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constructions, en ont entraîné d'autres'. L'étude minéralogique du tuf ne laisse aucun doute sur son mode de formation et fournit par suite une démonstration sans répli

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tout d'abord dans le fond de l'antique cratère et qu'elles en aient été chassées au début du paroxysme. Une phrase de la première lettre de Pline est

1. C'est ainsi que des débris de constructions: briques, tuiles, moëllons, fragments de bois, etc., et même des objets d'art, jouent dans ce tuf boueux le rôle d'éléments constituants, au même titre que les fragments de ponces ou d'autres roches volcaniques.

2. Tels sont en particulier ceux constatés à Basse-Pointe, où les maisons situées dans le basfond, à l'embouchure de la rivière, ont été ensevelies jusqu'à la toiture (fig. 23 et 24). Le cas de cette petite ville peut être très exactement comparé à celui d'Herculanum, car elle se trouvait en dehors de la zone affectée par le phénomène destructeur de Saint-Pierre. Son enlizement a été l'œuvre d'une série de crues boueuses, dont la première a commencé peu d'heures avant la catastrophe du 8 mai, alors que les autres se sont succédé au cours de plusieurs mois.

favorable à cette interprétation. Lorsque son oncle s'est approché de la côte, l'éruption durait depuis quelques heures seulement.

Déjà le fond de la mer s'était subitement élevé et la montagne en s'écroulant rendait le rivage inabordable », a écrit Pline le Jeune.

Ne s'était-il pas alors produit un fait analogue à celui constaté au début de l'éruption de la Montagne Pelée? Le 5 mai 1902, une violente explosion rejeta de l'Étang Sec un flot de boue, qui détruisit les usines, situées à l'embouchure de la vallée de la Rivière Blanche, dans une position topographique comparable à celle d'Herculanum; elle accumula sur leur emplacement un conglomérat de plusieurs mètres d'épaisseur (fig. 25) et fit gagner une trentaine de mètres au rivage.

Une semblable explication ne semble pas suffisante à elle seule; il faut quelque chose de plus des torrents boueux d'origine non cratérienne. L'abondance et les grandes dimensions des moulages de gouttes de pluie que l'on rencontre dans les cendres de Pompéi fournissent d'ailleurs la preuve que d'importantes précipitations atmosphériques se sont produites au cours de l'éruption 2.

Les ponces de Pompéi sont recouvertes par des lits de cendre et de lapilli, équivalents des cendres du paroxysme de 1906, qui résultent de la mutilation du sommet du cône par les grandes explosions. Il est donc légitime de conclure que l'éruption plinienne a, elle aussi, été caractérisée par un événement analogue. Il importe peu de prendre parti dans la discussion, encore ouverte, sur la forme du sommet du volcan au temps de Strabon. Que l'égueulement de la grande caldeira de la Somma date de cette époque ou soit plus ancien, il n'en est pas moins évident que la Somma a subi des lésions formidables en 79, car c'est d'elle que provient la plus grande partie1, sinon la totalité, des éléments des tufs d'Herculanum.

Les torrents boueux ont donc emprunté leurs éléments à ces débris du vieux sol; ils sont par suite nécessairement postérieurs à la fin de l'enseve

1. Celui-ci se trouvait au fond d'une vieille caldeira. Ainsi que son nom l'indique, il était généralement vide, mais il s'était rempli d'eau pluviale pendant les quelques semaines qui ont précédé l'éruption.

2. J'ai suivi à la Martinique le mode de formation de ces moulages de gouttes de pluie (La Montagne Pelée, fig. 181, p. 420), qui se sont produites aussi en abondance au Vésuve en 1906. 3. Cf. Pasquale Frano. Accad. Pontaniana, XVII, 1887; G. de Lorenzo. Zeitsch. d. d. Geol. Gesellsch., XLIX, 1897, et Bollet. geol. italiana, XVII, 1898; Enrico Cocchia. Att. R. Accad. Archeol. Lettre e Belle Arte., Napoli, XXI, 1900-1901.

