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géographique. Les terres qu'elles définissent présentent en effet des analogies absolues. Elles sont formées d'un immense plateau. L'aspect du sol semble distinguer le Kipirsi des autres régions, mais c'est là une simple apparence, car il est peuplé de la même manière et dans les plaines situées autour des pics ferrugineux sont les mêmes cultures. Cette partie centrale de la boucle du Niger est un immense verger. Les arbres qui boisent la brousse sont, presque tous, des cés (arbres à karite), des nérès (qui fournissent la farine de simbala), des tamarins, des baobabs si utiles, et toute une série d'arbrisseaux qui produisent des fruits à pulpe. Toute cette région est fort peuplée; on trouve tous les cinq kilomètres un village formé de 20 à 100 groupes de cases représentant une population de 500 à 2000 habitants. Les seules cultures sont le sorgho et le coton, ainsi qu'un peu d'indigo.

L'activité commerciale n'est pas localisée en certains points; seuls peutêtre les marchés de Kaya et de Yako sont plus importants que ceux des autres villages. Ce qui fait la base du commerce de ces peuples, ce sont leurs relations entre les pays à kolas et le nord du Niger. Depuis quelque temps, cette activité est favorisée par la consommation de viande que font les troupes anglaises qui occupent l'ancien pays de la Côte d'Or. L'échelle des transactions est alors celle-ci : les kolas du sud sont échangées à Tombouctou contre du sel qui, à son tour, dans le Mossi ou le Gourounsi, est échangé contre des troupeaux, échangés ensuite avec des kolas.

Il arrive quelques marchandises européennes par Salaga et Gambaka; par des entrepôts sur le Niger, nous les commercerons parfaitement.

Le reste de la partie tropicale de la boucle du Niger n'est plus qu'un amas de ruines. Samory et les esclaves des chefs pillards ont tout détruit.

Une première zone pourrait être définie par une ligne allant de Kong à Djenné par Bobo-Dioulasso; elle était parcourue par les commerçants de Kong qui échangeaient leurs kolas et leurs tissus contre le fer qu'ils trouvaient à Bobo-Dioulasso et le sel qu'ils se procuraient à Djenné. Kong a disparu; le trafic est maintenant restreint aux relations de Djenné à Bobo-Dioulasso.

Une seconde zone est constituée par un triangle déterminé par Bammako, Sikasso et Siguiri. Dans cette région le sel de Tichit et les tissus européens de Médine sont échangés contre les kolas de Toutée et de Bougoumi.

Sous notre influence pacificatrice ces contrées reprendront leur aspect primitif, et la partie tropicale de la boucle du Niger pourra devenir une région de grande culture.

Nos possessions du Niger n'ont point en elles de trésors tout constitués; mais, en les mettant en valeur nous accomplirons la plus belle œuvre coloniale qu'aucun peuple ait tentée. E. BAILLAUD.

Résultats géographiques

de la mission de Bonchamps

Il y a exactement un an, M. Bartholin', ingénieur des mines, notre compagnon de voyage pendant toute la mission de Bonchamps, adressait à la Société de Géographie une lettre qui a paru dans les Comptes Rendus des séances de cette Société. Il y exposait les différentes méthodes que nous avons employées pour relever les iténéraires parcourus par la mission. Nous n'y reviendrons pas.

M. Bartholin exprimait, en même temps, le désir de me voir dresser une carte des régions traversées en réunissant les documents qu'il me laissait, l'itinéraire que j'avais relevé de mon côté et mes observations de route. En effet, ces documents, grossis de ceux que MM. Potter et Faivre ont recueillis au cours de leur voyage au Nil Blanc par l'Adjoubba, m'ont permis de dresser une carte au 1/200 000 en 14 feuilles. J'ai établi également une carte d'ensemble au 1/3 000 000 destinée à accompagner la relation de notre voyage.

Dans la carte au 1/200 000, les montagnes sont indiquées par des courbes; mais ces courbes ne sont que représentatives. Elles reproduisent l'aspect des différentes chaînes montagneuses, d'après les croquis que j'en ai faits sur le terrain à chaque étape, quand l'itinéraire de la journée était construit, et la position des sommets les plus remarquables déterminée par les recoupements des directions sous lesquelles ces sommets ont été vus, de plusieurs points différents, au cours de la marche. A chaque camp, ces visées étaient faites au théodolite.

J'ai comparé chacune des visées faite par M. Bartholin avec les miennes et les ai contrôlées.

