Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

De Ouargla au Tchad

Itinéraire général de la mission saharienne

Partie de Ouargla en octobre 1898, la mission saharienne s'est avancée ve le sud par Timassânine, le Tassili des Azdjer, le Tindesset, l'Anahef et, finement, a atteint le puits d'In-Azaoua. Le croquis provisoire de l'itinéraire eti notes succintes relatifs à cette partie du parcours ont été envoyés à la Socé de Géographie et publiés en temps voulu.

n-Azaoua, par suite du manque de chameaux - un grand nombre d'animau ayant péri en route, il a fallu construire une petite redoute en pierres (For Flatters) et y

[graphic]
[blocks in formation]

d'Ighazar.

Après construc

CHAINE DE MONTAGNES DE GRÈS PRÈS AFARA (RÉGION DU TASSILI).
Reproduction d'une photographie de M. F. Foureau.

tion d'une zeriba en
gommiers, que le commandant Lamy avait voulu faire très forte, et à l'abri de
toute attaque; après de vaines recherches de chameaux de location destinés à
aller reprendre l'échelon resté en arrière, le commandant Lamy repartit pour
In-Azaoua avec les animaux disponibles et avec une partie des hommes de
l'escorte. Il ramena bientôt à Iferouane les troupes restées en arrière; mais,
devant la pénurie des moyens de transport, il avait été dans l'obligation de
sacrifier une partie des charges et avait dû brûler ce qui ne pouvait être enlevé.

LA GÉOGRAPHIE. II.

20

Ce raid fut extrêmement pénible à cause de la très haute température du moment, et à cause du manque d'eau sur la route. Le commandant et ses troupes rentrèrent donc très fatigués par cette marche.

De nouveau au complet, à Iferouane, tous les efforts portèrent sur la recherche des chameaux indispensables pour la continuation de notre route. Les Touareg Kéloui faisaient le vide autour de nous; les promesses de quelquesuns d'entre eux n'étaient qu'un leurre, et il était impossible de se procurer le moindre animal. Leurs propriétaires se tenaient toujours à distance et, bien entendu, hors de notre portée.

Devant cette situation sans issue il fut donc décidé qu'on fractionnerait l'escorte en deux échelons l'un attendant à Iferouane, l'autre se rendant à Aguellal, village dont le chef et la population avaient pris part à une attaque dirigée contre nous peu de jours après notre arrivée à Iferouane, et contre lequel par conséquent des représailles étaient autorisées.

Nous trouvâmes ce village désert, mais des reconnaissances poussées dans les environs nous permirent de faire quelques prisonniers et de mettre la main sur un certain nombre de chameaux et d'ànes appartenant aux fractions qui avaient figuré à l'attaque d'Iferouane. Ces gens, du reste, avaient essayé un nouveau coup de force en tombant inopinément sur l'arrière-garde d'une de nos reconnaissances et en nous tuant un homme.

Avec les quelques animaux nouveaux recueillis, il fut possible de ramener avec nous, à Aguellal, l'échelon d'arrière resté à Iferouane; nous nous trouvâmes, encore une fois, tous réunis. Malheureusement il avait encore fallu procéder à de nouveaux et bien douloureux sacrifices; on avait dû brûler entièrement la pacotille étoffes, perles, articles de traite de tous genres, nos lits, nos tentes, la presque totalité des vêtements de rechange des officiers et des hommes, les appareils lourds, etc., de façon à alléger le convoi pour lequel nous n'avions plus le nombre d'animaux de transport nécessaire.

C'est dans ces conditions, et après un mois de séjour près du village d'Aguellal, que nous fîmes une nouvelle marche en avant, marche qui nous conduisit au village d'Aoudéras, où l'on nous signalait des vivres et peut-être la possibilité de trouver quelques chameaux.

Cette recherche était pour nous une constante et très fatigante obsession, et nous ne devions rien trouver à Aoudéras en fait de chameaux. Quant aux vivres, ils étaient, en réalité, très rares, et nous dûmes, à peu près, nous contenter d'un convoi de mil qui nous y fut envoyé sur notre demande par le sultan d'Agadès, dont les représentants, en cette occasion, firent une belle opération commerciale.

[ocr errors]

Toutes ces tribulations, je les ai déjà décrites dans des lettres confiées à des hommes du Nord devant remonter vers la Tripolitaine; elles errent probablement encore de campement en campement.

