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plupart des lois de la nature connues aujourd'hui ne l'auraient jamais été, si on avait voulu les considérer d'abord en elles-mêmes, et ne venir à l'expérience qu'après avoir démontré au préalable l'existence ou la convenance de ses lois, par le seul raisonnement.

Il en est de même de ceux qui veulent se rendre raison des vérités religieuses, les bien comprendre, ou du moins les soumettre au contrôle de leurs idées, avant de s'enquérir du fait de la révélation. Cette méthode, outre qu'elle exigerait un travail long et difficile, expose à de graves méprises, parce qu'elle nous fait raisonner, au moyen de nos seules idées, sur des objets qui sont au-dessus de notre portée et dont, par conséquent, nous n'avons qu'une conception très-imparfaite. N'est-il pas plus sûr et plus conforme à la nature des choses, de penser qu'une religion qui se propose de nous faire connaître Dieu et ses rapports avec nous, doit renfermer de profonds mystères, et qu'il faut, avant tout, nous assurer si Dieu lui-même nous a révélé ces mystères? Si le fait de la révélation est bien constaté, le bon sens veut que nous en acceptions franchement les conséquences. sans nous embarrasser des objections, quelque spécieuses qu'elles puissent être.

D'autres philosophes laissent de côté l'examen des faits et les controverses sur les mystères; les diverses religions ne sont à leurs yeux que des inspirations d'hommes doués d'une certaine exaltation, et ils considèrent les mystères admis dans les religions, les uns, comme de pures rêveries, les autres, comme de certaines façons d'exprimer des vérités que les peuples n'étaient pas encore en état de comprendre, et qu'il appartient à la

philosophie de leur dévoiler. Ils rendent volontiers hommage au Christianisme pour le bien qu'il a fait au monde en le guidant dans son enfance et en préparant les voies à la civilisation aujourd'hui, disent-ils, sa mission est remplie, il a fait son temps; à nous, d'élever le monde à une plus haute perfection, en lui montrant la vérité toute pure.

Singulière prétention de l'orgueil! Ces hommes, si fiers de leur philosophie, vont donc à la recherche de la vérité, ils font des hypothèses, ils raisonnent, et ils ne veulent pas examiner sérieusement le Christianisme, pour voir si la vérité ne serait pas là..... Mais, ou ils admettent les faits sur lesquels repose le Christianisme, ou ils ne les admettent pas; ou enfin, sans les admettre ni les rejeter, ils ne croient pas devoir s'en occuper. S'ils les admettent, qu'ils disent pourquoi ils rejetteraient les conséquences que nous en déduisons; s'ils ne les admettent pas, qu'ils disent d'après quelle règle de la critique ils seraient parvenus à se persuader que ces faits ne sont pas des réalités historiques; s'ils s'abstiennent de se prononcer et même d'examiner, nous leur demanderons si cette conduite est digne d'un homme sage. Car, enfin, de pareils faits, qui ont produit une si étonnante révolution dans le monde, sont assez graves pour mériter au moins l'examen. Que l'on ne s'imagine pas que la controverse religieuse doive désormais être portée sur un terrain nouveau, qu'il ne s'agit plus maintenant de discuter les faits ou d'étudier les traditions, mais que tout doit se résoudre par la philosophie. Non dans ce siècle, comme dans ceux qui l'ont précédé, comme dans ceux qui le suivront, la question est et sera toujours de

savoir si Dieu a parlé, si Jésus-Christ est Fils unique de Dieu; s'il a établi une Église, s'il nous a imposé l'obligation d'obéir à cette Église; la question se résout donc toute dans les faits, et la raison, le bon sens veut que nous les considérions avant tout.

3o Mais, ces faits eux-mêmes sont-ils faciles à connaître, et la méthode indiquée est-elle également sûre et facile pour tout le monde?

