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paysage. Dans la vue reproduite ci-dessus, d'après une photographie de M. Charles Rabot, l'île est recouverte d'arbres feuillus; à l'époque des inondations les eaux l'envahissent, aussi la végétation a-t-elle un facies plus méridional à cause des alluvions et des graines provenant de l'amont.

Peut-on tracer la frontière méridionale de la taïga? C'est là une question qui ne manque pas d'intérêt; nous allons essayer d'y répondre pour une partie de la Sibérie occidentale. On peut dire que le chemin de fer transsibérien est, dans la Sibérie occidentale, depuis Tcheliabinsk, où il débouche de l'Oural, jusqu'à Kolyvan et à l'Obi, hors de la taïga; ce qui nous donne une première limite positive; toutefois, la taïga en est plus ou moins rapprochée. Entre Kainsk et l'Obi, la voie borde la forêt et donne par suite la frontière, frontière qui correspond au 55° de Lat. N. Entre Kainsk et Petropavlosk, cette frontière est reportée au 56°, pour se rapprocher et redescendre plus au sud, jusqu'à Tcheliabinsk, presque à la hauteur du 55o. Entre l'Obi et l'Irtych, la taïga se présente surtout sous l'aspect de forêt inondée ou marécageuse.

III. Les steppes'.

A.Les steppes à bouleaux.

Après la taiga, la troisième zone botanique de la Sibérie, non moins étendue que celle des forêts et plus importante au point de vue économique, est celle des steppes. Et il est à remarquer que, si nous donnons un coup d'œil général à la carte du globe, nous retrouverons cette zone des steppes, succédant à la zone forestière, aussi bien en Europe et en Amérique qu'en Asie; la concordance dans les trois continents subsiste toujours. La seconde observation portera sur les différences visibles entre diverses catégories de steppes qu'il est indispensable de déterminer. Tout d'abord, zone de transition entre la laïga et les steppes proprement dites, car la nature ne procède jamais par bonds les steppes à bouleaux. Le chemin de fer transsibérien, de Tcheliabinsk à l'Obi, traverse entièrement cette zone des steppes à bouleaux, de l'est à l'ouest. Quelques cotes altimétriques préciseront le nivellement des steppes à bouleaux Mias, dans l'Oural oriental, 490 mètres; Kourgan, 88 m. 8; Petropavlosk, 146 m. 2; l'Irtych, au pont du chemin de fer, 76 m. 80; Omsk, 84 m. 915; Kainsk, 122 m. 8; Krivochtchokovo, sur l'Obi, 124 mètres.

:

Les bouleaux sont groupés par bosquets de dix, quinze, vingt arbres, souvent associés avec des trembles; ils constituent parfois des bois d'un à deux kilomètres de longueur, mais c'est l'exception. Le type de steppe à bouleaux est d'autant plus complet que les bosquets de bouleaux sont plus rapprochés; tel

1. J'ai particulièrement utilisé la très remarquable monographie synthétique du professeur Krasnof sur la flore des steppes. (Publications de la Société des Naturalistes de Moscou, 1894).

est le cas autour de Kourgan et au sud de Petropavlosk. Le long des cours d'eau, ou auprès des lacs très abondants dans les districts de Petropavlosk et de Kokchetav, on observe, en outre, des groupes de saules ou de peupliers (Populus nigra, P. alba et P. suaveolens). Le sol des steppes à bouleaux est, en général, très fertile; dans la région de Tcheliabinsk, Kourgan, Ichim, en partie Petropavlosk, il est essentiellement constitué par de la terre noire, du tehernoziom, comme dans les steppes du midi de la Russie; dans le district d'Omsk, le sable argileux domine; enfin, entre Omsk et l'Obi, s'étend la région lacustre, connue sous le nom de steppe de Baraba, mais qui rentre dans la catégorie des steppes à bouleaux.

