Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

d'Amnon fait pleurer sur la perte de son frère. Il serait difficile de discerner lequel de ces deux enfans a causé par sa mort le plus de douleur à un père sensible, ou celui qui meurt en ce monde sous la main de son frère, ou celui qui périt pour l'autre en s'arrachant la vie.

Mais voici ce qui met le comble, suivant la parole de Dieu, aux afflictions inexprimables de David. Il voit son fils conjurer contre lui, il est renversé du trône, et contraint, pour mettre ses jours en sûreté, de s'éloi gner en fugitif. Absalon, dont on ne saurait dire s'il fut plus impudique que dénaturé, ne pouvant se délivrer de son père par un parricide, le déshonore par un inceste. Et ce n'est pas assez : outre la noirceur attachée à ce forfait, il cherche encore à se distinguer en ajoutant à sa scélératesse. Un crime assez hideux déjà dans le secret, ce fils rebelle le commet en public; moins sans doute pour couvrir de honte, par cet horrible attentat, son père absent, que pour souiller les regards de l'univers, par la publicité de son infamie. S'il faut ajouter ici toutes les circonstances de sa fuite, quel spectacle ce dut être de voir un roi si puissant, d'un nom si illustre, placé au-dessus des autres rois, plus grand que le monde, fuyant tous les siens; entouré d'un petit nombre de serviteurs, indigent et solitaire en comparaison de ce qu'il avait été; s'éloignant avec crainte, avec honte, avec douleur, marchant, dit l'Ecri

perstes prioris status, a se ipso exulans, pene jam post se vivens; dejectus usque in servorum suorum, vel, quod grave est, contumeliam, vel, quod gravius, misericordiam, ut vel Siba eum pasceret, vel maledicere Semei publice non timeret; ita Dei judicio a se alter effectus, ut ei quem timuerat totus orbis, unus in faciem iusultaret inimicus.

24 Ubi sunt qui a Deo respici res humanas negant? Ecce quoties testes sacri in persona unius hominis non respexisse tantummodo Deum, verum etiam judicasse docuerunt. Et cur hæc omnia? Cur utique, nisi ut intelligeremus eamdem futuram semper in mundo censuram et coercitionem Dei quæ fuisset. 2Et ideo etiam sanctos homines castigatos quondam judicio Dei legimus, ut judicandos nos Deo judice etiam præsenti seculo nosceremus. Quia sicut Deus est semper, sic justitia Dei semper ; sicut omnipotentia Domini indeficiens, sic censura indemutabilis; sicut Deus jure perpetuus, sic justitia perseverans. Et ideo omnes admodum sancti, in libris sacris, inter discriminum imminentium metus et persecutorum gladios constituti, præsens judicium 26 Dei postulant. Sic enim justus dicit in Psalmo : Judica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta (1). Quod ne ad futurum Dei

(1) Psal. XLII, 1.

ture, la tête voilée et les pieds nus, laissant derrière lui tous ses honneurs passés, se fuyant lui-même, se survivant en quelque sorte, tellement déchu parmi les siens, qu'il devient un objet de mépris aux uns, et ce qui est plus insupportable, un objet de pitié aux autres; jusque-là, qu'il se voit nourri par Siba, et maudit publiquement par Séméi. Terrible effet des jugemens de Dieu! le voilà si différent de lui-même, qu'il est insulté en face par un seul ennemi, lui qui avait fait trembler la terre.

