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comme son peuple spécial, et la Judée comme son domaine; c'est pour cela qu'on lui en faisait hommage par l'oblation des prémices. Heureux gouvernement où tout ramenait la pensée à Dieu, où la religion pénétrait dans tous les actes de la vie civile !

Bornons à ce court exposé ce que nous devions dire sur la législation donnée au peuple hébreu. Considérée à l'époque où elle fut promulguée, et mise en parallèle avec les lois et les constitutions des autres peuples dé ce temps, elle présente un phénomène bien digné de nos méditations. Quand il nous serait possible d'oublier les prodiges qui signalèrent la mission de Moïse, nous n'en serions pas moins disposés à vénérer son œuvre, comme portant le caractère propre aux œuvres de Dieu. Une lumière descendue d'en haut avait dû éclairer cet homme extraordinaire, pour que, s'élevant au-dessus de tous les préjugés de son siècle, et malgré les épaisses ténèbres qui couvraient le monde, il laissât à son peuple des notions si pures et si élevées sur Dieu et sur la création; il lui fallait une sagesse qui n'est point dans les conditions ordinaires de l'esprit humain, pour donner à sa législation toute la perfection qu'elle devait avoir, sans qu'il ait jamais été nécessaire de la modifier sur un seul point, quelle que fût la situation du peuple. Quelle main autre que celle de Dieu a pu donner à cette législation une telle stabilité, et l'imprimer si avant dans l'esprit, dans le cœur, dans les mains d'un peuple; pour que ce peuple, malgré une dispersion qui dure depuis dix-huit cents ans, et malgré l'impossibilité, où il se voit réduit, de l'observer dans un grand nombre de points, ne cessë néanmoins jamais de l'aimer et de la regretter.......?

§ II.

IL NE FAUT PAS CONFONDRE LA RELIGION, A L'ÉPOQUE OU NOUS LA
CONSIDÉRONS, AVEC LA LOI PARTICULIÈRE IMPOSÉE AUX HÉBREUX.

Bien que dans ce chapitre, et dans les suivants, nous parlions simultanément de la Religion considérée depuis la révélation faite à Moïse jusqu'à la venue du Messie, et de la loi imposée aux Juifs, nous sommes fort éloigné de vouloir confondre ensemble ces deux choses; car il existe entre elle une différence essentielle. La Religion, telle que Dieu l'établit au commencement du monde, et qu'elle s'est successivement développée dans la suite des âges jusqu'à la venue de Jésus-Christ, est universelle et perpétuelle; elle s'étend indistinctement à tous les hommes qui, tous, sont tenus de croire à ses dogmes et d'observer ses lois, selon la connaissance qu'il plaît à Dieu de leur en donner; elle subsistera, toujours immuable, dans son fond jusqu'à la fin des siècles; car elle prépare les hommes au Ciel; et tous, à quelque génération qu'ils appartiennent, y trouveront les moyens du salut.

La loi imposée au peuple juif se composait de deux éléments: elle renfermait d'abord, ou elle supposait, toutes les traditions de la Religion primitive et universelle, et, de plus, elle créait un mode spécial de culte, un ordre de gouvernement social. Sous le premier rapport, la loi mosaïque ne se distingue pas de la Religion, elle l'inculque, elle la relève de nouveau, elle en facilite l'observation; en un mot, c'est la Religion elle-même consignée dans livre; sous le second point de vue, la loi mosaïque

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se distingue essentiellement de la Religion; elle n'est ni universelle ni perpétuelle. Tout le monde sait, en effet, que les Juifs seuls étaient obligés d'observer les rites et les diverses prescriptions de Moïse relatives au gouvernement temporel; quant aux étrangers, alors même qu'ils auraient eu une connaissance parfaite de ces lois, ils n'étaient nullement assujettis à les observer pour faire leur salut. Il suffit de lire dans le Pentateuque ce qui concerne le sacerdoce d'Aaron, le temple, l'année sabbatique, pour se convaincre qu'il ne s'agit que d'une loi locale. Cette loi n'était pas non plus perpétuelle ; relative seulement au peuple juif, elle ne devait pas lui survivre ; et quand, par l'accomplissement des prophéties, le Messie devait venir dans le monde, alors ce peuple, qui avait rempli sa mission, devait se disperser sur toute la surface du globe; la loi lui devenait inutile, puisqu'il allait être soumis à celle des princes sous l'empire desquels les individus vivraient; elle lui devenait impossible, puisqu'alors il ne devait plus avoir ni temple ni sacerdoce.

On peut bien dire, si l'on veut, que, relativement au peuple juif, la loi mosaïque s'identifiait avec la Religion; mais considérée en elle-même et relativement au monde ou aux autres peuples, il faut l'en distinguer soigneu

sement.

CHAPITRE XIV.

COMMENT SE RÉALISENT LES DESSEINS DE DIEU SUR LE PEUPLE HÉBREU.

Les circonstances qui accompagnèrent la vocation d'Abraham, et la loi donnée à la famille de cet illustre patriarche, nous ont manifesté les desseins de la Providence. On ne peut douter que le peuple hébreu n'ait été choisi pour conserver le dogme de l'unité de Dieu et les autres vérités révélées primitivement, pour être aux yeux des autres nations un signe, une preuve sensible de la Providence qui gouverne toutes choses, et pour préparer les voies au Messie. Il nous reste à considérer comment se réalisèrent ces desseins; c'est bien certainement une des études les plus intéressantes, pour un esprit réfléchi, et s'il ne nous est permis que de présenter quelques courtes observations sur une matière si importante, le peu que nous en dirons, nous inspirera, du moins nous l'espérons, un sentiment profond de respect et d'admiration pour l'œuvre de Dieu.

§ Ier.

TOUTES LES VÉRITÉS RÉVÉLÉES DÈS L'ORIGINE SE CONSERVENT DANS LE PEUPLE JUIF.

Dieu ne révéla pas à Abraham et à Moise des dogmes différents de ceux qu'il avait enseignés dès l'origine du monde; il ne prescrivit pas une morale nouvelle, et pour ce qui concerne les observances du culte public, nous venons de voir que la loi de Moïse, en tant qu'elle déterminait des jours de fêtes, des cérémonies religieuses, la forme du sacerdoce et des sacrifices, n'était obligatoire que pour les Hébreux; que les autres peuples demeuraient sous ce rapport dans les conditions primitives.

La seconde révélation est donc en quelque sorte identique à la première, ce sont les mêmes croyances, les mêmes préceptes et au fond même culte; Dieu seulement répandit alors de nouvelles lumières sur la personne du futur médiateur, qu'il n'avait promis à Adam qu'en des termes plus obscurs.

L'avantage inappréciable de la seconde révélation fut de fixer par l'écriture, par un enseignement authentique, et par toute une législation, ces croyances et ces préceptes, au milieu d'un peuple qui les recevait en dépôt et devait les conserver jusqu'à ce que ses destinées s'accomplissent. Le Pentateuque, livre d'un si haut intérêt pour le peuple juif, lui rappelaitjles dogmes de l'unité de Dieu, de la création, de la chute du premier homme; le choix que Dieu avait fait d'Abraham avec la promesse que toutes les nations seraient bénies dans le Messie qui

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