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Dieu, par une onction particulière, appelait au trône des hommes choisis et éprouvés, ainsi tous les chrétiens qui, admis dans l'Église par le chrême saint, auront observé tous les commandemens de Dieu, doivent être appelés au ciel pour y recevoir la récompense de leur travail. Puisque toutes ces choses constituent la foi, voyons donc quel est le chrétien qui, pour se montrer fidèle, garde ces engagemens sacrés; car, c'est être infidèle, comme nous l'avons dit, que de ne point garder ce qu'on vous a confié. Et encore je n'exige point qu'on pratique tout ce qu'ordonnent les deux Testamens. Laissons là, si vous le voulez, la rigueur de l'ancienne loi; laissons là toutes les menaces des prophètes; laissons encore ce dont on ne saurait faire grâce, les institutions sévères des livres apostoliques, ou les enseignemens d'une perfection sublime contenus dans les Évangiles. Je demande quels sont ceux qui remplissent un petit nombre du moins des préceptes de Dieu. Et je ne parlerai point de ces commandemens pour lesquels tant d'hommes témoignent une répugnance qui tient presque de l'exécration. Le respect et l'honneur pour Dieu vont chez nous jusqu'à estimer digne de haine ce qu'on omet par indévotion! Le Sauveur nous défend de songer au lendemain ; quel est celui qui daigne l'entendre? Il nous ordonne de nous contenter d'une seule tunique; quel est celui qui l'écoute? Il nous commande de marcher nu-pieds; quel est celui qui, bien loin de le faire, le juge même possible? Aussi je n'en parle point. Car notre foi en est venue jusqu'à regarder comme inutiles les choses que le Seigneur nous a prescrites comme salutaires. Aimez vos ennemis, dit-il, faites du bien à

enim fides per quam confidimus recidit, ut quæ Dominus nobis salutaria esse voluit, nos superflua judicemus. Diligite, inquit Salvator, inimicos vestros, benefacite his qui oderunt vos, et orate pro persequentibus et calumniantibus vos (1). Quis hæc omnia facit ? Quis pro inimicis suis, ista quæ Deus jussit, non dico votis, sed verbis saltem agere dignatur? Aut etiam si quis se cogit ut faciat; facit tamen ore, non mente. Præstat quidem vocis officium, sed animi non mutat affectum. Ac per hoc etiam si pro adversario suo orare se cogit, loquitur, non precatur. Longum est de singulis dicere. Sed adhuc tamen aliquid addam, ut intelligamus nos non modo non omnibus Dei obtemperare verbis, sed nullis pene illius obedire mandatis. Et ideo Apostolus clamat: Nam qui se existimat esse aliquid, cum nihil sit, se ipsum seducit (2). Hoc enim ad crimina nostra addimus, ut cum in omnibus rei simus, etiam bonos nos et sanctos esse credamus, ac sic in nobis cumulentur iniquitatis offensæ, etiam præsumptione justitiæ. Qui odit, inquit Apostolus, fratrem suum, homicida est (3). Intelligere ergo possumus multos esse homicidas, qui se innoxios putant ; quia, ut videmus, homicidium non sola tantummodo occidentis manu, sed etiam odientis animo perpe

(1) Math. 44.

(2) Gal. VI, 3.

(3) Joan. Ep. 1, III, 15.

ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient. Où est celui qui pratique tout cela? Où est celui qui remplit ce que Dieu recommande à l'égard des ennemis, je ne dis pas avec des vœux sincères, mais en paroles seulement? ou même si quelqu'un se force à le faire, il le fait de bouche et non de cœur; il prête, sans doute, l'office de sa voix, mais il ne change point les dispositions de son ame; et, bien qu'il se force à prier pour son ennemi, il parle, mais il ne prie point. Il serait trop long d'entrer dans tous les détails. Cependant j'ajouterai quelque chose encore, pour montrer que, bien loin de suivre toutes les paroles de Dieu, nous n'obéissons presque à aucun de ses commandemens; et voilà pourquoi l'Apôtre s'écrie: Car si quelqu'un s'imagine être quelque chose, il se trompe lui-même, parce qu'il n'est rien. Nous ajoutons à nos crimes, de nous croire bons et saints, lorsque nous sommes coupables en tout, et de combler ainsi la mesure de nos iniquités et de nos offenses par une vaine présomption de justice. Tout homme qui hait son frère est homicide, dit l'Apôtre. Il est donc beaucoup d'homicides qui se croient innocens, puisque l'homicide, comme nous le voyons, est commis non-seulement par une main meurtrière, mais encore par un cœur envenimé de haine. De là vient que le Sauveur donne encore à ce précepte plus de force et d'étendue, quand il dit: Quiconque s'irrite contre son frère, sera condamné par le jugement. La colère est mère de la haine. Et voilà pourquoi le Sauveur a voulu bannir la première, afin qu'elle ne donnât point naissance à la seconde. Si donc non-seulement la haine, mais encore la colère nous rend

tratur. Unde est quod Salvator mandati istius normam censura adhuc severiore cumulavit, dicens: Qui irascitur fratri suo sine causa, reus erit judicio (1). Ira mater est odii. Et ideo Salvator excludere iram voluit, ne ex ira odium nascere13tur./Si ergo non solum odium, sed etiam ira nos in Dei judicio reos faciet, evidenter agnoscimus quod, sicut nullus omnino est immunis ab iracundia, sic nullus omnino immunis esse poterit a reatu. Prosequitur autem Dominus quasi fibras præcepti istius, et omnes penitus frutices ac ramusculos secat, dicens: Qui autem dixerit, fatue, reus erit gehennæ ignis. Qui dixerit fratri suo, racha, reus erit concilio. Racha quod genus sit contumeliæ, multi nesciunt. Fatuitas autem quam injuriose objiciatur, optime norunt. Et ideo scientia sua potius homines quam ignorantia utentes, malunt reatus suos per id convicium quod sciunt, divinis ignibus, quam per id quod nesciunt, humanis conciliis expiari. Quæ cum ita sint, et cum hæc omnia quæ jubentur a Domino, non modo a nobis omnino non fiant, sed pene in diversum omnia fiant, quando majora illa faciemus? Qui enim, inquit Salvator, non renuntiaverit omnibus quæ possidet, non potest meus esse discipulus. Et qui non tulerit crucem suam, et secutus me fuerit, non est me

(1) Math. V, 22.

va

coupables au jugement de Dieu, nous voyons manifestement que, personne n'étant exempt de colère, personne aussi ne peut être exempt de crime. Le Seigneur même jusqu'à disséquer le précepte en quelque sorte, et à retrancher les plus faibles rejetons d'un arbre funeste, quand il ajoute: Celui qui dira à son frère : insensé, sera condamné au feu de l'enfer; et celui qui lui dira: Raca, sera condamné par le conseil. Quel genre d'outrage est renfermé dans ce mot, Raca; c'est ce que beaucoup ne savent pas; mais ce qu'il y a d'injurieux dans la qualification d'insensé, on le sait très-bien. Et ainsi, les hommes se servant de ce qu'ils savent plutôt que de ce qu'ils ignorent, aiment mieux, ce semble, par des outrages dont ils connaissent la force, s'exposer aux feux éternels, que d'encourir la condamnation des hommes par des injures dont ils ignorent l'étendue. Puisqu'il en est ainsi, et que, bien loin d'observer tout ce que le Seigneur nous prescrit, nous faisons presque le contraire, comment pratiquerons-nous ces choses plus difficiles? Quiconque, dit le Sauveur, n'aura pas renoncé à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple. Et celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, pas digne de moi. Et celui qui se dit chrétien, doit marcher lui-même comme le Christ a marché. Or, il est certain que toutes ces lois sont violées non-seulement par ceux qui suivent les voluptés et les pompes du siècle, mais encore par ceux-là même qui ont dépouillé les affections de ce monde. Car ceux qui paraissent renoncer aux richesses, ne le font point de telle sorte qu'on puisse croire à leur abnégation sincère, et ceux qui ont la réputation de porter leur croix se conduisent

n'est

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