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grands honneurs et baptisé par l'archevêque sous le nom de Dom André en présence du vice-roi, qui fut son parrain, et d'une noble assistance, il fut mis au séminaire de Santa-Fé pour y faire son éducation. Il avait une si grande vivacité d'intelligence que, « en moins de deux heures, il apprit à connaître et à distinguer toutes les lettres de l'alphabet et qu'il sut lire et écrire très vite ». Il avait si bon caractère et son application était telle « qu'il n'y avait pas à lui dire ni à lui défendre deux fois la même chose ». Il resta à Goa jusqu'au 7 février 1616. Les deux navires qui le ramenèrent dans son pays natal emmenaient quatre missionnaires de la Compagnie de Jésus; ils arrivèrent en rade d'Andranofotsy le 9 avril.

Le seigneur du lieu vint de suite à bord en toute confiance avec plusieurs de ses sujets, et, le lendemain, le roi Tsiambany parut avec une escorte nombreuse les Portugais lui firent savoir que son fils était à bord et lui serait rendu dès qu'il aurait signé un traité de paix et d'amitié avec le Portugal. Le Père L. 'Mariano alla à terre pour le décider à faire ce qu'on lui demandait, mais, aussitôt arrivé, il fut appréhendé et gardé comme otage. La mère du prince, Andriafatima, vint sur le vaisseau embrasser son fils, et, à sa prière, le commandant les fit mener tous deux dans une embarcation assez près de terre pour que son père put le voir. Tsiambany se décida alors à venir jusqu'à cette embarcation, mais jamais il ne voulut aller à bord pour signer le traité. « Les affaires étaient fort embrouillées, dit l'un des Pères, car, si le roi n'avait pas confiance en nous, nous n'avions de notre côté aucune confiance en lui et nous craignions fort que le Père Mariano fùt tué par ces sauvages si nous les laissions aller, lui et sa femme. Heureusement, le Père réussit à s'embarquer et nous relâchàmes Tsiambany et Fatima. »>

Le lendemain, le commandant descendit à terre et entretint le roi du traité qu'il désirait lui faire signer et que celui-ci accepta sans difficultés, consentant à ce qu'on prêchât la religion chrétienne à ses sujets et à envoyer des otages à Goa, mais il n'eut pas plutôt fait cette promesse qu'il la regretta, et, s'emportant, il accusa les Portugais « d'être des voleurs d'enfants », qui, après lui en avoir déjà pris un, en voulaient prendre d'autres, ce à quoi il ne consentirait jamais!

Après avoir longtemps hésité, le commandant se décida à laisser le jeune prince descendre à terre et aller voir son père, pensant que celui-ci, en apprenant de la bouche même de son fils les bons traitements qu'on lui avait faits à Goa et tous les bienfaits dont il avait été comblé, changerait de sentiment, et il se contenta d'un seul otage, un parent du roi nommé Andriantsambatra, qui fut conduit à Goa. Les Portugais n'eurent, du reste, à se louer ni du roi ni de son fils, qui, cependant, au début s'était montré bon chrétien, et la guerre fut plusieurs fois sur le point d'éclater. Nonobstant, deux des Pères restèrent dans le pays avec l'espoir de réussir, « les enfants y étant d'un bon naturel et

d'une grande intelligence ». Ils ne furent pas longtemps à se convaincre qu'il

n'y avait rien à faire pour le moment et rien à espérer pour l'avenir »>, d'autant que, d'ordre du roi, personne ne voulait les écouter et que celui-ci n'avait pas caché sa satisfaction lorsqu'il les avait su malades, attribuant les fièvres qui les minaient aux maléfices de ses sorciers, car il ne voulait pas d'étrangers dans son pays, et, d'autre part, il n'eût pas été fàché d'hériter de leurs affaires conformément aux usages du pays.