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Nous ne dirons pas de tous les hommes sans exception, qu'ils peuvent tout d'abord, sans aucune difficulté, s'élever par la considération des faits, à la connaissance du Christianisme. Il doit naturellement y avoir, sous ce rapport, une différence entre ceux qui sont nés, qui ont été élevés et instruits dans le sein de l'Église, et ceux qui ont vécu hors de l'Église, surtout s'ils ont reçu dans leur enfance, ou dans la suite, des préventions contre son autorité et contre ses croyances. Il est néanmoins certain que la voie que la Providence a choisie pour conduire les hommes à la vérité, est la plus simple, la plus adaptée à notre nature, celle qui demande moins de travail, moins de raisonnements, et qui amène plus sûrement au but. Qui ne conviendra qu'il est plus facile de se rendre compte d'un petit nombre de faits, constatés par des traditions publiques, que de discuter chacun des dogmes, ou des articles de morale, ou des observances pratiques, dont se compose la religion? Que l'on donne à l'étude de ces faits, et aux conséquences qui en ressortent, l'attention que chacun apporte à l'examen d'une affaire sérieuse, importante pour sa fortune ou sa position, et bientôt on aura surmonté les difficultés.

On ne dira pas assurément que nous demandons trop à l'homme. « La religion est une chose si grande, qu'il » est juste que ceux qui ne voudraient pas prendre la » peine de la chercher, en soient privés. De quoi se » plaint-on, si elle est telle qu'on puisse la trouver en » la cherchant? Au lieu de se plaindre de ce que Dieu >> soit caché, il faut lui rendre grâces de ce qu'il s'est tant » découvert... Il a mis des marques sensibles dans » l'Église pour se faire connaître à ceux qui la cherche>> raient sincèrement, et il les a couvertes néanmoins de >> telle sorte, qu'il ne sera aperçu que de ceux qui la >> cherchent de tout leur cœur 1. » Voyons en détail, d'abord comment la Providence a aplani les difficultés pour ceux qui sont élevés et instruits dans le sein de l'Église.

Dans l'étude de la religion, tout se réduit essentiellement à ces trois articles, DIEU, JÉSUS-CHRIST, L'ÉGLISE. Celui qui est bien fixé sur ces points n'a plus rien à chercher, il connaît la religion.

L'enfant entend parler de Dieu, et il apprend à le respecter, avant même que sa raison soit assez développée pour bien comprendre ce qu'il est. Comme il n'apporte, en venant au monde, aucun préjugé contre le dogme de l'existence de Dieu, comme son cœur n'est encore souillé d'aucune passion qui puisse lui faire désirer que Dieu ne soit pas, il reçoit cette idée comme la lumière qui l'éclaire. Il l'a reçue par l'enseignement, elle s'affermira par la réflexion à mesure que son esprit deviendra capable de penser. Il verra bien alors que si une maison n'existe u parce que les hommes l'ont construite,

1 Pensées de Pascal, Étude de la religion.

si rien ne se fait sans quelque cause qui le dispose, le monde a dû être fait par une puissance supérieure. Ses parents lui parleront de la création, ils lui raconteront l'histoire du Déluge; ces faits, qui se gravent facilement dans la mémoire, lui donneront une grande idée de Dieu, de son pouvoir, de sa justice. L'enfant passe ainsi, de l'ignorance où il était d'abord, à la connaissance de Dieu; et d'une connaissance simple que l'enseignement lui avait donnée, il parvient à une conviction réfléchie, par les procédés les plus simples. On pourrait l'embarrasser par des objections: mais qu'est-ce que cela prouve? Y a-t-il un point sur lequel un sophiste ne pourrait embarrasser l'homme simple, et quelquefois celui qui a beaucoup d'esprit? Il n'en est pas moins vrai que cet enfant, que cet homme croit sans hésiter à l'existence de Dieu, qu'il le croit d'une manière trèsraisonnable, puisque c'est d'après des motifs parfaitement en harmonie avec la nature de son intelligence.

La connaissance de Jésus-Christ notre Sauveur s'acquiert aussi facilement que la connaissance de Dieu. Comment les enfants savent-ils le nom et quelques traits de la vie de leurs aïeux qu'ils n'ont jamais vus? Ils les apprennent par le témoignage de leurs parents. Ont-ils à cet égard le moindre doute? Non, car ils n'ont pas lieu de soupçonner que leurs parents veuillent les tromper; une pareille idée ne leur vient pas même à l'esprit. Hé bien, ces mêmes parents, ou ceux qui sont chargés de les instruire, leur racontent l'histoire si intéressante de la naissance de Jésus-Christ; ses miracles, la guérison des malades, la résurrection des morts; ils leur disent comment il a voulu mourir sur une croix : sa

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