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stations du Mont-Blanc doivent prendre d'année en année une importance plus. grande. Le Pic est une station permanente où des hommes qui, dans une large mesure, sont des héros de la science ont passé leur vie. Il serait bien difficile peut-être de les remplacer dans les mêmes conditions; mais le Pic comme le Mont-Blanc sera visité par des savants en mission temporaire et le séjour en est possible en toute saison.

Les missions au Pic du Midi peuvent durer des mois, des années; au MontBlanc seulement une ou deux semaines. De la plaine au Pic on gagne

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3000 mètres, du Pie au Mont-Blanc 2 000, et beaucoup d'expériences essayées d'abord au Pic donneront au Mont-Blanc leur résultat définitif.

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Ces deux stations sont dues à l'initiative privée, elles doivent être toujours encouragées par elle. L'université de Toulouse, en tant que personne civile, apporté au Pic une contribution considérable; quelques autres universités, Bordeaux, Montpellier, Grenoble, Clermont, Rennes, ont voté des subventions; un Toulousain, M. le vicomte de Salignac-Fénelon, s'est joint à elles; l'université de Paris s'est inscrite pour 10 000 francs. Les corps savants de tout ordre, les généreux mécènes des sciences voudront les imiter. Il est nécessaire d'introduire un peu de bien-être dans cette station où manquent encore à beaucoup d'égards les choses les plus indispensables à la vie; il faut aussi développer le matériel scientifique. L'université de Toulouse et ses observatoires météorologique et astronomique se chargent des dépenses annuelles; ils offrent gratuitement le vivre et le couvert aux savants de tous pays qui viendront y travailler.

Il est inutile d'insister sur les stations du Mont-Blanc. L'un des principaux donateurs de la station du sommet a habitué le monde savant à ses lar

gesses; l'Académie des Sciences, dont il est membre, vient encore, récemment, d'y applaudir. D'autres se sont joints au prince Roland Bonaparte et ne s'en sépareront pas. Joseph Vallot s'intéresse de plus en plus à son œuvre.

Cependant quelques hommes isolés ne peuvent suffire à tout et nous sommes loin d'avoir les ressources dont disposent les Pickering, les G. Hale. Dans la société moderne le nombre des hommes qui, de leurs bons deniers, encouragent la science doit augmenter. La science a des besoins trop variables pour que les ressources officielles puissent lui suffire. Des hommes jeunes encore verront les moeurs américaines, en ce qui concerne les donations, s'implanter chez nous. Je l'écris sans hésitation, sùr d'être prophète. Notre France ne peut être à la veille de cesser de marcher à la tête de la science et de la civilisation.

B. BAILLAUD

(de l'Institut).

Le détournement

de l'oued Saoura au Foum-el-Kreneg

(Algérie du Sud)

Le grand oued formé par la réunion du Guir et de la Zousfana, à 4 kilomètres au nord du poste d'Igli, a son cours partagé en deux sections de longueur à peu près égale, par le défilé de Foum-el-Kreneg, large de 250 mètres, où il perce la chaine d'Ougarta qui ne présente plus, à cet endroit, qu'une faible élévation.

La section septentrionale l'oued Saoura court dans un talweg unique et bien marqué, orienté nord-ouest sud-est, et est bordée à l'ouest par le chainon oriental du massif d'Ougarta sur une longueur de 110 kilomètres environ.

La seconde section

l'oued Messaoud se dirige au sud, puis se recourbe vers l'ouest du Touat à Hassi Rezegallah, point extrême où l'on a

constaté son existence.

Le Foum-el-Kreneg marque un changement radical dans le régime du fleuve. Tandis qu'au nord la vallée de la Saoura est parcourue presque chaque année par les crues venant du Guir et de la Zousfana, qu'elle est parsemée de sources, de palmeraies et de villages -il s'en échelonne plus de trente entre Igli et le Foum --, la partie sud de l'oued prend entièrement le caractère saharien et ne trahit plus sa présence que par quelques puits fort espacés, et à peine suffisants pour alimenter de maigres pâturages.

Cette situation est sans aucun doute récente. Il subsiste, en effet, sur les 100 kilomètres qui séparent le Foum du Bouda, la première oasis du Touat, les restes d'une végétation qui fut très brillante; il n'existe plus que les parties ligneuses des plantes et le pays semble avoir été dévasté par un gigantesque incendie '.

Ce phénomène n'est explicable que par un changement brusque dans le régime des eaux.

1. Lieutenant Martin. Rapport manuscrit.

LA GEOGRAPHIE. - T. XVIII, 1908.

M. le lieutenant Martin, de la compagnie saharienne du Touat, a fait une étude détaillée de la topographie du Foum qui nous renseigne complètement sur l'origine de ce desséchement.

