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» la plus tendre des mères, pour éloigner de moi les >>> funestes atteintes du mal. Oh! qu'il fut précieux à » mon cœur le souvenir des principaux traits de sa » belle vie, consacrée, jusqu'à la quarante-huitième » année, à l'exercice constant des œuvres de charité et » de bienfaisance!

» Mais quand je fis un retour sur moi-même, quel >> affligeant contraste accabla mon âme! Les remords » abreuvèrent mon cœur d'amertume; ils me révélaient » qu'il y a une justice souveraine hors de ce monde. » Des pensées désolantes bouleversaient mon esprit. » O la plus tendre des mères, serait-il vrai que cette éter»> nité de bonheur, dont vous m'avez si souvent entre» tenu dans mes premières années, se fût déjà réalisée » pour vous, et que mes opinions inconsidérées me con» damnassent à être séparé de vous pour jamais!... Pour » jamais je serais donc forcé de blasphemer et de mau» dire ce même Dieu qui aurait récompensé vos mérites » d'un bonheur sans mesure!

» Entièrement absorbé dans ces réflexions, j'étais » parvenu, sans m'en douter, à une distance très-rap» prochée de l'église du séminaire. Comme malgré moi, » je tombe à genoux devant la grille qui sépare le ves»tibule de l'intérieur, et je m'écrie: 0 Dieu de ma » mère! s'il est vrai que vous soyez; si, comme elle me » l'a assuré, vous êtes la vérité, la sagesse et la bonté » suprêmes, que vous m'ayez fait pour vous, et que » vous entendiez les désirs sincères d'un cœur malheu»reux, je vous conjure et vous supplie d'employer » votre puissance à me secourir: montrez-vous à votre » créature; soyez sa lumière et sa vie; tracez-lui la

» route pour arriver jusqu'à vous!!!... Mon agitation » était extrême, mes larmes coulaient en abondance. >> Au bout de quelques instants, je sens le calme renaî>> tre dans mon âme, et je me relève avec la résolution » sincère de chercher la vérité de bonne foi.

» Peu de jours après, je partis pour Rodez, où je » devais passer le temps des vacations. J'en employai la >> plus grande partie à lire les Pensées de Pascal, celles » de Bossuet, divers sermons de Bourdaloue et de Mas» sillon sur la vérité des dogmes de la religion chré» tienne, et les Confessions de saint Augustin, où je >> trouvai des réflexions aussi solides que consolantes » sur la grandeur de la bonté et de la miséricorde de Dieu. >> Ces lectures réfléchies dissipèrent tous mes doutes » et toutes mes erreurs. De retour à Montpellier, je mn’a» dressai à un prêtre recommandable par son âge, ses » vertus et ses lumières. Il m'aida, avec une bonté pa»ternelle et un zèle apostolique, à débrouiller le chaos » de ma vieille conscience; et, après avoir subi l'épreuve » qu'il jugea convenable, j'eus le bonheur de remplir >> mon devoir pascal.

» Que de larmes j'ai versées alors, et depuis ce beau » jour, sur mes trop longs égarements! Mais elles n'ont >> fait qu'accroître la paix, le calme et le bonheur dont » je m'étais si longtemps privé. Durant les longues ma>> ladies que j'ai essuyées, la religion est venue calmer » mes douleurs, soulager mes maux et me prodiguer >> les plus douces consolations 1. »

1 Delauro-Dubez, conseiller à la Cour royale de Montpellier, mort le 30 août 1829. Extrait de l'ouvrage qu'il a composé sous ce titre : l'Athée redevenu chrétien.

CHAPITRE IV.

DIEU ÉTABLIT UNE RELIGION DÈS LE COMMENCEMENT DU MONDE. MONUMENTS PUBLICS ET AUTHENTIQUES DE LA RÉVÉLATION.

Quand par l'étude de l'histoire on remonte vers l'origine des peuples, on les voit offrir à Dieu un culte religieux et vivre dans la persuasion que c'était de lui-même qu'ils avaient reçu ce culte; tradition infiniment respectable, transmise d'âge en âge, sans qu'on puisse lui attribuer d'autres fondements que les apparitions divines, dont les premiers hommes furent honorés dès le principe.

