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long des terres riches du Bazois, et que les groupements collectifs occupent le centre même du Morvan, la contrée plus récemment occupée, la région des sources et des grands bois.

La multiplicité des vocables dont l'agriculture est la base, contraste particulièrement avec le petit nombre de termes dont l'industrie ou le commerce ont pu être l'origine. Cependant, éloigné des grandes routes du royaume, isolé au milieu de ses bois, le Morvandeau a été longtemps réduit à fabriquer lui-même et pour lui-même les objets de première nécessité.

Les noms des communes de Grande-Verrière, de Petite-Verrière, celui du hameau de la Verrerie (commune de Roussillon-en-Morvan) rappellent les anciennes exploitations fondées au XVe siècle, sur l'Yonne, par les comtes de Château-Chinon; sur la Selle, par les comtes de la Tourville. Le hameau de Foulon-de-la-Roche, près de Château-Chinon, ceux de Foulon, près de Rouvray et de la Roche-en-Brénil, sont les souvenirs d'une industrie qui tissait exclusivement pour les habitants du sol un drap grossier, mais épais et solide. Au nord-ouest, aux confins du Morvan, les métiers disparurent rapidement. Ils ne pouvaient lutter avec les produits du centre de la France, importés par la grande route de Dijon à Paris. Les fabriques de Château-Chinon plus éloignées des grands centres durèrent plus longtemps. Elles fermèrent leurs portes au commencement du XVIe siècle '.

Le développement du réseau routier, des voies ferrées, ne causa pas, comme ailleurs en France, la chute de l'industrie locale. Mais en introduisant sur le massif ancien, la chaux, des engrais, des charrues plus perfectionnées, les grandes inventions du XIXe siècle confirmèrent le Morvandeau dans sa destination première. Il était et il est resté un rural dans toute la force du terme. Ce mode presque exclusif de son activité, l'exploitation du sol, se révèle dans la toponymie. A ce point de vue, elle constitue une des caractéristiques les plus évidentes de la géographie morvandelle.

LEVAINVILLE.

1. De Soultrait, Loc. cit.

Les récentes explorations du Dr Stein

en Asie centrale'

Le dernier voyage accompli par le Dr Stein dans l'Asie centrale ne présente pas moins d'intérêt que les précédents. Les régions qu'a parcourues l'infatigable archéologue anglais sont le sud du Turkestan oriental, de Yarkend au Lob-Nor, puis la partie du désert, si peu connue encore, qui s'étend entre ce lac et l'oasis du Chatcheou ou Sa-tcheou, enfin le Nan-chan central et ses confins septentrionaux'.

Parti de Kachgar en automne 1906, le Dr Stein se rencontra à Yarkend avec le topographe hindou Rai Ram Singh, qui venait d'exécuter le levé à la planchette et au théodolite de la partie encore inexplorée du Tach-kourgan et du versant oriental de la chaîne du Moustagh Ata, dans le sud-ouest du Turkestan chinois. De Yarkend, les deux voyageurs se dirigèrent vers le sud par une route nouvelle, à l'est de la rivière de Tiznaf et parvinrent dans la région montagneuse qu'habitent les Pakh-po, proches parents des Galtchas du Pamir; plusieurs fois leur itinéraire croise ici celui du voyageur russe Grombtchevsky.

Arrivé au village de Kokyar, le Dr Stein prit la direction de Khotan, tandis que le topographe hindou levait le massif dans lequel s'ouvre le col de KarlikDavan, que jadis Dauvergne avait traversé, et explorait les montagnes, entièrement inconnues, qui s'élèvent entre la haute vallée du Kara-kach et celle du Youroung-kach.

