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§ Ier.

CREATION DU PREMIER HOMME D'APRÈS LA GENÈSE.

Dieu avait tiré du néant tous les éléments dont l'univers se compose, il les avait coordonnés par sa sagesse, mais il n'avait rien produit encore qui pût entendre les beautés du monde, se comprendre soi-même, et s'unir à son créateur par l'intelligence et l'amour. Pour créer un être plus parfait qui répondit à son dessein, il dit : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressem» blance, et qu'il domine sur les poissons de la mer et » sur les oiseaux du ciel, sur les animaux et sur tout ce >> qui rampe sur la terre. Dieu créa donc l'homme à son » image, il le créa à l'image de Dieu, il forma son corps » du limon de la terre, il inspira sur sa face un souffle » de vie, et l'homme devint une âme vivante. Dieu dit >> ensuite : Il n'est pas bon que l'homme demeure seul, » faisons-lui une aide semblable à lui. Le Seigneur en» voya alors à Adam un profond sommeil, et quand il » fut endormi, il tira une de ses côtes et à la place il » mit de la chair, et de cette côte il forma le corps de la » femme, qu'il donna pour compagne à Adam 1. »

Tel est, dans sa simplicité, le récit que la Genèse nous donne de la création de l'homme et de la femme, récit qui nous fait mieux connaître la nature, les faiblesses et les grandeurs de l'homme, que tout ce que les philosophes en ont jamais dit.

On voit d'abord la distance immense qui sépare

Genèse, I, 26; II, 7, 8.

l'homme des autres êtres sensibles que Dieu a produits en créant le monde. Quand il a voulu créer la lumière, les plantes, le soleil, les animaux, Dieu a fait entendre une parole de commandement: Que la lumière soit.... que la terre produise des plantes.... et aussitôt tout a été fait par la vertu de cette parole puissante. Quand il veut créer l'homme, il prend conseil en lui-même, il s'arrête dans la contemplation de l'œuvre excellente qu'il médite, il en prend le modèle, non sur les êtres même les plus parfaits dont il avait enrichi le monde, non pas même sur les anges, mais il dit : FAISONS L'HOMME A NOTRE

IMAGE ET A NOTRE RESSEMBLANCE.

Nous comprenons dès lors pourquoi l'homme parut le dernier dans l'ordre de la création; le monde étant fait pour lui, qui seul devait à l'image de Dieu exercer son empire sur la terre, il convenait que tout fût fini et disposé à ses usages, avant qu'il y fût introduit. Nous comprenons surtout la grandeur de cette créature nouvelle, dans la distinction de son âme d'avec le corps, de l'âme, qui portera en elle l'empreinte de Dieu.

Ce n'est point par son corps, par cette partie sensible formée du limon de la terre, que l'homme est fait à l'image de Dieu, mais bien par l'âme, qui donne au corps le mouvement et la vie, et que Dieu a produite immédiatement, en répandant sur Adam un souffle de vie. « Souvenons-nous, dit à ce sujet Bossuet, que Moïse » propose à des hommes charnels, par des images sen>>sibles, des vérités pures et intellectuelles. Ne croyons >> pas que Dieu souffle à la manière des animaux; ne » croyons pas que notre âme soit un air subtil ni une » vapeur déliée. Le souffle que Dieu inspire n'est ni air

» ni vapeur; ne croyons pas que notre âme soit une por» tion de la nature divine, comme l'ont rêvé quelques » philosophes. Dieu n'est pas un tout qui se partage. » L'âme n'est rien de la nature divine; elle est seule» ment faite à l'image et ressemblance de la nature di» vine, une chose qui doit toujours deineurer unie à » celui qui l'a formée; c'est ce que veut dire le souffle » divin, c'est ce que nous représente cet esprit de » vie 1. >>