Ils partirent donc à bord du premier navire qui se présenta : c'était celui qui ramenait de Goa en mai 1617, le parent du roi qui avait été livré en otage l'année précédente et qu'on ne laissa pas débarquer du moment que les Pères quittaient le pays, et ils s'en allèrent rejoindre les deux autres Pères qui étaient déjà depuis un an sur la côte ouest, à l'embouchure du Manambolo, et qu'ils trouvèrent dans une triste situation : les habitants étaient en pleine guerre civile et les prédications n'avaient chez eux aucun écho; de sorte que tous les quatre résolurent d'abandonner ce pays ingrat sur lequel ils avaient fondé au début tant et de si belles espérances.

Les Pères Mariano et Gomes essayèrent encore en 1619 de fonder une mission dans la baie de Boina, mais, tout en leur faisant un bon accueil, les habitants ne voulurent jamais consentir à les laisser se fixer chez eux. Une dernière tentative, qui n'a pas réussi davantage, a eu lieu en 1630 dans la baie d'Anpasindava et depuis lors les Portugais ont complètement abandonné Madagascar.

II

HOLLANDAIS. Il y avait près d'un siècle que les Portugais fréquentaient Madagascar dans les tristes conditions que nous venons d'exposer, lorsqu'une flotte hollandaise y atterrit pour la première fois, le 3 septembre 1595. Cette flotte se rendait aux Indes et était sous les ordres de l'amiral Cornélis de Houtman; elle fit terre au cap Sainte-Marie, qui est la pointe la plus méridionale de l'île, et, poussée par le vent et les courants, elle alla mouiller dans la baie des Masikoro qui est dans le sud-ouest. Trois matelots étant descendus à terre furent assaillis par une troupe d'indigènes qui, après un combat à coups de pierre, leur prirent leurs armes et les dépouillèrent de leurs vêtements. Les Hollandais se tinrent dès lors sur leurs gardes et cinq autres matelots envoyés à la découverte, étant à leur tour attaqués, mirent facilement en fuite leurs agresseurs en tirant quelques coups de fusils qui en tuèrent un.

Ils allèrent de là à la baie de Saint-Augustin où ils trafiquèrent très paisiblement avec les habitants. Ils mirent à terre les nombreux malades du scorbut qui étaient à bord et que les indigènes, voyant si faibles, vinrent piller; quelques-uns qui avaient des fusils se défendirent et en tuèrent trois

et en blessèrent plusieurs; ces mêmes indigènes, après cette échaufourrée, vinrent trafiquer comme ils avaient coutume de le faire avant, portant ostensiblement sur eux les objets volés. Les Hollandais indignés voulurent reprendre plusieurs de ces objets qu'ils voyaient pendus à leur cou, ce qui amena une bagarre dans laquelle deux Malgaches furent tués et deux hommes et deux enfants furent emmenés prisonniers à bord. Cette malencontreuse querelle coupa court aux relations amicales qui existaient jusque-là. Les Hollandais, étant descendus un jour à terre pour tàcher de se procurer des vivres, se virent tout à coups entourés par 300 sauvages qui faisaient le simulacre de leur jeter leurs javelots, mais un coup de mousquet les fit fuir. Quelques-uns cependant revinrent, et, se tenant à distance, firent signe qu'ils portaient du lait; le pilote Janssen étant allé à eux avec deux volontaires, ils les transpercèrent de leurs sagaies: le pilote mourut sur le coup. Pour se venger, les Hollandais s'emparèrent d'un indigène qu'ils surprirent dans une pirogue et le passèrent par les armes. Tous ces faits, qui sont rapportés par les Hollandais euxmêmes, ne semblent qu'à moitié véridiques, ce qui est naturel, car ils avaient tout intérêt à pallier leurs méfaits et à se donner le beau rôle, mais John Davis, le pilote du Middlebourg, navire qui a fait en 1598 le troisième voyage de la Compagnie Néerlandaise des Indes, raconte que le « maître d'équipage du navire de Houtman avait fort malmené les indigènes de Saint-Augustin, qu'en ayant appréhendé un, il l'avait attaché à un poteau et s'était amusé à tirer sur lui des coups de mousquet jusqu'à ce que la mort s'ensuivît, et qu'il s'était conduit ignominieusement envers beaucoup d'autres ».