Le voyageur anglais, s'étant trouvé retenu à Khotan par la mauvaise saison, utilisa son temps à collectionner les objets intéressants que venaient lui présenter les chercheurs de trésors indigènes, puis, en compagnie de Ram Singh, il alla faire une excursion dans les glaciers imposants de la vallée de Niya et dans le massif du Karangha-tagh. Il fit également des fouilles, à l'est de Khotan, entre la fameuse stupa de Rawak qui, de plus en plus, s'enfonce dans le sable, et le temple de Hanguya-Tati. Il fut assez heureux pour découvrir de nombreux objets de style grécobouddhique, dont quelques-uns dorés. Comme beaucoup d'autres voyageurs, il

1. Dr Stein's expedition in Central Asia, in The Geographical Journal, XXIX, 1, janv. 1907, p. 31); XXX, 1, juillet 1907, p. 71 et 5, nov. 1907, p. 503; XXXI, 5, mai 1908, p. 509.

2. On peut suivre la première partie du voyage sur les cartes de Sven Hedin (Ergänzungsheft no 131, in Petermanns Mitteilungen, 1900); la seconde sur les cartes de Littledale ou dans l'Annee cartographique pour 1893 et sur les cartes des « Travaux de l'expédition en Asie Centrale (en russe) de Roborovsky de 1893 à 1895 (Saint-Pétersbourg, 1900-1901), qui peuvent servir aussi pour la troisième, avec la carte no 9 de l'ouvrage d'Obroutcheff, Tsentralnaïa Asiia, etc. (L'Asie centrale et le Nan-chan) (Saint-Pétersbourg, tome II, 1902, en russe); et l'Année cartographique pour 1901. T. XVIII, 1908.

LA GEOGRAPHIE.

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constate le développement qu'ont pris les cultures dans le Turkestan oriental et les progrès des oasis par rapport à la zone désertique.

Les ruines que l'archéologue anglais a visitées près des villages de Domoko et de Khadalik lui ont fourni de nombreux manuscrits sur papier, en sanscrit, en chinois et dans la langue «< inconnue » du vieux Khotan, ainsi que des planchettes de bois portant des inscriptions dans cette même langue et en tibétain. La plupart de ces manuscrits sont des extraits des textes bouddhiques, déposés comme offrandes. Ces ruines, dont les murs sont couverts de fresques, paraissent, d'après les monnaies qui y ont été trouvées, remonter à la fin du vin siècle de notre ère, c'est-à-dire à l'époque où la domination chinoise, sous laquelle le Turkestan avait connu la prospérité, fut brusquement remplacée par la domination tibétaine. Toutefois on y a découvert un manuscrit sanscrit sur écorce de bouleau, qui est certainement de date plus ancienne. La trouvaille la plus importante est celle d'un rouleau portant au recto un texte chinois et au verso une inscription dans cette langue inconnue dont nous avons parlé. Si, comme on peut le supposer, cette inscription se trouve être la traduction du texte chinois, on peut espérer que l'on parviendra à découvrir la clef de cette écriture en langue « inconnue ». Les ruines de Khadalik, qui sont contemporaines de celles de Dandan-Ouilik, fouillées par le Dr Stein en 1900, sont situées à 190 kilomètres environ au sud de ces dernières.

Après un court séjour à Keria, le Dr Stein se rendit au nord de Niva (Niya ?) où il trouva une trentaine de villages en ruines. Les nombreux objets usuels qu'il y découvrit permettent de reconstituer la vie journalière des populations qui habitaient ces pays il y a dix-sept siècles. L'architecture et les sculptures sur bois sont d'un pur style gréco-bouddhique; les sculptures sont dans un état de conservation parfaite. Des cordes retenant certains joints sont même restées intactes. Les manuscrits, en kharochti, sont des comptes ou des correspondances officielles ou privées. Dans les ruines d'une maison qui devait être celle d'un fonctionnaire, M. Stein a trouvé, sous un pan de mur, toute une collection de manuscrits qui semblait constituer des archives officielles.

L'atmosphère, exceptionnellement pure et claire, a permis à Rai Ram Singh de viser certains pics du Kouen-loun et même de l'Altyn-tagh, bien qu'ils fussent éloignés de 225 kilomètres dans le sud; il a pu ainsi rattacher la position de Niva (Niya) aux anciens levés qu'il avait faits dans la chaîne du Sourghak (dans l'Altyn-tagh) et prolonger, par conséquent, le système trigonométrique de l'Inde de toute l'étendue du pays compris entre la haute vallée de la rivière de Keria et les montagnes qui se dressent entre les méridiens de Tchertchen et de Tcharhhalik. Il a aussi levé à la planchette le versant nord de cette haute région et en a dressé la carte à l'échelle du 253 464.