En parlant de la taïga, nous avons établi la limite septentrionale de la steppe à bouleaux dans la Sibérie occidentale; il nous reste à établir sa limite méridionale. La steppe de Baraba est à peu près comprise entre le 55o et le 52o de Lat. N.; dans la steppe à bouleaux du district d'Omsk, que j'ai particulièrement étudiée, la limite septentrionale se trouve sur le 56° de Lat. N. et la limite méridionale sur le 53° (à peu près la limite du district); on peut dire que le district d'Omsk est entièrement compris dans la zone de la steppe à bouleaux. Dans les districts occidentaux du gouvernement d'Akmolinsk, les limites sont quelque peu modifiées par l'existence d'une petite Suisse sibérienne (en miniature), les montagnes de Kokchetav, où des groupes de conifères viennent mêler leurs massifs sombres à la silhouette blanchâtre des bouleaux.

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La première floraison s'est produite, lors de mon séjour à Omsk, à la fin du mois d'avril; c'est une Anémone, l'Anemone patens, qui a donné le signal du printemps, en fleurissant dans le bois situé au nord de la ville, sur la rive de l'Irtych. Voici quelques données météorologiques sur la région d'Omsk, d'après les observations d'une année moyenne faites à la station météorologique de cette ville: Janvier, moyenne, — 21°,8; maximum, — 20°; minimum, 41° Mars, moyenne, -7°,7; maximum, -5°; — minimum, Avril, moyenne, +1°; maximum, +17°,5; minimum, 14o,8. moyenne, + 10°,4; maximum + 26°; minimum, — 5o. — Juin, moyenne, +15°,7; maximum, +29°,8; minimum, +2°,9. — Août, moyenne, +17o,2; maximum, +30°; minimum + 3°. - Octobre, moyenne, +3°,3; maximum, +16o,3; minimum, 7°,6. Décembre, moyenne, 19°,8; maximum,

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26°,3.

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Mai,

Examinons maintenant les formes végétales les plus fréquentes, associées à ce type de la steppe à bouleaux, en signalant celles qui sont communes aux steppes de la Russie d'Europe :

Famille des Renonculacées : Thalictrum minus, Anemone silvestris, Ranunculus acris, Ranunculus polyanthemos, Adonis vernalis, se retrouvent également dans les gouvernements de Kherson, Bessarabie, Podolie, Kiev, Volhynie, Perm, Kazan, Samara, Oufa et Orenbourg; Pulsatilla patens (une forme

caractéristique) se retrouve dans les gouvernements de Bessarabie, Perm, Kazan, Samara, Oufa et Orenbourg; Caltha palustris, une forme qui se trouve dans la zone arctique aussi bien asiatique qu'américaine; Isopyrum fumarioides, forme commune à la région d'Omsk, aux rives du fleuve Oural et à la · Mandchourie; Trollius europæus, se retrouvant dans les steppes de Sarepta (bas Volga).

Famille des Polygalacées Polygala sibirica (Podolie, Kiev, Volhynie, Samara, Oufa, Orenbourg).

Famille des Caryophyllacées : Gypsophila altissima (Samara, Oufa, Orenbourg, steppes de Sarepta (bas Volga); Silene otites (toutes les steppes russes); Silene chlorantha (Perm, Kazan, Samara, Oufa, Orenbourg, Kherson, Bessarabie); Silene viscosa (Kazan, Samara, Oufa, Orenbourg, Kherson, Podolie, Bessarabie); Silene sibirica (Oufa, Orenbourg, Kherson, Podolie); Silene wolgensis, forme plus spéciale (gouvernements de Tambof et de Saratof); Stellaria graminea (toutes les steppes de la Russie d'Europe).

Famille des Géraniacées : Geranium sibiricum (Sibérie, Mongolie, Mandchourie, Chine boréale, Japon, Tibet occidental).

Famille des Légumineuses: Astragalus hypoglottis (Perm, Kazan, Samara, Oufa, Orenbourg); Oxytropis pilosa (toutes les steppes de la Russie d'Europe); Trifolium montanum (toutes les steppes de la Russie d'Europe); Trifolium lupinaster.