Tout commerce étant devenu impossible, l'amiral de Houtman fit rembarquer les malades et leva l'ancre le 14 décembre. Le 10 janvier 1506, il atterrit à l'ile de Sainte-Marie où ils trouvèrent auprès des habitants un accueil franc et hospitalier; ils s'y approvisionnèrent de riz, de chèvres, de moutons, de poules, d'œufs, de lait, de bananes, de cannes à sucre, de fèves, de citrouilles, etc., en échange de verroteries de couleurs variées. Le 21, ils mirent à la voile et arrivèrent le 23 dans la grande baie d'Antongil où ils complétèrent leurs provisions, y achetant notamment des bœufs. Les relations étaient les plus cordiales et les plus franches du monde lorsqu'un cyclone s'abattit sur la flotte et entraîna plusieurs de ses canots à la côte; quand la mer fut calmée, les Hollandais se mirent à leur recherche; ils les trouvèrent brisés par les Malgaches qui les avaient dépecés pour s'en approprier toutes les ferrures, jusqu'aux clous; ils en furent fort irrités et marquèrent d'une manière fort vive le grand mécontentement où les mettait cetacte de vandalisme qui leur était si préjudiciable. Les Malgaches prirent peur, et, mettant leurs femmes, leurs enfants et leurs hardes dans des pirogues, ils quittèrent précipitamment la ville, et, remontant le fleuve, s'allèrent cacher dans les bois. L'amiral résolut alors de leur demander quelques-unes de leurs

grandes pirogues pour remplacer ces canots, et, s'ils ne voulaient pas leur en donner, de leur faire la guerre; il envoya à terre une compagnie de marins qu'une troupe d'indigènes voulut empêcher de débarquer, jetant une grêle de pierres sur leurs embarcations; les Hollandais tirèrent dans le tas et en tuèrent une demi-douzaine, ce qui les fit tous s'enfuir, car, jusque-là, ils se croyaient parfaitement à l'abri derrière leurs énormes boucliers. Plusieurs de ces Malgaches ne tardèrent pas à revenir, priant qu'on cessat les hostilités et promettant de donner vivres et pirogues, malheureusement dans l'ardeur du combat les matelots hollandais ne les comprirent pas et continuèrent à tirer, puis ils mirent le feu à la ville qui flamba tout d'un temps. Après ce bel exploit, la flotte, larguant ses voiles, fit route vers les Indes.

Deux ans après, en 1598, trois navires de la flotte de l'amiral Van Neck atterrirent à l'île Sainte-Marie. Le premier acte de leurs capitaines fut de s'emparer de la personne du chef pour le forcer à leur fournir des vivres; ils le relâchèrent contre une rançon d'une vache et de son veau, quand ils eurent constaté que, comme il l'avait assuré, le pays était réellement dépourvu de

ressources.

Cette même année, le Middlebourg relâcha à la baie de Saint-Augustin; dès que les indigènes qui étaient accourus en grand nombre sur la plage, virent les Hollandais venir à terre, ils s'enfuirent, se remémorant les mauvais traitements auxquels ils avaient été en butte de la part des marins de la flotte d'Houtman, et ils refusèrent toute relation avec eux, qui durent reprendre la mer et aller se ravitailler aux Comores.

L'amiral Van Der Hagen, qui commandait la quatrième flotte envoyée aux Indes par la compagnie Hollandaise, s'arrêta sur la côte orientale de Madagascar, dans les environs de Tamatave, afin d'y prendre de l'eau et des vivres frais. Il constate, dans son journal de bord, que les indigènes sont d'un « naturel doux et facile, intelligents et curieux d'apprendre », mais, n'y ayant point trouvé ce qu'il était venu y chercher, il fit voile pour la baie d'Antongil où il mouilla le 17 novembre 1599. A la vue de ces trois vaisseaux hollandais, les habitants, qui n'avaient point oublié le traitement que leur avait fait subir Houtman, s'enfuirent tous dans les bois. Van Der Hagen eut beau leur faire toutes les invites possibles, semer dans les sentiers où ils avaient coutume de passer des miroirs, des verroteries et d'autres menus objets pour leur montrer qu'on ne leur voulait point de mal, rien n'y fit. Il envoya des matelots explorer le pays et tàcher de nouer des relations avec eux; mais, dès qu'on les apercevait, c'était un sauve-qui-peut général, si bien qu'il dut lever l'ancre et continuer son voyage sans avoir réussi à se ravitailler comme il l'avait espéré.