Entre Niva et Tchertchen, le Dr Sein a découvert les ruines dont Hiouen-tsang signalait, en 645, l'existence près de la rivière d'Eudzine, et qui datent de la fin du Ie siècle. Les fouilles qu'il y fit en 1901 ne lui procurèrent que des manuscrits du viie siècle, antérieurs cependant encore à l'invasion tibétaine.

La ville et l'oasis de Tchertchen fournissent un exemple frappant des vicissitudes que subissent les centres de population dans le Turkestan oriental. En 519, un pèlerin

bouddhiste signalait Tchertchen comme une oasis pauvre, habitée par une centaine de familles seulement. Environ un siècle plus tard, Hiouen-tsang trouva de nombreuses habitations dans cette localité, mais il n'y avait plus d'habitants. Plus tard, après le rétablissement de la domination chinoise, Tchertchen est signalée comme une ville importante; Marco Polo, qui décrit la province portant ce nom, y compte plusieurs villes et de nombreux villages. Puis, au XVIe siècle, on constate la disparition, déjà ancienne probablement, de toute culture dans l'oasis. Reconstituée de nouveau par les Chinois, il y a de cela soixante-dix à quatre-vingts ans, sous la forme d'une colonie pénitentiaire, elle a pris aujourd'hui un vigoureux essor et est devenue l'une des plus prospères de la région.

Le Dr Stein a fouillé, entre Tchertchen et Tcharkhalik, des ruines que Sven Hedin avait signalées en 1895, près de la nouvelle oasis de Vachchahri. Il a fait également des fouilles près de Miran1 où il a trouvé un millier de manuscrits tibétains sur papier et sur tablettes de bois, des objets d'équipement militaire, de nombreux ustensiles de ménage, enfin de remarquables œuvres d'art. Ces der nières consistent en fresques et en bas-reliefs représentant des scènes bouddhiques avec des personnages dont le costume et les attitudes rappellent ceux de l'art grec classique. Toutes ces reliques antiques datent du vin siècle, c'est-à-dire de l'époque de l'occupation tibétaine.

A son arrivée à Abdal, sur le Lob-Nor, le Dr Stein équipa, non sans peine, une caravane pour explorer les ruines découvertes par Sven Hedin, en 1900, à sept journées au nord de cette localité.

Les petites lagunes portées sur la carte du voyageur suédois et dans lesquelles se déversaient les eaux du Tarim lors de son passage, étaient presque toutes complètement desséchées; à peine quelques-unes avaient-elles conservé un peu d'eau. Cette eau est tellement salée qu'elle ne gèle pas, même par les plus grands froids.

Le long de la route, le D' Stein trouva de nombreux outils en silex, les premiers peut-être qu'on ait signalé dans cette région, ainsi que des débris de poteries très grossières. A 15 kilomètres au sud du site des ruines, dont l'emplacement est très exactement marqué sur la carte de Sven Hedin, il découvrit des monnaies chinoises datant des premiers siècles de l'ère chrétienne. Des fouilles faites sur ce point pendant onze jours amenèrent la découverte de nombreux manuscrits tant chinois que kharochti, ce qui prouve que la civilisation indienne a pénétré jusqu'aux extrêmes limites du Turkestan, à l'est. D'après les monnaies qui y ont été trouvées, ces ruines dateraient de la fin du Ie siècle.

Après avoir congédié ses ouvriers, le Dr Stein prit, avec quelques porteurs, la direction du sud-ouest à travers le désert; il poussa ainsi jusqu'au Tarim sur les bords duquel il put recueillir de nombreux outils de l'âge de la pierre.