Famille des Rosacées : Spiræa filependula; Spiræa hypericifolia; Sanguisorba officinalis (Perm, Kazan, Samara, Oufa, Orenbourg, Podolie, Kiev, Volhynie); Potentilla opaca (toutes les steppes de la Russie d'Europe); Potentilla argentea (Perm, Kazan, Oufa, Samara, Orenbourg, Kherson, Podolie, Kiev, Volhynie).

Famille des Rubiacées : Galium verum (toutes les steppes de la Russie d'Europe).

A cette liste, nous ajouterons les noms de quelques autres plantes caractéristiques, les Artémises, de la famille des Composées, les Stipa pennata, Origanum vulgare, Campanula sibirica, Lilium Martagon, etc. La steppe à bouleaux a, surtout, comme on a pu le remarquer, de grandes affinités avec les steppes que M. Krasnof appelle steppes pré-ouraliennes. L'Oural n'est qu'un couloir de conifères entre deux zones steppiennes similaires.

B.

Steppes sans végétation arborescente et non salines.

Cette seconde zone, que nous établissons dans les steppes de la Sibérie occidentale, correspond aux steppes des terres noires et du loss du Dr Radde, dans le Caucase (principalement steppes ciscaucasiennes), aux steppes de terre noire et d'Absinthes du professeur Krasnof, dans sa notice sur la flore de

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l'Altaï. Elle diffère de la zone précédente par l'absence des bouleaux, des trembles, ou autres espèces arborescentes (sauf dans quelques sporades, par exemple dans les islets de l'Irtych, à Semipalatinsk); elle diffère de la zone suivante par l'absence d'inflorescences salines. Salimite méridionale, dans la partie où je l'ai traversée, était le cours de la rivière Aïas, tributaire du lac Balkach, c'est-à-dire, environ, le 48° de Lat. N.; elle serait, par conséquent, comprise entre le 48° et le 53°. Vers l'est, où elle forme les parties basses du système de l'Altaï, elle est beaucoup plus riche en formes végétales que vers l'ouest. Quelques énumérations de plantes choisies dans les familles les plus importantes du règne végétal nous permettront d'établir ses affinités caractéristiques : Famille des Renonculacées. D'abord, trois formes que nous avons déjà étudiées dans les steppes à bouleaux et qui ont une aire de dispersion considérable: Ranunculus acris, Ranunculus polyanthemos et Pulsatilla patens. Les formes que nous retrouvons dans les steppes de la Russie d'Europe sont . Thalictrum minus, commun dans les steppes russes; Clematis integrifolia (Kherson, Bessarabie, Podolie, Kiev et Volhynie); Ceratocephalus orthoceras (Kherson, Bessarabie); Aconitum anthora (Samara, Oufa, Orenbourg); Adonis wolgensis (Kherson, Bessarabie, Podolie, Kiev et Volhynie). A côté, d'autres formes, Clematis glauca, connue aussi sous le nom de Clematis orientalis, répandue dans tout le Turkestan, le Caucase, la Perse, la Mongolie, l'HimaJaya, la Mandchourie; Thalictrum isopyroïdes (tout le Turkestan, Arménie, Syrie, Perse, Afghanistan, Himalaya, etc.); Ranunculus polyrhizos (Russie d'Europe, Sibérie, Caucase); Ranunculus platyspermus (Turkestan et Altaï); Ranunculus auricomus (Sibérie, Russie d'Europe et Caucase).

Famille des Crucifères (compte de nombreux représentants): Megacarpea laciniata (Dzoungarie, Turkestan, rives de la Caspienne); Sisymbrium junceum (depuis la Transbaïkalie jusqu'à la Hongrie; en Russie: Samara, Oufa, Orenbourg, Bessarabie, Volhynie, Kharkof); Erysimum sisymbrioides, forme plus désertique (Altaï, Sibérie méridionale, rives de la Caspienne); Erysimum andzejovskianum (Mongolie, Dzoungarie, Daourie, Oufa, Orenbourg); Erysimum versicolor (Oufa, Orenbourg, Podolie, Kiev); Erysimum virgatum (Samara, Oufa, Orenbourg); Meniocus linifolius (Samara, Oufa, Orenbourg, Kherson, Bessarabie, Podolie, Perse, Afghanistan, Turkestan, Caucase, jusqu'en Espagne); Berberoa incana (de la Daourie jusqu'au centre de l'Europe); Alyssum minimum (Orenbourg, Oufa, Samara, Kherson, Bessarabie, Podolie, Kiev, Syrie, Hongrie, Roumélie, Grèce), etc.

