Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

faim, ils seront obligés de se soumettre. Et de même que certaines de leurs tribus ont fait soumission réelle, de même les autres apprendront peut-être peu à peu à vivre, en dehors du pillage, des ressources de leurs troupeaux. Le fleuve deviendra libre, alors qu'il ne l'est pas réellement encore.

Il faut que nous profitions de la belle voie fluviale que nous offre le Niger.

On a pu croire un moment que le Niger présentait des rapides infranchissables. En dehors de ceux de Boussa que nous ne connaissons pas, il n'en est pas un dans la région connue sous le nom de zone des rapides, que l'on ne puisse aisément franchir.

On a fait actuellement la preuve de cette navigabilité. Les deux convo is de ravitaillement qui ont suivi, l'an dernier, le fleuve jusqu'à Saï ont montré l'emploi que l'on peut faire du Niger et ont amené à Saï, sans le moindre avarie ni le moindre accident, plus de 80 tonnes de marchandises. Si les denrées ainsi introduites à Saï avaient été des marchandises d'échange, elles auraient pu représenter une valeur de 500 000 francs, c'est-à-dire beaucoup plus qu'il ne sera nécessaire d'en amener avant longtemps pour des opérations commerciales annuelles.

Ce qu'il faut bien dire, c'est qu'il faut avant tout prendre des guides. Dans certains bras du fleuve, en effet, il y a des amas rocheux dangereux, et si l'on y passe, il peut en résulter quelques avaries. Avec de bons guides et de bons bateliers il est possible de naviguer sur le Niger.

Pour nous, nous avons circulé, sans l'ombre d'un ennui, sur notre pirogue de Djenné. Non seulement nous avons pris des guides d'un village à l'autre, mais encore nous renouvelions tout notre équipage et nous nous sommes absoIument fié à lui, nous gardant bien d'intervenir. De plus, nous n'avons navigué que le jour, et c'est là la seule façon de procéder.

On aurait pu croire que, si la descente était à la rigueur possible, la montée ne l'était point. M. le lieutenant Salaman, en exécutant par deux fois le voyage dans ce sens, a montré, de très belle façon du reste, que l'entreprise n'était pas irréalisable. D'un autre côté, mon passage aura prouvé, je crois, que l'on peut compter sur le concours bénévole des indigènes du fleuve. J'étais entièrement à leur discrétion et je n'ai eu qu'à me louer d'eux.

Au total, à condition de ne se servir que de pirogues ne dépassant pas un tonnage de 5 ou 6 tonnes, on pourra amener jusqu'à Boussa autant de marchandises que l'on voudra du mois de novembre au mois d'avril.

Une fois rendu dans la région de Saï, à Haoussa, j'ai pu entrer en rapport avec les commerçants qui détiennent le trafic dans les états du Niger anglais. Je savais à ce moment qu'il était possible de porter sur les marchés de cette région du Niger nos produits par le fleuve ; il me restait à savoir si, une fois là,

ces produits pourraient concurrencer ceux de la compagnie du Niger. J'en fus vite persuadé.

Les marchands qui mettent en rapport les marchés des états haoussas avec les comptoirs anglais sont en relations constantes avec la région nord-est de notre Soudan. Ils y visitent trois points: Sansan Haoussa, Saï, Dori. Ils ne vont point à Tombouctou.

Je ne parle de Saï que pour mémoire; Sansan Haoussa l'a supplanté.

