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les historiens qui écrivaient vers la fin de la république ou sous les premiers empereurs, paraissent fort ignorants de son origine, et très-prévenus contre elle; ils l'appellent un peuple superstitieux, ennemi de l'empire, odieux au genre humain. Tacite, qui ailleurs a si bien exprimé le culte rendu à Dieu par les Juifs, tombe dans une contradiction difficile à comprendre chez un auteur si grave; il adopte les fables les plus ridicules, et va jusqu'à dire que les Juifs honoraient une tête d'àne dans leurs solennités religieuses. Il ne serait pas difficile d'expliquer l'éloignement et l'aversion des Romains de ce temps pour les Juifs; mais ce n'est pas nécessaire, et l'on peut assurer que la plupart des anciens avaient une tout autre idée de la nation juive. On a vu dans ce chapitre avec quel respect les plus grands princes l'avaient traitée, et comment ils surent estimer son Dieu et sa religion, plus que les divinités et les cultes des autres peuples.

Beaucoup de philosophes anciens en ont parlé comme d'une nation très-sage, remarquable par ses coutumes, par les sublimes idées qu'elle avait de la Divinité et par la pureté du culte qu'elle lui rendait; ils ne pensaient pas que, sous ce rapport, elle fût inférieure à aucune, et ils la classèrent sans difficulté au rang de celles qui étaient les plus distinguées. Eusèbe, qui a consacré un livre entier de sa Préparation evangélique à recueillir des témoignages sur ce point, cite un auteur ancien qui a beaucoup écrit sur les Juifs, et qui dit que Moïse a enseigné aux hommes tout ce qui est utile, que les prêtres égyptiens le regardaient presque comme un Dieu, lui attribuaient l'invention de la philosophie, et lui don

naient le nom d'Hermès ou de Mercure 1. Strabon loue Moïse d'avoir eu des idées plus sublimes de la Divinité, que les Égyptiens, les Grecs et les Libyens. Il pense qu'il quitta l'Égypte parce qu'il ne pouvait s'accommoder des notions que l'on y avait de Dieu et du culte qu'on lui rendait'; il ne fait pas un moindre éloge de plusieurs de ceux qui succédèrent à ce grand homme dans le gouvernement, et enfin, parlant des Juifs de son temps, il dit qu'ils s'étaient introduits dans toutes les villes. Il n'était pas facile, selon cet écrivain, de trouver une seule place sur la terre habitable où cette nation n'eût pénétré, et où elle n'eût même fait adopter à plusieurs étrangers sa manière de vivre et ses lois. Varron, l'un

1 Eusèbe, Prépar. évang., liv. IX, ch. 27. On lirait avec beaucoup d'intérêt tout ce livre neuvième. La plupart des auteurs qui s'y trouvent cités ont mêlé des fables impertinentes à l'histoire des Juifs, ce qui prouve qu'ils ne la connaissaient que d'une manière très-superficielle, mais ils en parlent en des termes qui en donnent une haute idée.

2 Strabon, liv. XVI, ch. 2, § 20. « Moïse, mécontent de la reli»gion établie en Égypte, dit cet auteur, sortit de ce pays pour » venir se fixer en Judée, suivi d'une foule d'hommes qui adoraient » la Divinité. Il soutenait et il enseignait que les Égyptiens étaient » dans l'erreur en représentant la Divinité sous la forme d'animaux >> sauvages; que les Libyens et les Grecs eux-mêmes se trompaient » quand ils donnaient aux dieux une figure humaine. Il enseignait » donc qu'il fallait renoncer à sculpter aucun simulacre de la Divi»nité et se borner à l'adorer dans un sanctuaire digne d'elle, dé» pourvu de toute espèce d'images. » Strabon, peu instruit du fond de l'histoire des Juifs, dit que ce fut longtemps après Moïse, et en altérant la pureté de ses doctrines, que ceux-ci ont introduit dans leur culte, des superstitions telles que la distinction des animaux dont les uns furent regardés comme purs et les autres comme impurs, etc.

des hommes les plus doctes de la république romaine, louait aussi les Juifs d'adorer Dieu sans image sensible, et il regrettait que les Romains se fussent écartés de la simplicité de ce culte. Il paraît, d'après même le témoignage d'un ennemi du Christianisme, que divers oracles, attribués à Apollon par les Grecs, avaient déclaré que les Chaldéens et les Hébreux avaient seuls la vraie sagesse, parce qu'ils adoraient le Dieu éternel existant par lui-même ! Quoi qu'il en soit de ces oracles, on peut conclure de cet accord de témoignages, l'idée que les païens se faisaient de la religion des Juifs.

Si maintenant nous réunissons les faits qui viennent d'être exposés, la diffusion des Juifs dans une trèsgrande partie du monde, le zèle qui les animait pour répandre leurs doctrines et faire des prosélytes, l'estime dont ils jouirent auprès d'un si grand nombre de princes et d'hommes éclairés, on verrà comment ce peuple a rempli la mission qu'il avait reçue de Dieu. Nous ne disons pas que la famille d'Abraham ait réussi à faire adopter ses croyances aux peuples avec lesquels elle a vécu ; non: la conversion générale du monde était réservée à Notre Seigneur Jésus-Christ; elle devait s'opé

1 S. Augustin, Cité de Dieu, liv. IV, ch. 31; liv. XIX, ch. 22.— Nouv. démonst. év., Ire part., ch. 19, § 4.

2 Notre Seigneur reprochait aux Pharisiens de son temps de parcourir les terres et les mers pour faire un prosélyte, et de ne pas le rendre meilleur quand ils l'avaient attiré à eux. (Év. de S. Matth., XXIII, 15). Si tous les prosélytes ne devenaient pas meilleurs, on ne peut guère douter que plusieurs n'aient profité pour leur salut des lumières de la Foi : c'est pour cela, sans nul doute, que l'on vit un grand nombre d'entre eux se montrer tout disposés à recevoir la prédication des Apôtres et devenir de fervents chrétiens.

rer par la prédication de l'Évangile; mais cette famille extraordinaire a parfaitement rempli les desseins de la Providence, en portant sur tous les points du monde une haute protestation contre l'idolâtrie, et en donnant aux âmes simples et droites la facilité de connaître le vrai Dieu, ce qui a dû être pour un très-grand nombre d'individus un moyen de salut.

CHAPITRE XV.

DIEU FAIT ANNONCER AU MONDE LA VENUE DU MESSIE
ET LA RÉDEMPTION.

Les Juifs étaient chargés de répandre dans le monde, avec les vérités premières, les lumières plus abondantes que Dieu leur avait successivement données, par l'organe des prophètes, sur le Messie et sur la rédemption.

§ Ier.

PROPHÉTIES RELATIVES AU MESSIE.

De tous les dogmes de la révélation primitive, celui qui intéressait davantage le monde était la rédemption future par le Messie; aussi il n'en est point sur lequel Dieu ait plus éclairé les prophètes; à mesure qu'il se manifestait davantage à nos pères, par l'organe de ces hommes inspirés, il leur montrait, avec un plus grand jour, l'ordre et la suite de ses desseins pour notre salut.

Abraham avait reçu la promesse que le Messie naîtrait de sa race; Jacob, sur son lit de mort, annonça que la

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