Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Dans le dernier siècle, les incrédules ont contesté le fait du déluge, mais sans alléguer un seul motif sérieux contre le récit biblique. Ils n'ont pas pu invoquer les documents de l'histoire, puisque l'histoire la plus ancienne qui existe l'atteste d'une manière si formelle ; ils n'avaient pas non plus des raisons tirées de l'ordre naturel. Qui pourrait se persuader que l'eau a manqué pour submerger le monde, tandis qu'au commencement elle le couvrait tout entier, ou que Dieu n'ait pas pu bouleverser l'économie d'un monde que lui-même avait créé 1?

Le souvenir de cet événement s'est conservé chez la plupart des peuples. On le trouve en Chine, dans les Indes, dans la Chaldée et jusque dans l'Amérique, principalement au Mexique, ainsi que l'ont rapporté divers historiens qui avaient étudié ce pays avec le plus grand soin. Partout, il est fait mention d'une inondation géné

1 Quoique l'on pense communément que le déluge a été universel, dans le sens le plus absolu, nous observerons cependant que cela n'est pas de foi, et qu'à la rigueur on pourrait entendre le texte de la Genèse, d'une inondation qui aurait fait périr tous les hommes, à l'exception de la famille de Noé, et qui aurait couvert la plus grande partie du globe, sans examiner si, de plus, elle a également submergé les plus hautes montagnes des pays éloignés et qui n'étaient point habités par les hommes. Il suffisait au dessein de Dieu que tout le genre humain pérît, et on sait que dans le style des Écritures, ces mots toute la terre ne se prennent pas toujours dans un sens absolu, de l'univers entier. Si donc il était démontré par la science qu'il y a une impossibilité à supposer l'universalité du déluge, nous n'en serions pas très-embarrassés; mais cette démonstration n'est pas faite encore; il y a peu d'apparence qu'elle soit jamais donnée, et nous aimons mieux nous en tenir à l'interprétation commune.

rale où les hommes ont péri. Il y a plus: on retrouve en Assyrie et au Mexique des rapports si frappants entre les traditions de ces peuples et le récit de Moïse, que l'on dirait une même histoire ; il n'y a que les noms à changer. On y voit le vieillard aimé du ciel, qui se sauve avec ses enfants dans un vaisseau où il avait eu soin de renfermer des animaux et des graines; à mesure que les eaux diminuent, le bâtiment s'arrête sur une montagne; des oiseaux sortent, les uns ne reviennent plus, d'autres retournent. Les noms mêmes des trois fils de Noé sont conservés dans un livre indien qu'a traduit Williams Jones, fondateur de l'université de Calcutta. Il y a donc un accord universel parmi les nations d'Orient; l'Occident ne présente pas les mêmes documents, excepté ce que les Romains avaient reçu des Grecs, et ceux-ci de l'Asie et de l'Égypte. Cette absence de traditions ne surprend pas, quand on considère que les parties occidentales n'ont été habitées qu'assez longtemps après, et que l'on n'y trouve pas de livres anciens, comme il en existe dans les Indes et en Chine. La grande mobilité des peuples occidentaux ne favorisait pas d'ailleurs la conservation des traditions anciennes.

CHAPITRE VIII.

DISPERSION DES HOMMES APRÈS LE DÉLUGE.

Noé vécut encore trois cents ans après le déluge, et avant de mourir, il annonça, dans un esprit prophétique, ce qui devait arriver à ses trois fils, Sem, Cham et Japhet. Cham avait manqué de respect envers son père qu'il trouva endormi; Sem et Japhet tinrent une conduite toute différente. Noé, à son réveil, apprenant ce que Cham avait fait, lui dit : Que Chanaan soit maudit, qu'il soit à l'égard de ses frères l'esclave des esclaves. Béni soit Jehovah, le Dieu de Sem, et que Chanaan soit son esclave; que Dieu étende la possession de Japhet, qu'il habite dans les tentes de Sem, et que Chanaan soit son esclave 1!

L'histoire montre l'accomplissement de cette prophétie. Cham s'étendit surtout en Égypte et dans les autres régions de l'Afrique, ainsi que sur une partie de la Syrie et de l'Arabie. C'est, de tous les peuples connus, celui qui a été le plus abandonné aux superstitions

1 Genèse, IX, 27.

[ocr errors]

et à toutes les horreurs de l'idolâtrie; c'est aussi celui sur qui a pesé davantage la domination des autres peuples. L'Égypte, appelée par l'Écriture la terre de Cham, et, par les auteurs profanes, Chemia, eut d'abord une existence honorable parmi les grands peuples; mais elle perdit sa gloire par son asservissement à la plus grossière idolâtrie, et depuis elle a été constamment sous le joug des Assyriens, des Grecs, des Romains, des Turcs, ce qui a rendu ce peuple très-malheureux. Les Chananéens, descendus de l'un des fils de Cham, furent en partie détruits par les Hébreux, ou demeurèrent sous leur autorité, dès que ceux-ci furent sortis du désert. Tout le monde sait ce que sont devenus les populations d'une grande partie de l'Afrique; sur les côtes de la Guinée, de la Nigritie, l'esclavage ou l'abrutissement est depuis des siècles comme leur état naturel. Cham a donc subi, dans sa postérité, l'effet des malédictions de Dieu.

Sem s'étendit dans l'Orient; il donna naissance aux Hébreux et vraisemblablement à la plus grande partie des peuples de l'Asie, les Indiens, les Assyriens, les Chinois. Dieu s'appelle fréquemment le Dieu de Sem, à cause de la bénédiction particulière qu'il lui réservait, en faisant descendre de lui le Messie par lequel tous les hommes seraient appelés au salut.

Japhet est le père des Européens; de lui sortirent les Tartares, les Scythes, les Grecs, les Romains, etc. Dieu, en lui annonçant que ses tentes seraient dilatées, avait dit qu'il habiterait dans les possessions de Sem. En effet, on a vu les peuples d'Europe étendre leurs relations sur toutes les parties du monde, et exercer sur elles un as

cendant qu'ont subi presque toutes les nations de l'Afrique, de l'Asie, de l'Amérique et des îles Océaniques.

§ Ier.

CONFUSION DES LANGUES.

Mais, avant de développer davantage la suite des desseins de Dieu sur la famille de Noé, voyons comment Dieu la dispersa sur la terre.

Sem, Cham et Japhet durent passer un certain temps aux pieds des monts d'Arménie, où l'arche s'était arrêtée après le déluge; ils se répandirent ensuite dans les lieux où leurs pères avaient vécu, et en descendant les bords de l'Euphrate, ils se rencontrèrent dans la plaine de Sennaar. Se voyant alors dans la nécessité de se séparer, ils se dirent les uns aux autres: Venez, bâtissons-nous une ville et une tour, dont le sommet aille jusqu'au ciel, et rendons notre nom célèbre avant que nous soyons divisés et dispersés sur la terre. Dieu vit de la témérité et de l'orgueil dans le dessein de ces homet il en empêcha l'exécution. « Jehovah descendit » pour voir la tour et la ville qu'ils bâtissaient, et il dit: >> Voilà qu'ils ne forment qu'un seul peuple, ils n'ont » tous qu'un même langage; voilà aussi ce qu'ils entre» prennent, et ils ne cesseront pas qu'ils n'aient accom

[ocr errors]

pli leur dessein. Descendons pour confondre leur lan>> gage, et que l'un n'entende plus la langue de l'autre. » C'est de cette manière que Dieu les dispersa sur toute » la terre; car, dès lors, ils cessèrent de bâtir la ville » qui, pour cette raison, a été appelée Babel, Dieu y

« ZurückWeiter »