[graphic][merged small]

Autrefois Saï était une très grande ville: ses ruines couvrent deux kilomètres carrés. Pendant la période des troubles, Saï fut tour à tour pillé par les Touareg et les Djermabé. Sansan Haoussa resta en paix et peu à peu un marché se constitua dans ce dernier village. En outre Sansan Haoussa est pour les Haoussas sur le chemin de Dori. La route directe qui passe par Saï est très pénible, et il est plus simple de remonter vers le nord pour avoir moins de désert à traverser. Les Haoussas qui arrivent à Saï y laissent quelquefois leurs marchandises, mais le plus souvent ils les apportent toutes à Sansan Haoussa et à Dori. Ces marchandises, ce sont les tissus de leur fabrication. Ils diffèrent de ceux de notre Soudan en ce que la trame en est plus fine et la teinture à l'indigo plus brillante. On en distingue trois types différents un grand boubou bleu orné de rosaces, une pièce d'étoffe servant à faire des pantalons ou des pagnes, et enfin le litham dont les peuples du désert

faim, ils seront obligés de se soumettre. Et de même que certaines de leurs tribus ont fait soumission réelle, de même les autres apprendront peut-être peu à peu à vivre, en dehors du pillage, des ressources de leurs troupeaux. Le fleuve deviendra libre, alors qu'il ne l'est pas réellement encore.

Il faut que nous profitions de la belle voie fluviale que nous offre le Niger.

On a pu croire un moment que le Niger présentait des rapides infranchissables. En dehors de ceux de Boussa que nous ne connaissons pas, il n'en est pas un dans la région connue sous le nom de zone des rapides, que l'on ne puisse aisément franchir.

On a fait actuellement la preuve de cette navigabilité. Les deux convois de ravitaillement qui ont suivi, l'an dernier, le fleuve jusqu'à Saï ont montré l'emploi que l'on peut faire du Niger et ont amené à Saï, sans le moindre avarie ni le moindre accident, plus de 80 tonnes de marchandises. Si les denrées ainsi introduites à Saï avaient été des marchandises d'échange, elles auraient pu représenter une valeur de 500 000 francs, c'est-à-dire beaucoup plus qu'il ne sera nécessaire d'en amener avant longtemps pour des opérations commerciales annuelles.

Ce qu'il faut bien dire, c'est qu'il faut avant tout prendre des guides. Dans certains bras du fleuve, en effet, il y a des amas rocheux dangereux, et si l'on y passe, il peut en résulter quelques avaries. Avec de bons guides et de bons bateliers il est possible de naviguer sur le Niger.

Pour nous, nous avons circulé, sans l'ombre d'un ennui, sur notre pirogue de Djenné. Non seulement nous avons pris des guides d'un village à l'autre, mais encore nous renouvelions tout notre équipage et nous nous sommes absoIument fié à lui, nous gardant bien d'intervenir. De plus, nous n'avons navigué que le jour, et c'est là la seule façon de procéder.

On aurait pu croire que, si la descente était à la rigueur possible, la montée ne l'était point. M. le lieutenant Salaman, en exécutant par deux fois le voyage dans ce sens, a montré, de très belle façon du reste, que l'entreprise n'était pas irréalisable. D'un autre côté, mon passage aura prouvé, je crois, que l'on peut compter sur le concours bénévole des indigènes du fleuve. J'étais entièrement à leur discrétion et je n'ai eu qu'à me louer d'eux.

Au total, à condition de ne se servir que de pirogues ne dépassant pas un tonnage de 5 ou 6 tonnes, on pourra amener jusqu'à Boussa autant de marchandises que l'on voudra du mois de novembre au mois d'avril.

Une fois rendu dans la région de Saï, à Haoussa, j'ai pu entrer en rapport avec les commerçants qui détiennent le trafic dans les états du Niger anglais. Je savais à ce moment qu'il était possible de porter sur les marchés de cette région du Niger nos produits par le fleuve ; il me restait à savoir si, une fois là,

ces produits pourraient concurrencer ceux de la compagnie du Niger. J'en fus vite persuadé.

Les marchands qui mettent en rapport les marchés des états haoussas avec les comptoirs anglais sont en relations constantes avec la région nord-est de notre Soudan. Ils y visitent trois points: Sansan Haoussa, Saï, Dori. Ils ne vont point à Tombouctou.

Je ne parle de Saï que pour mémoire; Sansan Haoussa l'a supplanté.