La Genèse, après avoir rapporté l'histoire de la création, ajoute: « Le Seigneur Dieu prit donc l'homme et le >> mit dans le paradis de délices, afin qu'il le cultivât et » qu'il le gårdât. Il lui fit aussi un commandement et lui › dit : Mangez de tous les fruits des arbres du paradis, » mais ne mangez pas du fruit de l'arbre de la science » du bien et du mal, car, le jour où vous en mangerez, >> vous mourrez de mort.... Le Seigneur Dieu ayant donc » formé de la terre tous les animaux terrestres et tous » les oiseaux du ciel, il les amena à Adam, afin qu'il vît >> comment il les appellerait, car le nom qu'Adam » donna à chacun des animaux est son nom même; et » Adam appela d'un nom qui leur convenait tous les » animaux de la terre, et tous les oiseaux du ciel, et >> toutes les bêtes de la terre. Le Seigneur envoya à >> Adam un sommeil profond, et lorsqu'il était endormi, >> il tira une de ses côtés, et de cette côte qu'il avait » tirée d'Adam, il forma la femme et la présenta à Adam; » et Adam dit : Voilà maintenant l'os de mes os, et la >> chair de ma chair; elle sera appelée virago, parce

1 Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, II part., chap. 1.

» qu'elle a été prise de l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à son » épouse, et ils seront deux dans une même chair 1. »

A ces paroles de la Genèse, ajoutons celles du livre de l'Ecclésiastique, dont l'auteur a été également inspiré : « Dieu a créé l'homme de la terre et il l'a formé à son >> image, et il l'a revêtu de force selon sa nature. Il lui » a marqué le temps et le nombre de ses jours, et lui a >> donné pouvoir sur tout ce qui est sur la terre. Il l'a fait >> craindre de toute chair, et lui a donné l'empire sur les >> bêtes et sur les oiseaux. Il lui a créé de sa substance >> une aide semblable à lui. Il leur a donné le discerne» ment, une langue, des yeux, des oreilles, un esprit » pour penser, et il les a remplis de la lumière de l'in» telligence. Il a créé en eux la science de l'esprit, il a >> rempli leur cœur de sens, et il leur a fait voir les biens >> et les maux; il a fait luire son œil sur leur cœur, pour » leur montrer la grandeur de ses œuvres, afin qu'ils » glorifient la sainteté de son nom, et qu'ils publient la >> magnificence de ses œuvres. Il leur a prescrit l'ordre » de leur conduite, et il leur a donné en héritage la loi » de la vie. Ils ont vu de leurs yeux les merveilles de sa » gloire, et ils ont eu l'honneur d'entendre de leurs >> oreilles sa voix, et il leur a dit: Ayez soin de fuir >> toute sorte d'iniquités 2. »

Dans le récit qu'on vient de lire, nous voyons Adam sortir des mains de Dieu, non à l'état d'enfance, mais dans la maturité de l'âge, dans toute la force et la

1 Genèse, chap. 2, 15-24.

2 Ecclésiastique, chap. 17, 1-11.

grandeur destinées à sa nature, avec un corps et des sens d'une proportion, d'une aptitude et d'une perfection complètes. L'âme fut également parfaite dès le moment de sa création, car outre qu'il est convenable que le corps et l'âme soient en rapport constant, l'histoire sainte témoigne que le premier homme posséda dès le commencement une science parfaite.

Il fallait à Adam des connaissances bien étendues pour qu'il fût en état de donner à chacun des animaux le nom qui leur convenait, et qui, selon l'interprétation commune, exprimait exactement sa nature et ses diverses propriétés. Il devait pour cela avoir des notions générales sur ce qui distingue et caractérise les genres et les espèces, leurs propriétés, leurs aptitudes, et les appliquer sans hésitation à chaque individu, à chaque espèce, à mesure qu'ils se présentaient devant lui, car sans ces idées, il n'aurait pas pu attribuer aux animaux un nom propre qui leur convînt. «Ne passez pas légèrement sur >> cet endroit, nous dit saint Jean Chrisostome, mais » considérez quelle sagesse et quel savoir il fallut à Adam » pour donner aux oiseaux comme aux reptiles, aux » bêtes féroces comme aux bêtes de somme, en un mot » à toute espèce d'animaux, le nom qui convenait à cha>> cun d'eux et caractérisait sa nature. Admirez quelle >> fut la puissance de ce souffle répandu sur sa face, et » quelle fut l'éminence du savoir que le Seigneur donna » au principe immatériel dont il l'anima. 1»

Adam dut connaître aussi le monde végétal que Dieu soumit à son empire; et les lois de l'agriculture, qu'il

1 Homélie XIV, sur la Genèse.

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