Après un assez court séjour à Aoudéras, où la situation ne se dessinait guère plus nette que par le passé, nous décidàmes d'aller à Agadèz même, pensant que notre présence et notre action directe sur le sultan auraient plus d'effet, plus de poids que des lettres et nous feraient obtenir plus facilement les moyens de continuer

[graphic][merged small]

la mission. Il était d'autant plus logique de penser ainsi que le sultan, dans ses missives ou par la voix de ses envoyés, nous faisait dire de ne pas passer par Agadez, sous prétexte d'attaques probables ou de dangers à courir. Il redoutait, en somme, notre arrivée.

Nous reprimes notre marche, et, quelques jours après, nous campions à 1800 mètres d'Agadèz, le campement occupant un mamelon minuscule qui

DESCENTE SUD DU TINDESSET.

entourait un puits, et dans une situation où nous commandions bien la ville. Ce point se nommait Tincha

[graphic]

mane.

Les relations avec le sultan et ses parents et visirs furent plutôt amènes. Mais, dès l'origine, il était facile de constater que l'hostilité sourde contre nous était la même à Agadèz que plus au nord; que le sultan n'avait, pour ainsi dire, qu'un pouvoir illusoire sur ses administrés; qu'il était bien plutôt une étiquette qu'un chef réel, et que, d'autre part, tous les nomades des environs continuaient à faire le vide autour de nous; que notre présence arrêtait les transactions ordinaires entre les gens de la ville et ceux du dehors, enfin, que les quelques charges d'objets quelconques

venant encore à Agadèz n'y arrivaient plus que la nuit, et en très petit nombre.

saire

Notre ravitaillement était extrêmement pénible, et ce n'est qu'avec la plus grande peine, et sous le coup de menaces que nous obtenions le strict néceset encore pas toujours —; pourtant nous payions fort cher les sacs de mil que l'on nous apportait et sur lesquels l'entourage du sultan, aussi bien que les négociants tripolitains qui mènent la politique du pays, réalisaient de fort beaux bénéfices.

Peu à peu cependant on nous donnait plus facilement, de l'extérieur, des moutons, un peu de lait aigre, un peu de tabac et des arachides. Mais les moyens de continuer la marche manquaient toujours.

Nous décidâmes, malgré le petit nombre de nos animaux, chameaux et ânes, auxquels le sultan avait ajouté quelques têtes de plus, de pousser de l'avant, coûte que coûte, pour gagner Zinder. Munie d'un guide fourni par le sultan, et qui passait pour un homme de premier ordre connaissant parfaitement toute la contrée, la mission s'ébranla, un beau matin, dans la direction du sud, où, nous avait-on assuré, l'eau se rencontrerait tous les jours. Hélas! dès la première marche, au puits d'Abellakh, il nous fut impossible d'abreuver le troupeau et les hommes, et chacun dut se contenter de quelques gouttes d'eau.

Le lendemain, après une étape extrêmement longue et fatigante, par une journée d'intolérable chaleur, les hommes étant très chargés, tous les officiers à pied, leurs chevaux portant des fardeaux, nous n'atteignîmes que des puits à sec, et ce n'est que très tard que les Chambba, envoyés en éclaireurs avec le guide, rencontrèrent un ghedir où, dans des roches de grès, des pluies, déjà anciennes, avaient laissé un volume d'eau assez considérable pour assurer la boisson à tous. C'étaient là les ghedirs d'Irhaiene. La marche qui nous les fit atteindre restera inoubliable pour tous les membres de la mission saharienne.

La route fut reprise le surlendemain, mais le guide nous perdit dans une direction entièrement opposée à celle que nous devions suivre, et cela avec des intentions qui ne nous parurent pas douteuses. Il devenait dangereux de le suivre et la mission, faisant demi-tour, dut, les jours suivants, regagner Agadez et notre ancien campement.

Là, les pourparlers continuèrent, mais nous trouvâmes la même inertie de la part des autorités au sujet des animaux de bât à nous fournir.

Ce n'est qu'au prix d'une pression constante et en occupant les deux principaux puits des environs d'Agadèz, que nous finìmes, enfin, par obtenir un petit nombre de chameaux, qui, à la rigueur, pouvaient nous suffire pour le convoi d'eau et pour le transport de ce qui restait de matériel. Les habitants avaient bien, dans la ville, d'autres puits libres, mais l'eau de ces

[ocr errors]
« ZurückWeiter »