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pas seulement l'œuvre de Candolle et de Grisebach, mais la coordonnant, la modifiant même, ou la complétant suivant la valeur des matériaux accumulés depuis, se faisait vivement sentir.

Dès le début de son ouvrage, Drude s'attache à montrer le rôle important de la biologie en géographie botanique. « La partie biologique, dit Drude, n'a pas besoin d'être justifiée..... Cette partie de la Géographie botanique ne peut donc suivre d'autre voie que d'étudier, de concert avec la physiologie expérimentale, les conditions fondamentales de la vie des plantes et leurs variations avec la situation géographique et topographique. Ainsi, on arrive à se faire une idée du mode d'adaptation des plantes au caractère de chaque contrée. On y arrive par différentes voies où les hypothèses fausses peuvent se croiser avec les réelles; mais c'est la physiologie expérimentale, il ne faut pas l'oublier, qui tient la solution du problème. » Cette citation suffit pour montrer l'originalité de l'ouvrage. En voici une rapide anaysc. Dans la première partie l'auteur étudie la biologie végétale géographique, les formes de végétation et les zones de végétation du globe. La biologie végétale géographique comprend l'étude : 1° des agents géographiques (lumière solaire, chaleur, pluie et humidité de l'air, etc.); 2° des agents topographiques (influence de l'exposition, du sol, etc.); 3° des variétés biologiques d'organisation déterminées par les agents géographiques et topographiques. Dans la seconde partie, Drude établit que les aires occupées par les plantes résultent à la fois de l'évolution géologique, de la structure superficielle du sol et du climat; dans la troisième, il traite de la répartition des principaux groupes botaniques dans les diverses régions florales; dans la quatrième, il montre que les formations végétales résultent de l'association des formes de végétation et des faciès botaniques; enfin, la cinquième et dernière partie est consacrée aux diverses régions de végétation du globe.

L'ouvrage de Schimper « La Géographie botanique d'après les caractères physiologiques» (1898) est conçu sur un plan différent des précédents. C'est le manuel moderne de la Géographie botanique, un manuel qui, tenant compte de tous les travaux biologiques récents, applique à la Géographie botanique les découvertes de la morphologie expérimentale, et, expose tous les cas d'adaptations végétales signalés pendant ces dernières années. Deux mots seulement sur les grandes divisions de l'ouvrage. Schimper le partage en trois parties. Dans la première, l'auteur traite successivement de l'eau, de la chaleur, de la lumière, de l'air, du sol et des animaux; ce sont là les principaux facteurs de l'adaptation des plantes. De nombreuses figures empruntées aux travaux d'Engler, Warming, Volkens, Lothelier, Stahl, Schenck, etc., montrent de beaux exemples de ces diverses adaptations. La seconde partie traite des formations végétales au point de vue du climat et du sol; enfin, dans la troisième partie, l'auteur étudie les zones et les régions.

A. MASCLEF.

Races et peuples de la terre1

L'ouvrage que nous donne aujourd'hui M. Deniker était impatiemment attendu, non seulement des anthropologistes, mais de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'homme et du développement humain. Nos lecteurs connaissent, d'ailleurs, la haute compétence, l'érudition encyclopédique et surtout la conscience scientifique du savant bibliothécaire du Muséum.

Races et peuples de la terre n'aura pas trompé notre attente. Ce gros volume de 692 pages est un résumé, extraordinairement concis, de l'anthropologie proprement dite et de l'ethnographie du globe. La moindre de ses pages condense le suc de plusieurs gros mémoires, de livres parfois, écrits en toutes langues et souvent ignorés même des hommes du métier.

Les recherches ethnographiques ont, en effet, pris, dans ces dernières années, un tel essort, produit un tel luxe de publications plus ou moins importantes, qu'il est pour ainsi dire impossible de se tenir au courant, et que nous devons remercier M. Deniker d'avoir fixé pour nous, ne fût-ce parfois qu'en quelques mots, l'état présent de nos connaissances.