Les altitudes sont les résultats des observations barométriques faites pendant les étapes et au camp sur trois baromètres anéroïdes. Pour les observations thermométriques, je me suis servi de thermomètres à maxima et à minima.

1. M. Bartholin, envoyé en Chine, le 4 juin 1899, pour remplir une nouvelle mission, est enfermé dans Pékin depuis trois semaines. Malgré les graves événements actuels, nous espérons qu'il pourra bientôt nous faire parvenir des nouvelles rassurantes.

2. N° 7, août-décembre 1899, p. 331.

LA GEOGRAPHIE. II.

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Dans la carte au 1/3 000 000, qui accompagne ces pages, les montagnes sont représentées par des hachures. Ces hachures n'ont d'autre prétention que celle de donner le mouvement des massifs montagneux et approximativement leur relief.

Les soins apportés à nos travaux, en cours de route, me permettent d'espérer que nos documents sont suffisamment précis pour servir de base à des observations définitives.

Au cours de notre voyage, nous avons distingué trois régions bien différentes :

1o Les déserts Somali et Danakil, qui s'étendent de la mer Rouge aux contreforts du plateau abyssin, en s'élevant par gradins successifs jusqu'à 800 à 900 mètres d'altitude.

2o Le plateau abyssin.

3o La plaine du Nil Blanc, comprise entre la falaise occidentale du plateau éthiopien dont la crête, dirigée du nord au sud, paraît limitée entre le 32o et le 32°30′ de Long. E., et la rive droite du Nil Blanc.

Déserts Somali et Danakil. Je ne m'occuperai pas de cette première région, très connue déjà, bien que d'intéressantes études y soient encore à faire. Cependant, observons que la position de la ville de Harrar, et, en général, celle de tous les points de cette région, doit être reportée de 22′ plus à l'ouest.

Le chemin des caravanes, entre Harrar et Addis-Abeba, par le désert Danakil, est coupé, jusqu'à Herrer-Gotha, de nombreux ruisseaux qui se perdent dans les sables, à l'est de la route. Ils ont de l'eau courante toute l'année. Le plateau abyssin. Le plateau abyssin m'a semblé pouvoir être divisé lui-même, de l'est à l'ouest, en trois zones :

1° De Baldji, d'Ankober même, à l'est, jusqu'aux chaînes du Toké, du Dendi et du Botor à l'ouest.

2o Les chaînes du Botor, du Dendi, du Toké, du Rogé, du Léka avec la vallée de la Didessa (affluent de la rive gauche du Nil Bleu) comme limite à l'ouest.

3o De la vallée de la Didessa à la plaine du Nil Blanc, à l'ouest.

La première zone, d'Ankober et de Baldji à l'est, aux chaines du Toké etc., est une région de grandes plaines couvertes d'herbe, sans un arbre, doucement ondulées, d'une écrasante monotonie. L'altitude varie entre 2.100 et 2.700 mètres. Des couches de calcaire garnissent parfois des régions considérables. Les ruisseaux, assez peu nombreux, qui sillonnent ces plateaux ont creusé leurs lits en de véritables fossés de 8 mètres de profondeur. Dans un

de ces fossés, à 75 kilomètres au nord d'Addis-Abeba, un de nos compatriotes, M. l'ingénieur Comboul, vient de découvrir un important gisement de houille qui pourra être exploité à ciel ouvert. Ce gisement s'étend sous l'église et les tombeaux des anciens rois d'Ethiopie, à Débralibanous, près de Sallalé. Un gisement de lignite considérable a été découvert en même temps à Tégoulette près de Debrébérane, c'est-à-dire entre Débralibanous et Ankober, et on en signale un semblable dans le Ber-Meder, près du lac Tana.

Outre ces richesses minières, dont l'exploitation commencera sans doute prochainement, la région des plateaux herbus se prête encore à la culture des céréales et à l'élevage. Malheureusement, des vents violents, des orages fréquents accompagnés de grêle, et parfois des sécheresses - résultat du déboisement complet du pays - compromettent souvent les récoltes et seront certainement un obstacle à la prospérité des arbres fruitiers d'Europe, auxquels la température conviendrait parfaitement (minimum + 11°, maximum + 27°). Cependant, au mois d'octobre, j'ai constaté, la nuit, 4°,6, à 2 heures de marche d'Addis-Abeba.

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La limite occidentale de cette zone est au point de contact de trois des versants du système hydrographique éthiopien. C'est, en effet, entre les monts du Métcha, du Toké, du Dendi, que se séparent les eaux de la Aouache versant de la mer Rouge du Gouder, affluent rive gauche du Nil Bleu versant de la Méditerranée - et les nombreux petits ruisseaux tributaires du Guibier ou Omo, versant du Bassin intérieur du lac Rodolphe.

