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Les matériaux qui ont servi à la construction de la muraille, elle consiste en un rempart d'argile consolidé par des couches régulières de fascines montrent qu'il y avait alors de la végétation dans le pays à la place du désert actuel. Ces murs sont toujours plus effrités du côté de l'est et du nord-est; les vents dominants étaient donc, au ir siècle avant J.-C., les mêmes qu'aujourd'hui.

Le Dr Stein a exploré, au sud de l'oasis de Sa-tcheou, les grottes signalées par Prjévalsky lors de son troisième voyage, en 1879-1880, et qui sont connues sous le nom des «Halles aux mille Bouddhas ». Il y a découvert de nombreuses fresques datant du vie au xe siècle de notre ère.

Le voyageur anglais a ensuite exploré les monts Nan-chan, entre les méridiens de Ngan-si et de Yu-kun-hsien.

Partant de Ngan-si avec son topographe hindou, M. Stein se dirigea d'abord droit au sud vers la chaîne qui forme la ligne de partage des eaux entre les bassins du Sou-lai-ho et la rivière de Toun-houang'. Il coupa l'itinéraire d'Obroutcheff et de Kozlov au pied de la première chaîne du Nan-chan, près du village de Kiao-tsu, et, visita les ruines d'une ville qui remontent au XIIe siècle.

Dans le défilé creusé par la rivière de Ta-chi2 dans la deuxième rangée du Nanchan, M. Stein a trouvé une « série intéressante de temples bouddhistes creusés dans le roc, servant encore aujourd'hui de lieux de pèlerinage et ressemblant comme date et comme caractère à la Halle aux mille Bouddhas, mais moins grands ». Les fresques qui couvrent les parois de ces grottes, sont d'origine hindoue et révèlent les caractères de l'art bouddhique qui florissait dans l'Inde entre les vine et XII° siècles.

Après avoir visité ces deux chaînes désertes et couronnées de glaciers, qui s'étendent à l'ouest du Sou-lai-ho, M. Stein se dirigea vers la fameuse porte de la grande muraille, le Kia-yu-Kouan. Dans son opinion cette porte serait le point de rencontre de deux tronçons de murailles, construits à des époques différentes et dans des buts également différents. Le premier, qui remonte au e siècle avant J.-C., est le prolongement de la grande muraille vers l'ouest, parallèlement à la première chaîne du Nan-chan et jusqu'au delà de Sa-tcheou. Les anciennes annales rapportent que ce rempart était destiné à protéger la route du Turkestan ainsi que les oasis de ce pays, contre les incursions des nomades du nord. Le second tronçon, qui date probablement du xvo ou du XVIe siècle, se dirigeait vers le nord, presque perpendiculairement au premier, et devait au contraire séparer le Turkestan de la Chine, qui tendait à cette époque à s'isoler de plus en plus.

Le Dr Stein explora le Nan-chan central en partant de Sou-tcheou, situé au sud de Cha-tcheou. Par delà le versant sud de la chaîne de Richthofen, il entrait en pays totalement inconnu. Les guides chinois ne dépassèrent pas la vallée qui s'ouvre entre cette chaîne et celle de Tolaï, située plus au sud. Dans cette direction on ne rencontre d'habitants, même temporaires, dans aucune des quatre chaines qui

1. C'est la rivière de Tang-ho, de la carte de Roborovsky et Kozlov.

2. C'est la rivière de Chi-bao-tcheng (Chi-pao-tcheng) qui arrose le village de Takhchi, de la carte de Roborovsky-Kozlov.

s'étendent du nord-ouest au sud-est, entre Tolaï et la dépression où gisent le Koukou-Nor et, plus à l'ouest, le Kara-Nor'.

Cette partie du Nan-Chan diffère complètement de celle de l'ouest. Au lieu de rochers dénudés, on y trouve, même à 3500 et 4000 mètres d'altitude, de vastes pâturages que parcourent de nombreux troupeaux de yacks, d'antilopes et d'ânes

sauvages.

Les trois chaînes les plus septentrionales du Nan-chan, dont les sommets atteignent de 5 500 à 5800 mètres, ont été explorées. M. Stein rapporte 650 kilomètres d'itinéraires levés entre les méridiens de Sa-tcheou et de Kan-tcheou. Tous les cours d'eau qui aboutissent à ces deux oasis, ainsi que le Soulai-ho, ont été visités jusqu'aux glaciers dont ils sortent. Autant que possible, les routes suivies ont été choisies en dehors des itinéraires des explorateurs russes Roborovsky, Koslov et Obroutcheff. La belle chaîne 2, couronnée de neiges éternelles, qui forme la ligne de partage des eaux entre les bassins du Soulai-ho et ceux du Kara-Nor et du Koukou-Nor, a été également reconnue, sur son versant nord. Elle paraît plus élevée encore que les chaînes précédentes.