Il suffit en effet de se reporter au dernier en date des traités analogues, l'Introduction à l'étude des races humaines, de de Quatrefages (1889), pour mesurer l'étendue des progrès accomplis en dix ans et pour se rendre compte de l'orientation nouvelle qu'ont prise depuis lors les études ethnographiques.

Le fait le plus saillant, à cet égard, est le triomphe définitif des méthodes anthropologiques pures, de l'anatomie en un mot, dans l'étude scientifique de l'homme. La linguistique, si longtemps base de toutes les classifications, passe dorénavant au dernier plan; l'étude du mobilier, du degré de civilisation, des mœurs, des coutumes, etc., ne figure plus que comme appoint; la notion de race ou d'espèce, se substituant à celle de peuple ou de nation, a pris définitivement le dessus.

Il n'y a pas, en effet, de race germanique, de race anglaise, de race slave, pas plus que de race française; il y a des peuples de ce nom, produits de l'histoire, il y a des langues de ce nom, imposées par des conquêtes ou des mélanges séculaires à la majorité de ceux qui les parlent. Chacun de ces peuples n'est qu'une résultante, une combinaison de races au sens où l'histoire naturelle accepte ce mot.

Isoler celles-ci, les retrouver au milieu du chaos des métis produits par leur

1. J. Deniker, Races et peuples de la terre, 1 vol. in-8, 692 p., Paris, Schleicher frères, 1900.

brassement maintes fois millénaire, préciser les caractères primitifs et spéciaux de chacune d'entre elles, telle est la tâche ardue de l'anthropologiste.

Nos efforts à tous en cette voie ont-ils été couronnés de succès? La meilleure des réponses sera la lecture du livre de M. Deniker. On y verra combien, en quelques années, le terrain a été déblayé, combien de notions précises se sont substituées à des données problématiques, mais aussi, peut-être, se rendra-t-on mieux compte de ce qui reste à faire, et de l'importance de la tâche que nous léguerons à ceux qui viendront après nous.

Cet ouvrage comporte deux parties complètement distinctes, l'une anthropologique et sociologique, l'autre purement ethnographique.

Dans la première nous trouvons un véritable traité d'anthropologie élémentaire où se trouvent exposés à grands traits les caractères spécifiques qui distinguent l'homme de ses proches voisins, les anthropoïdes, et qui subdivisent en maints rameaux le grand tronc humain lui-même.

Puis, viennent les méthodes anthropologiques, avec une rapide et claire description des procédés de mensuration les plus importants, leur but, leur portée, les résultats qu'ils ont permis d'atteindre.

Aux caractères morphologiques de l'homme et des races succèdent les caractères physiologiques et pathologiques, terminant tout ce qui concerne l'homme, considéré dans sa vie animale et comme espèce naturelle.

Mais l'homme est, avant tout, un être sociable. Les quatre chapitres suivants résument ses rapports avec ses semblables, en étudiant d'abord le facteur essentiel de toutes relations, le langage, puis ces relations elles-mêmes, c'est-à-dire la vie matérielle, psychique, familiale et sociale. C'est toute la sociologie condensée en 150 pages nourries de faits et puisées aux meilleures sources.

La seconde partie de Races et peuples est, au contraire, une ethnographie complète. Elle débute par la classification des races et des peuples. Ce chapitre expose les idées propres à M. Deniker sur la hiérarchie et les rapports entre eux des divers groupes humains. Il est à lire et à méditer; lui aussi marque une étape. Vient ensuite l'énumération de toutes les races actuelles ou antéhistoriques, caractérisées par des chiffres de mensurations et par l'exposé de tout ce qui peut les particulariser au triple point de vue anatomique, ethnographique et social.

En appendice, les anthropologistes remarqueront une série de précieux tableaux, où se trouvent réunies les mesures les plus importantes relevées jusqu'à ce jour sur des séries suffisantes d'individus de toutes races: la Taille, 288 séries l'Indice Céphalique, 336 séries - l'Indice Nasal du vivant, 71 séries. C'est une mine de documents; car, puisées aux sources mêmes, libérées des doubles emplois, et ramenées à des termes strictement comparables, ces séries sont sûres.

