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ces produits pourraient concurrencer ceux de la compagnie du Niger. J'en fus vite persuadé.

Les marchands qui mettent en rapport les marchés des états haoussas avec les comptoirs anglais sont en relations constantes avec la région nord-est de notre Soudan. Ils y visitent trois points: Sansan Haoussa, Saï, Dori. Ils ne vont point à Tombouctou.

Je ne parle de Saï que pour mémoire; Sansan Haoussa l'a supplanté.

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Autrefois Saï était une très grande ville ses ruines couvrent deux kilomètres carrés. Pendant la période des troubles, Saï fut tour à tour pillé par les Touareg et les Djermabé. Sansan Haoussa resta en paix et peu à peu un marché se constitua dans ce dernier village. En outre Sansan Haoussa est pour les Haoussas sur le chemin de Dori. La route directe qui passe par Saï est très pénible, et il est plus simple de remonter vers le nord pour avoir moins de désert à traverser. Les Haoussas qui arrivent à Saï y laissent quelquefois leurs marchandises, mais le plus souvent ils les apportent toutes à Sansan Haoussa et à Dori. Ces marchandises, ce sont les tissus de leur fabrication. Ils diffèrent de ceux de notre Soudan en ce que la trame en est plus fine et la teinture à l'indigo plus brillante. On en distingue trois types différents un grand boubou bleu orné de rosaces, une pièce d'étoffe servant à faire des pantalons ou des pagnes, et enfin le litham dont les peuples du désert

faim, ils seront obligés de se soumettre. Et de même que certaines de leurs tribus ont fait soumission réelle, de même les autres apprendront peut-être peu à peu à vivre, en dehors du pillage, des ressources de leurs troupeaux. Le fleuve deviendra libre, alors qu'il ne l'est pas réellement encore.

Il faut que nous profitions de la belle voie fluviale que nous offre le Niger.

On a pu croire un moment que le Niger présentait des rapides infranchissables. En dehors de ceux de Boussa que nous ne connaissons pas, il n'en est pas un dans la région connue sous le nom de zone des rapides, que l'on ne puisse aisément franchir.

On a fait actuellement la preuve de cette navigabilité. Les deux convois de ravitaillement qui ont suivi, l'an dernier, le fleuve jusqu'à Saï ont montré l'emploi que l'on peut faire du Niger et ont amené à Saï, sans le moindre avarie ni le moindre accident, plus de 80 tonnes de marchandises. Si les denrées ainsi introduites à Saï avaient été des marchandises d'échange, elles auraient pu représenter une valeur de 500 000 francs, c'est-à-dire beaucoup plus qu'il ne sera nécessaire d'en amener avant longtemps pour des opérations commerciales annuelles.

Ce qu'il faut bien dire, c'est qu'il faut avant tout prendre des guides. Dans certains bras du fleuve, en effet, il y a des amas rocheux dangereux, et si l'on y passe, il peut en résulter quelques avaries. Avec de bons guides et de bons bateliers il est possible de naviguer sur le Niger.

Pour nous, nous avons circulé, sans l'ombre d'un ennui, sur notre pirogue de Djenné. Non seulement nous avons pris des guides d'un village à l'autre, mais encore nous renouvelions tout notre équipage et nous nous sommes absolument fié à lui, nous gardant bien d'intervenir. De plus, nous n'avons navigué que le jour, et c'est là la seule façon de procéder.

On aurait pu croire que, si la descente était à la rigueur possible, la montée ne l'était point. M. le lieutenant Salaman, en exécutant par deux fois le voyage dans ce sens, a montré, de très belle façon du reste, que l'entreprise n'était pas irréalisable. D'un autre côté, mon passage aura prouvé, je crois, que l'on peut compter sur le concours bénévole des indigènes du fleuve. J'étais entièrement à leur discrétion et je n'ai eu qu'à me louer d'eux.

Au total, à condition de ne se servir que de pirogues ne dépassant pas un tonnage de 5 ou 6 tonnes, on pourra amener jusqu'à Boussa autant de marchandises que l'on voudra du mois de novembre au mois d'avril.

Une fois rendu dans la région de Saï, à Haoussa, j'ai pu entrer en rapport avec les commerçants qui détiennent le trafic dans les états du Niger anglais. Je savais à ce moment qu'il était possible de porter sur les marchés de cette région du Niger nos produits par le fleuve ; il me restait à savoir si, une fois là,

ces produits pourraient concurrencer ceux de la compagnie du Niger. J'en fus vite persuadé.

Les marchands qui mettent en rapport les marchés des états haoussas avec les comptoirs anglais sont en relations constantes avec la région nord-est de notre Soudan. Ils y visitent trois points: Sansan Haoussa, Saï, Dori. Ils ne vont point à Tombouctou.

Je ne parle de Saï que pour mémoire; Sansan Haoussa l'a supplanté.