De ces montagnes, on arrive à la région des sources du fleuve Ta-toung qui appartient au versant du Pacifique par le Hoeï-ho, tributaire du Hoang-ho.

Le retour dans la plaine, à Kan-tcheou, se fit à travers les trois rangées du Nanchan oriental qui sont couvertes d'épaisses forêts.

Un des résultats les plus intéressants du voyage de M. Stein est, à notre avis, la constatation des aspects divers qui caractérisent les trois parties du Nan-chan: roches nues à l'ouest, prairies au centre, forêts à l'est. On voit par là que l'action des moussons se fait sentir jusqu'à ce point de l'Asie centrale et qu'on peut localiser l'endroit où les vents chargés d'humidité viennent entrer en lutte avec la sécheresse désertique.

La région montagneuse levée pendant tout le voyage par Rai Ram Singh dépasse une étendue de 62 160 kil. carrés.

M. Stein quitta Kan-tchebu en septembre 1907. A Ngan-si, il rencontra le nouveau topographe qui lui était adjoint, Rai Lal Singh, avec lequel il partit, en octobre, pour Karachar, en passant par Hami et Tourfan. Il visita en route des ruines déjà fouillées par Grunwedel et de Lecoq. L'hiver 1907-1908 devait être consacré à l'exploration archéologique du bord septentrional du fameux désert de TaklaMakan.

J. DENIKER.

1. Deux de ces chaînes, celles d'Alexandre III et de Ghiou-ssou ou Chogholin-kam-tcheou, ont été traversées par Obroutcheff et Kozlov; mais celles qui se trouvent plus au sud étaient inconnues. L'une d'elles est peut-être le prolongement vers l'est de la chaine de Humboldt (J. D.).

2. C'est probablement le Chogolin-Namdjin de Kozlov ou Ghiou-ssou d'Obroutcheff (J. D.).

MOUVEMENT

GÉOGRAPHIQUE

EUROPE

Le 18 octobre

Sur un cas rare de visibilité du Mont Blanc à longue distance. 1907, vers trois heures de l'après-midi, les voyageurs du rapide de Marseille purent observer au sortir de la gare de Dijon le Mont Blanc visible avec une grande netteté par-dessus la chaîne du Jura. Il flottait comme suspendu dans les airs, la partie neigeuse émergeant seule. Il resta visible jusqu'au delà de Mâcon; l'observateur eut la bonne fortune de pouvoir faire constater le fait par M. Joseph Vallot qui se trouvait dans le train. C'était pourtant par un jour sans soleil et par un ciel bas, mais l'atmosphère était d'une limpidité extraordinaire, balayée par les pluies qui n'avaient pas discontinué de tout le mois d'octobre. Le Mont Blanc se voit normalement en toute saison et par temps clair depuis tout un cercle de villes telles que Lyon (160 km.), Mâcon (165 km.), Chalon-sur-Saône (185 km.), Fribourg (112 km.), mais il est extrêmement rare qu'on le voie depuis Dijon à une distance de 220 kilomètres et surtout du niveau de la ligne de chemin de fer. Le fait n'est pas sans précédent : le Mont Blanc a été vu de Dijon, mais des hauteurs qui entourent la ville, et l'observateur a jugé son observation assez rare pour la publier et dessiner la silhouette de la montagne'.

C'est ici le lieu d'indiquer deux observations de visibilité à longue distance, scientifiquement contrôlées, non plus depuis la plaine à une montagne (Dijon est à 243 mètres d'altitude seulement), mais d'un sommet à un autre sommet, de sorte que les deux altitudes s'ajoutent l'une à l'autre et que les limites de la visibilité sont reculées d'autant, le rayon visuel étant surélevé par ses deux extrémités par rapport à la courbure terrestre. La première est la visibilité du Canigou (2 783 m.) et de son voisin, le pic des Treize-Vents (2763 m.), non depuis Marseille même, mais depuis les hauteurs qui dominent la ville, Notre-Dame de la Garde (161 m. 50), à 253 kilomètres de distance, et le vieux sémaphore de Marseilleveyre (440 m.). Les Pyrénées ne peuvent être aperçues, d'ailleurs, que lorsqu'elles se projettent sous forme de tache sur le disque du soleil couchant, circonstance favorable qui ne se reproduit que deux fois par an, pour Notre-Dame de la Garde, vers le 10 février et le 25 octobre,

