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selon notre bon plaisir, ce qui nous est agréable, ou de rejeter orgueilleusement ce qui nous rebute.

Usons cependant de condescendance envers ceux qui ne veulent pas qu'on leur parle des grands préceptes, parce qu'ils croient accomplir les moins importans; non qu'il suffise pour le salut, d'observer les petites choses en négligeant les grandes, selon ces paroles : Quiconque ayant gardé toute la loi, la viole en un seul point, est coupable comme s'il l'avait violée tout entière. Et, quoique ce ne soit point assez pour nous de remplir les plus petits commandemens, je veux bien pourtant ne parler que des moindres, afin de montrer par-là que la majeure partie des Chrétiens ne pratiquent pas même ces derniers. Notre Sauveur défend aux Chrétiens de jurer. Il se rencontre plus de personnes qui se parjurent souvent, que d'autres qui ne jurent pas du tout. Il défend aussi de prononcer des paroles de malédiction, et qui n'en prononce pas? Car ce sont toujours les premiers traits dont se sert la colère, et ce que nous ne pouvons dans notre faiblesse, nous le souhaitons dans notre courroux; et ainsi, dans l'effervescence de l'indignation, nos armes ce sont des vœux funestes; ce qui prouve évidemment que tout homme, s'il en avait le pouvoir, voudrait faire à ses ennemis tout le mal qu'il leur souhaite. Mais la coupable licence que nous don

sime probat, quicquid fieri adversariis suis optat, 3 2 totum se facere velle, si possit. Sed videlicet quia omnes hac improbitate linguarum facile utimur, qui jussis dominicis non obtemperamus, idcirco etiam apud Deum facile hoc putamus esse qui jussit. Maledici, inquit sermo divinus, regnum Dei non possidebunt (1). Hinc ergo intelligere possumus quam gravis sit et perniciosa maledictio, quando etiamsi alia bona adfuerint, sola exclu33 dit a cœlo. Invidiam procul esse jussit Christus a nobis. At nos e contra, non extraneis tantum, sed etiam proximis invidemus, nec solum inimicos, sed etiam amicos nostros livore perfundimus. Adeo prope in omnium sensu hoc malum regnat; adeo esuriendi libido terminum habet, detrahendi libido terminum non habet. Nam semper admo34 dum cibo, numquam detractione saturamur/Sed levis forsitan pœna istius labis est. Detrahens, inquit Scriptura sacra, eradicabitur. Gravis profecto et tremenda animadversio, sed tamen nulla correctio. Dummodo enim unusquisque hominum alium lacerare non desinat, tanti putat, ut etiam sibi ipse non parcat. Sed digna plane mali istius retributio est, quæ solum persequitur auctorem. Illi enim nihil nocet penitus cui detrahit, tantummodo illum punit e cujus ore procedit.

(1) Cor. Ep. 1. VI. 10.

nons si facilement à notre langue, nous tous qui désobéissons aux ordres du Seigneur, nous fait regarder sans doute aussi comme peu important à ses yeux ce précepte émané de lui : Les médisans ne seront point héritiers du royaume de Dieu, dit la parole divine. Nous pouvons comprendre par-là combien grave, combien pernicieuse est la médisance, puisque seule elle exclut du ciel, quand même on aurait toutes les autres vertus. Le Christ nous ordonne aussi d'éloigner l'envie de nous; et nous, au contraire, nous portons envie nonseulement aux étrangers, mais encore à nos proches; nous répandons ce poison sur nos amis, comme sur nos ennemis. Tant il est vrai que ce vice règne dans presque tous les cœurs ! tant il est vrai que l'intempérance a des bornes, et que la fureur de médire n'en connaît pas! La nourriture apaise toujours la faim, rien ne saurait jamais assouvir la médisance. Mais peut-être la peine réservée à ce péché n'est-elle qu'une peine légère. Le médisant, dit l'Ecriture-Sainte, sera arraché de la terre. La menace est terrible assurément, mais elle reste sans effet. Car pourvu qu'on déchire sans cesse la réputation d'autrui, on est content, et l'on ne s'épargne pas soimême. Mais c'est un digne châtiment de ce mal, qu'il ne s'attache qu'à son auteur. La médisance ne nuit en rien à celui qu'elle attaque, tout le désavantage est pour celui de la bouche de qui elle sort.

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Sed delirare, opinor, videmur ista repetendo, et fero ut nos delirare videamur. Numquid deliravit Dominus, qui præcepit: Omnis enim, inquit per Apostolum suum, clamor auferatur a vobis cum omni malitia (1). Utrumque quidem hoc in nobis jugiter perseverat, sed magis tamen malitia quam clamor. Clamor quippe non semper est in oribus nostris, malitia autem semper est in cordibus nostris ; ac per hoc puto quod, etiamsi in nobis clamor desineret, tamen malitia permaneret, Sine murmuratione quoque et querela nos Deus noster esse præcepit. Quando hæc in humano genere non fuerunt? Si æstus est, de ariditate causamur; si pluvia, de inundatione conquerimur; si infœcundior annus est, accusamus sterilitatem; si fœcundior, vilitatem. Adipisci abundantiam cupimus, et eamdem adepti accusamus. Quid dici hac re improbius, quid contumeliosus potest? etiam in hoc de misericordia Dei querimur, quia tribuat quod rogamus.

37 Abesse a servis suis omne omnino, etiam oculorum, scandalum Deus præcepit. Et ideo, si quis, inquit, viderit mulierem ad concupiscendum, jam machatus est eam in corde suo (2). Hinc intelligere plene possumus quam castos nos esse Salvator

(1) Eph. IV. 31.
(2) Math. V. 28.

On regardera, je pense, comme des rêveries, de semblables répétitions; et que m'importe à moi ? Doit-il être taxé de rêverie, le Seigneur, quand il dit par son apôtre: Que toute querelle, toute malice soit bannte d'entre vous. Ces deux vices, sans doute, règnent continuellement en nous, mais plus encore la malice que la querelle. La querelle n'est pas toujours sur nos lèvres, la malice est toujours dans nos cœurs, et quand même nous ferions cesser la première, la seconde subsisterait toujours. Notre Dieu nous ordonne encore de ne murmurer jamais, de ne jamais nous plaindre. Et quand ne le fit-on point? S'il fait chaud, on se plaint de la sécheresse; s'il pleut, on craint les inondations; si l'année est inféconde, on accuse la stérilité; si elle est abondante, on se plaint du bas prix. Nous désirons l'abondance, et quand nous l'avons obtenue, nous murmurons. Que peut-on dire de plus injuste, de plus injurieux! Nous blâmons la miséricorde divine de nous accorder même ce que nous avons demandé.

Dieu ordonne à ses serviteurs d'éloigner tout scandale, même dans les regards. C'est pour cela qu'il dit : Quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l'adultère dans son cœur. Par-là nous pouvons très-bien comprendre quelle pureté le Sauveur exige de nous, puisqu'il va jusqu'à nous retrancher la licence des regards. Car sachant que les yeux

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