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« cès; et il vaut mieux respecter les exagérations de « la vertu que prendre le soin facile de les relever et « se donner le vain plaisir d'en triompher. D'ordinaire ce n'est pas du côté du ciel que les cœurs des « hommes inclinent le plus, et ce n'est point là que « la morale est le plus en péril. Et puis n'est-il pas « dans l'ordre de la Providence qu'il y ait toujours « de ces âmes extraordinaires vouées au culte du « vrai, du beau, du saint, de l'idéal absolu? Oui, il << est bon qu'il en soit ainsi, afin que l'humanité << n'oublie jamais les titres de sa dignité et de sa << grandeur morale, et, suivant l'expression d'un philosophe sceptique (Bayle), afin d'empêcher la prescription de l'esprit du monde contre l'esprit « de l'Évangile.

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Les deux ouvrages dont les titres se lisent à la tête de cet article sont fort semblables et fort différents. Ils se rapportent au même sujet et se composent, en grande partie, des mêmes matériaux. Les mémoires de Madame Périer sur sa sœur Jacqueline, les poésies de celle-ci, son règlement pour les jeunes filles élevées à Port-Royal, ses réflexions sur le mystère de la mort de Jésus-Christ, son interrogatoire, ses lettres, se trouvent textuellement et au complet dans les deux ouvrages. Voici maintenant les différences. M. Cousin n'apparaît pas comme simple éditeur. Son ouvrage, formé en très grande partie des écrits de Jacqueline Pascal, n'en est pas moins un livre sur cette femme remarquable, livre où les citations viennent comme des faits ou comme des

pièces à l'appui, encadrées dans quelques-unes des plus belles pages, et des plus émues, que nous ayons pu devoir à la plume éloquente de M. Cousin. La publication de M. Faugère est, comme l'indique le titre, le recueil complet de ce qu'ont écrit trois femmes de la famille de Pascal, ses deux sœurs, Gilberte et Jacqueline, et sa nièce Marguerité Périer. Ce qui appartient à M. Faugère dans ce beau volume, naturel et indispensable complément de son édition des Pensées, c'est un avant-propos très digne d'être lu, un grand nombre de notes, et surtout la restitution des textes. Cette restitution, dont l'importance, on en pourra juger, n'est pas uniquement bibliographique, n'est point le seul avantage qui distingue cette édition. Elle est plus ample et plus riche que celle de M. Cousin, qui, à vrai dire, n'a voulu faire qu'un livre sur Jacqueline Pascal, et l'a fait avec une supériorité qui n'étonnera personne. Le volume de M. Faugère contient, de plus que celui de M. Cousin, plusieurs morceaux considérables, nous pourrions dire des ouvrages entiers, dont M. Cousin a détaché quelques pages, mais dont la reproduction intégrale ne pouvait entrer dans le plan de son livre. Dire que là Vie de Pascal, par Madame Périer (52 pages) et les Memoires de Marguerite Périer sur sa famille et sur son frère en particulier (environ 50 pages), sont les principaux, non les seuls morceaux que M. Faugère a fait entrer, de plus que M. Cousin, dans son cadre élargi, c'est signaler assez l'un des mérites distinctifs de cette publication. Il faut, pour être exact, dire que celle de l'illustre

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académicien renferme, exclusivement, quelques autres morceaux, dont un ou deux inédits, mais peu étendus et d'une valeur moindre.

La Vie de Pascal, par Madame Périer, a été plus d'une fois imprimée en tête des Pensées. Cet excellent morceau est néanmoins inconnu d'un grand nombre des admirateurs de Pascal, et sa réimpression, qui entrait naturellement dans le plan de M. Faugère, est un vrai service rendu au public. Nous ne pensons pas qu'il accueille avec moins de plaisir les mémoires de Marguerite. Outre qu'elle est de la famille (et certes il y paraît), ces mémoires sont instructifs et curieux. C'est un jour de plus ouvert sur une société et sur des mœurs dont nous ne pourrions pas, à l'aide de quelques données générales, nous faire une idée suffisamment juste. Il y a partout, en mal comme en bien, des choses qui ne se présument pas. Qui s'attendrait, par exemple, à voir le pieux et savant M. Pascal, le père de Blaise, prêter l'oreille à une sorcière et suivre quelques-uns de ses conseils? C'est l'amour paternel qui l'entraîne à écouter des avis que, d'ailleurs, il n'a point cherchés. Mais le même intérêt, aussi vivement senti, n'y pousserait aujourd'hui que peu de gens, et beaucoup moins un chrétien que tout autre. C'est un détail de mœurs à recueillir en rougissant, moins pour Étienne Pascal que pour l'humanité. Nous avons aussi nos superstitions et nos manies. Nous croyons aussi à des puissances occultes. Ajouterai-je que nous ne craignons pas de devoir quelque chose au prince des ténèbres?

Les erreurs grossières se font subtiles, les préjugés cèdent la place aux systèmes, autres préjugés; on exploite le mal sans le personnifier. Il y aurait, làdessus, bien des réflexions à faire. Nous aimons mieux ajouter que la lumière vive qui dévora tant de ténèbres ne s'est pas éteinte, n'a point pâli, et que, de l'éternel Orient, se lève encore pour nous, à l'heure d'un nouveau matin, l'éternel soleil de l'humanité.

TABLE DES MATIÈRES.

AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS

In-

I. Blaise Pascal. 1623-4662. Fragment d'un Cours sur
les moralistes français donné à Bâle en 1833.
troduction des leçons sur Pascal

II. Du livre des Pensées et du plan attribué à Pascal.
Fragment du Cours donné à Bâle en 1833

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III. Du livre de M. Cousin sur les Pensées de Pascal.

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VII. Sur le pyrrhonisme de Pascal et sur sa religion person-

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