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1. Le Mont Blanc et les Alpes vus de Dijon, 38 p. et pl., Dijon, 1901 (sans nom d'auteur). Voir aussi H. Duhamel, Le Mont Blanc reconnu de Lyon au XVII® siècle, in Revue alpine, 1a février 1905, p. 55, et la note: « On peut attirer l'attention des voyageurs en chemin de fer sur ce fait peu connu encore, qu'on voit très nettement le Mont Blanc, depuis Màcon jusqu'à Lyon et de Lyon jusqu'au delà de Saint-André-le-Gaz sur la ligne de Grenoble ». Consulter également Jays, De la visibilité des Alpes considérée comme pronostic du temps. Lyon, 1880, 26 p.

2. On remarquera que cette altitude du sommet de Marseilleveyre diffère de celle que portent les cartes officielles (397 m.), et qui est notoirement trop faible, en particulier d'après M. Fabry.

pour Marseilleveyre vers le 13 février et le 28 octobre. L'image est assez nette pour être photographiée, du moins depuis Marseilleveyre nous en possédons une épreuve du 13 février 1898, communiquée par M. L. Fabry1 à M. Lefrançois.

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Il faut remarquer que les conditions de visibilité ne sont pas les mêmes pour Marseilleveyre et pour Notre-Dame de la Garde. Depuis le premier point de vue la visibilité des Pyrénées est un phénomène normal, non seulement aux dates indiquées, mais aussi quand elles sont couvertes de neige, parce que le sommet est assez haut pour que le rayon visuel se tienne légèrement au-dessus de la ligne d'horizon formée par la mer, et ce phénomène se calcule. Depuis Notre-Dame de la Garde, ce n'est qu'un fait d'observation, et c'est pourquoi sa possibilité en avait été niée avant qu'il eût été observé à nouveau par M. L. Fabry. Une ligne droite unissant NotreDame de la Garde au Canigou passerait à 120 mètres au-dessous de la surface de la mer, mais ici intervient le phénomène de la réfraction atmosphérique, qui fait que la lumière se propage dans l'atmosphère suivant une ligne légèrement courbe: comme la distance est ici très grande, le rayon visuel n'a besoin que d'être légèrement courbe pour se maintenir au-dessus de la mer.

Cette observation a une importance capitale pour la détermination de la valeur vraie de la réfraction. Delambre avait adopté, à la fin du XVIIIe siècle, le coefficient 0,08, valeur que quelques géodésiens estiment trop forte. Or, ce fait d'observation, le Canigou vu depuis Notre-Dame de la Garde, ne permet pas de le diminuer. On sait, d'autre part, que la valeur 0,0665 pour cet indice de réfraction est celle de 1000 coefficients résultant des nivellements géodésiques de la carte de France. Ces divergences prouvent simplement combien le phénomène est variable.

Il y a plus. L'altitude vraie des montagnes est susceptible de varier avec le coefficient adopté, et le colonel Burrard a soutenu que les altitudes des hauts sommets de l'Himalaya seraient entachées d'erreur, par suite de l'adoption dans le calcul de coefficients simplement estimés 2.

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Le second cas, également contrôlé, cette deuxième observation est de M. Plumandon, comme la première est de M. Fabry, est relatif à la visibilité du Mont Blanc depuis le Puy de Dôme (1 465 m.), à 303 kilomètres de distance. La Nature a consacré trois mentions à cette observation, qui n'est possible que grâce à une circonstance topographique favorable, la présence d'une échancrure à travers les monts du Forez, juste sur le passage du rayon visuel, et à la distance où celui-ci sc rapproche le plus du plan de comparaison, la surface de la terre supposée régulièrement courbe. Si l'on désigne par h, cette hauteur du rayon visuel au-dessus du plan de comparaison, on calculerait que ce point de trouve à 71 kilomètres du Puy de Dôme, et à l'altitude de 1 120 mètres. Or, le rayon visuel passe juste par le col de Noirétable, dépression qui s'abaisse à 754 mètres, entre Pierre-sur-Haute au sud (1640 m.) et la Madeleine au nord (1 160 m.), et à 66 kilomètres du Puy de Dôme.