Famille des Caryophyllacées (également de nombreux représentants): Gypsophila paniculata (Oufa, Orenbourg, Kherson, Bessarabie, Podolie, Kiev, jusque dans le centre de l'Allemagne); Gypsophila Gmelini (Mongolie, Altaï); Dianthus crinitus (Dzoungarie, Turkestan, Perse, Transcaucasie, Asie-Mineure); Dianthus ramosissimus (Orenbourg); Silene multiflora (Samara, Oufa, Oren

bourg, steppes de Sarepta); Silene procumbens (Tambof, Saratof, région VolgaDon); Silene siberica (Oufa, Orenbourg, Astrakhan, Kherson); Silene viscosa (Samara, Kazan, Oufa, Orenbourg, Tambof, Saratof, Kharkof), etc.

Quelques faits caractéristiques découlent de cette énumération — et se reproduiraient, si nous examinions les autres familles de phanérogames. Le premier est la presque complète disparition des formes arctiques (dont quelques-unes figuraient encore dans la steppe à bouleaux). Dans toutes les espèces mentionnées ci-dessus, une seule se retrouve sur le littoral arctique : le Ranunculus acris, et encore est-ce une espèce dont l'aire de dispersion est considérable. Au contraire, on voit apparaître quelques formes de contrées méridionales, par exemple, de Perse et de Syrie, etc. On a pu remarquer également l'énorme étendue en longitude des plantes qui constituent la flore de ces steppes; beaucoup vont depuis la Sibérie orientale jusqu'à l'Europe centrale, quelquefois même jusqu'à l'Espagne; c'est que nous nous trouvons dans la véritable zone steppienne, dont le type a été déformé, dans certaine partie de l'Europe, par la culture, mais qui constituait en Europe, et en Asie, une bande parallèle à la zone toundra, à la zone forêt. La steppe à bouleaux n'est qu'un type de transition entre la forêt et la steppe, comme la steppe saline ou sablonneuse que nous examinerons ensuite n'est qu'un type de transition entre la steppe et le désert.

J'ai décrit précédemment de la façon suivante le type de la steppe sans végétation arborescente et non saline, entre Semipalatinsk et Sergiopol : << pas un arbre dressant ses grands bras verdoyants, pas même un arbrisseau accroupi, recroquevillé, se faisant bien petit devant le vent niveleur. Non, rien qu'une vaste table, toute verte, constellée de ci, de là, de fleurs jaunes ou d'absinthes, à feuillage blanchâtre et luisant, qui lui font, comme un fin et soyeux tapis, une délicate résille. » Plus loin, la steppe ondulée : « toujours le même tableau la steppe avec des ondulations, des moutonnements, des croupes. La nature a épuisé tout le vert de sa palette pour en teindre les crètes de toutes ces vagues; de ci de là, dans les creux, quelques flaques de jaune, les renoncules se groupant en bataillons serrés. » C'est la steppe vue au printemps, car, au cœur de l'été, elle n'offre plus que des herbes jaunies, flétries, brûlées, une immensité morne et comme morte, que n'anime plus le coloris varié des floraisons.

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Ces steppes salines correspondent, dans la région qui nous occupe, au golfe nord-est de l'ancienne mer aralo-caspienne dont le lac Balkach, l'AlaKoul et le Sassyk-Koul sont les témoins; elles commencent, comme je l'ai dit, au sud de Sergiopol, c'est-à-dire au point où on laisse, au nord, l'épanouisse

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