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ne mourra point: maintenant tout est muet. Debout dans la chaire de vérité, un prêtre, seul vêtu de blanc au milieu du deuil général, le front chauve, la figure pâle, les yeux fermés, les mains croisées sur la poitrine, est recueilli dans les profondeurs de Dieu; tout à coup ses yeux s'ouvrent, ses mains se déploient, et ces mots tombent de ses lèvres :

<< Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l'indépendance, est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons : soit qu'il élève les trônes, soit qu'il les abaisse, soit qu'il communique sa puissance aux princes, soit qu'il la retire à lui-même, et ne leur laisse que leur propre foiblesse, il leur apprend leurs devoirs d'une manière souveraine et digne de lui (1). . .

Chrétiens, que la mémoire d'une grande reine, fille, femme, mère de rois si puissans, et souveraine de trois royaumes, appelle à cette triste cérémonie, ce discours vous fera

(1) Bossuet, Orais, fun. de la Reine de la Gr. Bret.

paroître un de ces exemples redoutables qui étalent aux yeux du monde sa vanité toute entière. Vous verrez dans une seule vie, toutes les extremités des choses humaines : la félicité sans bornes aussi bien que les misères; une longue et pénible jouissance d'une des plus belles couronnes de l'univers. Tout ce que peut donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulées sur une tête qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune; la rébellion, longtemps retenue, à la fin toute maîtresse; nul frein à la licence; les lois abolies; la majesté violée par des attentats jusqu'alors inconnus; un trône indignement renversé..... voilà les enseignemens que Dieu donne aux rois. >>

Souvenir d'un grand siècle, d'une princesse infortunée, et d'une révolution mémorable, oh! combien la religion vous a rendus touchans et sublimes, en vous transmettant à la postérité!

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Funérailles du Guerrier, Convoi des Riches, Coutumes, etc.

UNE noble simplicité présidoit aux obsèques du guerrier chrétien. Lorsqu'on croyoit encore à quelque chose, on aimoit à voir un aumônier dans une tente ouverte, près d'un champ de bataille, célébrer une messe des morts sur un autel formé de tambours. C'étoit un assez beau spectacle de voir le Dieu des armées descendre, à la voix d'un prêtre, sur les tentes d'un camp français, tandis que de vieux soldats, qui avoient tant de fois bravé la mort, tomboient à tomboient à genoux devant un cercueil, un autel et un ministre de paix. Aux roulemens des tambours drapés, aux salves interrompues du canon, des grenadiers portoient le corps de leur vaillant capitaine, à la tombe qu'il avoient creusée pour lui avec leurs baïonnettes. Au sortir de ces funérailles, on n'alloit point courir pour des trépieds, pour de doubles coupes, pour des peaux de lion aux ongles d'or, mais on s'empressoit de chercher, au milieu des combats, des jeux funèbres et une arène

plus glorieuse; et si l'on n'immoloit point une génisse noire aux mânes du héros, du moins on répandoit en son honneur, un sang moins stérile, celui des ennemis de la patrie.

de

Parlerons-nous de ces enterremens faits à la lueur des flambeaux dans nos villes, ces chapelles ardentes, de ces chars tendus de noir, de ces chevaux parés de plumes et de draperies, de ce silence interrompu par les versets de l'hymne de la colère, Dies ira? La religion conduisoit à ces convois des grands, de pauvres orphelins sous la livrée pareille de l'infortune : par là elle faisoit sentir à des enfans qui n'avoient point de père, quelque chose de la piété filiale; elle montroit en même temps à l'extrême misère,' ce que c'est que des biens qui viennent se perdre au cercueil, et elle enseignoit au riche qu'il n'y a point de plus puissante médiation auprès de Dieu, que celle de l'innocence et de l'adversité.

Un usage particulier avoit lieu au décès des prêtres; on les enterroit le visage découvert : le peuple croyoit lire sur les traits de son pasteur l'arrêt du souverain juge, et reconnoître les joies du prédestiné, à travers

l'ombre d'une sainte mort, comme, dans les voiles d'une nuit pure, on découvre les splendeurs du ciel.

La même coutume s'observoit dans les couvens. Nous avons vu une jeune religieuse ainsi couchée dans sa bière. Son front se confondoit, par sa pâleur, avec le bandeau de lin dont il étoit à demi couvert; une couronne de roses blanches étoit sur sa tête, et un flambeau brûloit entre ses mains : les grâces et la paix du cœur ne sauvent point de la mort, et l'on voit se faner les lis, malgré la candeur de leur sein, et la tranquillité des vallées qu'ils habitent.

Au reste, la simplicité des funérailles étoit réservée au nourricier, comme au défenseur de la patrie. Quatre villageois, précédés du curé, transportoient, sur leurs épaules, l'homme des champs au tombeau de ses pères. Si quelques laboureurs rencontroient le convoi dans les campagnes, ils suspendoient leurs travaux, découvroient leurs têtes, et honoroient d'un signe de croix leur compagnon décédé. On voyoit de loin ce mort rustique voyager au milieu des blés jaunissans, qu'il avoit peut-être semés. Le cercueil, couvert d'un drap mortuaire, se ba

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