1. Voir L. Fabry, Les Pyrénées vues de Marseille, in Bull. de la Soc. de Géog. de Marseille, t. XI, et La visibilité géographique. Calcul de la hauteur apparente d'un lieu éloigné (ibid., XIX et XX, 1895).

2. Colonel Burrard, cité par Ch. Rabot, La Géographie, XVII, 2, 15 février 1908, p. 139.

3. J.-R. Plumandon, Le Mont Blanc vu du sommet du Puy de Dôme, in La Nature, 22° année, n° 1090, 21 avril 1894, p. 333-4, 3 fig. Voir, sur le même sujet, La Nature, no 715, 12 février 1887, p. 173, et n° 719, 12 mars 1887, p. 226.

L'échancrure s'abaisse donc à 365 mètres au-dessous du rayon visuel, et ainsi s'explique que non seulement le sommet du Mont Blanc soit visible, mais tout ce qui dans le massif dépasse 3 800 mètres.

C'est là, à notre connaissance, la plus grande extension de la visibilité sous nos climats.

La visibilité en montagne jouit des mêmes privilèges qu'en pays méditerranéens. Dès 1858 on publiait un « Catalogue hypsométrique de mille sommités dépassant 8000 pieds dans la chaîne des Alpes, entre le Mont Blanc et le Gross-Glockner, visibles du haut du Languard ». Or, le Piz Languard est à 250 kilomètres du Mont Blanc1.

Dans les pays méditerranéens, les limites de la visibilité sont reculées à des distances où le seul obstacle qui borne la vision n'est plus la puissance de l'œil, avec ou sans l'aide des instruments, mais la sphéricité de la terre qui aplatit les montagnes et rend nécessaire ce qu'on appelle en topographie la correction de niveau. apparent. Des nombreuses observations faites, il faut retenir, surtout à cause de leur caractère indiscutable, les triangulations dont les côtés relient des points géodésiques à travers la mer. Citons, à ce point de vue, trois exemples classiques : 1° le rattachement des Baléares par Arago et Biot; 2° le rattachement direct de la Corse à la méridienne de France en 1827 par le capitaine Durand, qui établit ses stations tout le long de la côte provençale entre le phare de Villefranche et la Sauvette, et même dans la haute Provence, sur le Cheiron et le Mourre de Chanier, ce qui donnait à ces triangles des côtés de 235 à 265 kilomètres. Le troisième est la jonction mémorable de l'Algérie à l'Espagne par le général Perrier en septembre 1879, dont le plus long côté atteignait 270 kilomètres, en utilisant comme sommet principal le Mulacen, dans la Sierra Nevada. A ces distances, on a intérêt à opérer de nuit, à cause de la réfraction moindre, et la lumière est émise par des projecteurs lenticulaires à flamme d'oxy-acétylène. Ces dernières observations étaient faites avec le théodolite, mais, à l'œil nu, cette lumière est aperçue à des distances dépassant 230 kilomètres.

Quelle serait la limite théorique de la visibilité, à l'œil nu ou à l'aide d'instruments?

M. L. Fabry a dressé des tables de visibilité, donnant la hauteur apparente d'un point quelconque, jusqu'à la distance de 360 kilomètres, qui paraît un maximum difficile à dépasser, ainsi que la dépression de l'horizon et le rayon de visibilité sur mer. Mais le regretté Ch. Dufour, de Lausanne, a donné une formule très simple et facile à retenir, qui réduit le calcul à une extraction de racine, en supposant le diamètre de la terre égal à 12 500 kilomètres. On exprime l'altitude h en décimètres, on l'augmente du quart de sa valeur, et on prend la racine carrée.

1. La question des limites théoriques de la visibilité a été traitée, au point de vue de l'alpinisme, dans les annuaires des différentes sociétés. Le D' Prompt a donné, dans l'Annuaire du Club Alpin français de 1881, une formule où il a omis de tenir compte de la réfraction. F. Salmojraghi, dans le Bollettino du Club Alpino Italiano, 1903 (t. XXXVI, no 69), en tient compte, mais le coefficient italien n'est pas tout à fait le mème que le coefficient français. Enfin le vicomte F. de Salignac-Fénelon vient de publier, dans le Bulletin pyrénéen (novembre et décembre 1907), une Note sur l'échelle photographique et stéréoscopique du ciel et la Mesure par les angles de la dis tance et de l'altitude des montagnes.

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