4. Cette proposition s'appuie sur l'étude minéralogique et chimique des ponces à laquelle j'ai fait allusion page 287 (notes 2 et 3). J'ai montré, en effet, que les ponces de Pompéi appartiennent à une phonolite leucitique et que des roches semblables n'existent nulle part en place dans les assises de la Somma ou tout au moins que je n'ai pu les y trouver. Les ponces d'un gris un peu verdatre, dont les couches abondent dans cette montagne, correspondent à une leucittéphrite leucocrate d'un type très spécial, ce sont elles que l'on reconnaît dans les tufs d'Herculanum, quand les éléments de ceux-ci sont assez frais pour pouvoir être déterminés. Elles y sont accompagnées de leucittéphrites basiques et de tous les types de roches métamorphiques de la Somma, qui se rencontrent d'ailleurs aussi à Pompéi.

5. J'ai décrit sous le nom d'avalanche sèche un phénomène, qui s'est répété à la suite du

lissement de Pompéi. Les éruptions récentes ont montré du reste que des torrents semblables peuvent exercer encore leurs ravages longtemps après la cessation des paroxysmes'.

L'éruption de 79 ayant été d'une intensité exceptionnelle, il est naturel que des torrents boueux s'y soient produits avec une ampleur particulièrement grande. L'ensevelissement et l'enlizement simultanés ou consécutifs des deux villes antiques, bien que résultant de phénomènes distincts, nous apparaissent donc en dépendance logique l'un de l'autre.

Les différences de structure des matériaux enveloppant Pompéi et Hercu

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FIG. 25.

CONGLOMÉRAT CHAOTIQUE D'ORIGINE BOUEUSE ÉDIFIÉ SUR L'EMPLACEMENT DE L'USINE GUÉRIN A L'EMBOUCHURE DE LA RIVIÈRE BLANCHE.

lanum font comprendre la diversité d'état de conservation des objets que l'on en extrait. A Pompéi, ni les ponces, ni les cendres, transportées par voie aérienne, ne sont agglomérées; elles constituent un milieu perméable, qui a rendu facile la pénétration de l'oxygène et de l'acide carbonique de l'air, entraînés par l'eau pluviale. Aussi, les débris organiques y ont-ils en grande partie disparu; les objets métalliques se sont aisément

paroxysme de 1906 et qui, en concentrant une grande quantité de matériaux incohérents à la base du cône vésuvien, a facilité l'œuvre postérieure des torrents boueux. Les récits de l'éruption de 1822 fournissent la preuve de sa production à cette époque; il s'est probablement aussi manifesté en 1631 et en 512. Il est vraisemblable que des avalanches sèches se sont produites dans beaucoup, sinon dans tous les grands paroxysmes explosifs du Vésuve et par suite dans celui de 79. 1. Tel a été le cas pour les éruptions de Saint-Vincent et de la Martinique en 1902, du Vésuve en 1906 et depuis, il s'en est produit de désastreux, notamment il y a peu de jours, le 28 octobre 1908.

oxydés; tous ceux contenant du cuivre notamment se sont couverts de cette caractéristique patine, verte ou bleue, à surface souvent verruqueuse, qui est constituée par des carbonates basiques.

A Herculanum, au contraire, le tuf s'est immédiatement durci, grâce à une prise de la boue, comparable à celle du ciment; la consolidation a été rendue plus complète dans la suite des temps par des infiltrations de carbonate de chaux. La roche résistante ainsi formée peut être travaillée à la façon d'une pierre de taille; elle a protégé tout ce qu'elle enveloppait, aussi les objets de bronze sont-ils moins oxydés et possèdent-ils la belle patine foncée, à surface lisse, qui permet de les distinguer de ceux provenant de Pompéi. Pour la même raison, les débris de bois carbonisés par oxydation et non par le feu y abondent, et de précieux papyrus ont pu parvenir jusqu'à nous.