[graphic][merged small]

Autrefois Saï était une très grande ville ses ruines couvrent deux kilomètres carrés. Pendant la période des troubles, Saï fut tour à tour pillé par les Touareg et les Djermabé. Sansan Haoussa resta en paix et peu à peu un marché se constitua dans ce dernier village. En outre Sansan Haoussa est pour les Haoussas sur le chemin de Dori. La route directe qui passe par Saï est très pénible, et il est plus simple de remonter vers le nord pour avoir moins de désert à traverser. Les Haoussas qui arrivent à Saï y laissent quelquefois leurs marchandises, mais le plus souvent ils les apportent toutes à Sansan Haoussa et à Dori. Ces marchandises, ce sont les tissus de leur fabrication. Ils diffèrent de ceux de notre Soudan en ce que la trame en est plus fine et la teinture à l'indigo plus brillante. On en distingue trois types différents un grand boubou bleu orné de rosaces, une pièce d'étoffe servant à faire des pantalons ou des pagnes, et enfin le litham dont les peuples du désert

faim, ils seront obligés de se soumettre. Et de même que certaines de leurs tribus ont fait soumission réelle, de même les autres apprendront peut-être peu à peu à vivre, en dehors du pillage, des ressources de leurs troupeaux. Le fleuve deviendra libre, alors qu'il ne l'est pas réellement encore.

Il faut que nous profitions de la belle voie fluviale que nous offre le Niger.

On a pu croire un moment que le Niger présentait des rapides infranchissables. En dehors de ceux de Boussa que nous ne connaissons pas, il n'en est pas un dans la région connue sous le nom de zone des rapides, que l'on ne puisse aisément franchir.

On a fait actuellement la preuve de cette navigabilité. Les deux convois de ravitaillement qui ont suivi, l'an dernier, le fleuve jusqu'à Saï ont montré l'emploi que l'on peut faire du Niger et ont amené à Saï, sans le moindre avarie ni le moindre accident, plus de 80 tonnes de marchandises. Si les denrées ainsi introduites à Saï avaient été des marchandises d'échange, elles auraient pu représenter une valeur de 500 000 francs, c'est-à-dire beaucoup plus qu'il ne sera nécessaire d'en amener avant longtemps pour des opérations commerciales annuelles.

Ce qu'il faut bien dire, c'est qu'il faut avant tout prendre des guides. Dans certains bras du fleuve, en effet, il y a des amas rocheux dangereux, et si l'on y passe, il peut en résulter quelques avaries. Avec de bons guides et de bons bateliers il est possible de naviguer sur le Niger.

Pour nous, nous avons circulé, sans l'ombre d'un ennui, sur notre pirogue de Djenné. Non seulement nous avons pris des guides d'un village à l'autre, mais encore nous renouvelions tout notre équipage et nous nous sommes absolument fié à lui, nous gardant bien d'intervenir. De plus, nous n'avons navigué que le jour, et c'est là la seule façon de procéder.

On aurait pu croire que, si la descente était à la rigueur possible, la montée ne l'était point. M. le lieutenant Salaman, en exécutant par deux fois le voyage dans ce sens, a montré, de très belle façon du reste, que l'entreprise n'était pas irréalisable. D'un autre côté, mon passage aura prouvé, je crois, que l'on peut compter sur le concours bénévole des indigènes du fleuve. J'étais entièrement à leur discrétion et je n'ai eu qu'à me louer d'eux.

Au total, à condition de ne se servir que de pirogues ne dépassant pas un tonnage de 5 ou 6 tonnes, on pourra amener jusqu'à Boussa autant de marchandises que l'on voudra du mois de novembre au mois d'avril.

Une fois rendu dans la région de Saï, à Haoussa, j'ai pu entrer en rapport avec les commerçants qui détiennent le trafic dans les états du Niger anglais. Je savais à ce moment qu'il était possible de porter sur les marchés de cette région du Niger nos produits par le fleuve ; il me restait à savoir si, une fois là,

« ZurückWeiter »