En allant au îles de la Sonde en 1619, Bontekoe s'arrêta à l'ile SainteMarie, dont les habitants lui firent le meilleur accueil et s'empressèrent de lui fournir les vivres dont il avait grand besoin. En retournant en Europe en 1625,

il relâcha dans la baie de Sainte-Luce; dès qu'on connut son arrivée, les indigènes accoururent en masse, apportant toutes sortes de provisions, et le roi du pays vint à bord sans crainte. « Ils paraissaient fort affectionnés à notre nation », dit Bontekoe. Deux des matelots désertèrent et il fut impossible de les ravoir; dès qu'ils apercevaient leurs camarades, ils s'enfuyaient; ils furent retrouvés en bonne santé en 1626 par l'Amsterveen.

Dans la seconde moitié du xvi et au commencement du xvm siècle, les gouverneurs soit de l'île Maurice, soit du cap de Bonne-Espérance, ont envoyé presque chaque année des navires à Madagascar pour y acheter des esclaves. Le gouverneur de Maurice, Van der Stel, alla lui-même à Antongil en 1642 où il en prit 105; il y laissa deux traitants chargés de préparer une cargaison plus importante pour son prochain voyage. Quand il revint, en avril 1644, il trouva les indigènes moins bien disposés à son égard qu'à son précédent voyage, parce qu'un navire français, le Saint-Louis, capitaine Cocquet, y était venu dans l'intervalle et que son équipage avait ravagé le pays. Pendant qu'il était sur rade, le Royal de Dieppe, capitaine L'Ormeil, arriva, et les Français exercèrent une foule de vexations envers les habitants, coupant des bananiers et leur causant méchamment toutes sortes de dommages. Dès qu'ils furent partis, les Malgaches, qui s'étaient enfuis dans l'intérieur, revinrent traiter avec les Hollandais auxquels ils vendirent 97 esclaves. Van der Stel retourna une troisième fois à Antongil en mars 1645 et en rapporta 95 esclaves; y laissa son chef de traite avec cinq matelots et un mousse qui furent rapa

il

triés en octobre.

C'est à partir de 1654 que le gouverneur du Cap a envoyé fréquemment des navires à Madagascar pour y prendre des provisions et des esclaves. Frédéric Verbug, qui est allé à Antongil en 1654 avec le navire le Tulp, y fut bien accueilli par les indigènes qui lui fournirent toutes les provisions qu'il voulut. « Ils ont, dit-il, l'amitié pour nous autres Hollandais, mais ils ne veulent pas entendre parler des Français qui, quand ils viennent chez eux, s'emparent de tout ce qui leur tombe sous la main ». Joachim Blank, le subrécargue du Waaterhoen, qui visita en 1663 plusieurs ports de la côte occidentale en quête de riz et d'esclaves, a trouvé les indigènes « quelque peu barbares, mais animés de sentiments amicaux envers les étrangers, toutefois sans loyauté », et, dans son rapport sur son second voyage fait en 1664, il dit : « Ce sont des gens fourbes, mais de relations faciles et agréables ». Les Hollandais ont cependant éprouvé plusieurs désastres. Un de leurs navires, ayant relâché sur la côte nord-est en 1662, fut bien accueilli par les indigènes qui lui fournirent des provisions, mais qui pillèrent ensuite les marchandises, tuèrent deux marins et en blessèrent deux autres le chef de Vohémar, auquel le capitaine alla se plaindre, se conduisit convenablement.

Un peu plus tard, en 1668, le Poelsnyp du Cap ayant aussi touché dans le

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