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Livre Troisième.

VOILA qui va bien. J'ai jeté les fondemens d'un ouvrage commencé dans un pieux motif et entrepris dans le désir de remplir mes devoirs envers Dieu. Et c'est pour cette raison qu'ils ne sont point assis sur un terrain facile à se dissoudre, ni construits de matériaux périssables, mais consolidés avec les trésors célestes, et appuyés sur les divins enseignemens du Maître; ainsi, comme Dieu lui-même le déclare dans l'Évangile, ils ne sauraient être ébranlés par la fureur des vents, ni entraînés par le débordement des fleuves, ni ruinés par la chute des pluies. Comme ce sont en quelque sorte les mains des volumes sacrés qui ont élevé ce monument, et que l'assemblage de diverses parties des célestes Écritures en fait la solidité, cet ouvrage nécessairement doit être, par le Seigneur Jésus-Christ, aussi inébranlable que le sont les matières dont il se compose. Cet édifice tire

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itaque hoc naturam status sui de stirpe sumit et labefactari salvis auctoribus suis non potest. Sicut enim in terrenis ædificiis dejicere parietes nullus potest, nisi prius lapides et cæmenta dejecerit, sic ædificium quod construximus dissolvere nullus valet, nisi id unde structum est et consummatum ante dissolverit ; quod quia labefactari utique nequaquam potest, recte etiam a nobis incolumitas ædificii præsumitur, cujus status subsidiis immortalibus continetur.

Quæritur itaque, cum hæc ita sint, si totum quod in hoc mundo est, cura et gubernaculo et judicio Dei agitur, cur melior multo sit barbarorum conditio quam nostra ; cur inter nos quoque ipsos sors bonorum durior quam malorum; cur probi jaceant, improbi convalescant; eur iniquis, et maxime potestatibus, universa succumbant. Possum quidem rationabiliter et satis constanter dicere: Nescio. Secretum enim et consilium divinitatis ignoro. Sufficit mihi ad causæ hujus probationem dicti coelestis oraculum. Deus a se, ut libellis superioribus jam probavimus, omnia dicit aspici, omnia regi, omnia judicari. Si scire vis quid tenendum sit, habes litteras sacras. Perfecta ratio est hoc tenere quod legeris.

Qua causa autem Deus hæc de quibus loquimur ita faciat, nolo a me requiras. Homo sum, non intelligo, secreta Dei investigare non audeo, et ideo etiam attentare formido: quia et hoc ipsum

donc sa force de son origine, et ne peut crouler tant que subsisteront ses constructeurs. Car de même que, dans les bâtimens terrestres, on ne pourrait abattre les murs, si l'on n'a renversé d'abord les pierres et le ciment, ainsi, personne ne peut détruire l'édifice que je viens d'élever, s'il n'a auparavant dissipé les matériaux dont je me suis servi. Et comme il ne saurait chanceler, j'ai bien droit de croire à son éternelle durée, appuyé qu'il est sur des secours immortels.

Cela posé, l'on va nous dire : Si Dieu prend soin de toutes les choses de ce monde, s'il régit et s'il juge, pourquoi donc la condition des barbares vaut-elle mieux que la nôtre? Pourquoi, même parmi nous, le sort des bons est-il plus malheureux que celui des méchans? Pourquoi les justes sont-ils dans l'abaissement, les impies dans la force et la prospérité? Pourquoi voyons-nous toute la terre succomber sous d'iniques pouvoirs? Je pourrais sans doute, avec assez de raison, me borner à répondre : Je ne sais. Car j'ignore les secrets et les desseins de Dieu. Pour prouver cette cause, il me suffit des oracles célestes. Dieu, comme nous l'avons démontré dans les livres précédens, nous assure qu'il voit tout, qu'il gouverne tout, qu'il juge tout. Voulez-vous savoir à quoi vous en tenir? Vous avez les pages sacrées. La perfection consiste à croire ce que vous y lirez.

Ne me demandez donc pas pourquoi Dieu en agit de telle ou telle manière. Je suis homme, je ne le comprends pas. Je n'ose pénétrer ses secrets; je crains de l'entreprendre, car c'est une témérité sacrilége de vou

genus quasi sacrilegæ temeritatis est, si plus scire cupias quam sinaris. Sufficiat tibi quod Deus a se agi ac dispensari cuncta testatur.

Quid me interrogas quare alter major sit, alter minor; alter miser, alter beatus; alter fortis, alter infirmus? Qua causa quidem hæc Deus faciat non intel. ligo, sed ad plenissimam rationem abunde sufficit, quod a Deo agi ista demonstro. Sicut enim plus est Deus quam omnis humana ratio, sic plus mihi debet esse quam ratio, quod a Deo agi cuncta cognosco. Nihil ergo in hac re opus est novum aliquid audire; satis sit pro universis rationibus auctor Deus. Nec licet ut de his quæ divino aguntur arbitrio, aliud dicas justum, aliud injustum; quia quicquid a Deo agi vides atque convinceris, necesse est plus 4 quam justumesse fatearis. Hæc ergo de gubernaculo Dei atque judicio expeditissime ac fortissime dici possunt. Neque enim necesse est ut argumentis a me probetur, quod hoc ipso quia a Deo dicitur, comprobatur. Itaque cum legimus dictum a Deo quia aspiciat jugiter omnem terram, hoc ipso probamus quod aspicit, quia aspicere se dicit. Cum legimus quod regat cuncta quæ fecit, hoc ipso adprobamus quodregit, quia se regere testatur.Cum legimus quod præsenti judicio universa dispenset, hoc ipso est evidens quod judicat, quia se judicare confirmat. Alia enim omnia, id est, humana dicta, argumentis ac testibus egent; Dei autem sermo ipse sibi testis est, quia necesse est quicquid incorrupta veritas

loir aller plus avant que Dieu ne le permet. Il a dit qu'il fait et règle toutes choses; que ce soit assez pour

vous.

Que me demandez-vous donc pourquoi l'un est élevé, l'autre abaissé; l'un dans le bonheur, l'autre dans la misère; l'un dans la force, l'autre dans la faiblesse? J'ignore à la vérité la raison qui porte Dieu à faire cela; mais pour vous convaincre pleinement, il est plus que suffisant, ce semble, de prouver qu'il est l'auteur de ces choses. Comme Dieu est supérieur à toute la raison humaine, ainsi la conviction qu'il dispose de tout ici-bas doit l'emporter dans mon esprit sur les argumens de la raison. Il n'est donc pas besoin de recourir, en cette matière, à quelque chose de nouveau; le dernier mot, c'est que Dieu est l'auteur de tout ce qui arrive. On ne doit pas dire des choses qui sont réglées par la volonté divine cela est juste, ceci ne l'est pas; car, dès que vous voyez, dès que vous êtes persuadé qu'un événement est de Dieu, vous devez nécessairement avouer qu'il y a là plus que de la justice. Voilà donc ce qu'on peut dire de plus simple et de plus fort sur ce sujet. Il serait inutile de prouver par des raisonnemens ce qui est incontestable par cela même que Dieu l'atteste. Ainsi, lorsqu'il nous dit qu'il a sans cesse les yeux ouverts sur toute la terre, la preuve de cela, c'est sa parole. Lorsque nous lisons qu'il gouverne tout ce qu'il a créé, la preuve de cela, c'est son témoignage. Lorsque nous lisons que sa justice dispose de toutes choses en ce monde, la preuve évidente de cela, c'est l'assurance qu'il nous en donne. Tout le reste, c'est-à-dire, les discours de Phomme, veut être appuyé par des témoins; la parole

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