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était plongé dans le polythéisme, il devait prêcher l’unité de Dieu, et éviter, avec un soin scrupuleux, toute parole qui fût propre à favoriser l'erreur. Cependant il déclare qu'il est Dieu, comme son père. Quand les Juifs, scandalisés de ses discours, les lui reprochent comme un blasphème, veulent le lapider, parce que, lụi disaient-ils, étant homme, vous vous faites Dieu; quand plus tard ils veulent le faire condamner à mort par l'autorité publique, pour le punir de ce sacrilége attentat contre l'unité divine, lui ne dit pas un mot pour leur faire entendre qu'ils avaient mal interprété sa pensée, qu'il n'avait pas la prétention de s'égaler à Dieu. Alors que le grand prêtre l'adjure au nom de ce qu'il y a de plus sacré de dire s'il est réellement le Christ, Fils du Dieu vivant; à ce moment solennel, où il devait faire la déclaration la plus nette pour rendre gloire au TrèsHaut, pour ôter toute équivoque et éclairer les hommes sur un point d'une si grave importance, il répond qu'il est vraiment le Fils de Dieu....

Ses disciples le crurent: souvent ils protestèrent que lui seul avait les paroles de la vie éternelle; qu'il était le Messie promis par les prophètes, le Fils de Dieu, le sauyeur des hommes. L'évangéliste saint Jean lui applique le passage où Isaïe représente, sous des traits magnifiques, la gloire du Dieu d'Israël, et il ajoute : Isaïe a ainsi parlé, quand il a vu sa gloire, et qu'il a parlé de lui1. L'apôtre saint Paul enseigne que tout a été créé par lui, dans le ciel et sur la terre, les choses visibles et invisibles; tout a été créé par lui et en lui: il est avant tout,

1 S. Jean, XII, 41.

le

et toutes choses subsistent en lui. Il est, dit-il ailleurs, Dieu béni au-dessus de tout dans les siècles, Et, dans une autre épître, il relève la profonde humilité de Notre Seigneur, en nous faisant observer que, tandis qu'il était dans la forme, c'est-à-dire dans la nature de Dieu, et qu'il ne regardait pas comme une usurpation d'être égal à Dieu, il s'est néanmoins anéanti jusqu'à prendre la forme, ou la nature de serviteur.... en lui habite corporellement la plénitude de la divinitė 1.

Il est donc bien vrai que Jésus-Christ s'est annoncé au monde comme le Fils unique de Dieu et le Messie promis dès l'origine aux premiers hommes. Ce n'est point là une doctrine élaborée par une suite d'études, qui ne se soit formée qu'avec le temps et n'ait reçu sa dernière forme, dans la société chrétienne, que trois siècles après la venue du Sauveur, comme l'ont imaginé certains incrédules. L'Évangile, les Épîtres des apôtres, sont des monuments authentiques de cette croyance au berceau du Christianisme, et depuis que les premiers fidèles l'ont reçue de la bouche même du Seigneur, qu'elle leur a été enseignée par ses disciples immédiats, elle n'a jamais varié parmi nous.

§ II.

CARACTÈRE DE JÉSUS-CHRIST.

Il y a, entre la nature divine et la nature humaine,

1 Épît. aux Colosses, I, 15, 16, 17; aux Philippiens, II,

des différences si profondes, qu'il n'est pas donné à l'homme de pouvoir contrefaire Dieu. Si quelqu'un était assez insensé pour se croire Dieu, ou assez ambitieux pour prétendre aux honneurs divins, sa folie se ferait bientôt remarquer, son ambition se trahirait infailliblement: impossible à lui de soutenir pendant un petit nombre de jours un tel personnage, s'il veut paraître au dehors, et se manifester au peuple.

Le caractère constamment soutenu de Jésus-Christ, sa vie entière, sous quelque point de vue qu'on la considère, répond si bien à la qualité qu'il se donne, que l'on ne pourrait surprendre ni une parole qu'il ait dite, ni une action qu'il ait faite, ni une inclination qu'il ait manifestée, qui ne soit digne du Fils de Dieu, qui ne convienne parfaitement à un homme-Dieu.

