-Brosses, l'Huis-des-Meuniers, l'Huis-des-Rats : ce sont les dénominations les plus récentes. Elles ne sont plus usitées; par contre on désigne souvent une maison par le nom de son propriétaire, précédé de chez chez Duverdier, chez les gens du Fond, chez Jacques Claix.

De la même époque date la forme hate, synonyme de champ. Elle désigne aussi bien un pré, un bois, mais le plus souvent un hameau plus grand qu'un huis. Aussi est-elle rarement suivie d'un nom humain : l'Hâte-ausergent, l'Hâte-Perrault. L'extension de l'Hàte ou mieux de les Hâtes, est plus orientale que la forme huis. Elle se confond à l'est avec la région du Lias, la contrée des Fermes.

Telles sont les formes les plus fréquentes de la toponymie du Morvan. L'explication de leur emplacement se trouve presque toujours dans la topographie du sol, sa mise en valeur ou dans l'histoire de sa propriété. Un coup d'œil sur la carte jointe à cette étude suffit pour se rendre compte de la façon dont les saints, qui nous font remonter à l'époque de la colonisation la plus ancienne, sont répartis à la périphérie du haut pays, tandis que les huis s'allongent le

1. Dupin, Loc. cit., p. 31.

2. De Soultrait, Dictionnaire topographique de la Nièvre. Paris, 1865.

3. Meitzen, Siedelung und Agrauvesen der West-Germanen und Ost-Germanen, etc. Berlin, W. Hertz, 3 vol., vol. I, p. 450.

4. A. Billaud, Loc. cit., p. 121.

5. Belgrand, Loc cit., p. 25, et L. Matruchot, Notes sur les voies romaines du département de la Côte-d'Or, in Bulletin des Sciences de Semur, 1905.

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