La partie du voyage du Dr Stein qui porte sur le pays compris entre le Lob-Nor et le Sa-tcheou offre cet intérêt particulier que depuis les voyages de Hiouen-tsang et de Marco Polo jusqu'à ces dernières années la région n'avait jamais été explorée. Aujourd'hui, la route, longue de 500 kilomètres, qui traverse cette région de l'est à

1. Miran doit être la même localité que Mian de la carte de Sven Hedin, près de laquelle Prjevalsky, signalait aussi, en 1877, des ruines situées sur la rivière de Tchagoun-Saï (J. D.).

l'ouest, est parcourue par de nombreuses caravanes transportant des objets de fabrication anglaise venus par le Cachemir. Notons que le Dr Stein a couvert cette route en dix-sept jours, avec deux journées en plus pour des haltes prolongées, tandis qu'il avait fallu à Marco Polo, au mois de janvier, vingt étapes pour effectuer ce trajet.

Durant le premier tiers de la route, on se ressent encore du voisinage du LobNor on traverse un ancien fond de lac salé. Mais plus loin, comme l'ont montré les levés de Rai Ram Singh, l'espace étroit qui sépare le Kourouk-tagh et l'Altyn-tagh a servi de passage aux eaux du Sou-lai-ho, ou rivière de Toun-houang ou de Sa-tcheou, qui s'écoulaient vers le Lob-Nor. Serrée entre des rangées de dunes très élevées au sud et le versant stérile formé de graviers du Kourouk-tagh, au nord, cette région apparaît comme un long bassin où s'alignent des chapelets de lacs salés, aujourd'hui desséchés, que séparent et entourent des terrasses argileuses très nettes et très abruptes.

Plus tard, les voyageurs purent découvrir qu'au printemps et en été une rivière assez considérable s'échappe du Khara-Nor, marqué sur les cartes, par 40°10' Lat. N. et 91o de Long. E. de Paris, comme le déversoir du Bouloundzir ou rivière du Sa-tcheou. Cette rivière roule ses eaux jusqu'à une centaine de kilomètres à l'ouest, puis se perd dans les sables, tout près des mares salées et des fonds de lacs desséchés qui prolongent à l'est le Lob-Nor1.

A la sortie de ce défilé, le Dr Stein a rencontré, à cinq journées de marche et à environ 100 kilomètres dans l'ouest de Sa-tcheou, les ruines de tours de guet reliées entre elles par une muraille et, de place en place, des magasins, des casernes et d'autres constructions. Ces ruines se prolongent tout le long de la route jusqu'à Ngan-Si (An-shi). Il n'y a pas de doute que c'est là la continuation de l'ancienne muraille de la Chine qui, on le sait, s'arrête aujourd'hui à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la porte dite Kia-yu-Kouan (Piassétsky), c'est-à-dire à peu près à 150 kilomètres au sud-est de Ngan-Si.

Le fait que ce pays fut presque inhabité pendant plusieurs siècles explique la conservation de ces ruines. On y a trouvé environ 2000 planchettes couvertes d'inscriptions chinoises; elles nous apprennent que cette muraille a été construite vers la fin du 1° siècle avant J.-C., sous l'empereur Wou-li, probablement pour protéger la Chine contre l'envahissement des hordes des Hioung-nou. Les tours et les casernes paraissent avoir été occupées par des garnisons chinoises jusqu'au milieu du Ie siècle de l'ère chrétienne. Les documents sont surtout nombreux pour la période comprise entre l'an 98 avant J.-C. et l'an 75 de notre ère; ce sont des pièces officielles et aussi des lettres privées, écrites aux fonctionnaires et aux officiers. Ces lettres nous fournissent les données les plus intéressantes sur la vie chinoise à cette époque reculée. Le pays entretenait alors des rapports suivis avec l'Inde, comme l'ont prouvé les fragments d'étoffe de soie trouvés dans les ruines dont les murs sont couverts d'inscriptions en brahmi et en karochti, et aussi les textes écrits en anciens caractères araméens, mais dans une langue qui est peut-être iranienne.

1. Il est donc probable que le Bouloundzir, qui est formé de plusieurs ruisseaux descendus du Nan-chan entre les méridiens de Ngan-Si et de Sa-tcheou, fut jadis tributaire du Lob-Nor (J. D.).

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