A qui oserait-on le comparer parmi les hommes? Avant lui, il y avait eu des sages, des législateurs, il y avait eu des saints, il y avait eu des hommes extrêmement remarquables, les uns par de rares vertus, d'autres par une grande doctrine, d'autres par l'empire qu'ils avaient exercé sur leur siècle. Mais que ces hommes, si grands qu'on veuille les supposer, paraissent petits, si l'on vient à les comparer à Jésus-Christ! Dans chacun d'eux apparaissent, à côté de quelques qualités éminentes, d'étranges faiblesses, et s'il en est que la grâce ait délivrés des corruptions de leur nature et élevés au-dessus de la condition commune, on s'aperçoit que ce qui les a ainsi élevés à un état surnaturel est un bien qui leur est étranger, c'est une action supérieure à eux. Dieu les a sanctifiés, ils n'étaient pas saints par euxmêmes; et d'ailleurs, quelle fut leur sainteté si on la

met en parallèle avec celle de Jésus-Christ? Non, il n'y a pas de comparaison possible.

Jésus-Christ n'emprunte rien au siècle qui l'a vu naître, ni au peuple au milieu duquel il a vécu. Né dans une condition obscure, élevé par des parents pauvres aux travaux desquels il consacra ses trente premières années, sans qu'on le vît jamais fréquenter les écoles publiques, il se montre, dès les premiers jours, supérieur à tous les préjugés de son temps, étranger aux passions des autres hommes, et, pour nous servir des termes de l'évangéliste saint Jean, plein de grâces et de vérité, comme il convenait au Fils unique de Dieu. Il explique les mystères de Dieu avec une simplicité, une élévation et une profondeur qui confond l'esprit humain. Quelques-uns de ses parents, surpris de l'entendre développer avec tant de sagesse le sens des divines Écritures, se demandent: Comment sait-il tout cela, lui qui n'a pas appris à lire? Les anciens du peuple, les docteurs de la loi, les pharisiens, cherchent en plusieurs circonstances à le surprendre dans ses paroles, et lui proposent des questions sous les formes les plus captieuses. D'un mot il répond à tout, et ce mot il le dit avec une pénétration d'esprit et une simplicité de langage qui porte la lumière avec soi et force les contradicteurs au silence. On se taisait devant lui, dit l'Évangile, et on admirait ses réponses, parce qu'il parlait, non comme les scribes ou les pharisiens, mais comme ayant la puissance 1. On avait entendu des rhéteurs qui cherchaient à éblouir par l'éclat de leurs paroles, des

1 Évang. de s. Matthieu, VI, 29.

philosophes qui s'appliquaient à persuader par la suite des raisonnements, ou à surprendre par les équivoques dans lesquelles ils s'enveloppaient, ou à étonner par l'obscurité inintelligible du discours; les prophètes qui avaient parlé au nom de Dieu, l'avaient fait souvent avec des transports, un enthousiasme, qui manifestaient en eux la présence d'un esprit étranger, ce n'est point ainsi qu'enseignait Jésus-Christ; son langage était simple, ses comparaisons étaient prises des choses les plus familières aux Juifs, c'étaient des paraboles, des comparaisons que lui fournissaient l'agriculture, la vie champêtre, le soin que les bergers prennent de leurs troupeaux, les usages de son peuple, et sous le voile de ces paraboles, il présentait les vérités les plus hautes du royaume des cieux. Au lieu des preuves par lesquelles un philosophe aurait cherché à établir są doctrine, lui, content de se faire comprendre, parlait avec autorité, disant ce qu'il avait vu dans le sein de son père 1, N'était-ce pas là un langage, une manière d'enseigner qui convenait à l'homme-Dieu? Ajoutons que ces paroles ont traversé plus de dix-huit siècles, étudiées et commentées par les hommes les plus habiles, sans que les ennemis de la Religion aient jamais pu y découvrir la moindre erreur ni une ombre de contradiction, sans que les docteurs de l'Église soient parvenus à épuiser le fonds de sagesse et de doctrine qu'ils y trouvent : ces paroles ont toujours fait l'admiration des enfants de Dieu, ce sont véritablement des paroles de vie éternelle 2.

1 Évang. de s. Jean, I, 18. Évang, de s. Jean, VI, 69.

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