Au sortir du défilé de Foum-el-Kreneg, les eaux des crues de la Saoura tombent dans la vaste dépression qui existe à l'ouest du fleuve et dont il est jusque-là séparé par la chaîne d'Ougarta. Cette dépression est limitée à l'est par la chaîne et à l'ouest par l'Erg el-Atchane. Il existe là un immense bassin de 150 kilomètres de longueur, d'Aïn Dhob, à la latitude de Kerzaz, à Merkeb Bouda. Les points les plus bas de cette zone sont placés au nord et au sud du Foum. Ce sont, au nord, la Sebkra el-Melah ou de Timmoudi, sans issue, dont l'altitude est de 55 mètres environ inférieure à celle de la Saoura à Kerzaz; au sud, la daïa de Zouarz qui se déverse vers le Touat par la trouée de Merkeb Bouda.

A une époque récente, au dire des indigènes, la Sebkra de Timmoudi étant encore pleine d'eau, la Saoura, en aval du Foum, n'avait d'issue qu'au sud. Le courant forma peu à peu un cône de déjection qui finit par séparer la masse d'eau en deux bras dont l'un gagnait la Sebkra en voie de desséchement, et l'autre le sud. Le volume des eaux diminuant, les apports alluvionnaires s'augmentèrent des sables de l'Erg et le cône de déjection se doubla d'une barrière de sable d'une dizaine de mètres de hauteur formant, en aval du Foum, une espèce de bassin fermé.

Aux crues suivantes les eaux s'accumulèrent derrière le cordon de dunes et le crevèrent au point de moindre résistance. Selon l'emplacement de la rupture, les eaux, également sollicitées par la pente, s'épanchèrent soit vers le sud en direction normale, soit vers le nord-ouest vers la Sebkra de Timmoudi. Après chaque crue, le cordon de dunes se reforma.

Les différentes traces du passage de l'oued indiquent que le phénomène s'est montré fort souvent. Mais, d'après les indigènes, depuis une vingtaine d'années, les eaux prennent régulièrement la direction du nord à travers un pays désolé où elles se perdent sans profit.

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Il est intéressant de rapprocher ces constatations d'un passage de l'ouvrage de M. E.-F. Gautier, Le Sahara Algérien, où ce géographe observe avec raison que le cours de l'oued Messaoud était beaucoup mieux représenté sur les anciennes cartes dressées par renseignements que sur les plus récentes " comme celle du lieutenant Niéger', qui ne se croit pas le droit de porter l'oued sur sa carte et en met même l'existence en doute. M. Gautier conclut ainsi : « Il est beaucoup plus difficile qu'il y a vingt ans de se renseigner sur

1. E.-F. Gautier, Le Sahara algérien. p. 199; différence lue sur un anéroïde 5 millimètres. 2. Ibid., p. 21.

3. Jusqu'à la publication des itinéraires de M. E.-F. Gautier.

4. Mème observation pour la carte du même auteur intitulée Sahara occidental, in La Géographie, décembre 1907.

l'oued Messaoud. » Et cependant l'oued Messaoud a été un oued véritable puisque les hommes âgés du Reggan ont souvenir d'avoir vu certains crues de l'oued Saoura rouler dans le lit de l'oued Messaoud jusqu'à Hassi Boura'.

Ainsi donc la capture fortuite de la Saoura par la dépression fermée de Timmoudi avait fini par effacer presque entièrement de la mémoire des hommes le souvenir du fleuve vivant qu'avait été le Messaoud.

Il importait d'exécuter au plus tôt à la sortie du Foum-el-Kreneg les tra

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vaux nécessaires pour restituer à l'oued sa direction normale vers le sud, et revivifier sa vallée ainsi que l'oasis de Decheira, où l'on peut tenter la culture. des céréales.

Un projet présenté par M. le capitaine Flye-Sainte-Marie, commandant de la compagnie saharienne du Touat, fut approuvé par M. le Gouverneur général de l'Algérie. Il consistait dans l'édification d'une digue en maçonnerie de 60 mètres de longueur sur 2 mètres de hauteur et 1 mètre de largeur disposée en direction nord-ouest sud-est au coude du lit parasite, de manière à rejeter les eaux dans un chenal de 3 320 mètres de longueur percé à travers la dune et les conduisant à leur ancien lit.

Les travaux dirigés par M. le lieutenant Martin, assisté du sergent Navarre

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1. E.-F. Gautier, Loc. cit., p. 22. Voir aussi les très intéressants paragraphes L'O. Messaoud actuel et L'O. Messaoud historique, id., pp. 32-41.

LA GEOGRAPHIE. T. XVIII, 1908.

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