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par des promesses, mais elles protestèrent qu'elles n'auraient jamais d'autre époux que Jésus-Christ. L'amour de la foi et celui de la virginité les rendit supérieures à tous les tourments. Sainte Agathe, livrée à des persécuteurs, disait à Jésus-Christ. «Seigneur de toutes choses, >> vous voyez mon cœur ; vous savez quel est mon désir, » soyez le seul possesseur de tout ce que je suis. Vous >> êtes mon pasteur, ô mon Dieu! et je suis votre brebis, » rendez-moi digne de vaincre le démon. » Cette jeune fille fut battue, elle fut meurtrie, on la traîna sur des morceaux de pots cassés, mêlés avec des charbons ardents, sans que rien pût ébranler sa résolution, et elle rendit son âme à Dieu avec actions de grâces.

Bien des domestiques ou des esclaves ne se montrèrent pas moins disposés que leurs maîtres à souffrir pour l'Évangile. Dans une persécution qui fit une multitude de martyrs à Lyon, fut martyrisée une jeune esclave nommée Blandine. Sa maîtresse craignait qu'elle n'eût pas la force de confesser la foi, à cause de la faiblesse de son corps. Elle montra cependant tant de courage qu'elle lassa ses bourreaux, et ceux-ci, après l'avoir tourmentée du matin au soir, s'avouèrent vaincus. Son corps était déchiré de coups, l'âme demeurait inébranlable et Blandine semblait reprendre de nouvelles forces en disant: Je suis chrétienne. Le lendemain, elle fut suspendue à un poteau, pour être dévorée par les bêtes; mais aucune n'osa la toucher, et on la remit en prison pour d'autres combats. Elle vit tous ceux qu'on avait pris avec elle mourir les uns après les autres, et la pensée de Notre Seigneur, qui avait souffert sur la croix, remplissait son cœur du désir de terminer comme eux

sa vie dans les supplices. « Blandine demeura donc la » dernière, dit une relation écrite par des témoins ocu»laires; elle rentra dans l'amphithéâtre avec autant de » joie que si elle fût allée à un festin nuptial, et non à » une boucherie où elle devait servir de pâture aux bêtes. » Après qu'elle eut souffert les fouets, les morsures de » bêtes, la chaise de fer, on l'enferma dans un filet, et » on la présenta à un taureau qui la jeta plusieurs fois en » l'air. Pour elle, occupée de l'espérance que lui donnait » sa foi, elle s'entretenait avec Jésus-Christ et ne parais>> sait pas sensible aux tourments. On l'égorgea enfin, et >> les païens eux-mêmes avouèrent qu'il n'avait jamais » vu une femme qui eût tant souffert et avec une si hé» roïque constance. »

Nous ne poursuivrons pas davantage ces détails; il faudrait écrire une longue histoire, pour retracer la patience des martyrs. Ceux qui n'ont pas une idée des premiers siècles de l'Église pourraient croire que nous avons présenté ici tous les faits qui ont paru les plus remarquables, et cependant des exemples analogues se rencontrent très-fréquemment; ils forment comme le caractère dominant de l'histoire des luttes de l'Église contre le paganisme, et ils se sont reproduits, depuis lors, dans tous les pays où le Christianisme a été persécuté. La Chine, la Cochinchine, le Japon ont eu, dans ces derniers siècles, des martyrs que l'on peut comparer, pour le nombre et pour la vertu, à ce que l'on admire le plus dans les commencements de l'Église. C'est toujours un même esprit, c'est l'amour de Jésus-Christ dans les âmes, c'est Jésus-Christ mettant dans ces âmes un principe de vie et de force, qui les fait triompher du monde.

CHAPITRE XVII

JÉSUS-CHRIST N'ÉTABLIT PAS UNE RELIGION NOUVELLE, MAIS IL CONFIRME LA RELIGION ÉTABLIE DÈS L'ORIGINE DU MONDE, ET

LUI DONNE SA PERFECTION.