La deuxième zone comprend différents massifs montagneux enchevêtrés, aux sommets dépassant parfois 3000 mètres, et séparés par des dépressions profondes comme les vallées de l'Omo et de la Didessa (1375 mètres et 1100 mètres). Ces massifs montagneux ont des formes arrondies. Ils sont lourdement assis, souvent épaulés d'épaisses collines. Cependant, la chaîne du Léka, qui termine, à l'ouest, cette région, finit brusquement par une falaise à pente excessivement raide, dominant de 1200 mètres la rivière Didessa qui serpente à son pied.

Dans cette deuxième zone, des terrains argileux rouge-ocre se rencontrent assez fréquemment.

Les pentes des montagnes sont boisées jusqu'à mi-côte de forêts basses et peu touffues; plus bas, une brousse percée de nombreuses clairières cultivées, descend jusqu'au fond des vallées. Le sommet de ces montagnes est très souvent balayé par des nuages, et les forêts entretiennent d'innombrables ruisseaux qui permettent toutes les cultures. Le bétail, la culture des céréales, en même temps que celle du sorgho, du maïs, du coton, enrichissent le pays. C'est également dans cette région que commence l'élevage des civettes.

Les saisons sont plus régulières que sur les plateaux qui précèdent. Les premières pluies commencent en juin, se régularisent, deviennent abondantes

du 15 juillet au 15 septembre, et cessent complètement vers le 25 septembre. Une autre période de pluies d'une quinzaine de jours se produit ordinairement au commencement de février. Les paysans la mettent à profit pour les semailles de la seconde récolte.

Troisième zone. C'est à partir de la Didessa que la mission de Bonchamps entra en région inexplorée. Cette troisième zone, de la Didessa à la plaine du Nil, d'une largeur de 170 kilomètres environ, forme un espèce de triangle allongé, dont le sommet serait au confluent du Dabous et de la Didessa et la base, la limite de la province du Caffa, au point ou l'Omo reprend sa direction nord-sud.

La partie que nous avons traversée a l'aspect d'une mer de collines des collines d'égale hauteur (1600 à 1700 mètres) couchées du sud au nord, flanc contre flanc, et, qui ne laissent pas entre elles un kilomètre de terrain plat. Le massif du Saye, 2300 mètres environ, la montagne de Goré, 2000 mètres, le plateau du Motcha, 2 500 mètres, émergent seuls et jalonnent la région de l'est à l'ouest. Au nord, vers le Birbir, on aperçoit encore le Toulou-Dergo (plus de 2 000 mètres).

Cette région envoie ses eaux au Nil Blanc par le Sobat, qui draine le centre et le nord du plateau avec le Baro et son affluent de droite, le Birbir, et le sud, avec l'Adjoubba et ses nombreux affluents. Elle pourrait être appelée zone du café et du miel; car toutes les vallées sont tapissées de caféiers, et les grands arbres sont chargés de ruches dans les contrées habitées, ou d'essaims logés dans les troncs et les branches dans les forêts. L'humus est profond, la terre, merveilleusement arrosée, donne, par an, deux récoltes splendides. Les orages sont rares, les pluies régulières, et sur le Saye, à Goré, au Motcha, il pleut toute l'année; aussi, les importantes rivières que nous avons traversées, la Gabba, et ses affluents de gauche, la Dogué, le Seur, le Kaber ne tarissent pas en saison sèche. L'élevage des bêtes à corne, la culture des céréales, du sorgho, du maïs, des légumes, réussit particulièrement bien. Mais la véritable richesse du pays serait d'abord le café, qui croît spontanément dans toutes les petites vallées, puis, le coton, cultivé dans les parties basses et sur les premiers contreforts du plateau, la civette, et, enfin, le miel exporté au Choa et au Godjam pour fabriquer l'hydromel.

Au point de vue géographique, il était important de reconnaître l'avancement du plateau abyssin dans la plaine du Nil Blanc et la façon dont finit ce plateau. Nous avons déterminé l'avancement de ce plateau entre le 6o et le 8°30′ de Lat. N. Tandis qu'il se termine par une véritable falaise à l'endroit où le Baro entre dans la plaine, il finit moins brutalement au sud de cette rivière. De grandes fondrières, des affaissements brusques se remarquent encore audessous du plateau très élevé du Motcha, mais bientôt les escarpements sont remplacés par des collines, aux pentes encore assez raides, jusqu'au territoire

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