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avons perdu les plus belles causes, et les plus belles choses!

Quant à l'histoire naturelle, le père Dutertre vous montre quelquefois tout un animal d'un seul trait; il appelle l'oiseaumouche une fleur céleste; c'est le vers du père Commire sur le papillon :

Florem putares nare per liquidum æthera.

« Les plumes du flambant ou du flammant, dit-il ailleurs, sont de couleur incarnat; et, quand il vole à l'opposite du soleil, il paroît tout flamboyant comme un brandon de feu (1).

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Buffon n'a pas mieux peint le vol d'un oiseau, que l'historien des Antilles : « Cet oiseau (la frégate) a beaucoup de peine à se lever de dessus les branches; mais quand il a une fois pris son vol, on lui voit fendre l'air d'un vol paisible, tenant ses ailes étendues sans presque les remuer, ni se fatiguer aucunement. Si quelquefois la pesanteur de la pluie, ou l'impétuosité des vents, l'importune, pour lors il brave les nues, se guinde dans la moyenne région de l'air, et se dérobe à la vue des hommes (2). »

(1) Hist. des Ant. tom. II, p. 268. (2) Id. p. 269.

Il représente la femelle du colibri, faisant son nid :

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Elle carde, s'il faut ainsi dire, tout le coton que lui apporte le mâle, et le remue quasi poil à poil avec son bec et ses petits pieds; puis elle forme son nid, qui n'est pas plus grand que la moitié de la coque d'un oeuf de pigeon. A mesure qu'elle élève le petit édifice, elle fait mille petits tours, polissant avec sa gorge la bordure du nid, et le dedans avec sa queue.

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Je n'ai jamais pu remarquer en quoi consiste la becquée que la mère leur apporte, sinon qu'elle leur donne la langue à sucer, que je crois être toute emmiellée du suc qu'elle tire des fleurs. »

Si la perfection dans l'art de peindre consiste à donner une idée précise des objets, en les offrant toutefois sous un jour agréable, le missionnaire des Antilles a atteint cette perfection.

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CHAPITRE

VIII.

Missions de la Nouvelle-France.

Nous ne nous arrêterons point aux missions de la Californie, parce qu'elles n'offrent aucun caractère particulier, ni à celles de la Louisiane, qui se confondent avec ces terribles missions du Canada, où l'intrépidité des apôtres de Jésus-Christ a paru dans toute sa gloire.

Lorsque les Français, sous la conduite de Champelain, remontèrent le fleuve SaintLaurent, ils trouvèrent les forêts du Canada habitées par des Sauvages bien différens de ceux qu'on avoit découverts jusqu'alors au Nouveau Monde. C'étoient des hommes robustes, courageux, fiers de leur indépendance, capables de raisonnement et de calcul, n'étant étonnés ni des mœurs des Européens, ni de leurs armes (1), et qui, loin de nous

(1) Dans le premier combat de Champelain contre les Iroquois, ceux-ci soutinrent le feu des Français, sans donner d'abord le moindre signe de frayeur ou d'éton

nement.

admirer, comme les innocens Caraïbes, n'avoient pour nos usages que du dégoût et du mépris.

Trois nations se partageoient l'empire du désert : l'Algonquine, la plus ancienne et la première de toutes, mais qui, s'étant attiré la haine, par sa puissance, étoit prête à succomber sous les armes des deux autres; la Huronne, qui fut notre alliée, et l'Iroquoise notre ennemie.

Ces peuples n'étoient point vagabonds; ils avoient des établissemens fixes, des gouvernemens réguliers. Nous avons eu nousmêmes occasion d'observer, chez les Indiens du Nouveau - Monde, toutes les formes de constitutions des peuples civilisés : ainsi les Natchez, à la Louisiane, offroient le despotisme dans l'état de nature, les Creecks de la Floride, la monarchie, et les Iroquois au Canada, le gouvernement républicain.

Ces derniers et les Hurons représentoient encore les Spartiates et les Athéniens, dans la condition sauvage : les Hurons, spirituels, gais, légers, dissimulés toutefois, braves, éloquens, gouvernés par des femmes, abusant de la fortune, et soutenant mal les revers, ayant plus d'honneur que d'amour de

la patrie: les Iroquois séparés en cantons que dirigeoient des vieillards, ambitieux, politiques, taciturnes, sévères, dévorés du désir de dominer, capables des plus grands vices et des plus grandes vertus, sacrifiant tout à la patrie, les plus féroces et les plus intrépides des hommes.

Aussitôt que les Français et les Anglais parurent sur ces rivages, par un instinct naturel, les Hurons s'attachèrent aux premiers; les Iroquois se donnèrent aux seconds, mais sans les aimer; ils ne s'en servoient que pour se procurer des armes. Quand leurs nouveaux alliés devenoient trop puissans, ils les abandonnoient; ils s'unissoient à eux de nouveau, quand les Français obtenoient la victoire. On vit ainsi un petit troupeau de Sauvages, se ménager entre deux grandes nations civilisées, chercher à détruire l'une par l'autre, toucher souvent au moment d'accomplir ce dessein, et d'être à la fois le maître et le libérateur de cette partie du Nouveau-Monde.

Tels furent les peuples que nos missionnaires entreprirent de nous concilier par la religion. Si la France vit son empire s'étendre en Amérique, par-delà les rives du

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