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si les démons peuvent opérer des prodiges, des miracles, nécessairement leur pouvoir est limité, il est dépendant de Dieu, subordonné par conséquent dans son exercice à la volonté, toujours sage et souveraine de Dieu. Donc, ou bien Dieu ne permettra pas que ces esprits séducteurs usent de leurs facultés naturelles pour tromper les hommes, ou bien, s'il le permet, ce sera dans des circonstances telles, qu'il sera toujours possible aux hommes de discerner l'erreur de la vérité, l'action de Dieu de celle des démons.

L'histoire des plaies de l'Égypte nous donne un exemple remarquable de cette Providence. Quand Moïse s'annonça au roi d'Égypte comme l'envoyé du Très-Haut et qu'il opéra des prodiges, les magiciens firent d'abord quelque chose de semblable; ils firent paraître des serpents à la place de leurs baguettes, ils parvinrent à colorer une certaine quantité d'eau de manière qu'elle ressemblât à du sang. Était-ce un de ces tours d'adresse familiers aux prestidigitateurs, ou bien doit-on y reconnaître un fait de magie produit par l'intervention du démon? il est inutile d'examiner cette question. Toujours est-il que même dans ces faits il y eut une telle supériorité du côté de Moïse, que les magiciens furent forcés de reconnaître que Dieu était pour lui. Ils s'écrièrent le doigt de Dieu est là, et ils se virent ensuite dans l'impuissance la plus absolue d'imiter les prodiges nouveaux et plus extraordinaires que Moïse opéra. Voilà comment Dieu, tout en permettant, dans certaines circonstances, que des hommes pervers ou des anges séducteurs opèrent des prestiges, ne souffrira jamais que les hommes de bonne foi soient entraînés dans l'erreur, tou

jours il leur donnera le moyen de discerner son œuvre.

Il serait donc peu raisonnable de rejeter systématiquement tous les miracles, sous prétexte que des hommes habiles ou des démons peuvent contrefaire les vrais miracles, ou qu'à raison de l'ignorance où nous sommes des lois naturelles, il est impossible de discerner les vrais miracles de certains phénomènes purement naturels. Jamais le faux n'imite parfaitement le vrai, précisément parce qu'il n'est pas le vrai, et que celui-ci a des caractères qui lui sont propres ; les vrais miracles se discerneront ordinairement des faux par eux-mêmes, par la différence qui existe entre ces œuvres éclatantes qui manifestement sont impossibles à la créature, et des effets surprenants sans doute, dont on peut ne pas bien démêler la cause, mais qui n'ont pas ce caractère surnaturel. Si, sous ce point de vue, la différence n'est pas assez nettement marquée, elle ressortira des circonstances qui précèdent, accompagnent ou suivent le prodige, ainsi que nous l'avons expliqué plus haut: circonstances qui se rencontrent dans toutes les œuvres que Dieu a faites pour favoriser l'établissement de la Religion, et qui nous sont rapportées par les écrivains inspirés de l'Ancien et du Nouveau Testament. Nous n'avons en vue ici que ces miracles, nous réservant de parler ailleurs de ceux que Dieu continue à faire dans son Église. On verra, quand il sera question du culte que l'on rend aux saints, avec quelle scrupuleuse attention l'Église procède quand elle doit se prononcer sur le caractère miraculeux d'un fait.

CHAPITRE XIII.

RÉVÉLATION DIVINE SUR LE MONT SINAÏ.

Cinquante jours s'étaient écoulés depuis la sortie d'Égypte, quand Dieu voulut enfin donner à son peuple une loi écrite qui fixât son culte et les formes de son gouvernement. Jamais rien de si solennel ne s'était vu au monde. Moïse, averti des desseins de Dieu, prescrivit au peuple de se préparer pour le troisième jour. Or, ce troisième jour, au lever de l'aurore, des tonnerres se firent entendre, les éclairs brillèrent; une épaisse nuée couvrait la montagne; un son de trompette retentit avec force, et tout le peuple qui était dans la campagne trembla de frayeur: cependant, sur l'ordre qu'il en avait reçu, il s'approcha et vint s'arrêter au bas de la montagne. Tout le mont Sinaï fumait, dit Moïse, parce que Jéhova y était descendu au milieu du feu, et la fumée de ce feu s'élevait comme d'une fournaise ardente, et toute la montagne en fut ébranlée1. Alors Dieu appela Moïse, et le peuple se tenant au pied du mont Sinaï, on enten

1 Exode, XIX.

dit: Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t'ai tiré de la terre d'Égypte; tu n'auras pas d'autres dieux devant moi.....

Les dix Commandements que Dieu promulgua sur le mont Sinaï n'étaient pas nouveaux; ils sont l'expression abrégée des devoirs qui ont été imposés à l'homme dès l'origine du monde, devoirs fondés sur la nature, devoirs imprescriptibles, mais qu'il importait de rappeler au peuple, à une époque où le polythéisme avait égaré les esprits et où les superstitions avaient si profondément altéré la morale. « Pour que les hommes ne se >> plaignissent pas, dit saint Augustin, que quelque chose >> leur eût manqué, on a écrit sur des tables ce qu'ils ne >> lisaient pas dans leur cœur. Ils portaient réellement » ces préceptes écrits dans leur conscience, mais ils ne » voulaient pas les lire.... Parce que les hommes pour» suivant de leurs désirs les choses extérieures, sont » sortis d'eux-mêmes, on leur a donné une loi écrite : » ce n'est pas qu'elle ne fût déjà écrite dans les cœurs, >> mais parce que vous étiez fugitif de votre propre cœur, » vous êtes saisi par celui qui est partout, et il vous ra» mène à vous-même, en vous faisant rentrer dans votre >> intérieur 1.»

Dieu grava sur une pierre les trois premiers de ces Commandements; il grava les autres sur une seconde pierre, pour mettre une différence entre ceux qui regardent immédiatement son culte et ceux qui se rapportent immédiatement au prochain. Les uns et les autres se résument dans l'amour de Dieu et l'amour du prochain, et tout se réduit ultérieurement à l'amour de Dieu. « Main

Explication du psaume LVII.

» tenant, dit Moïse, que demande de toi l'Éternel, ton >> Dieu, sinon que tu l'aimes de tout ton cœur et de toute >> ton âme, afin que tu sois heureux 1? » Voilà donc la loi fondamentale, principe fécond, d'où découlent toutes les obligations que nous avons à remplir envers Dieu et envers nos frères, et dont l'observation doit assurer le bonheur de l'homme.

§ ler.

DIEU DONNE UNE LOI AU PEUPLE HÉBREU.

Après la promulgation solennelle des dix commandements vint la loi, dont toutes les dispositions tendaient à réaliser les desseins de Dieu sur son peuple.

Cette loi réglait avant tout ce qui concerne le culte de Dieu, la forme du sanctuaire, le sacerdoce fixé dans la tribu de Lévi, les fêtes, les cérémonies religieuses.

Pour imprimer dans les esprits le dogme de l'unité de Dieu, le culte se rapportait à lui seul, et quoique la croyance des anges fùt bien établie dans le peuple, comme on l'a vu plus haut, et qu'on eût une profonde vénération pour les patriarches, surtout pour Abraham, Isaac et Jacob, cependant ni les anges ni les saints n'étaient l'objet du culte public; on n'exposa jamais leurs images à la vénération des hommes; jamais on ne vit d'autel s'élever à leur honneur, jamais non plus des supplications ne leur furent adressées dans l'assemblée des fidèles.

Deutéronome, VI, 5,

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