On a dit, dès les premières pages de ce livre, que la vraie Religion est une et invariable, bien qu'elle ait dû recevoir un développement successif dans le cours des siècles; il nous est facile maintenant de voir cette unité et ce développement, en comparant le Christianisme avec les dogmes, la morale et le culte donnés primitivement aux hommes. De ce rapprochement, il résulte que nous croyons tout ce que nos pères ont cru, que nous avons les mêmes devoirs à remplir, que notre culte enfin ne diffère pas essentiellement du leur; mais que, sous ces trois rapports, il y a eu progrès, Dieu nous ayant communiqué par les prophètes, et ensuite par son divin Fils, une connaissance plus étendue de ses mystères, et donné au culte comme à la morale, un nouveau degré de perfection.

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§ Ier.

JÉSUS-CHRIST DONNE UNE CONNAISSANCE PLUS PARFAITE DES DOGMES RÉVÉLÉS DÈS L'ORIGINE Du monde.

Jésus-Christ est venu dans le monde pour dissiper les ténèbres que les passions et une fausse philosophie avaient répandues sur la notion de Dieu, et ramener les hommes à l'idée primitive que la révélation leur en avait donnée; sa parole a jeté sur ce dogme fondamental un si vif éclat, que les vieilles erreurs, autrefois dominantes, ont fui loin des contrées où est prêché l'Évangile, et Dieu a été mieux connu.

Les premiers hommes, en professant l'unité de la nature divine, avaient pu entrevoir la multiplicité de personnes dans cette nature; car bien souvent Dieu, dans ses révélations, parlait de lui-même au terme pluriel. Toutefois, ni les expressions si remarquables dont Moïse s'était servi, ni les paroles plus explicites des prophètes qui étaient venus après lui, n'avaient dû donner une idée assez nette de la Trinité, pour que ce dogme devînt populaire; et s'il était connu des hommes les plus instruits, les plus versés dans l'intelligence des Écritures, il ne l'était pas du corps de la nation juive. Il était réservé au Messie de nous faire pénétrer plus avant dans les profondeurs de ce mystère; c'est lui qui nous a appris qu'il y avait trois personnes en Dieu, le Père, le Verbe, le Saint-Esprit, et dans quel ordre procèdent le Verbe et le Saint-Esprit du Père. Donc, sur ce point qui est fondamental dans la Religion, Notre Seigneur, en con

firmant la révélation faite primitivement, nous a communiqué de nouvelles lumières ; c'est par lui aussi, par son Incarnation et par son immolation qu'ont été admirablement manifestés les attributs divins, la sainteté, la justice, la bonté infinie de Dieu, sa puissance souveraine, l'ordre de sa Providence sur notre salut.

Adam avait reçu la promesse d'un Sauveur; mais il ignorait quel serait ce Sauveur. Abraham apprit qu'il sortirait de sa race et que toutes les nations seraient bénies en lui; mais comment s'opérerait ce mystère? ce fut un secret pour lui. Les prophètes annoncèrent dans la suite, avec plus de précision, l'un la naissance du Messie, l'autre ses abaissements, d'autres ses grandeurs et ses triomphes, caractères qu'il fut difficile aux Juifs d'imaginer réunis dans une seule personne. Jésus-Christ enfin a paru, et nous avons comme vu de nos yeux la réalisation parfaite de ces desseins de justice et de miséricorde que Dieu avait conçus.

En répandant des lumières nouvelles sur la nature divine, sur l'Incarnation du Verbe et la rédemption du monde, Jésus-Christ nous a fait mieux connaître aussi les destinées futures de l'homme, la résurrection des corps, les peines réservées aux pécheurs, le bonheur éternel dont les âmes justes jouiront dans la possession de Dieu.

§ II.

JÉSUS-CHRIST NOUS ENSEIGNE UNE MORALE PLUS PURE.

La perfection de la morale chrétienne répond au développement de ses dogmes.

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