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CHAPITRE IX.

Fin des Missions.

AINSI nous avons indiqué les voies que suivoient les différentes missions: voies de simplicité, voies de science, voies de législation, voies d'héroïsme. Il nous semble que c'étoit un juste sujet d'orgueil pour l'Europe, et surtout pour la France, qui fournissoit le plus grand nombre de missionnaires, de voir tous les ans sortir de son sein, des hommes qui alloient faire éclater les miracles des arts, des lois, de l'humanité et du courage, dans les quatre parties de la terre. De là provenoit la haute idée que les étrangers se formoient de notre nation, et du Dieu qu'on y adoroit. Les peuples les plus éloignés vouloient entrer en liaison avec nous; l'ambassadeur du Sauvage de l'Occident rencontroit à notre cour l'ambassadeur des nations de l'Aurore. Nous ne nous piquons pas du don de prophétie; mais on se peut tenir assuré, et l'expérience le prouvera, que jamais des savans, dépêchés aux pays lointains,

avec les instrumens et les plans d'une académie, ne feront ce qu'un pauvre moine, parti à pied de son couvent, exécutoit seul avec son chapelet et son bréviaire.

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IL n'y a pas un beau souvenir, pas une

belle institution dans les siècles modernes, que le christianisme ne réclame. Les seuls temps poétiques de notre histoire, les temps chevaleresques lui appartiennent encore : la vraie religion a le singulier mérite d'avoir créé parmi nous l'âge de la féerie et des enchantemens.

M. de Sainte-Palaye semble vouloir séparer la chevalerie militaire de la chevalerie reli

gieuse, et tout invite, au contraire, à les confondre. Il ne croit pas qu'on puisse faire remonter l'institution de la première au-delà du onzième siècle (1); or, c'est précisement l'époque des croisades qui donnèrent naissance aux Hospitaliers, aux Templiers et à l'ordre Teutonique (2). La loi formelle par laquelle la chevalerie militaire s'engageoit à défendre la foi, la ressemblance de ses cérémonies avec celles des sacremens de l'Eglise, ses jeûnes, ses ablutions, ses confessions, ses prières, ses engagemens monastiques (3), montrent suffisamment que tous les chevaliers avoient la même origine religieuse. Enfin, le vœu de célibat qui paroît établir une différence essentielle entre des héros chastes et des guerriers qui ne parlent que d'amour, n'est pas une chose qui doive arrêter; car ce vœu n'étoit pas général dans les ordres militaires chrétiens : les chevaliers de SaintJacques-de-l'Epée, en Espagne, pouvoient

(1) Mém. sur l'anc. Chev. tom. 1, 2a part. p. 66.

(2) Hén. Hist. de Fr., t. I, p. 167. Fleury, Hist. ecclés., t. XIV, p. 387; t. XV, p. 604. Helyot, Hist. des Ordres relig. t. III, p. 74, 143.

(3) Sainte-Palaye, loc. cit. et la note 11.

se marier (1), et dans l'ordre de Malthe, on n'est obligé de renoncer au lien conjugal, qu'en passant aux dignités de l'ordre, ou en entrant en jouissance de ses bénéfices.

D'après l'abbé Giustiniani, ou sur le témoignage plus certain, mais moins agréable, du frère Helyot, on trouve trente ordres religieux militaires: neuf sous la règle de saint Basile, quatorze sous celle de saint Augustin, et sept attachés à l'institut de saint Benoît. Nous ne parlerons que des principaux, à savoir les hospitaliers, ou chevaliers de Malthe en Orient, les Teutoniques à l'Occident et au Nord, et les chevaliers de Calatrave (en y comprenant ceux d'Alcantara et de Saint-Jacques-de-l'Epée ) au midi de l'Europe.

Si les historiens sont exacts, on peut compter encore plus de vingt-huit autres ordres militaires, qui, n'étant point soumis à des règles particulières, ne sont considérés que comme d'illustres confréries religieuses: tels sont ces chevaliers du Lion, du Croissant, du Dragon, de l'Aigle-Blanche, du Lys,

(1) Fleury, Hist. ecclés. t. XV, liv. LXXII, p. 406, édit. 1719, in-4°.

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