Je termine par une réflexion, qui est venue bien souvent à mon esprit, quand je parcourais, à quelques mois d'intervalle, les ruines fumantes de Saint-Pierre, puis les fouilles d'Herculanum et de Pompéi.

La catastrophe de l'an 79 a été un désastre pour les Campaniens, mais du moins leur mort n'a-t-elle pas été inutile; elle a eu des conséquences fructueuses pour l'humanité toute entière. Le Vésuve n'a pas seulement sauvé des merveilles de l'art d'une époque où les moindres besoins de l'existence courante se manifestaient sous une forme élégante et raffinée; grâce aux précieuses matières que sont le bronze et le marbre, les produits volcaniques ont pour ainsi dire fixé la vie antique, surprise en pleine activité, nous réservant ainsi des trésors d'observation de tout genre, que l'on chercherait vainement ailleurs. A peine a-t-on le droit de parler de destruction, quand il s'agit d'Herculanum et de Pompéi!

Par contre, rien ne rachètera pour l'avenir la mort des infortunés habitants de Saint-Pierre. Si, au lendemain du désastre, les ruines étaient restées inviolées sous leur gris linceul, si, par impossible, l'amour du sol, l'oubli d'un récent et terrible passé ne rappelaient pas les Martiniquais sur l'emplacement de la ville détruite, un explorateur, qui viendrait dans quelques milliers d'années remuer ces cendres, n'y trouverait pas grand'chose qui lui permit de juger notre époque, plus utilitaire qu'artistique. La rouille aurait depuis longtemps rongé les dernières traces du génie du siècle du fer, et avec le reste... on ne ferait pas un second musée de Naples!

A. LACROIX,

Membre de l'Institut.

Professeur au Muséum d'histoire naturelle.

Le Sine-Saloum

I. Le pays. Il s'en faut que le Sénégal réponde à une unité géographique déterminée. Rien de plus différent que les divers pays qui constituent l'ensemble de cette colonie au point qu'il est impossible de s'expliquer les conventions politiques qui en ont fixé les limites. Si le Cayor et la rive gauche du fleuve sont habités par des populations de même origine, présentent sensiblement le même aspect et tirent leurs ressources de la même culture, déjà les pays sérères donnent une autre impression tant par l'aspect général des paysages que par la manièré d'être des habitants.

Le Sine-Saloum, pourtant voisin, est encore une autre chose; le MianiOulé une troisième, car il ressemble beaucoup plus aux régions soudaniennes qu'au Sénégal dont il fait partie. Enfin, comment s'expliquer que la Cazamance située à quinze heures de mer de Dakar, coupée du Saloum par toute la largeur de la Gambie anglaise, ait été incorporée au Sénégal dont elle n'a ni le climat, ni la végétation, ni les coutumes, au point qu'il faut presque toujours, dans toute réglementation, prévoir une exception pour elle, alors qu'elle confine à la Guinée française, dont ne la distingue qu'une frontière factice et avec laquelle elle a, de par sa situation tropicale, les mêmes intérêts économiques.

L'absence de toute voie de communication rapide (le chemin de fer du Cayor date de 1887) et la rareté des pistes dans l'intérieur du pays ont permis aux différentes provinces de s'ignorer longtemps les unes des autres et de conserver leur originalité. Mais depuis dix ans un mouvement d'ensemble tend à unifier le Sénégal proprement dit, et, le chemin de fer de Thiès au Niger détruira bien vite les derniers vestiges d'une organisation curieuse et originale, mais qui n'a plus de raison d'être. Le moment est donc venu d'étudier ces régions si curieuses, et, en somme, si peu connues. Parmi les plus intéressantes, il faut citer le Sine-Saloum.

Bien que divisés historiquement en deux royaumes distincts et souvent. ennemis, on peut dire que le Sine et le Saloum sont un seul et même ensemble géographique dont les caractères géologiques et la flore les distinguent nettement du Baol et même, bien qu'à un moindre degré, des provinces sérères. C'est

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