§ Ier.

ON NE PEUT PAS RAISONNABLEMENT DOUTER QUE DIEU N'AIT ÉTABLI UNE RELIGION DÈS LE COMMENCEMENT DU MONDE.

Cette tradition est bien plus digne de la sagesse de Dieu que la théorie de certains philosophes modernes, qui ont supposé que les hommes avaient primitivement vécu sans nul lien de société, sans usage de la parole, sans idées morales, sans religion, par conséquent, et qu'ils ne sont parvenus enfin à se former une langue et

à conquérir l'intelligence de quelques vérités que par de longs et pénibles efforts 1. Voilà, selon eux, l'état de nature selon nous, un pareil état n'est qu'une chimère de l'imagination, et le prendre au sérieux serait un blasphème contre la Providence,

Gardons-nous de penser que celui qui veille sur les oiseaux du ciel et sur les animaux de la terre, et qui donne à tous la perfection qu'ils doivent avoir, ait laissé l'homme sans intelligence, sans nulle notion morale pendant un temps indéfini, pendant des siècles entiers. Les besoins physiques l'auraient absorbé tout entier: étranger aux connaissances qui s'élèvent au-dessus des sens, très-vraisemblablement, il n'aurait jamais pu les acquérir ni se mettre en rapport de société avec ses semblables. Du moins est-il, que les premiers hommes sortis immédiatement des mains de Dieu eussent été infiniment plus à plaindre que nous qui, dès notre enfance, avons été initiés par nos parents aux notions qu'il nous importait le plus d'acquérir et avons reçu d'eux les éléments des sciences. Le premier homme a dû être créé, non à l'état d'enfance, mais à l'état de matu

Il se peut que ces philosophes aient puisé leurs idées sur l'état de nature dans les poëtes grecs et latins, qui nous représentent Orphée civilisant les hommes par l'harmonie de ses chants et Amphion bâtissant des villes au son de sa lyre. Horace, empruntant des formes moins gracieuses, nous dit que les premiers hommes, sortis des eaux, vivaient à la manière des brutes, se disputant les abris qui devaient les défendre de l'injure du temps et les glands qui leur servaient de pâture, Il appelle ces premiers hommes turpe et mutum pecus. On sait bien que les poëtes ne prétendaient pas faire toujours de la bonne philosophie et encore moins de l'histoire.

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rité le créer enfant avec la faiblesse de cet âge, c'eût été l'abandonner sans secours à des misères sans fin, ou plutôt à une mort certaine; le créer dans la force de l'âge, sans lui apprendre le secret de son origine ni celui de ses destinées, c'eût été le mettre dans l'impossibité de remplir les fins de sa création.

Bien éloignés de donner un tel commencement au genre humain, les peuples les plus anciens exagéraient au contraire les connaissances des premiers hommes, en leur attribuant bien des choses que l'expérience avait découvertes dans la suite des siècles. Une idée, une institution était d'autant plus vénérable à leurs yeux, qu'elle remontait aux origines du monde, parce qu'ils croyaient qu'à cette époque leurs pères avaient conversé avec les dieux. Voilà pourquoi ils professaient pour les temps anciens un respect, une sorte de culte qui serait tout à fait inexplicable dans l'idée du progrès que les philosophes incrédules veulent faire prévaloir. Dans leur système, nous aurions et plus de lumières, et plus de vertus que nos ancêtres, nous leur serions autant supérieurs que l'homme civilisé est supérieur au sauvage; pourquoi donc ce respect pour leur mémoire et pour les traditions qu'ils nous auraient transmises? Platon fait tenir ce discours aux Grecs par les prêtres égyptiens : « Vous autres Grecs, vous êtes des enfants : il » n'y a point de vieillards dans la Grèce. Votre esprit » toujours jeune n'a point été nourri des opinions an>> ciennes transmises par l'antique tradition; vous n'a» vez point de science blanchie par le temps'. » Il sup

Platon, dans le Timée.

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