Nous attirerons l'attention sur l'illustration du livre. Ses 175 figures sont toutes des photographies de sujets typiques, souvent mesurés par l'auteur ou par ses amis, et choisies après un examen méticuleux et raisonné. A elles seules ces planches constituent un véritable musée ethnographique.

R. COLLIGNON.

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

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EUROPE

Le Pont naturel du Baousse del Biel (Lozère). Parmi les preuves les plus frappantes de la puissance à laquelle peuvent atteindre les phénomènes de l'érosion aqueuse, et des effets extraordinaires qu'arrive à produire le ruissellement, on met avec raison au premier rang les ponts naturels, que les cours d'eau anciens, et quelquefois contemporains, ont

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PONT NATUREL DU BAOUSSE DEL BIEL (LOZÈRE). Reproduction d'une photographie de M. E. A. Martel.

que toutes celles que les traités de géologie et de géographie physique ont l'habitude de donner comme des exemples topiques. C'est dans la partie inférieure du fameux cañon du Tarn, qui semble être une mine inépuisable de sites fantastiques, que, parmi les falaises occidentales du causse Méjean, j'ai pu, le 23 mai dernier, examiner de près l'extraordinaire rocher que montre la vue ci-dessus. Depuis bien

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des années, j'en avais entrevu l'ouverture, fort peu visible des bords mêmes du Tarn, mais je ne me doutais pas des colossales dimensions qu'il présente, quand on est parvenu, par des sentiers assez malaisés, à l'aborder. Entre les Vignes et le Rozier, en aval et au-dessus des maisons du Cambon (rive droite du Tarn, 405 mètres d'altitude), ce pont naturel du Baousse del Biel (en patois précipice brisé du Beau-Père) ouvre son ample seuil, à 755 mètres d'altitude, soit à 350 mètres plus haut que la rivière actuelle. Tandis que le Prebischthor, pratiqué dans les grès crétacés (quadersandstein), à 300 mètres au-dessus du Biela Grand, mesure 30 mètres

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de largeur sur 20 de hauteur, le pont du Baousse del Biel (ouvert dans un éperon étroit des grandes dolomies jurassiques) a 25 mètres de largeur seulement, mais 27 de hauteur sous voûte (40 avec le tablier). La vue, où deux personnages donnent l'échelle des dimensions, dispense de plus ample description, et montre que l'immense arcade est plus grandiose encore que le Prebischthor, qui doit céder le pas à son nouveau rival du causse Méjean.

L'origine géologique est la même. Sur le causse, actuellement haut, dans ces parages, de 850 à 1100 mètres, mais jadis beaucoup plus élevé, circulaient autrefois, avant les grandes dénudations qui en ont abaissé le ne sont pas encore tous effacés.

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niveau, de puissants torrents dont les thalwegs L'énergique drainage effectué par le creusement de la gorge du Tarn a provoqué; sur les flancs de cette gorge, à même les falaises des causses, des ravinements profonds où les eaux dressèrent en saillie, comme des obélisques, ou en arcades, comme des arches de pont, les parties les plus cohérentes, les plus résistantes du calcaire.

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C'est un témoin de ce travail d'érosion, pour nous d'autant plus étonnant, qu'actuellement tout ruisselet est supprimé dans ces anciens sillons des eaux disparues, qui est demeuré au Baousse del Biel. Il mérite de devenir classique, et d'être pourvu prochainement d'un chemin d'accès pratique. A moins d'un kilomètre au nord, et, à 690 mètres d'altitude, dans les mêmes falaises, une autre percée, le Pas de l'Arc (haute de 7 m., large de 3 m. seulement), donne à penser, conjointement avec le bouleversement des roches et ravines voisines, que peut-être s'est produit là quelque effondrement de vastes cavernes dont, pendant un temps,

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