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Autrefois Saï était une très grande ville ses ruines couvrent deux kilomètres carrés. Pendant la période des troubles, Saï fut tour à tour pillé par les Touareg et les Djermabé. Sansan Haoussa resta en paix et peu à peu un marché se constitua dans ce dernier village. En outre Sansan Haoussa est pour les Haoussas sur le chemin de Dori. La route directe qui passe par Saï est très pénible, et il est plus simple de remonter vers le nord pour avoir moins de désert à traverser. Les Haoussas qui arrivent à Saï y laissent quelquefois leurs marchandises, mais le plus souvent ils les apportent toutes à Sansan Haoussa et à Dori. Ces marchandises, ce sont les tissus de leur fabrication. Ils diffèrent de ceux de notre Soudan en ce que la trame en est plus fine et la teinture à l'indigo plus brillante. On en distingue trois types différents un grand boubou bleu orné de rosaces, une pièce d'étoffe servant à faire des pantalons ou des pagnes, et enfin le litham dont les peuples du désert

se couvrent la tête depuis Tombouctou. En échange les Haoussas retirent du Soudan des bestiaux.

Nous devons encourager la venue de ces Haoussas chez nous. C'est par eux que nous pourrons faire parvenir nos produits sur les marchés de la Nigeria. Tous les Haoussas que nous avons vus nous ont dit, en effet, que, s'il était possible de trouver des marchandises « de blanc » à Sansan Haoussa ou à Saï, ils viendraient les chercher sur ces marchés et non chez les Anglais. La route leur est plus courte et surtout plus sûre, car, de Kano à Egga, ils abandonnent la moitié de leurs marchandises aux chefs des régions qu'ils traversent et souvent ils sont pillés. De Kano à Sansan Haoussa, au contraire, ils viennent sans encombre, à condition d'éviter les pays Djermabés.

Il me reste à caractériser d'une façon générale les territoires formés par la boucle du Niger.

La boucle du Niger se divise en trois parties fort distinctes: 1° la zone saharienne, 2o la zone soudanaise proprement dite, formée d'un sol argileux et soumise au climat tropical, 3° la zone de la forêt équatoriale. Les deux premières zones seules nous intéressent, car elles seules dépendent vraiment du Niger. La zone équatoriale est presque uniquement arrosée par les rivières de la côte d'Ivoire ou de la côte d'Or.

Le Niger dessine dans le Sahara un demi-cercle limité par une ligne courbe jalonnée par Bandiagara, Dori, Saï. Les populations de cette région sont en presque totalité touareg. Il y a cependant de nombreuses enclaves de colonies peulhes. Les Peulhs cultivent quelque peu le sorgho, mais en général la seule ressource du pays consiste en troupeaux.

Les deux principaux marchés de cette partie nord de la boucle du Niger, Dori et Hombori, comme Tombouctou, sont à la fois des marchés du désert et de la terre fertile, avant tout des points de contact de races.

Dori se trouve au centre d'un désert sans eau, dans un rayon de 80 kilomètres. Les commerçants affrontent les fatigues de cette route en raison de la situation centrale de ce marché au milieu de pays fort différents. Dori est, avant tout, un marché de sel. Les Maures passent le fleuve aux environs de Gao pour apporter à Dori le sel de Taodéni, surtout les demi-barres qui seraient refusées à Tombouctou. La barre de sel vaut à peu près à Dori 50 francs. Les commerçants du Mossi viennent échanger contre ce sel les kolas qu'ils se procurent dans le sud et les bandes de coton qu'ils fabriquent. Les habitants des îles apportent leurs grains et les Touareg leurs troupeaux. Comme à Tombouctou, une classe de commerçants sédentaires intervient dans les échanges. L'importance de Dori augmentera considérablement, le jour où le fleuve sera la voie de liaison avec le reste du Soudan.

Cette ville de Dori, qui, de loin, semble une oasis merveilleuse, présente

un grand caractère de misère. En réalité, c'est une sorte de caravansérail. Les commerçants et les pasteurs amènent leurs produits et leurs troupeaux. Les jours de marché,

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sous les grands arbres situés à l'extrémité de la partie sud de la ville; plus de 5000 personnes sont parfois réunies.

Hombori, au centre d'un grand soulèvement montagneux effrayant d'aridité, offre au point de vue économique les mêmes caractères que Dori. Dans les vallées du Hombori sont, cependant, des plaines fertiles où vit une population

DANS LES RAPIDES DU NIGER.

Reproduction d'une photographie de M. E. Baillaud.

autochtone. L'importance du marché de Hombori a varié en raison inverse de celui de Tombouctou. Lorsqu'il devenait impossible d'apporter le sel à Tombouctou, on le dirigeait sur Hombori, par Bamba. Maintenant que rien ne semble plus devoir troubler les destinées de Tombouctou, le rôle du marché de Hombori s'effacera.

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d'excellents pasteurs que nous devons utiliser.

Le centre de la boucle du Niger est formé par les pays Mossi, Gourounsi, Kipirsi, Yatenga. La diversité de ces dénominations est plutôt historique que

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