Où sont-ils ceux qui refusent à Dieu la connaissance des choses humaines? Dans toutes ces circonstances, les écrivains sacrés ne nous montrent-ils pas en la personne d'un seul homme, Dieu non-seulement comme témoin, mais encore comme juge du crime? Et pourquoi tout cela? Pourquoi! si ce n'est afin de nous convaincre que Dieu sera toujours ici-bas le juste et terrible vengeur des prévarications? Et si nous lisons que des Saints même ont été châtiés par un jugement de Dieu, c'est pour nous faire entendre qu'il doit nous juger aussi dès cette vie. Comme Dieu est éternel, sa justice demeure toujours; comme sa puissance est sans bornes, son jugement est immuable ; comme il règne à jamais, sa justice ne connaît point de terme. De là vient que dans les saintes Ecritures, tous les justes placés au milieu des craintes, des dangers les plus imminens et sous le glaive de leurs persécuteurs, ne cessent de réclamer le jugement de Dieu en ce monde. Car c'est ainsi que parle David dans le psaume : O Dieu, jugez-moi, et séparez ma cause de celle d'un peuple impie. Et pour qu'on ne croie pas qu'il en appelle au jugement futur,

judicium trahi possit, subdit statim: Ab homine iniquo et doloso eripe me (1). Præsens utique judicium Dei postulat, qui liberari se de manu persecutoris implorat. Et bene pro conscientia bonæ causæ non tam suffragium Domini quam judicium deprecatur; quia bonæ causæ optimum semper 27 suffragium tribuitur, si cum justitia judicetur. Alibi quoque hoc evidentissime : Judica, Domine, nocentes me; expugna impugnantes me. Adprehende arma et scutum, et exsurge in adjutorium mihi (2). Vides etiam hoc loco non futuri examinis severitatem, sed censuram præsentis judicii postulari. Hoc est enim illud quod ait : Adprehende scutum, et arripe gladium; scutum scilicet ad protectionem, gladium ad ultionem. Non quia hoc judicans Deus egeat apparatu, sed quia in hoc seculo hæc terribilium rerum nomina, terribilium judiciorum sunt iustrumenta, ad humanam intelligentiam humanarum rerum significationibus loquens, quia judicari ac vindicari se de adversariis precabatur, per instrumenta terrenæ istius ultionis vim divinæ 2 § animadversionis expressit. Denique alibi Propheta idem, quid inter præsens et futurum judicium Dei esset, ostendit.

Quid enim de censura præsentis examinis dicit ad Dominum? Sedes super thronum, qui judicas

(1) Psal. XLII, 1.

(2) Psal. XXXIV, 1-2.

il ajoute aussitôt Arrachez-moi à l'homme inique et trompeur. Celui-là sans doute réclame le jugement de Dieu en ce monde, qui demande d'être arraché aux mains de ses persécuteurs. Et c'est avec raison que, dans la conscience d'une bonne cause, il implore moins le suffrage du Seigneur qu'un jugement formel; parce qu'il est de la justice d'accorder toujours à une bonne cause un suffrage favorable. Il dit ailleurs d'une manière bien évidente: Seigneur, jugez ceux qui me persécutent; combattez ceux qui me combattent. - Prenez vos armes et votre bouclier, levez-vous pour me secourir. Vous le voyez encore, on ne demande point ici la sévérité d'un examen futur, mais la rigueur d'un jugement actuel. C'est là ce que signifient ces paroles: Prenez votre bouclier, et faites briller votre glaive; le bouclier, pour la protection; le glaive, pour la vengeance. Le prophète sait bien que pour juger, Dieu n'a pas besoin de tout cet appareil; mais comme dans ce siècle, ces objets redoutables deviennent les exécuteurs de jugemens terribles, David, parlant à notre intelligence en termes empruntés des choses humaines, lorsqu'il demande à Dieu de le juger et de le venger, nous fait concevoir la force des châtimens divins par l'image des instrumens qui servent aux exécutions de ce monde. Enfin le même prophète montre ailleurs quelle différence existe entre le jugement futur et le jugement actuel de Dieu.

En effet, que dit-il au Seigneur, quand il s'agit du premier? Vous vous êtes assis sur votre trône, vous qui jugez la justice. Et quand il s'agit du second? Il jugera l'univers selon sa justice. Et ensuite: Il jugera les peuples selon l'équité. Lorsqu'il emploie le même verbe au temps pré

« ZurückWeiter »